AASLD À SAN FRANCISCO…

Dans trois jours l’AASLD (American Association for Study Liver Desease), le congrès américain d’hépatologie se déroulera à San Francisco. Cette ville construite sur une faille sismique a beaucoup souffert des maladies virales et des hépatites mais aussi le VIH lui doit beaucoup. C’est ce que nous avions déjà dit sur les pages du blog lors du SIDACTION de 2013…

Reprenons l’histoire de la ville de San Francisco. Cette grande agglomération de la côte ouest des Etats-Unis a toujours abrité une grande communauté d’homosexuels masculins parfaitement intégrés.

Cette particularité est à la fois culturelle et historique. Grâce à un niveau socioculturel élevé, les homosexuels de San Francisco se sont régulièrement interrogés sur leur état de santé. C’est dans ce contexte qu’en 1970 une épidémie d’hépatite B fait son apparition à San Francisco. Les représentants des usagers ont alors interrogé les médecins hospitaliers pour travailler aux messages de prévention et à la surveillance de la maladie. C’est ainsi qu’en 1976, usagers et médecins créent la cohorte d’homosexuels de San Francisco et proposent à tous les patients de la communauté qui le souhaitent de venir se faire dépister par un bilan biologique tous les 6 mois et de garder leur sérum dans des congélateurs.

Qu’avons-nous tiré de la mise en place de cette cohorte ?

Premièrement, ayant compris l’importance de cette cohorte, les homosexuels se sont présentés par centaines pour demander à être dépistés et suivis.

Deuxièmement, cette cohorte a montré que les messages de préventions prodigués et diffusés par les pairs permettaient de contrôler une épidémie.

Troisièmement, et ce n’était pas prévu, comprendre l’épidémie du VIH jusqu’alors inconnue. Le VIH a été découvert en 1981 et dans les années qui ont suivi, des tests sérologiques ont été mis au point.

Au milieu des années 80, le SIDA était la maladie des 4 H (Hémophiles, Haïtiens, Héroïnomanes et Homosexuels).

À cette époque, la communauté homosexuelle de San Francisco se découvre largement touchée par le SIDA. Spontanément, dès 1984 les usagers et les médecins ressortent les sérums des congélateurs pour comprendre et retrouver quand avaient eu lieu les contaminations et évaluer le temps de latence entre la contamination et le passage en stade SIDA. Et c’est grâce à cette cohorte VHB que l’on découvre que 30% des patients passent en stade SIDA au bout de 7 ans et qu’en moyenne il s’écoulait 10 ans.

Ces résultats furent publiés dès 1986 et ont permis de comprendre l’histoire naturelle du VIH bien avant le suivi prospectif des cohortes européennes qui se mettront en place après.

L’AASLD à San Francisco nous rappelle que cette ville a probablement vu naitre la première communauté hépatante, il est important de leur rendre hommage.

Pour suivre l’actualité du 13 au 17/11, rejoignez-nous sur le site. 

Pascal Mélin

L’HÉPATANTE N°1- NOVEMBRE 2015

ÉDITO : POURQUOI UNE NEWSLETTER SOS ?

L’hépatante, notre dernier outil de communication se veut concis, fréquent, au plus proche de vous.

L’ hépatante vous informera en quelques minutes de lecture des temps forts de notre vie associative et des informations importantes de l’actualité thérapeutique.

Cette année encore, le mois de novembre va être riche en nouveautés avec le congrès de l’AASLD, alors suivez-nous et devenez hépatant !

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

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REPOUSSÉE PAR UN CHIRURGIEN…

Linda a 42 ans, on devine qu’elle était une belle femme, elle a des cernes sous les yeux, des mains gonflées par la destruction de ses veines suite à de trop nombreuses injections. Linda est une usagère de drogue (UD) ou une ex-UD, elle se présente à la consultation comme une bête honteuse ou plutôt un animal blessé. Son regard était fuyant, elle était toute fermée au fond de son fauteuil.

