CSAPA ET PRISE EN COMPTE DES HÉPATITES VIRALES…

 

Nouvelles données épidémiologiques au sujet des hépatites virales dans les CSAPA en 2015.

Nous dénoncions l’absence de données épidémiologiques récentes  et cela a été repris et noté dans le rapport d’experts Dhumeaux, alors félicitons nous maintenant.

Depuis plusieurs années l’équipe bordelaise menée par le Pr Deledinghen et le Dr Faucher coordonne l’observatoire « CSAPA SCAN »  et lors du dernier congrès des Journées Francophones  Hépato-gastroentérologie et d’Oncologie Digestive (JFHOD) qui s’est tenu à paris du 19 au 22 mars 2015 ils ont présenté les résultats de deux travaux (abstract 403 et 406).

FIBROSCAN 2La première communication portait sur la période  de janvier 2012 à mars 2013 et concernait plusieurs CSAPA ayant à leur disposition un fibroscan. Ce qui permettait de débuter la prise en charge de nouveaux patients par un fibroscan. 860 usagers ont été inclus (dont 663 hommes)  62 % avaient un traitement de substitution, 447 avaient des antécédent d’usage de drogue par voie intraveineuse, SDF 16%, antécédent d’incarcération 43%. Le fibroscan permettait un dépistage de la fibrose et facilitait l’acceptation des dépistages sérologiques même si la majorité avait un fibroscan dans les valeurs normales, 16,4 % avaient une fibrose significative avec des chiffres supérieurs à 7,6 kPa et 4,8% une cirrhose avec des mesures supérieures à 13 kPa. La prévalence de l’hépatite C était de 34 %, le VHB de 1 ,2% et le VIH de 2 %.

La leçon que nous retiendrons est que 20% soit 1 patient sur 5 a une fibrose significative lors d’une nouvelle prise en charge dans un CSAPA. De plus, le taux de contamination des usagers serait en baisse et évalué à 34% contre les 70 % que les études épidémiologiques vieilles de dix ans donnaient. Le VIH et le VHB semblent sous contrôle bien que l’on puisse regretter l’absence de donnée sur la vaccination.

Il faut noter, dans cet observatoire, que dans 94% des cas cela a pu aboutir à une consultation médicale spécialisée.

La deuxième  communication concernait la période de 2005 à 2013 et concernait 971 patients de CSAPA dépistés de l’hépatite C. La sérologie n’était retrouvée positive que chez 172 usagers soit 17% dont 120 étaient virémiques. Pour 50 patients le traitement a été instauré et suivi au CSAPA même. La guérison virologique a pu être obtenue dans 69 % des cas et il y a eu 7 non répondeurs (dont 2 par arrêt sur décompensation psychiatrique), 4 rechutes et une re contamination confirmée. Les auteurs concluent à la faisabilité des traitements dans le CSAPA  mais appellent à une plus grande vigilance sur les co morbidités hépatiques (NASH, alcool, cirrhose) car il n y a pas que les virus et il faut travailler à la non recontamination.

Ces deux travaux multicentriques confirment des données déjà remarquées par d’autres équipes. Mais on peut souligner plusieurs points.

1/L’épidémiologie de l’hépatite C évolue et il semble qu’en 2015 moins de 25 % des usagers de drogue soient porteurs du virus de l’hépatite C. Comment expliquer ce résultat ? Il ne faut pas y voir la preuve  de l’efficacité des traitements chez les toxicomanes, car les traitements n’ont pas été si nombreux. La seule explication est que les porteurs historiques ne sont plus dans les CSAPA ou sont morts ! Par contre il semble évident que la nouvelle génération d’usagers est moins contaminée prouvant ainsi l’effet positif des messages d’information et des stratégies de Réduction Des Risques.

2/ On  confirme à nouveau que  les recontaminations sont exceptionnelles mais il est absolument nécessaire de mettre en place des programmes d’accompagnement post traitement spécifiques.

