Le RÉSEAU INTERNATIONAL DU CANCER DU FOIE demande des efforts renforcés pour améliorer les résultats des patients :
PRÉVENTION, DÉTECTION PRÉCOCE et ACCÈS AUX SOINS
De nombreux succès ont été atteints dans la lutte contre différents cancers. Malheureusement, les cancers primitifs du foie continuent d’augmenter et présentent toujours un lourd tribut pour les patients, en tant que troisième cancer le plus mortel dans le monde (avec 830 000 décès en 2020)1, bien que ce soit un cancer unique, avec des populations à risque et des stratégies de prévention bien connues depuis des décennies.
Plus de 80 % des cas de cancer du foie surviennent dans les pays à faibles et moyennes ressources, en particulier en Asie de l’Est, la Chine comptant à elle seule 50 % des cas mondiaux, et en Afrique subsaharienne, où les ressources médicales et sociales en soins sont souvent limitées.1
Dans certaines régions du monde le taux de nouveaux cas de cancer du foie par population (l’incidence, cas pour 100 000 habitants) est considérablement élevé, comme en Asie de l’Est et dans certains pays d’Afrique de l’Ouest.1Ces pays ont encore une prévalence élevée d’hépatite virale et d’autres maladies évolutives du foie, qui sont les principales causes de cancer du foie.2
De plus, il existe des disparités importantes concernant la survie des patients diagnostiqués avec un cancer du foie, avec une durée de survie médiane depuis le début du traitement de 60 mois au Japon, 33 mois en Amérique du Nord, 23 à 24 mois en Chine et en Europe et 3 mois seulement dans les pays d’Afrique subsaharienne.3
Ces inégalités sont incompatibles avec le principe selon lequel toute personne doit avoir accès au meilleur état de santé, sans distinction de race, de religion, de conviction politique, de condition économique ou sociale, et avec la couverture sanitaire universelle adoptée dans le cadre de l’objectif de développement durable 3.8 des Nations Unies .4
Il existe trois stratégies majeures pour lutter contre le fardeau mondial du cancer du foie : la prévention, la surveillance et l’accès aux soins ! Tous sont bien connus, basés sur des preuves scientifiques solides de santé publique et recommandés par toutes les directives cliniques et par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cependant, il est majeur de maintenir les efforts conjoints renforcés pour mettre en œuvre ces recommandations dans la pratique courante des soins afin d’améliorer les résultats des patients à l’échelle mondiale.
- Renforcer les mesures de prévention pour éviter les nouveaux cas de cancer du foie
Les principaux facteurs de risque du cancer du foie sont la progression sous-jacente des maladies hépatiques telles que les hépatites virales, la stéatose hépatique (NAFLD/NASH) et les lésions hépatiques liées à l’alcool. Par conséquent, les stratégies de recherche de cas et l’accès à une gestion de pointe de ces maladies du foie sont les éléments essentiels de la prévention dans la lutte mondiale contre le cancer du foie.
Le Japon et Singapour sont les meilleurs exemples de pratiques efficaces, l’incidence du cancer du foie y a été réduite avec succès au fil du temps grâce à la mise en œuvre du dépistage et du traitement des hépatites virales, qui ont permis de réduire considérablement le fardeau des hépatites virales.5 Une approche similaire a été suivie en Gambie, avec des plans d’action financés au niveau national dans le secteur public et de grandes opérations de dépistage et de traitement, qui démontre que le contrôle virologique peut être réalisé avec un dépistage de masse, un lien rapide aux soins, et un accès facile aux médicaments.6
De plus, des programmes de vaccination contre l’hépatite B efficaces, prévention primaire du cancer du foie, doivent être poursuivis comme l’a récemment souligné la 47e Assemblée mondiale de la Santé 2021.7
Une prévention réussie du cancer du foie peut être réalisée par une approche intégrée de mesures de la prévention primaire et secondaire.
- Mettre en place une meilleure surveillance dans les populations à risque visant la détection précoce du cancer du foie
Le pronostic du cancer du foie s’est considérablement amélioré grâce à la disponibilité de nouvelles options de traitement lorsqu’elles sont commencées au stade curatif et même au stade palliatif précoce, ce qui fait du diagnostic rapide le point le plus critique concernant le pronostic et les résultats pour les patients (par exemple la survie), tout en impactant positivement sur le coût global des soins.8
Le cancer du foie est un exemple unique parmi l’ensemble des cancers. Les populations à haut risque sont bien définies et, par conséquent, les programmes de surveillance se sont avérés très rentables.9 La surveillance est unanimement recommandée chez les personnes vivant avec une cirrhose à travers le monde, car elles présentent le risque le plus élevé de développer un cancer du foie. Dans certaines régions, la surveillance des patients atteints d’hépatite B et des patients atteints de NASH est également suggérée.