Habituellement, les patients qui venaient à ma consultation étaient tendus, inquiets mais jamais honteux, ils étaient toujours ouverts, prêts à débattre sur les traitements possibles de l’hépatite C.

J’avais en face de moi Linda qui savait depuis 1996 qu’elle était porteuse d’une hépatite C, elle avait « bénéficié d’une biopsie hépatique » et n’était porteuse que d’une hépatite minime A1F1 et à l’époque on lui avait dit qu’elle ne nécessitait pas un traitement mais qu’il fallait mieux qu’elle s’occupe de sa toxicomanie. Elle avait alors ressenti le sentiment d’être sale, pestiférée et avait enfoui et caché sa maladie pendant presque 20 ans.

Linda souffre d’un syndrome des mains de Popeye. Au fil des injections dans les bras, les veines se sont détruites, empêchant par la même le retour veineux, ce qui explique que le sang s’accumule et fait gonfler les mains d’où le nom de syndrome des mains de Popeye. Il y a quelques mois, elle avait ressenti de plus en plus fréquemment des fourmis dans les doigts et différents examens avaient abouti au diagnostic de syndrome du canal carpien. Elle avait donc été adressée à un chirurgien.

Le chirurgien avait confirmé le diagnostique et la nécessité d’un geste chirurgical de décompression. La date de l’opération était fixée, le rendez-vous était calé auprès d’un anesthésiste. La patiente quittait le chirurgien en lui serrant la main quand elle se rappela : « Docteur, j’ai oublié de vous dire que j’ai une hépatite C, j’espère que ce n’est pas grave ? »

Instantanément, le chirurgien s’emporta : « Vous ne vous rendez pas compte, vous me cachez des choses importantes, et moi je vais vous opérer et prendre le risque de me contaminer et de me retrouver comme vous, vous êtes inconsciente, votre attitude est scandaleuse. »

Linda lui coupa la parole et s’emporta à son tour : « Putain, mais allez vous faire enculer ! J’irai me faire opérer ailleurs, je ne suis pas pestiférée, ça fait 20 ans que j’essaye d’oublier ma maladie et je suis fière de l’avoir presqu’oubliée aujourd’hui, au revoir, mais faites vous dépister quand même car la connerie, ça ne protège pas de l’hépatite C. »

Linda était une rebelle et plutôt que d’essayer à nouveau d’oublier sa maladie elle avait fait le choix de se débarrasser du virus de son hépatite C et instantanément, elle avait pris rendez-vous à ma consultation.

Voilà le chemin qui l’avait amené là, mais aujourd’hui elle était hésitante. Nous avons parlé de tout et de rien pour s’apprivoiser mutuellement, je devais lui redonner confiance dans le corps médical et surtout l’aider à définir le sens que prendrait sa guérison.

Lorsque Linda me racontait son histoire, je fus d’abord écœuré par la réaction du chirurgien puis, en réfléchissant, je me suis dis qu’il lui avait probablement permis d’accéder aux soins alors que s’il lui avait gentiment conseillé de se soigner de son virus, elle ne l’aurait probablement pas fait.

Linda et moi avons alors éclaté de rire décidément, le parcours de soins d’un malade pouvait, parfois, être très atypique.

Pascal Mélin

SALUT PHIL…

Salut Phil et surtout ne sois pas sage au paradis des hépatants mécréants et ne cherche pas à vacciner les anges avant leur entrée en sexualité car ils n’ont pas de sexe.

Phil même au moment de tirer ta révérence à la vie tu as encore trouvé le moyen de faire un pied de nez à la Toussaint.

