COMMUNIQUE DE PRESSE
Paris, le 11 mai 2021
Vaccins du quotidien :
En amont de la Semaine européenne de la vaccination
Associations de patients et professionnels de santé alertent sur l’importance d’une meilleure couverture vaccinale
Si la campagne de vaccination contre la Covid-19 s’accélère et est au cœur de toutes les préoccupations, les autres vaccins souffrent quant à eux d’un désengagement inquiétant. Depuis le début de la pandémie, plusieurs études mettent en évidence un recul des vaccins du quotidien comme ceux contre la rougeole, le tétanos ou la coqueluche. A quelques jours de la semaine européenne de la vaccination, qui se tiendra en France du 17 au 21 mai, associations de patients et professionnels de santé se mobilisent. Elles lancent un appel pour inciter les Français à mettre à jour leurs vaccins pour leur santé et notamment les plus vulnérables d’entre eux, mais aussi pour prévenir d’autres épidémies qui pourraient resurgir après la levée des gestes barrières.
Vaccins du quotidien : un désengagement inquiétant, intensifié par la crise sanitaire
Durant le premier confinement, le suivi vaccinal a été très fortement impacté dans toutes les tranches d’âge, avec une baisse de 23% du vaccin Penta / Hexavalent chez les nourrissons, de 50% pour le vaccin ROR, et grimpant jusqu’à 50% et 67% respectivement pour les vaccins antitétaniques et le vaccin anti HPV.
Un an après le début de la pandémie, le net recul de ces vaccins du quotidien identifié par le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE[1], est confirmé par les données du GERS et inquiète la communauté médicale et les associations de patients. Les données à novembre 2020 faisaient état d’un « fort déficit » de protection des populations plus âgées notamment contre des pathogènes manu ou aéroportés : 150 000 personnes vaccinées de moins que l’année précédente contre la rougeole et 700 000 adolescents et adultes vaccinés de moins contre le tétanos associé à la diphtérie, et le plus souvent à lala coqueluche. L’estimation des auteurs de l’étude EPIPHARE avançant que pour ces vaccinations, « le retard observé en 2020 se reportera en 2021 » s’observe aujourd’hui avec les dernières données du GERS disponibles : -11% pour les vaccins ROR et -16% pour les vaccins combinés tétanos/diphtérie/poliomyélite/coqueluche. Ce retard est observé pour tous les autres vaccins de l’adolescent ou de l’adulte avec : -5% pour les vaccins HPV, – 9% pour les vaccins méningocoques C, -21% pour les vaccins hépatite B et varicelle et -24% pour le vaccin contre le zona.
Ce retrait de la vaccination est d’autant plus inquiétant dans le cas de pathogènes très contagieux, comme la rougeole ou la coqueluche, contre lesquels la couverture vaccinale en temps normal est déjà faible chez les adultes. Pour la vaccination contre la coqueluche, les personnes en âge optimal pour recevoir un rappel (25 ans) sont moins de 35% à être à jour de cette vaccination.
Des patients vulnérables sous vaccinés
La pandémie de Covid-19 et la campagne de vaccination qui s’organise nous rappelle à quel point l’immunisation contre un agent infectieux permet à la fois de contribuer à lutter contre un risque d’épidémie et de protéger les plus vulnérables. Et pourtant, aujourd’hui encore, la population française et notamment les plus fragiles ne semblent pas avoir conscience de l’importance de suivre les recommandations vaccinales dont ils bénéficient.
« C’est un gâchis monstrueux », regrette le Dr Pascal Mélin, Président de la Fédération SOS Hépatites & Maladies du foie, illustrant ses propos par deux exemples.
Le premier est celui de la vaccination contre l’hépatite B : « il faut finir le travail ! Protéger les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans, afin que ceux nés avant l’obligation vaccinale des nourrissons instaurée en 2018, ne soient plus la génération oubliée du virus de l’hépatite B ; renforcer le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B des personnes les plus exposées à partir de 16 ans est aujourd’hui une priorité ! », explique le Dr Mélin.
Ce sont des demandes fortes exprimées lors des Premiers États Généraux de l’Hépatite B.
Le deuxième exemple est celui de la vaccination des personnes vivant avec une cirrhose, qui sont des personnes immunodéprimées. « Comme beaucoup de malades chroniques, les patients cirrhotiques sont beaucoup plus à risque de développer des formes graves d’affections et doivent absolument être vaccinés contre la grippe mais aussi les hépatites A et B, le pneumocoque et le virus varicelle/zona. Nombre d’entre eux ne sont cependant pas à jour de leurs vaccins », rappelle le Dr Pascal Mélin. Plus précisément, une récente étude présentée au congrès mondial d’hépatologie a repris les données sur 5 ans de 14 centres d’hépatologie américains ou canadiens et analysé les dossiers de 982 patients. « Les résultats sont dramatiques ! Seul 50% des patients sont correctement protégés », déplore le Dr Mélin.