3/Les traitements sont efficaces bien qu’encore insuffisamment utilisés, mais ces observatoires ont porté sur un temps ou les traitements ne comportaient que de l’interféron et de la ribavirine.

On peut imaginer que l’arrivée des nouveaux traitements avec moins d’effet psychiatrique puisse favoriser l’accès aux traitements et les guérisons. A moins que le prix du traitement soit le nouveau frein au traitement des toxicomanes en 2015.

Pascal Mélin  

HÉPATITE C LE NOMBRE DE PATIENTS SOUS TRAITEMENT DIMINUE…

La rumeur court depuis quelques temps, le nombre de patients sous traitement anti VHC serait en diminution. Il semblerait de plus que la rumeur puisse être confirmée par les grossistes pharmaceutiques.

Pourtant les traitements n’ont jamais été aussi puissants qu’en 2015 où presque 100% des patients peuvent être guéris de leur infection virale chronique. Alors comment expliquer un tel résultat ?

Y a-t-il un relâchement du dépistage en France ?

Les patients ont-ils peur des nouveaux traitements ?

Le coût des médicaments est-il un frein médical à la prescription ?

Ou bien faut-il y voir là un effet de la mise en place du recours au RCP des centres de référence ?

Ou bien y a-t-il d’autres explications ?

Lorsqu’on discute aux quatre coins de l’hexagone avec les différents médecins intervenants, on s’aperçoit vite que la mise en place des RCP a pour le moins été mal accompagnée et que la pédagogie semble incertaine. De nombreux médecins qui traitaient plusieurs patients par an voient la présentation des dossiers en RCP comme un frein à l’accès au traitement et sont prêts à jeter l’éponge et ne plus prendre en charge les malades atteints d’hépatite C mais à les diriger directement sur les centres experts en CHU.

Nous ne pouvons pas accepter de voir le nombre de lieux de prise en charge diminuer et les malades être de plus en plus déplacés.

L’épidémie d’hépatite C peut être contenue et l’infection éradiquée mais pour mener ce combat tous les intervenants doivent être sur le pont.

Et si nous les malades mettions en place un observatoire sur les difficultés à l’accès aux nouveaux traitements ? Seriez-vous partants ?

Pascal Mélin

L’HÉPATITE B AU PALAIS DE LA DÉCOUVERTE…

SOS hépatites dénonce très souvent l’insuffisance de communication sur les hépatites virales à destination du grand public. Pour être honnête, nous devons rendre hommage et donner un coup de chapeau au Palais de la Découverte pour son exposition sur les risques d’épidémies en 2015. On y parle bien sûr du virus Ébola mais aussi de l’hépatite B qui est probablement le plus grand fléau viral connu en 2015 ? Avec 450 millions de porteurs chroniques au monde, 5 à 7 millions de nouvelles contaminations par an et 2 millions de morts par an autour de la planète, on pourrait aussi dire que le virus de l’hépatite B est la deuxième cause de cancer acquis après le tabac. En comparaison, il y a 10 fois moins de personnes atteintes par le VIH au monde. On pourrait parler de la structure même du virus de l’hépatite B qui, avec sa double enveloppe lui permet de résister à l’alcool, à l’éther et survivre très longtemps à l’air libre.

Il est intéressant d’avoir remis au goût du jour le virus de l’hépatite B en le mettant en place à côté du virus Ébola. En espérant que les jeunes générations, à qui cette exposition est destinée, seront sensibles à de tels arguments.