Tu étais un infirmier de formation mais tu étais aussi un homme, un militant et un citoyen. De longue date, tu revendiquais ton état de co-infecté VIH/VHC. Nous nous étions rencontrés il y a 15 ans, tu étais alors un de nos militants les plus actifs dans les Ardennes. Ce dont je me souviens c’est une de tes déclarations tonitruantes où tu nous avouais il y a déjà 15 ans : « je n’ai plus peur du SIDA car j’ai appris à vivre avec, on m’a donné des traitements et des armes pour arriver à le contrôler ; par contre  mon hépatite C me fait peur et c’est elle qui m’emportera… » Quel triste visionnaire tu faisais, avant tous les autres, tu avais compris que les co-infectés risquaient de mourir de leur foie et non de leur SIDA. Tu avais alors rejoint SOS Hépatites et tu étais à l’initiative du projet de CAARUD dans les Ardennes. Tu avais été mis à disposition par le Centre de Gestion des Ardennes suite à la fermeture du dispensaire de Mouzon où tu étais infirmier, pour aller au plus près de ceux qui étaient le plus loin des soins.

Tu répétais à qui voulait l’entendre :

« n’ayez pas peur du plaisir, vivre c’est jouir, mais ne vous faites pas mal, le plaisir ne doit jamais pouvoir amputer votre avenir. »

A l’époque, nous ne le comprenions pas très bien, mais toi à travers ton vécu, ta vision de l’autre, ta sensibilité, sans le savoir, tu nous apprenais la Réduction Des Risques. Préventologue inépuisable tu savais trouver les mots qui seraient entendus et retenus. Phil tu étais un hépatant, tous les membres de SOS Hépatites qui avaient pu échanger avec toi en étaient revenus avec un autre regard et de nouvelles questions. Pour supporter le présent, tu poussais le futur. Il y a trois ans lors des Université de Printemps à Sedan tu avais tenu, malgré la maladie qui t’affaiblissait déjà, à être présent. Tu nous avais rappelé que nous devions prendre soin des travailleurs du sexe et nous avions élaboré de nouvelles actions.

Merci Philippe Le Blond, merci Phil, merci l’ami d’avoir été toi et de m’avoir permis de croiser ta route…

Nous ferons vivre tes idées et tes rêves, tu es mort alors que les traitements pour guérir étaient enfin là, nous comprenons et faisons nôtre ton dernier message. Il ne suffit pas d’avoir des traitements qui guérissent pour guérir.

Pascal Mélin

Il Y A QUELQUES MOIS J’AI ÉCRIT ET PUBLIÉ SUR NOTRE BLOG CE TEXTE…

Docteur, j’ai peur de guérir de mon hépatite C…

Voilà la prière pour le moins surprenante que l’infirmière d’éducation thérapeutique et moi avons entendue ce matin lors de la mise en route d’un nouveau traitement.

Patrick a 51 ans, contaminé de longue date par des produits transfusionnels puisqu’il est atteint depuis sa naissance d’une forme d’hémophilie particulière. Il a déjà été traité il y a quelques années par une association interféron ribavirine. Ce premier traitement a été particulièrement mal supporté et responsable d’une rechute et d’un effondrement psycho-social. À l’époque, le patient m’avait déclaré : « C’est drôle et je vais peut-être vous choquer, mais j’en arrive presque à être rassuré de voir revenir le virus, il y a tellement de temps que nous vivons ensemble et que nous nous supportons l’un l’autre ».

À l’époque, j’avais trouvé cette remarque choquante et l’avais mise sur le compte de la déception et de l’échec thérapeutique, le patient avait alors refusé de rencontrer la psychologue de l’équipe. Plusieurs années ce sont passées et nous avons régulièrement suivi sont hépatite C.

Le temps est passé et Patrick continuait de vivre avec son hépatite C, il venait chaque année faire ses contrôles qui confirmaient toujours son état pré-cirrhotique. Il y a quelques mois je lui ai donc parlé des nouvelles séquences thérapeutiques qui nous permettaient d’envisager un nouveau traitement et donc une guérison. Nous refaisions un nouveau bilan et ce matin nous nous retrouvions en salle d’éducation thérapeutique avec l’infirmière pour débuter ce nouveau traitement. C’est à ce moment que Patrick très tendu m’a déclaré : « Docteur j’ai peur de guérir, que serai-je demain si vous me guérissez, il y a si longtemps que je vis avec mon virus, que vais-je devenir sans lui ? Des fois j’ai la sensation que nous nous protégeons mutuellement. Et grâce à lui je suis reconnu dans mon handicap, comment sera la vie après ? »

On ne rappellera jamais assez que si les malades ont fait un travail d’acceptation pour vivre de façon chronique avec un virus, l’arrivée de nouveaux traitements fait émerger l’idée d’une guérison qui peut alors faire peur. Mais n’est-ce pas là le rôle des programmes d’éducation thérapeutique dont nous avons plus que jamais besoin ?