Dans ce contexte, SOS Hépatites lance à l’occasion de la SEV 2021 son enquête de sensibilisation : vaccination et cirrhose.
Le principe de vaccination semble de nouveau convaincre la population nationale. « Il doit être porté haut et fort ! Nous devons apprendre à la jeune génération, mais pas que, à utiliser un carnet de vaccination dématérialisé », conclut le Dr Mélin.
Même constat soulevé par l’association Renaloo : « Les conclusions de l’enquête[2] du groupe AVNIR (Associations VacciNation Immunodéprimées Réalités), dont nous sommes membres, montrent qu’en dépit d’une adhésion très forte à la vaccination, les marges de progression sont réelles pour atteindre une couverture vaccinale plus importante chez ces personnes à risque », précise Clotilde Genon, Responsable Pôle mobilisation Patient.e.s de Renaloo. Exemple parlant du pneumocoque dans ce contexte : près de la moitié des personnes à risque étaient nombreuses à déclarer ne pas savoir où elles en étaient dans le suivi de leur vaccination contre ces infections, et seules 41% avaient la certitude d’être vaccinées contre cette infection.
Les populations les plus précaires voient elles aussi leur situation, déjà fragiles, se détériorer explique Samir Baroualia, Directeur de Dessine-Moi Un Mouton « Avec la crise sanitaire énormément d’enfants se retrouvent sans couverture vaccinale car leurs parents, en errance institutionnelle (changement d’hôtel toutes les semaines, à la rue ou dans des squats) sont dans les ‘’angles morts’’ des PMI et n’ont que rarement accès à un pédiatre… Parfois, la famille n’a pas le carnet de santé ! Il devient urgent d’aller chercher ces familles et d’adapter notre système. C’est ce que nous avons commencé à expérimenter chez Dessine-moi un mouton, dans le cadre des 1000 premiers jours de l’enfant. »
Des solutions pour mobiliser le système de soins et la population à être à jour de ses vaccinations ?
Trop de questions – parfois légitimes -, d’idées reçues, de désinformation, d’amplification d’informations négatives circulent sur le sujet de la vaccination. Pour le Pr Chantal Raherison-Semjen, Présidente de la Société de Pneumologie de Langue Française, « il est aujourd’hui capital d’écouter ces questionnements et d’y répondre, et l’éducation à la santé, dès le plus jeune âge, est, à mon sens un levier à exploiter. Nous devons former les jeunes, pour qu’ils comprennent les bénéfices, car l’histoire nous a fait oublier que des maladies comme la rougeole, la coqueluche ou la tuberculose tuent encore aujourd’hui ! »
Pour le Pr Jean-Louis Koeck, responsable de la plateforme MesVaccins.net, l’une des clés pour améliorer l’adhésion à la vaccination réside dans la personnalisation de l’information et des recommandations. C’est ainsi qu’a été pensée la plateforme mesvaccins.net. « L’idée a été d’élaborer un outil, le carnet de vaccination électronique, qui explique les besoins vaccinaux selon la situation de chacun : âge, sexe, facteurs de risque, conditions de vie ou de travail… » Ce carnet aide chaque citoyen à suivre et optimiser sa protection vaccinale avec son médecin traitant ou d’autres professionnels de santé de son choix.
Comme le rappellent professionnels et associations de patients, la vaccination contre la Covid-19 ne doit pas faire oublier l’importance des autres vaccinations pour préserver la santé de tous. La question qui se pose pour 2021 est celle du soutien à ces vaccins « de routine », en parallèle de la stratégie vaccinale contre le SARS-COV-2. « La crise sanitaire a mis en lumière la grande vulnérabilité des personnes immunodéprimées. C’est une opportunité à saisir pour renforcer la sensibilisation des patient.e.s, de leurs proches et des professionnel.le.s qui les prennent en charge sur la vaccination et l’amélioration de leur couverture vaccinale. » soulève Clotilde Genon.
Mais il n’est pas encore trop tard puisque la campagne continue. La publication début mai du nouveau calendrier vaccinal 2021 est d’ailleurs encourageante : les professionnels de santé y sont invités à ‘’vérifier systématiquement le statut vaccinal de l’ensemble de leurs patients, afin de saisir toute opportunité d’effectuer, si nécessaire, un rattrapage vaccinal des vaccins qui n’auraient pas été réalisés lors des confinements et limitations de déplacements » et à « cibler en priorité les nourrissons et les populations particulièrement fragiles pour lesquelles des recommandations particulières figurent au calendrier vaccinal (personnes avec maladies chroniques, immunodéprimées, personnes âgées, femmes enceintes)’’.