Pascal Mélin

RCP : RETARDER L’HÉPATITE C ET SON PROGRAMME

TAMPON AFEFSi vous trouvez d’autres acronymes plus drôles pour les RCP envoyez-les-nous, un an de traitement par interféron pour récompenser les plus cinglants. RCP, ça veut dire Réunion de Concertation Pluridisciplinaire. Actuellement aucune hépatologue ne peut mettre en route un traitement d’hépatite C à un de ses patients sans faire valider la décision de traitement par la RCP régionale qui est le plus souvent rattachée au centre expert. Sans l’obtention d’un LAISSER-PASSER de la RCP, le pharmacien ne délivrera pas le traitement. Quel est le sens de la création de cette autorité de régulation ? Une aide scientifique ? Sûrement pas ! Pendant des années les traitements étaient difficiles à mettre en place et à prendre, mais malades et spécialistes étaient laissés pour compte. Actuellement, c’est pour laisser les comptes et contrôler les dépenses que le concept de RCP a été mis en place. Celle-ci (la RCP) devra comprendre un spécialiste, un travailleur social, un professionnel de l’éducation thérapeutique et un psychologue. Bref, tout ce que nous demandions depuis longtemps pour s’occuper des malades et non pas pour prendre des décisions sur dossier !

Mais parlons de la fiche de RCP, véritable passeport à remplir qui qualifie un patient pour permettre le débat sur son cas (voir fichier ci-joint), on y trouve le nom et le prénom du patient en premier lieu, ce qui pose des problèmes de confidentialité si les fiches doivent être faxées ou circuler. Ensuite, on demande la charge virale, le génotype du virus et l’évaluation du score de fibrose et les traitements déjà reçus. Mais ce qui me choque le plus, c’est la demande du mode de contamination, qu’est-ce que cela vient faire là ? Y a-t-il des bonnes et des mauvaises façons de se contaminer ? Que l’on interroge sur les pratiques addictives actuelles et les traitements du patients pouvant interagir pourquoi pas. Le patient consomme actuellement des drogues OUI/NON est une méconnaissance addictologique. Je peux comprendre que l’ancienneté de la contamination puisse avoir un intérêt pour évaluer  la rapidité de progression, mais le mode de contamination ne doit pas interférer dans la prise de décision de traitement ! À moins que l’on veuille faire de la ségrégation dans l’accès aux soins ? Ce que je n’ose imaginer. Nous nous battons depuis 15 ans sur le rôle incontournable de l’éducation thérapeutique mais qu’en reste-t-il dans cette fiche ? Que sait-on de la santé sociale, affective, sexuelle et psychologique ? On ne sait rien, le patient a-t-il un emploi stable ou pas, est-il illettré, a-t-il une couverture sociale, a-t-il un entourage, comprend-il le français, que sait-il de sa maladie ?

Et l’on voudrait qu’à partir de cette feuille très hépato-centré on délivre ou non le sésame tant attendu ? Et l’apothéose « statut de la maladie » ce n’est pas le malade qui a un rapport aux traitements mais la maladie, choquant non ?

Cette fiche de RCP est une insulte à tous les programmes d’éducation thérapeutique et a été construite sans l’association des représentants de patients, ni les travailleurs sociaux, ni les infirmières d’éducation thérapeutique.

Il est urgent de Revoir la Copie Prochainement (RCP).

http://www.afef.asso.fr/rc/org/afef/nws/News/2014/20140625-075532-624/src/nws_fullText/fr/Fiche%20RCP%20Novembre%202014.pdf

Pascal Mélin

GÉNOTYPE 3 : LES PREMIERS SERONT LES DERNIERS…

solution blogIl ne s’agit pas d’une simple évocation biblique mais d’un changement de paradigme lié aux nouveaux traitements.

Pendant longtemps le lot de consolation des personnes infectées par une hépatite C était de s’entendre dire « dans votre malheur vous avez de la chance, vous êtes infecté par un génotype 3 et actuellement, c’est le sous type viral qui se soigne le mieux avec lequel on obtient les meilleurs résultats. »

En effet, lors de la grande époque des traitements par interféron/ribavirine, les personnes infectées par un génotype 1 n’avaient guère plus de 40% de chance de guérir avec des traitements de 12 à 18 mois. Pour le génotype 3, à cette époque, on obtenait 80% de guérison avec, le plus souvent, seulement 6 mois de traitement. Les choses n’étaient pas équitables et l’on comprend bien que l’épidémie d’hépatite C liée au génotype 3 a été plus facile à contrôler que celle liée au génotype 1. C’est d’ailleurs sur ce sous type virale que se sont développés les axes de recherche avec des anti-protéases de première génération qui n’étaient efficaces que sur le génotype 1.