Cependant, le succès de la surveillance est influencé par la disponibilité et l’adhésion aux tests de diagnostic efficaces, par la disponibilité de traitements efficaces, la capacité et la sensibilisation des acteurs de santé, de soins et par le niveau de mise en œuvre dans la pratique clinique de routine.
Certains pays suivent strictement les recommandations scientifiques et mettent en place des programmes de dépistage pour les populations à risque à tous les niveaux du système de santé. Les patients atteints de cancer du foie à Taïwan et au Japon ont les meilleurs résultats cliniques (par exemple la survie), en raison de la forte proportion de cas détectés à un stade précoce à la suite de programmes nationaux de surveillance intensive dans ces deux pays.8, 10
- Assurer l’accès aux traitements de pointe pour les patients atteints d’un cancer du foie
Il existe des directives cliniques publiées et disponibles dans toutes les régions du monde qui définissent une stratégie thérapeutique similaire de prise en soins des patients atteints de cancer du foie.11
Le niveau de mise en œuvre dans la pratique dépend généralement de nombreux facteurs spécifiques tels que les structures et le financement du système de santé, la disponibilité des outils de diagnostic et des options de traitement, l’accès financier et le niveau des connaissances locales. Tout cela conduit à des différences significatives dans la qualité de la prise en charge clinique avec pour conséquence des survies significativement différentes.
Même dans les régions où les normes cliniques sont les plus élevées, il existe des facteurs limitants tels que l’accès retardé des patients en raison de processus d’évaluation des technologies de la santé complexes et longs. De plus, les patients doivent surmonter les barrières et les obstacles lors de la recherche des plateaux techniques de pointe. Dans ces contextes, il y a un fort besoin de parcours transparents et dédiés comprenant des équipes de soins multidisciplinaires et des structures de soins hospitaliers et ambulatoires appropriées.
Il est largement admis que la littératie en santé et l’autonomisation des patients ont un impact positif sur les résultats cliniques. Par conséquent, les patients et leurs familles doivent être informés de leurs options de traitement et doivent avoir accès à des informations indépendantes et valides, qui sont compréhensibles et fournissent une base pour une prise de décision partagée.
Pour y parvenir, des efforts conjoints et une collaboration multipartite sont essentiels, notamment les représentants des patients, les experts scientifiques, les sociétés médicales, les médecins, les soignants, les acteurs de la santé publique, les décideurs et les institutions – au niveau local, national, régional et mondial. Ceci est actuellement d’autant plus important que 90 % des pays du monde entier signalent des interruptions de services de santé même vitaux depuis la pandémie de Covid-19.12
La sensibilisation du public au cancer du foie semble être beaucoup plus faible que pour d’autres cancers et doit être augmentée. La sensibilisation médicale est encore faible bien que les populations à haut risque soient bien définies. Il existe également toujours un besoin élevé de réduire la stigmatisation et la discrimination, même dans le cadre médical. Les organisations de patients peuvent jouer un rôle essentiel et majeur dans la sensibilisation, l’éducation et l’autonomisation des patients et de leurs familles. Leur capacité à communiquer de patients à patients en fait un atout hautement crédible et essentiel pour atteindre les populations cibles et les groupes à risque.
En particulier, les organisations de patients concernés par les maladies du foie ont de nombreux échanges et peuvent aider à partager les informations sur des programmes de surveillance recommandés et très efficaces qui sont acceptés par les populations à risque.
Malheureusement, ces compétences spécifiques ne sont toujours pas suffisamment utilisées par les institutions et organisations de santé gouvernementales.
Nous demandons aux décideurs politiques et aux autorités gouvernementales de veiller à ce que les systèmes de santé du monde entier fournissent un cadre dans lequel les patients peuvent bénéficier de la prévention, du dépistage et de l’accès aux soins du cancer du foie.
