NOUS RESTERONS ENRAGÉS CONTRE LES HÉPATITES…

Madagascar compte parmi les pays où le paludisme sévit de façon chronique… Mais ce n’est pas la seule maladie à laquelle la population doit faire face, puisque le choléra ou la peste sont toujours des maladies chroniques sur l’île.

Mais le saviez-vous ? La rage est également une maladie chronique à Madagascar, et les chiens errants trop nombreux.

Madagascar étant une ancienne colonie française, elle a accueilli l’un des premiers instituts Pasteur dans le monde. À ce jour, la rage est toujours une priorité de santé nationale. Il existe dans chaque région sanitaire des centres anti rabiques avec présence de vaccins et de personnels médicaux formés. Ce réseau national est pris en charge par l’Etat malgache, avec une bonne couverture permettant de contrôler les cas de rage humaine.

Ce résultat spectaculaire est probablement dû à la collaboration nationale entre l’Etat et l’institut Pasteur. Nous aussi pour mener à bien notre mission de dépistage et de vaccination, nous avons demandé le soutien de l’institut Pasteur de Madagascar et du laboratoire Sanofi. Ces derniers nous ont permis d’acheter des vaccins à prix réduit puis d’en assurer la conservation et l’acheminement mais également la mise à disposition du Docteur Rami médecin vaccinologue, qui s’est largement investi et que nous remercions.


C’est d’ailleurs le docteur Rami qui, avec l’équipe d’Amsolid sud suivra ce projet, en permettant la réalisation des deuxième et troisième vaccinations contre l’hépatite B.

La santé publique d’un pays comme Madagascar, avec les problèmes sanitaires qu’on lui connait, ne peut se permettre de choix hasardeux ou d’opportunité sanitaire. Ici, plus qu’ailleurs, il est nécessaire d’avoir des décisions politiques claires, cohérentes, arbitrées et justifiées. Pour illustrer mes propos je voudrais prendre deux exemples: l’un passé et l’autre présent.
Il y a plusieurs années, le ministère de la santé malgache avait reçu un lot de 1000 vaccins contre l’hépatite B, que croyez-vous qu’il advint ? Mille personnes ont reçu la première injection mais pas les suivantes ! N’aurait-il pas mieux valu vacciner 333 personnes correctement ? Aujourd’hui quelle est la stratégie contre l’hépatite B, le choléra ou la peste ? Nous avons dès le premier jour de notre action rencontré le médecin du ministère, responsable de la lutte contre les hépatites virales. Mais elle n’a pas souhaité s’exprimer… Il est vrai qu’ici, nous sommes entre les deux tours des élections présidentielles, c’était peut-être un droit de réserve ?
Au présent maintenant. Pendant que nous étions dans notre action, nous avons appris que dans le nord de l’île, 9000 adolescentes allaient recevoir à titre expérimental le vaccin contre le papillomavirus. Cette vaccination devrait permettre la réduction du nombre de cas de cancer du col de l’utérus dans les années à venir pour les élèves vaccinées. Stratégie ou opportunité sanitaire ? Il me semble que l’hépatite B génère plus de cancer que le papillomavirus ? Alors ne nous trompons pas de cible. Ce n’est pas l’un ou l’autre vaccin qu’il faut, c’est bien sur les deux mais dans une cohérence de développement durable et de protection.

Nous resterons enragées contre l’hépatite B, car Pasteur nous a montré depuis plus d’un siècle à travers le développement de ses instituts que « lorsqu’il y a une volonté, il y a un chemin » nous le trouverons …

Pascal Mélin

SOS HEPATITES ET AMSOLID VOLENT AU SECOURS D’UNE GENERATION SACRIFIEE PAR L’HEPATITE B

SOS hépatites ne se contentera plus de dénoncer, maintenant nous agirons, avec nos faibles moyens, mais nous agirons !
Depuis toujours, SOS hépatites réclame la vaccination universelle contre l’hépatite B dans tous les pays et ce, dès la naissance. Lors de l’appel de Madagascar (il y a deux ans), l’état des lieux avait montré que même dans les pays où la vaccination contre l’hépatite B était réalisée, elle intervenait le plus souvent à 6 mois et donc trop tard par rapport à l’exposition des nourrissons et à leurs risques de contamination par leurs mères, si ces dernières étaient infectées…