Aujourd’hui, les premiers sont les derniers. Les personnes infectées par un génotype 1 ont plus de 90% de chance de guérir avec un traitement de 6 mois. Alors que les patients les plus durs à traiter sont les personnes infectées par un génotype 3 et particulièrement si ils sont des hommes en surpoids, de plus de 60 ans, avec une cirrhose et en échec d’un premier traitement. Dans ce cas de figure les chances de guérisons seraient de l’ordre de 60%.

Même avec 95% de guérison l’échec ou la rechute restera insoutenable et incompréhensible. Il est urgent de mettre en place des observatoires des échecs virologiques, sommes-nous en présence de résistance virologique, de problème d’interaction médicamenteuse, de déficit en éducation thérapeutique, de manque de compliance ?  Plus que jamais je pense avoir raison en demandant à tout patient avant de débuter son traitement : « Êtes-vous prêt à ne pas guérir ? »

Se traiter pour guérir, tout le monde peut le faire. Mais il est urgent de mettre en place un accompagnement spécifique des patients en échec. Voilà un joli programme d’éducation thérapeutique, non ? L’évaluation et l’expertise des patients en échec de traitement.

Pascal Mélin

SI T’ES ACCRO Y A SELINCRO…

selincro ok

Sorti sur le marché depuis novembre 2014, le Nalméfène (Selincro) sera surement plus discret que le bacloféne. Le laboratoire Danois Lundbeck nous propose pourtant une révolution dans le monde de l’addictologie.

Depuis un siècle l’alcoologie, sous différentes formes, prône l’abstinence et le maintien de l’abstinence ainsi les quelques médicaments du champ alcoologique sont le Révia ou l’Aotal. Pourtant, une vision moderne des comportements addictifs, est bien de considérer cette pathologie comme une pathologie de la perte du contrôle. C’est d’ailleurs dans la prise en charge des toxicomanes et via la réduction des risques (RDR) que l’on imagine pouvoir reprendre la maîtrise sur ses consommations. La réduction des risques et la reprise du contrôle seront maintenant incontournables en alcoologie. En effet le Selincro est un médicament réservé aux consommateurs chroniques à plus de 6 verres par jour ayant pour but de diminuer leur consommation et d’en reprendre la maîtrise. Œuvrant autour des maladies du foie et des infections virales, le Selincro devrait y trouver sa place. Attention, il est contre-indiqué en association avec des opiacés ou de la buprénorphine. Car c’est un agoniste partiel.

Pour les patients atteints d’hépatite virale C, on se souvient que la consommation excessive d’alcool pouvait diminuer l’efficacité des traitements. Mais qu’en est-il des nouveaux traitements ? Faut-il suspendre toute consommation pour accéder aux soins, ou simplement se modérer et démontrer que l’on a toujours le contrôle ?

Pour les patients atteints d’une MAF (Maladie Alcoolique du Foie), c’est la MAF ! Bon nombre de patients pré cirrhotiques ou cirrhotiques se sont entendus dire « vous devez arrêter définitivement toute consommation ! ». Puis devant leur impossibilité d’honorer la prescription se sont vus abandonnés par le corps médical.

Aujourd’hui, le Selincro est un médicament qui va permettre d’envisager une autre voie, en agissant sur le craving et les systèmes de récompense, peut-être un véritable espoir pour les patients atteint de MAF… un jour je l’aurai…

Pascal Mélin

Pour en savoir plus, téléchargez : www.lundbeck.com/fr/medicaments/selincro

UN HOMMAGE HÉPATANT À MARIE-THÉRÈSE VITIÈRE…

Marie-Thérèse Vitière s’est éteinte les premiers jours de 2015, c’était une femme hépatante. Son parcours témoigne à nouveau du caractère silencieux des maladies du foie et des cirrhoses en particulier. Son décès nous rappelle qu’il y a une perte de chance à ne pas avoir connaissance d’être porteur d’une cirrhose.