Pascal Mélin

Patrick a pris son traitement pendant trois mois avec succès et disparition de son virus. Bien sûr nous l’avons orienté vers le psychologue de l’équipe pour l’aider à se reconstruire dans cette guérison virologique. Les choses allaient pour le mieux et Patrick prenait doucement la mesure de sa nouvelle vie. Le cap des trois mois était passé et nous lui avions annoncé sa guérison virologique.

Malheureusement, c’est quelques temps plus tard que tout s’est effondré quand  Patrick a fait une hémorragie cérébrale qui devait être gravissime en raison de ses problèmes de coagulation. Et au bout de quelques jours nous apprenions le décès de Patrick malgré tous les efforts de l’équipe de réanimation où il avait été admis.

Depuis, je me souviens souvent de la déclaration de Patrick : « Docteur, j’ai peur de guérir de mon hépatite C ». Patrick voulait- il nous dire quelque chose ? Comment ne pas faire de psychologie de bas étage ? Quel enseignement devons-nous tirer ? Comment allons-nous modifier notre façon de faire ?

La guérison doit se préparer et s’accompagner et nous ne devons pas violer le malade même pour le guérir. Patrick serait peut-être décédé de toute façon mais cette phrase raisonnera longtemps pour moi : « DOCTEUR, J’AI PEUR DE GUERIR DE MON HEPATITE C. »

Pascal Mélin

ALERTE SUR LES TRAITEMENTS DES CIRRHOSE VIRALES C…

L’alerte a été lancée il y a quelques jours par FDA (Food and Drug Administration) concernant l’utilisation de l’Exviera® et/ou du Viekirax® chez des patients atteints de cirrhose grave.

Les cirrhoses sont classées selon la classification de Child A*, B ou C et actuellement pour les malades ayant des formes graves qui nécessitent une transplantation hépatique, on tente d’éradiquer le virus de l’hépatite C pour simplifier la greffe.

Devant l’amélioration de la puissance thérapeutique, on a traité des patients avec des formes de plus en plus grave Child B ou C. Mais une alerte vient d’être lancée par la FDA. En effet, depuis plusieurs mois, ces nouveaux traitements sont disponibles aux USA et la surveillance de l’accès aux soins a montré que les patients en cirrhose Child B ou C avaient dans un certain nombre de cas présenté une décompensation de leur cirrhose et parfois un décès. Cette mise en garde doit nous rappeler que le traitement des cirrhoses graves est complexe et délicat et ne peut en aucun cas se résumer à l’éradication virale C.

Pascal Mélin

* Cirrhose Child A = cirrhose compensée

Pour en savoir plus :

http://www.afef.asso.fr/rc/org/afef/nws/News/2015/20151025-080808-114/src/nws_fullText/fr/FDA%20Drug%20Safety%20Communication.pdf

15 000 PASSEPORTS EN UN MOIS…

Les migrants ne cessent d’arriver et surtout les migrants originaires de Syrie, l’ambassade de Syrie en Allemagne a régularisé massivement ces réfugiés en leur délivrant des passeports…

Mais ce n’est pas le sujet de ce blog !

Les 15 000 passeports délivrés en un mois se sont ceux de SOS Hépatites, et ce sont des passeports pour la guérison de l’hépatite C. En un mois, le stock est épuisé. Alors ne harcelez pas Véronique sur notre ligne d’écoute il n’y en a plus. Pourtant, nous avions été prévoyants en nous calant sur la recommandation de l’AFEF : 15 000  traitements par an donc 15 000 passeports hépatants.

