Monsieur le Président vous vous êtes trompé…
Le vaccin contre l’hépatite B, premier vaccin contre le cancer.
Lors de la présentation du troisième plan cancer, mardi 4 février 2014, François Hollande déclarait devant la presse :
« Le cancer du col de l’utérus est le seul – je dis bien le seul – pour lequel il existe un vaccin, et pourtant, en France, ce vaccin n’est administré qu’à 30 % des jeunes filles. C’est une source nouvelle d’inégalités. Certes, je connais les réserves que suscitent des campagnes mal conçues de vaccination mais ce vaccin a fait la preuve de son efficacité. Aussi, d’ici cinq ans, nous doublerons la couverture vaccinale contre le cancer du col de l’utérus, ce qui permettra son éradication à terme ».
Cette déclaration a été passée sous silence. Les vaccins contre le papillomavirus sont certes efficaces et protègent contre le cancer du col de l’utérus, qui est le plus souvent induit par ces virus. Cependant, le premier vaccin qui permet de protéger contre un cancer, le cancer du foie, est celui contre le virus de l’hépatite B. De surcroit, il s’agit d’une découverte française du Professeur Philippe Maupas, virologue, en 1976. Il y a donc presque 40 ans que nous avons un vaccin qui protège contre le cancer.
Philippe Maupas, inventeur du premier vaccin contre l’hépatite B, a un parcours atypique. Il a toujours été un admirateur de Pasteur et il commence ses études par une école vétérinaire. Il devient ensuite microbiologiste à l’institut Louis Pasteur à Paris. Il poursuit par un doctorat de pharmacie et passe également un doctorat en science. En 1974, il effectue un stage de 6 mois aux USA dans le service du Dr Baruch Samuel Blumberg, lauréat du prix Nobel de médecine en 1976 pour son identification du virus de l’hépatite B. Cette découverte de Blumberg ouvre la voie à la réalisation d’un vaccin. De retour en France, Philippe Maupas se lance sur la piste d’un vaccin et entreprend des études de médecine. Il est certain qu’un vaccin peut être produit et il a prouvé que le vaccin permettrait d’éviter bon nombre de cancer du foie. Sa thèse porte sur un sujet qui le passionne : « Hépatite B et cancer primitif du foie ». En 1975, le vaccin est découvert et son innocuité démontrée. Dès le mois d’octobre il s’inocule le vaccin et le propose au personnel médical. Il rencontre l’OMS et demande la mondialisation du vaccin. Dès 1977, il devient doyen de la faculté de pharmacie de Tour. En 1978, il entreprend un programme de vaccination au Sénégal où il trouve la mort dans un accident de la route le 4 février 1981 à l’âge de 41 ans. Avec quatre doctorats, une invention historique et plus de 150 publications internationales, il a permis de sauver des millions de vie et aurait tout naturellement dû recevoir le prix Nobel de médecine.
Merci monsieur Maupas, les Hépatants n’oublient pas ce qu’ils vous doivent : vous avez fait le lien entre l’hépatite B et le cancer primitif du foie et êtes le premier à avoir mis au point le vaccin contre les deux.
Les semaines, européenne (20 au 25 avril 2015) et mondiale (24 au 30 avril 2015) de la vaccination doivent être le temps de rappeler notre attachement à la vaccination. Le vaccin est une protection individuelle pour un bénéfice collectif.
Mais en 2015, l’individualisme sanitaire prévaut. Il est loin le temps de la variole ou l’état rendait obligatoire et légale la vaccination en assumant toutes les conséquences pour faire disparaitre ce fléau. Plus aucun politique n’oserait défendre une telle thèse. Les derniers vaccins obligatoires sont même remis en cause. Des parents s’opposent à la vaccination de leurs enfants. Le conseil constitutionnel a réaffirmé récemment le caractère légal et obligatoire de certains vaccins en rappelant que personne ne pouvait s’y soustraire. La seule saisie du conseil sur ce sujet pose cependant question.
A l’image d’autres pays européens, nous devons reprendre notre bâton de pèlerin et être pédagogiques auprès du grand public pour expliquer le bien fondé des vaccins.
Pascal Mélin, Président de SOS hépatites Fédération
Nous regrettons qu’aucun journal n’est voulu faire paraitre cette tribune-hommage.