Chaque année le CDAG, l’unité d’éducation thérapeutique (UTEP) du centre hospitalier Geneviève  Anthonioz De Gaulle et SOS hépatites Champagne Ardennes, proposent à la population de Saint-Dizier, un dépistage des maladies du foie. Cette manifestation se déroule chaque année en mai.

En 2013, Marie-Thérèse avait participé à cette offre de dépistage le CDAG ne découvrait ni hépatite C, ni hépatite B, ni VIH par contre le Fibroscan était en faveur d’une atteinte grave du foie. Après avoir informé son médecin traitant, nous avons débuté les examens qui ont permis de découvrir que madame Vitière était porteuse d’une cirrhose du foie. Cette cirrhose était due à une maladie auto-immune, son corps produisait des anticorps qui attaquaient et détruisaient son foie. Dans un premier temps, nous avons tenté de traiter sa maladie mais la surveillance a permis de découvrir l’apparition d’un cancer du foie. Malgré une prise en charge chirurgicale rapide, les choses se sont compliquées, et ont abouti au décès de madame Vitière.

En 2014, lors de notre action de dépistage, nous avions convenu avec le Journal de la Haute Marne d’un partenariat d’annonce. La semaine précédant l’action de dépistage, chaque jour, la presse locale a publié le témoignage d’un patient. Madame Vitière avait accepté d’être un témoin hépatant. Elle avait accepté publiquement d’appeler au dépistage de toute maladie du foie quelle qu’en soit la cause pour lutter contre le mutisme hépatique.

Il faudra encore d’autres personnes hépatantes comme Madame Vitière pour faire entendre le bruit de l’épidémie silencieuse et l’urgence du dépistage.

Pascal Mélin

Texte écrit avec l’accord de la famille, qu’elle en soit remerciée.

BMJ, LE JOURNAL A SCANDALE HÉPATOLOGIQUE

JOURNAL BMJIncompréhensible l’article publié ce mercredi 15 janvier dans la prestigieuse revue britannique du British Medical Journal et qui remet en cause le dépistage et le traitement des malades infectés par le virus de l’hépatite C. Cet article intitulé : “Is widespread screening for hepatitis C justified?” a été rédigé par 3 médecins et un journaliste américain, tous étrangers au monde hépatologique.

Plutôt que des mousquetaires, ils semblent bien être des paparazzis de l’hépatologie et osent remettre en cause les recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Il faut commencer par dire que leur débat porte sur la vision de l’épidémie aux USA mais qu’en aucun cas ils ne font des propositions pour d’autres pays. SOS hépatites est profondément scandalisée par cet article et conteste ses conclusions selon lesquelles cela ne sert à rien de dépister ni de traiter.

Heureusement, les experts français n’ont pas la même vision. C’est ce qui a été à nouveau réaffirmé fortement lors du 8ème congrès PHC qui s’est tenu à Paris les 12 et 13 janvier. À cette occasion, le Pr Marcellin a déclaré  que chaque personne devrait se voir offrir le dépistage de l’hépatite C au moins une fois dans sa vie.

Démontons point par point les arguments de cet article de propagande faute d’être un article médical.

Le décor, la réflexion se posent aux USA, pays riche aux importantes disparités sociales où les soins sont pris en charge par des structures privées après qu’elles aient donné leur autorisation. Les Etats-Unis comptent 2,7 millions de personnes infectées et l’hépatite C qui est responsable de 16000 décès annuels. Mais en 2015 les données épidémiologiques sont propres à chaque pays. Ainsi aux USA la plus grande partie des personnes infectées se retrouve chez les personnes nées entre 1945 et 1965. Cette analyse en soi est déjà très intéressante car elle montre un tournant dans la communication, on ne parle plus de groupe à risque ou de pratique à risque mais de population générale. L’hépatite C concerne aujourd’hui monsieur tout le monde et en particulier la génération des baby-boomers (plus particulièrement pour les USA).