Mais s’il n’y a déjà plus de passeport, c’est que l’on est probablement en train de dépasser les quotas annuels de traitement. Rassurez-vous, SOS Hépatites va trouver des fonds pour rééditer son passeport et le diffuser le plus largement possible et gratuitement sans exiger une ordonnance validée par une RCP et rédigée par un spécialiste en justifiant au moins d’une fibrose supérieure ou égale à F2 .

Non ! Nous diffuserons notre passeport le plus largement possible car pour nous le premier traitement c’est l’information  et tout le monde malade ou non a le droit à cette information.

Nous allons rééditer notre passeport car notre devise reste :  ACTUA PASS 2

Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et un passeport universel.

http://www.soshepatites.org/2015/09/30/consultez-commandez-le-livret-des-nouveaux-traitements-de-l-hepatite-c/

Pascal Mélin

DALLAS BUYERS CLUB À LA SAUCE HÉPATITES…

BLOG DALLAS-BUYERS-CLUB-Affiche-OKAvez-vous déjà vu ce film : DALLAS BUYERS CLUB de Jean-Marc Vallée ?

Sorti en 2013 aux USA, ce film s’inspire de l’histoire vraie de Ron Woodroof en 1985. Ron était un cow-boy homophobe, violent, machiste, et consommateur d’alcool. Il découvre alors qu’il est porteur du VIH et les médecins ne lui donnent plus que quelques mois à vivre. Il est alors mis à la marge de sa propre communauté et va rencontrer les populations que lui-même rejetait auparavant, homosexuels, prostitués, toxicomanes, son meilleur ami est même un transsexuel. Apprenant que de nouveaux médicaments arrivent sur le marché américain il crée le « DALLAS BUYERS CLUB », association de malades visant à faire des achats groupés de traitements à bas coût au Mexique. Les USA compteront jusqu’à 12 clubs de ce type. Bien sur les firmes pharmaceutiques porteront plainte pour importation illégale et les autorités mettront fin à ces clubs. Porté à l’écran plus de 20 ans plus tard ce film rendait hommage à ceux qui exclus du système de soins américain se sont organisés pour avoir accès aux médicaments ! Ben quoi, on est dans le pays de la liberté d’entreprendre ou non ? La France n’a pas connu de tels  phénomènes de résistance et d’organisation de soins parallèles, on se contentait de dénoncer le retard d’accès aux soins et aux traitements mais comme chacun était affilié à la sécurité sociale, il fallait attendre, cela allait arriver.

Aujourd’hui, c’est l’Australie qui nous donne une leçon de révolte sanitaire avec ces 233 000 personnes atteintes d’hépatite C chronique qui sont pour la plus part dans l’incapacité de payer les montants astronomiques de ces nouveaux traitements vendus 100 000 dollars australiens alors qu’on peut se les procurer pour 2000 dollars en Chine par exemple. Les australiens se sont organisés en créant le  « FixHep C buyers club ». Et ça marche ! Plusieurs traitements ont déjà permis de guérir des malades, c’est ce qu’on peut découvrir sur leur site.

Le vent de la rébellion sanitaire souffle, alors qu’en France on organise la pénurie en validant les prix élevés et en ne traitant que les patients avec des formes sévères.

Nous, malades réclamons un accès au traitement plus large en revoyant le cout à la baisse.

UN TRAITEMENT POUR TOUS, UNE GUERISON POUR CHACUN & UNE PROTECTION UNIVERSELLE…

Bravo à l’Australie, pays où les médecins et les malades se retrouvent ensemble pour contourner l’accès aux soins en organisant une résistance et une rebellion sanitaire, un exemple à suivre et à encourager pour dénoncer en soignant autrement.

Pascal Mélin

UNE RENCONTRE HÉPATANTE…

Le temps des formations est toujours un temps de rencontre riche tant au niveau humain que personnel.

Lors de la dernière formation, il y a quelques jours en Guadeloupe, j’ai rencontré une infirmière qui m’a fait réaliser l’ampleur du travail à accomplir. Comme toujours le programme prévoit de parler de l’hépatite B & de l’hépatite C. Mais à un moment, c’est toujours la question du vaccin qui s’invite. Alors je reprends les études pour réexpliquer qu’il n’y a pas de doute sur le vaccin et que toutes les rumeurs étaient non fondées.