Madagascar est une île intéressante d’un point de vue épidémiologique. Les conditions socio-économiques se sont dégradées depuis quelques années : 45% de la population a moins de 15 ans et l’on estime à 2,3 millions la proportion de personnes infectées par l’hépatite B sur 22 millions d’habitants. Avec une prévalence variant de 5% à 35% selon les régions. Pourtant, l’existence de dispensaires a permis de maintenir un taux de couverture de la vaccination proche de 90%. Alors qu’en 1992 l’OMS avait demandé que la vaccination contre l’hépatite B puisse se généralisée à Madagascar, en 2012, 20 ans après (et 30 ans après la mise au point du vaccin) l’État malgache a recommandé la vaccination contre l’hépatite B à partir de 6 semaines. Cependant, la gratuité n’est pas de mise. Malheureusement les moyens n’étant pas au rendez vous, bon nombre de nourrissons ne sont pas vaccinés et les adolescents qui vont entrer en sexualité vont mener leur vie d’adulte en jouant à la roulette russe avec l’hépatite B ; de plus, les jeunes femmes qui se contamineront et déclareront une maladie chronique contamineront probablement leurs enfants. Voilà comment est né le projet « Vaccination VHB pour Madagascar ». SOS Hépatites a levé des fonds propres pour acheter 500 TRODs VHB et 500 vaccins, mais, ,e connaissant pas suffisamment l’île , nous nous sommes associés à AMSOLID (amitié solidarité). Cette association est le résultat d’une rencontre pédagogique entre le collège 67 hectares de TANA et le collège Emilie Carles d’Ancerville dans la Meuse. L’aventure a débuté depuis plus de dix ans par des échanges entre enseignants et élèves, puis l’envoie par container de matériel pédagogique et informatique. Le collège 67 hectares ne comprenait pas d’infirmerie pour ses 1500 élèves.

C’est grâce aux bénévoles d’amsolid nord que des fonds ont été récupérés et qu’une infirmerie a pu voir le jour, après la réfection des sanitaires pour les rendre utilisables. Sans le savoir, AMSOLID œuvrait déjà la lutte pour l’hygiène et la limitation des risques d’hépatite A au sein d’un collège à Madagascar. Pendant ce temps, sos hépatites voulait prouver que les TRODs avaient leur place dans la lutte contre l’hépatite B dans les pays sous-développés en permettant d’unir dans un espace temporel dépistage et vaccination.
Nous voulions réaliser, chez des pré- adolescents, avant la mise en place de leur sexualité, un dépistage du VHB par le TROD une première vaccination pédiatrique. On pouvait ainsi imaginer que l’on pourrait évaluer le nombre d’enfants contaminés précocement et surement exposés à une transmission mère /enfant et ce, dans un collège situé dans une zone particulièrement défavorisée de TANA.
AMSOLID est une association bicéphale avec une représentation nord, en France et une équipe dans le SUD à Madagascar. Après une convention avec SOS hépatites, nous nous sommes consacrés à la recherche de budgets pendant que nous formions les futurs militants qui allaient utiliser des TRODs une fois sur place. L’institut pasteur et l’ARS (Agence régionale de santé) avaient été contacté, ainsi que de nombreux partenaires dont le ministère de la santé et le ministère de l’éducation qui, tous deux, avaient validé et ratifié ce projet. Les TRODs étaient livrés, les vaccins aussi! L’action pouvait alors démarrer… Mais, devant le faible nombre de vaccins, nous décidions alors de recentrer notre action et de ne faire un test qu’aux filles .Car en cas de tests négatifs, elles seront alors accompagnées vers une vaccination immédiate avec l’assurance de pouvoir ainsi protéger également les futurs bébés qu’elles porteront. Dans cette décision il n’y avait pas là de volonté de sexisme mais simplement d’optimisation et de recherche d’efficacité maximale. L’ensemble des élèves garçons et filles ont accès aux informations en espérant ainsi une mobilisation locale par les professeurs et les élèves.
Avec 0,3 % de la population infecté par le VIH, Madagascar se situe dans la fourchette basse des pays africains. Pour autant, de nombreuses actions sont menées via les ONG. On retrouve même en plein centre ville un monument à la mémoire des personnes morte du SIDA ….

… Mais qui parle des 10 à 20 % de la population infectées par le virus de l’hépatite B et des milliers de morts silencieux… je rêve d’une stèle à leur mémoire…

Pascal Mélin