Les auteurs contestent les modèles épidémiologiques et annoncent que chaque année seuls 0,6% des malades décèdent d’une complication hépatique et ce, sur une maladie qui évolue en 20 à 30 ans alors que de nombreuses études les contredisent… À aucun moment, il n’est fait état de la perte de qualité de vie des patients, de la difficulté de vivre avec l’angoisse de contaminer, des problèmes sociaux, psychologiques ou familiaux que nous connaissons bien.

Messieurs les spécialistes, la mort n’est pas la seule complication même si vous estimez que 80 à 85% des malades mourront d’autre chose que du foie. En suivant le même raisonnement, faut-il traiter le diabète ou le cholestérol des gros fumeurs ? Les exemples sont criants.

Mais on touche à l’obscurantisme lorsque les auteurs déclarent qu’il n’y a aucune preuve de la diminution des complications hépatiques, ils évoquent même la disparition de l’ARN virale C comme un marqueur indirect dont la fiabilité à long terme n’est pas démontré ! On croit rêver. Les études ont montré que lorsque l’on éradiquait le virus C d’un patient au stade cirrhose on faisait diminuer le risque de cancer mais sans le faire disparaitre totalement. C’est que nous appelons guérir trop tard car la cirrhose peut alors d’elle-même cancériser. Mais les auteurs affirment qu’il est facile de guérir les hépatites minimes, qui de toute façon n’auraient jamais donné de complication hépatique et qu’à l’inverse guérir des cirrhoses n’évite finalement pas le risque de cancer, alors à quoi bon guérir des gens qui n’en auraient pas besoin !

Mais c’est une fois de plus traiter des foies et de la fibrose hépatique et non des malades avec beaucoup d’autres manifestations. Nous malades, refusons d’être réduits à des foies ou à des virus !

Il est inacceptable d’oser dire que les patients addicts ont d’autres causes de mortalité plus importantes que leur hépatite C.

Ce débat est né des pratiques d’accès aux soins américaines où l’on sait que l’assurance donne ou refuse ce dernier. Ce débat nous n’en voulons pas en France car il ne se pose et ne s’oppose pas comme cela, nous refusons toute stigmatisation.

Il est inacceptable que ce plaidoyer pour ne pas traiter et donc, pour ne pas dépister arrive au même moment que le débat sur le coût des traitements : il y aurait des gens qui ne mériteraient pas leur traitement ou leurs soins ? Va-t-on traiter sur des critères d’âge, de couleur de peau, de quota, de possibilité financière ? Nous ne voulons pas de cet engrenage et refusons ce message élitiste que nous ne voulons pas adresser aux populations précaires, qu’elles soient dans nos pays dit développés ou dans les pays du Sud.

Il est honteux qu’une revue prestigieuse comme le BMJ publie des articles de cette teneur capables de remettre en cause les nombreux efforts pour venir à bout d’une épidémie que l’on peut juguler en 2015.

Pascal Mélin

Lien pour l’article : http://www.bmj.com/content/350/7991

TOUTE PREMIÈRE FOIS…

affiche film toute premiere foisUne comédie qui vous la fait à l’envers. Voici une façon drôle de nous obliger à imaginer les choses autrement maintenant que le mariage pour tous est inscrit dans la loi.

Tout le monde se souvient de Josiane Balasko dans « Gazon maudit », cette comédie qui racontait comment une mère de famille découvrait son homosexualité.

Dans le film « Toute première fois », on vous propose d’explorer la situation inverse. Un jeune homme de 34 ans, Jérémie, est un homosexuel assumé parfaitement admis par sa famille, il doit même se marier prochainement avec Antoine. Oui mais voilà, un jour, il se réveille dans le lit d’Adriana et son homosexualité vacille.