C’est alors qu’une infirmière libérale, vaccinée elle-même, m’expliqua que son fils âgé maintenant d’une vingtaine d’années n’avait pas été vacciné. En effet, dans sa jeunesse la polémique faisait rage et dans le doute elle ne l’a pas fait vacciné. Oui mais voilà, aujourd’hui ce dernier est en âge de croiser le virus par son activité sexuelle et vivant en Guadeloupe, il est trois fois plus exposé qu’en métropole.

Après débats et échanges sur la gravité de la maladie, l’infirmière est repartie convaincue de la nécessité de dépister & vacciner son fils.

Mais chose encore plus importante, elle m’expliquait que dans le cadre de son travail, si une personne lui signifiait son opposition à la vaccination, elle ne répondrait plus : « Je vous comprends« , mais qu’elle se sentait maintenant armée pour expliquer et tenter de convaincre.

Vous n’imaginez pas le poids du doute dans les paroles d’une infirmière auprès de la population.

Nous devons rassurer & expliquer à tous les professionnels de santé l’innocuité du vaccin et faire de tous les soignants des ambassadeurs de la vaccination contre l’hépatite B auprès de la population et ça commence par la Guadeloupe !

Pascal Mélin

LA GUADELOUPE HÉPATANTE…

Les hépatites virales dans leur épidémiologie ont des particularités insulaires. Les hépatites virales en Guadeloupe c’est 8 000 à 10 000 personnes contaminées. Une personne sur deux ignore sa contamination. C’est aussi 30 décès par an dus aux VHB-VHC.

Les dernières études réalisées localement ont trouvé une prévalence de l’hépatite C de 0,7% de la population, c’est-à-dire proche de celle de la métropole. Pourtant, les modes de transmission y sont différents. Ainsi, les personnes contaminées par usage de seringue l’ont essentiellement été en France métropolitaine et ont rapporté leur infection en Guadeloupe. Même si l’usage de drogue est tout aussi répandu en Guadeloupe qu’en métropole l’usage ne se fait pas majoritairement par voie intraveineuse. Par ailleurs, SOS Hépatites Guadeloupe a constaté des pratiques de piercing et de tatouage sauvages réalisées dans de mauvaises conditions d’hygiène qui ont été responsables de contaminations.

Pour l’hépatite B, les choses sont différentes. La prévalence est de 1,7%. La Guadeloupe cumule donc trois fois plus de cas que dans l’hexagone. Pourtant, en 20 ans d’énormes progrès ont étés réalisés : En 1993, une étude portant sur les donneurs de sang retrouvait 3% de personnes infectées alors qu’elles ne seraient plus que 1,5 % aujourd’hui. Pour obtenir de tels résultats il faut rendre hommage aux guadeloupéens en rappelant qu’ils ont gardé un fort attachement à la vaccination contre l’hépatite B sans tenir compte des polémiques infondées qui faisaient rage en métropole.

Il semble pourtant y avoir des signes locaux de recul de la vaccination. Ce n’est pas acceptable face à une épidémie trois fois supérieure à celle de la France métropolitaine !

Pendant cette semaine hépatante SOS Hépatites Guadeloupe n’a pas ménagé ses efforts, soutenue par la fédération nationale mais également par : le Pr Daniel Dhumeaux (venu défendre les propositions de son rapport) et le Dr Eric Saillard membre de SOS hépatites mais surtout médecin hépatologue au CHU de Pointe-à-Pitre et responsable du réseau local. Communication tout azimut sur les radios et les télés, formation conjointe de militants et de professionnels de santé, soirée EPU (enseignements post universitaires) destinés aux médecins généralistes (avec le partenariat de IREPS et de l’ARS). Nous avons également organisé des rencontres politiques avec le Conseil Général, le Conseil Régional et les représentants du CHU et le directeur de l’ARS.

