Lors de L’EASL, les associations de malades peuvent tenir un symposium.
Depuis 3 ans, L’association ELPA (Association Européenne de patients malades du foie) regroupant les associations de tous les pays européens organise cet événement. En 2012, la thématique était la prise en charge des usagers de drogue en Europe. Cette année la séance avait pour titre
« l’accès compassionnel des nouvelles molécules actives dans l’infection virale C ».
Les organisateurs d’ELPA avaient demandé à des médecins et des malades de partager la tribune. Plus de 400 médecins de tout pays et des activistes américains issus de l’ACTG (AIDS Clinicals Trial Group) avaient préféré ce symposium aux autres communications scientifiques qui se déroulaient de façon synchrone.
Il a déjà été très dur de se mettre d’accord sur le mot compassionnel qui est issu du registre religieux mais dans un dictionnaire vous pouvez trouver la définition suivante : « La compassion (du latin : cum patior, « je souffre avec » et du grec συμ πἀθεια , sym patheia, sympathie) est une vertu – par laquelle un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d’autrui, et poussé à y remédier. D’où le besoin de ce mot, ainsi que de celui d’empathie. « Pitié » et « apitoiement » sont tous deux devenus péjoratifs, mais signifient originellement compassion, tout comme « miséricorde » et son synonyme « commisération ».
Nous avons trop souvent une confusion entre « accélérer l’accès aux traitements » et « l’accès compassionnel. » Deux malades de pays différents ont pris la parole l’un pour nous témoigner qu’après deux transplantations hépatiques il était en vie grâce à l’accès miraculeux au bocéprévir avant sa mise sur le marché et un autre patient co-infecté a rappelé que si son VIH était maitrisé depuis plus de 17 ans il préférait se battre et « tester » des molécules plutôt que de décéder en attendant.
Plusieurs médecins de différents pays ont rappelé les difficultés de mettre en place un accès précoce. Un représentant de l’AEM (Agence Européenne du Médicament) nous a rappelé que l’accès compassionnel était dans les textes du code européen de la santé mais qu’il ne pouvait qu’émettre des recommandations car sur ce sujet chaque pays reste souverain.
Il faut bien comprendre que le corps médical et les patients sont en accord pour permettre l’accès le plus rapide. À quel moment faut il autorisé cet accès ? il faut attendre au moins que l’efficacité soit confirmé et la sécurité acquise. Le Pr Dhumeaux est venu nous exposer le dispositif français et a présenté les résultats de l’enquête CUPIC. Une étude de cohorte pour les patients cirrhotiques qui avaient pu accéder avec presqu’un an d’avance aux molécules du bocéprévir et du télaprévir. Cette cohorte menée par l’ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le SIDA et les Hépatites Virales) est riche d’enseignement sur la vraie vie. Notre système français avec les ATU (autorisation temporaire d’utilisation) est une exception européenne.
Pourtant nous avons au nom de SOS hépatites interpellé publiquement sur l’évolution de ces ATU. Il semble en effet qu’il y a quelques années le système sécuritaire était points présents et les laboratoires pharmaceutiques moins frileux. Nous avons repris deux exemples, les usagers avait poussés l’accès en ATU à la nouvelle molécule dans l’hépatite B permettant ainsi à des malades de sortir de la liste d’attente de la greffe et à d’autre de rester en vie, évitant ainsi l’hécatombe lié au virus de l’hépatite B (VHB). Autre souvenir dans le VIH durant les années les plus noires nous n’avons pas hésité avec l’accord des patients à mettre en place des traitements de sauvetage. Certain décédé même quelques jours après le début de ces nouveaux soins. Aujourd’hui nous craignons qu’en cas de complication ou de décès, l’accès à la reconnaissance et l’autorisation de mise sur le marché soit remis en cause. Si le malade est informé de l’urgence de sa situation il doit participer à ce débat. La dérive légaliste et sécuritaire ne doit pas faire disparaitre le principe d’un accès compassionnel aux nouvelles molécules.
SOS Hépatites portera ce combat et l’arrivée de nouvelles molécules activent contre le VHC va nous amener, comme nous l’avions fait pour l’Adéfovir, à nous mobiliser politiquement pour accélérer son utilisation par ceux qui en ont le plus besoin et qui ont tout à y gagner faute de quoi… ils risqueraient de tout perdre.
Pascal Mélin