Y aurait-il maintenant des hétérosexualités refoulées, non découvertes ? Derrière cette comédie, si l’on regarde au deuxième degré, c’est bien la place de la sexualité dans notre société et sa place dans les générations que l’on nous propose d’interroger ? Est-ce qu’un jour passer de l’homosexualité à l’hétérosexualité pourrait de devenir inacceptable ? Au-delà d’un film, cette comédie est bien la trace des évolutions culturelles de notre société. Bref, un film à voir pour rire en famille et pourquoi pas, pour aborder la question de l’orientation sexuelle avec vos adolescents.

Pascal Mélin

HÉPATITE B EN FRANCE, ROUGEOLE AUX USA : MEME COMBAT…

 

Tout le monde connait la polémique sur la vaccination contre l’hépatite B en France. Polémique qu’aucun pays ne comprend, polémique qu’aucune étude scientifique n’a pu argumenter. Depuis sa création, il y a19 ans,  SOS Hépatites n’a eu de cesse de rappeler son attachement au concept de vaccination. Rappelons que les vaccins ont sauvés plus de vie que les antibiotiques au cours de l’histoire de la médecine.

carte rougeole

Depuis l’an 2000, les Etats-Unis  ont enregistré moins de  30 cas de rougeole par an et ce  grâce à une politique de vaccination à grande échelle. Ce qui a permis de dire haut et fort que la rougeole était éradiquée des USA depuis 15 ans. Mais  voilà,  avec 140 cas l’année dernière,  les choses semblent évoluer. L’Arizona et, en particulier la ville de Phoenix, viennent d’enregistrer 7 cas de rougeole. Et la rougeole est une maladie dangereuse, son virus est 10 fois plus contagieux que celui d’Ebola, pouvant aboutir à des atteintes encéphaliques ou pulmonaires sévères aboutissant à un décès pour 1000 contaminations. La contamination se fait par voie aérienne et le point épidémiologique commun des 7 victimes était d’être allé au parc Disneyland de Phoenix. Les spécialistes  ont donné l’alerte estimant que plus de 1 000 personnes pourraient avoir été contaminées.  La phase d’incubation est d’environ 12 jours,  ce qui suffit à expliquer l’inquiétude des autorités sanitaires  car la semaine prochaine Phoenix accueillera la final du Super Bowl  avec 63 400 personnes regroupées dans 1 stade et 1 million de personnes  est attendue dans le  périmètre de la  ville  pour suivre  la confrontation de Seahawks de Seattle  aux New England Patriots de Boston. Voilà tous les ingrédients sont réunis pour faire exploser une épidémie qui en associant USA/SPORT/VIRUS  nous ferait presque oublier  Ebola.

Mais comment en est-on  arrivé là? Parce qu’aux Etats Unis,  des parents de plus en plus nombreux, refusent de vacciner leurs enfants  car ce vaccin est accusé d’augmenter l’autisme chez les enfants. Pourtant le nombre d’opposants aux vaccins  reste entre 2 et 3 % mais ce sont les indécis, les hésitants, les négligeants qui seraient responsable de la rupture vaccinale et la reprise épidémique. Certaines études retrouveraient même jusqu’à 30 % des jeunes infirmières  opposantes à la vaccination systématique. La vaccination  est une action individuelle réalisée par les parents pour les enfants dont le bénéfice est plus collectif qu’individuel. Les spécialistes s’accordent à dire que pour bloquer une épidémie il faut que 95% de la population se vaccine, on peut donc se permettre que 5 % de la population ne se vaccine pas  mais pas 30%.  Certains vaccins peuvent nous sembler dérisoire en France comme le tétanos car on ne compte plus que 3 ou 4 cas par an alors  que le tétanos  par infection du cordon ombilical est responsable de 60 000 décès de nourrisson par an en Afrique. Que dire de la rougeole qui sévit toujours en France et a valu à la France de se faire tirer l’oreille  par l’OMS pour son défaut de couverture vaccinale ? Nous limitons les décès par la qualité de nos services de réanimation, mais souvenons-nous des formes graves et de la mortalité infantile dans de nombreux pays en voie de développement ou bien encore que la rougeole est la première cause de cécité infantile.