Nous demandons aux médecins et aux soignants du monde entier d’être conscients du cancer du foie, de ses facteurs de risque et des recommandations de surveillance, ainsi que des mesures de prévention (primaire et secondaire) et de maintenir leurs mises en œuvre dans leur pratique clinique.
Nous, membres du Réseau international du cancer du foie, nous engageons à continuer de soutenir les experts scientifiques, les sociétés médicales, les médecins, les soignants, les acteurs de la santé publique, les décideurs et les institutions en proposant des expériences vécues. Ils devraient continuer leurs efforts de sensibilisation et de sensibilisation à destination des patients atteints de cancer du foie, à destination des patients à risque nécessitant une détection précoce, des traitements, et donc soutenir les efforts conjoints visant à améliorer les données des patients atteints de cancer du foie dans le monde.
Le Réseau international du cancer du foie, International Liver Cancer Network (ILCN), est une initiative dirigée par des patients dont l’objectif global est d’améliorer la vie des personnes touchées par le cancer du foie à travers le monde. Il s’agit d’un groupement indépendant d’organisations, d’associations, d’entreprises, etc. ainsi que de personnes physiques non associées représentant une communauté (par exemple des blogueurs, des influenceurs).
Références
1/ IARC World Cancer Report (2020), 16-49
2/ Mukthinuthalapati V.V.P.K. et al. Hepatocellular Carcinoma in Sub-Saharan Africa, JCO Global Oncol 2021, 7:756-766.
3/ Yang JD, Hainaut P, Gores GJ, et al: A global view of hepatocellular carcinoma: Trends, risk, prevention and management. Nat Rev Gastroenterol Hepatol 16:589-604, 2019
4/ https://sdgs.un.org/2030agenda (accessed on Aug 21, 2021)
5/ Omata M. et al. Asia–Pacific clinical practice guidelines on the management of hepatocellular carcinoma: a 2017 update, Hepatol Int (2017) 11:317–370
6/ Lemoine M, Shimakawa Y, Njie R, et al: Acceptability and feasibility of a screen-and-treat programme for hepatitis B virus infection in the Gambia: The Prevention of Liver Fibrosis and Cancer in Africa (PROLIFICA) study. Lancet Glob Health 4:e559-67, 2016
7/ https://apps.who.int/gb/ebwha/pdf_files/WHA74/A74(20)-en.pdf (accessed on Aug 21, 2021)
8/ Kudo, M. Management of Hepatocellular Carcinoma in Japan as a World-Leading Model. Liver Cancer. 2018, Vol.7, No. 2. May 2018. https://www.karger.com/Article/FullText/484619
9/ Bruix J, Sherman M. Management of hepatocellular carcinoma: an update. Hepatology 2011;53:102
10/ Park JW et al. Global patterns of hepatocellular carcinoma management from diagnosis to death: the bridge study. Liver Int 35, 2155–2166 (2015)
11/ Galle PR et al. EASL Clinical Practice Guidelines: Management of hepatocellular carcinoma Journal of Hepatology 2018 vol. 69 j 182–236
Updated treatment recommendations for hepatocellular carcinoma (HCC) from the ESMO Clinical Practice Guidelines, published: 05 March 2021 https://www.esmo.org/guidelines/gastrointestinal-cancers/hepatocellular- carcinoma/eupdate-hepatocellular-carcinoma-treatment-recommendations (accessed on Aug 21, 2021); Vogel A et al. Hepatocellular Carcinoma: ESMO Clinical Practice Guideline. Annals of Oncology 2018; 29 (Suppl 4):iv238- iv255
Marrero J. A. et al. Diagnosis, Staging, and Management of Hepatocellular Carcinoma: 2018 Practice Guidance by the American Association for
the Study of Liver Diseases, Hepatology, VOL. 68, NO. 2, 2018, 723-750
Omata M. et al. Asia–Pacific clinical practice guidelines on the management of hepatocellular carcinoma: a 2017 update, Hepatol Int (2017) 11:317–370
Pinero F. et al. Argentinian clinical practice guideline for surveillance, diagnosis, staging and treatment of hepatocellular carcinoma. Annals of Hepatology 19; 5 (2020), 546-569
12/ https://www.who.int/news/item/31-08-2020-in-who-global-pulse-survey-90-of-countries-report-disruptions-to-essential-health-services-since-covid-19-pandemic (accessed on Sep 1, 2021)
Lancé le 12 octobre 2021
Ce document est soutenu par F. Hoffmann-La Roche AG, Suisse