NASH

N.A.S.H. : Non Alcoholic Steato Hepatitis, autrement dit stéatohépatite non alcoolique. Aujourd’hui encore, rares sont ceux qui sont capables de dire de quoi il s’agit. Et pourtant, la nash est une maladie qui affecte déjà des dizaines, voire des centaines de millions de personnes dans le monde entier, et qui progresse année après année.

La NASH est une maladie du foie émergente, liée à l’épidémie mondiale d’obésité et de diabète, susceptible d’évoluer vers une cirrhose et/ou un cancer. La NASH, c’est en quelque sorte une histoire de foie gras qui tourne mal. Une histoire que nous allons vous raconter, pour que vous puissiez en changer la fin.

De la stéatose à la NASH

Le foie a de nombreuses fonctions, dont celle de transformer en énergie les sucres et les graisses que nous ingérons. Mais, pour diverses raisons, il arrive qu’il stocke la graisse en excès. Cette accumulation de graisse dans les cellules du foie s’appelle la stéatose hépatique (du grec stéar, qui signifie graisse), que nous appellerons ici stéatose.

La stéatose peut avoir diverses origines : l’abus d’alcool, une mauvaise alimentation, une intoxication médicamenteuse ou encore une grossesse (stéatose gravidique).

Elle peut également être liée à une maladie :

– une hépatite chronique,

– en particulier une hépatite chronique C, connue pour être fréquemment associée à une stéatose,

– mais aussi l’hypertension,

– l’apnée du sommeil,

– la maladie de Wilson (accumulation toxique de cuivre dans l’organisme), etc.

 

La stéatopathie métabolique

La stéatose est une maladie d’origine métabolique qui peut être lié à l’obésité, au diabète, ou à l’insulinorésistance. Le foie gras des oies et des canards dont vous vous régalez (ou pas) à l’occasion des fêtes de fin d’année est un exemple bien connu de stéatopathie métabolique.

En anglais, la stéatopathie métabolique est souvent désignée sous le sigle NAFLD, pour Non Alcoholic Fatty Liver Disease, ou stéatose hépatique non alcoolique. Une manière de la distinguer de la stéatose alcoolique, tout en rappelant sa parenté avec elle. La NAFLD est extrêmement répandue dans le monde entier : selon des études récentes , elle affecterait un quart de la population mondiale !

Dans 80% des cas cependant, la stéatopathie métabolique est bénigne ; on parle alors de stéatose simple. Votre foie est gras, souvent un peu gros aussi, mais c’est tout.

Mais dans 20% des cas, l’affaire se corse et le foie gras fait le lit d’une véritable hépatite, susceptible, comme les autres hépatites chroniques, d’évoluer vers une cirrhose ou un cancer.

 

(Source : L. Serfaty, PHC 2017.)

La NASH, ou stéatohépatite non alcoolique

La NASH est donc l’association d’une stéatose et de l’inflammation typique de l’hépatite, chez des personnes qui ne boivent pas ou qui boivent peu (moins de 20 g d’alcool par jour chez la femme, moins de 30 g chez l’homme, soit respectivement l’équivalent de 2 et 3 verres de vin), et qui n’ont pas d’hépatite virale ou médicamenteuse.

Comme dans les autres hépatites chroniques, cette inflammation finit par détruire les cellules du foie et provoquer un processus de fibrose . Et cette fibrose risque, de donner naissance à une cirrhose ou un cancer.

Des millions d’Américains déjà touchés

Il est difficile d’évaluer précisément combien de personnes sont touchées, parce qu’elles sont nombreuses à ne pas avoir été dépistées. Mais ce que l’on sait, c’est que la NASH est une maladie très largement répandue dans le monde entier, et qu’elle l’est de plus en plus !
Aux États-Unis, l’organisation mondiale de gastroentérologie estime à 6 millions le nombre de personnes souffrant de NASH, dont 600 000 au stade de cirrhose. D’autres publications citent des chiffres différents, tantôt plus faibles, tantôt plus élevés, mais une chose est sûre : la NASH est désormais la deuxième cause de greffe du foie aux États-Unis, derrière l’hépatite C. Et la cirrhose, qui jusqu’à présent ne survenait que chez des adultes à partir d’un certain âge, y affecte désormais de très jeunes adultes, voire des adolescents !

(Source : L. Serfaty, PHC 2017, d’après Wrong & al., 2015.)

 

En France, on estime à 900 000 le nombre de personnes touchées.
Au total, dans le monde, le nombre de personnes atteintes de NASH est évalué entre 100 et 180 millions, un chiffre assez proche de ceux que l’on connaît pour l’hépatite alcoolique (entre 140 et 200 millions de personnes) ou l’hépatite chronique C (171 millions de personnes). D’ici à quelques années, la NASH devrait devenir la seconde maladie chronique du foie, derrière l’hépatite B.

 

(Source : PHC 2017.)

Qui est concerné par la NASH ?

Qui dit stéatose ou, plus précisément, stéatopathie métabolique, ne dit pas forcément NASH. On peut avoir un foie gras et être bien portant. Attention toutefois, la frontière entre stéatose simple et NASH n’est pas totalement hermétique, et le risque de passer de l’une à l’autre existe !

On ne sait pas encore très bien pourquoi certains développent une NASH, et d’autres jamais. Ce que l’on sait bien en revanche, c’est que la NASH s’en prend en priorité à certaines personnes, et notamment à :

– celles qui sont en surcharge pondérale, en particulier celles qui présentent un syndrome métabolique (obésité abdominale) ;

– celles qui sont atteintes de diabète de type 2, non insulodépendant (voir sur ce point le site de la Fédération des diabétiques).

Au-delà de ces deux catégories de population, des tas de gens sont susceptibles de développer une NASH sans le savoir car les causes sont multiples, le diagnostic souvent inexistant. De plus la NASH et l’évolution vers la cirrhose et le cancer du foie peut être associé à aucun symptôme. C’est pourquoi il est important repérer les personnes à risques pour agir tant qu’il est encore temps, notamment parmi celles qui présentent une élévation inexpliquée des transaminases  (voir la page Suivi et analyses).

La malbouffe, mais pas que

La NASH est parfois surnommée “maladie de la malbouffe”, ou “maladie du soda”. L’exemple américain montre qu’une alimentation trop riche en graisses saturées, en sucres et en boissons sucrées (riches en sirop de fructose glucose), est en effet un bon passeport pour la NASH.

Mais une telle vision est réductrice : on peut développer une NASH sans être un adepte de la junk food, simplement en mangeant en trop grande quantité par rapport à ses besoins physiques. La NASH est un témoin plus global de nos déséquilibres nutritionnels et d’un mode de vie où alternent stress et compensations alimentaires.

L’hépatite des hépatants guéris ?

Dans le monde particulier des hépatants, la NASH apparaît parfois comme la maladie de ceux qui ne sont plus malades. La menace de la cirrhose, que l’on a su déjouer à grands coups de médicaments antiviraux, revient insidieusement chez ceux qui ont retrouvé avec un peu trop d’enthousiasme les plaisirs de la bonne chère.

Avouez que c’est ballot, comme histoire. Mais, nous vous l’avons déjà dit, il est possible d’en changer la fin. Hépatants de tous les pays, la NASH ne passera pas par nous !