Réapprenons la vaccination, communiquons correctement avec les jeunes parents qui trop souvent, dans le doute, retardent et oublient ces vaccinations recommandées mais non obligatoires. Redonnons sa place au médecin de famille et confiance dans  sa parole pro vaccinale. Mettons en avant les sites internet qui informent correctement.

Pascal Mélin

 

http://www.initiativecitoyenne.be/article-un-tiers-des-infirmieres-quittent-leur-boulot-et-perdent-confiance-dans-les-vaccins-124577252.html

 

 

HÉPATITE C – C’EST TOUJOURS MIEUX DE GUÉRIR…

C’est toujours mieux de guérir… Cela semble une évidence, une banalité. Pourtant, une prestigieuse revue n’hésite pas à publier des articles émanant de médecins tout aussi prestigieux qui dénoncent l’intérêt du dépistage et des traitements expliquant que la guérison virologique n’empêche pas les complications ni le décès.

À vous de vous faire une idée, reprenons la présentation du Dr. Hill Am présentée à Boston lors de l’AASLD 2014. L’auteur a repris plus de 40 études publiées avec un suivi de 5 ans. Ces études regroupent 34 000 patients qui ont été analysés en mono-infectés, mono-infectés avec une cirrhose & co-infectés. Il comparait les patients avec une réponse virologique soutenue (RVS) et donc une guérison & ceux n’ayant pas de réponse virologique. À chaque fois, les auteurs comparaient la mortalité globale, les cancers du foie et les besoins de transplantation hépatique.

La limite de cette méta-analyse à posteriori est que l’on ne tient pas compte du poids, du sexe, de l’âge, de l’ethnie, de l’hétérogénéité des scores de fibroses, de la consommation d’alcool, des traitements utilisés, leur durée, etc… pourtant les chiffres sont probants.

Chez les mono-infectés la mortalité à 4/6 ans de suivi chute de 10,5% à 4,5%. Le cancer du foie passe de 9,3% à 2,9% et les transplantations de 2,2% à 0%. Toutes ces évolutions sont donc en faveur de l’amélioration des choses en cas de guérison virologique.

shema 1 -2

Si on regarde uniquement les patients cirrhotiques, puisqu’on nous dit qu’en traitant trop tardivement les patients il y a moins de bénéfices. La mortalité en cas d’éradication virale passe de 11,3% à 3,6%, pour les cancers passage de 13,9% à 5,3% et le besoin de greffe de 7,3% à 0,2%.

shema 2 2

La démonstration du bénéfice à guérir de l’ hépatite C a également été faite pour des malades co-infectés VIH-VHC. La mortalité globale passe de 10% à 1,3%, les cancers du foie de 10% à 0,9% et les besoins de transplantation de 2,7% à 0,6%, même si la greffe est trop peu répandue chez les co-infectés.

shema 3-3

Pour faire une moyenne, selon les groupes, la mortalité baisse de 62 à 84%, les cancers du foie diminuent de 68% voire même 79% et les besoins de transplantation se réduisent de 90% en cas de guérison virologique.

Les détracteurs des traitements évoquent bien sûr les recontaminations comme une limite possible. Mais n’Est-ce-pas la rançon de la guérison? Question que l’on n’évoque pas pour le VIH ou le VHB puisqu’il n’existe pas de guérison ! Dans cette méta-analyse les recontaminations étaient de 0,9% à 4,1% par an en moyenne chez les mono-infectés à 8,2% chez les usagers de drogue à 5 ans en moyenne et à 23,6% au bout de 3,1 ans en moyenne chez les co-infectés. Mais cela en l’absence le plus souvent d’un programme d’accompagnement à la non recontamination !

legende 2

Alors faites-vous votre propre opinion, de nombreuses maladies n’améliorent pas la santé de façon aussi spectaculaire en cas de suppression du facteur causal comme par exemple la diminution de la mortalité ou des cancers en cas d’arrêt de toutes consommation de tabac. La question du coût reste entière bien sûr.

Pascal Mélin