[1] EPI-Phare – Rapport « usage des médicaments en ville en France durant l’épidémie de la Covid-19 – Point de la situation jusqu’au 22 novembre 2020
[2] Enquête sur la vaccination des personnes atteintes de maladies chroniques à haut risque (immunodéprimées) et à risque d’infections – Ipsos/Pfizer/associations membres du groupe AVNIR – 2020 – https://www.ipsos.com/fr-fr/enquete-sur-la-vaccination-des-personnes-atteintes-de-maladies-chroniques
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A propos de Dessine-moi Un Mouton
Créée en 1990, Dessine-Moi Un Mouton est une association issue de la lutte contre le VIH/Sida qui a pour vocation de promouvoir la santé et de soutenir les projets de vie et les parcours de soins des personnes atteintes de pathologies chroniques en situation de précarité.
Se situant à la croisée des enjeux de précarité sociale et de santé, DMUM accueille des familles, des adolescents et de jeunes adultes atteints de pathologies chroniques, dont beaucoup sont issus de parcours migratoires psychotraumatiques et cumulant de nombreux facteurs de vulnérabilités sociales et de santé.
DMUM a développé une expertise spécifique autour de la périnatalité, de la parentalité et des « 1000 premiers » jours de l’enfant. L’action de DMUM se déploie autour d’un lieu d’accueil et d’une équipe mobile pluridisciplinaire qui se déplace auprès des familles pour des interventions ponctuelles et des accompagnements personnalisés autour de la périnatalité.
Pour en savoir plus : http://dessinemoiunmouton.org
A propos de Renaloo
Renaloo a été créé en 2002, sous la forme d’un blog, devenu une association de patients en 2008. L’association développe de nombreuses activités, sur et hors internet, pour porter de la manière la plus efficace possible ses valeurs de soutien et d’empowerment des personnes qui vivent avec une maladie rénale, la dialyse, la greffe, de défense de leurs droits et de leurs intérêts et d’amélioration de leur prise en charge et de leur qualité de vie.
Pour en savoir plus : https://renaloo.com
A propos de la fédération SOS Hépatites & Maladies du foie
Le réseau SOS Hépatites & Maladies du foie créée en 1996, souffle en 2021 ses 25 bougies. Il regroupe des associations régionales et des délégations locales ayant pour but la prévention, l’information, la solidarité, la défense de toutes les personnes concernées par les hépatites virales, les maladies du foie, quels que soient les virus et les modes de contamination, ainsi que la promotion de la recherche. Le foie est un organe silencieux et les physiologistes nous disent qu’un foie aurait une autonomie de 140 ans. L’engagement de SOS Hépatites & Maladies du foie est de faire entendre les maladies du foie et ses porteurs ! Un des premiers slogans utilisés par les militants de la première heure était : “ La maladie isole mais la parole rassemble”.
Pour en savoir plus : https://soshepatites.org
A propos de la SPLF
La Société de Pneumologie de Langue Française (SPLF) est la société savante des pneumologues francophones. Elle a pour mission d’étudier, dans tous leurs aspects, les maladies respiratoires et d’apporter sa contribution à la formation et au perfectionnement des pneumologues, à la recherche en pneumologie et à l’information des professionnels.
Pour en savoir plus : https://splf.fr
A propos de MesVaccins.net
MesVaccins.net, plateforme numérique dédiée à la vaccination créée lors de la pandémie de grippe H1N1 en 2009, inclut une base mondiale des vaccins, un système d’aide à la décision vaccinale et un carnet de vaccination électronique (CVE). Ce carnet permet à chaque citoyen de prendre en main ses vaccinations, d’accéder en tout temps et en tout lieu à son historique vaccinal, d’obtenir des recommandations vaccinales personnalisées (selon âge, sexe, conditions de vie ou de travail, affections chroniques, grossesse), de partager ces informations avec son médecin ou son pharmacien et de recevoir les dates de ses prochaines vaccinations par e-mail.
Pour en savoir plus : https://www.mesvaccins.net
A propos de GSK
En termes d’activité dans le vaccin, GSK est le premier acteur mondial du vaccin et dispose aujourd’hui d’un large portefeuille de plus de 20 vaccins pour tous les âges de la vie, et de 19 vaccins en développement. GSK Vaccins met ainsi à disposition plus de 2 millions de doses par jour, dans plus de 160 pays, contribuant, depuis plus de 100 ans, à protéger chaque individu contre des maladies graves. Ces vaccins permettent de lutter contre certaines des maladies les plus dévastatrices au monde.
En France, avec près de 3 600 collaborateurs, GSK est un laboratoire international de premier plan, en termes d’emploi, d’investissements industriels et de R&D. Il est présent tout au long de la vie du médicament avec notamment trois sites de production et un centre de développement clinique, au niveau du siège social à Rueil-Malmaison.
Avec sa production de vaccins réalisée sur l’implantation industrielle de Saint-Amand-les-Eaux (59), GSK exporte près de 95%. Sur ce site la création d’emplois et les investissements sont réguliers, notamment dans le cadre d’augmentation de production de doses de vaccins pour les Etats-Unis.
Pour en savoir plus : http://www.gsk.fr/