Plusieurs points sont ressortis de ces rencontres :

1. Il faut localement mettre en place une stratégie d’accompagnement de la vaccination contre l’hépatite B tant pour les nourrissons que pour les adolescents (la prévention dans les collèges est de la responsabilité du Conseil Général alors qu’elle incombe au Conseil Régional en lycée). Plusieurs projets ont été évoqués. Des réunions de travail et des dossiers seront prochainement élaborés

2. La disparition des budgets spécifiques. Il ne s’agit pas d’un problème propre et spécifique à la Guadeloupe. SOS Hépatites dénonce ce phénomène depuis plusieurs années. Le ministère de la Santé a mis en place un budget fléché pour les hépatites virales. Il a donc versé cet argent aux ARS qui l’ont transféré aux hôpitaux où il existait une activité de lutte contre les hépatites virales. Mais le docteur Saillard à Point-à-Pitre, comme dans de nombreux CHU ou hôpitaux nous a confirmé qu’aucun euro supplémentaire n’est arrivé à destination des équipes œuvrant contre les hépatites. Ces nouveaux crédits budgétaires ont été absorbés par les dettes des hôpitaux. SOS hépatites a rappelé que cette situation est inacceptable !

En 2015, nous avons besoin que l’ensemble des moyens destinés aux hépatites arrivent sur le terrain pour pouvoir prendre en charge les malades maintenant !

3. Nous avons également dénoncé l’application de l’octroi de mer aux nouveaux traitements.

Mais qu’est-ce que l’octroi de mer ?

Il s’agit en fait d’un vieil impôt datant de 1670. A cette époque de nombreux produits étaient importés. Pour favoriser la production locale et le développement un impôt sous forme de taxe a été mis en place : c’est l’octroi de mer. Il est variable d’une île à l’autre mais en Guadeloupe il représente 2,5% + 8,5% de TVA. Il s’agit bien sûr d’un revenu important pour l’économie locale. TIMBRE ACTUA

Mais cet octroi de mer est particulièrement choquant pour les médicaments onéreux et innovants. Ainsi, dans l’hépatite C avec des traitements à 41 000 € il faudra rajouter 6000 € d’octroi de mer ! Scandaleux pour SOS hépatites et ce d’autant qu’il existe des dérogations dans de nombreuses situations comme l’achat de matériel médical lourd (comme un scanner).

Nous réclamons donc l’exonération des droits de mer pour l’ensemble des vaccins et des nouveaux traitements de l’hépatite C.

ACTUA GUAD 2310Quelle semaine hépatante et que de dossiers à monter mais nous faisons confiance à tous les militants de SOS hépatites Guadeloupe ainsi que Stéphane, Joseph & Eric.

Remerciements aux hépatologues Moana Gélu-Siméon et Eric Saillard du CHU de Pointe-à-Pitre.

Pascal Mélin

 

 

 

 

DES MÉDICAMENTS PLUS EFFICACES, MAIS BEAUCOUP PLUS CHERS. UN REPORTAGE DE LCP DIFFUSÉ LE 21/10/2015 A 12:05

VIDÉO (cliquez ici) : DES MÉDICAMENTS PLUS EFFICACES, MAIS BEAUCOUP PLUS CHERS

Depuis l’arrivée sur le marché de nouvelles générations de médicaments comme les AAD (antiviraux à action directe), les antiviraux font des progrès importants dans le traitement de certaines maladies graves.

A l’image du virus de l’hépatite C : venu du laboratoire américain Gilead Sciences, le sofosbuvir affiche un taux de guérison de plus de 90% avec des effets secondaires bien moins importants que les traitements actuels. Une efficacité qui a toutefois un coût non négligeable pour l’Assurance maladie : 488 euros le comprimé. Soit 41 000 euros pour un traitement standard de douze semaines.

D’où la nécessité pour les médecins de bien sélectionner les patients susceptibles d’accéder à ce traitement. Notre journaliste Céline Martel a suivi une personne contaminée par l’hépatite C et qui bénéficie de ce nouveau médicament.