Alors que nous sommes sur le point d’obtenir enfin l’accès universel aux traitements de l’hépatite C en France, on perd l’accès au vaccin contre l’hépatite B !
Non, ce n’est pas une blague, alors que le rapport Fisher proposait une extension de la vaccination obligatoire contre l’hépatite B, on nous annonce et on nous demande de comprendre une pénurie de vaccins contre l’hépatite B qui risque de durer plus d’une année.
Non, nous ne comprenons pas, mais comment en est-on arrivé là ?
En novembre 2016, les Laboratoires Sanofi Pasteur-MSD ont arrêté la commercialisation du vaccin Genhevac B.
Il ne reste sur le marché que l’Engerix B10 et B20 des laboratoires GSK et HBVAXPRO (5, 10, 40) des laboratoires MSD vaccin). Les vaccins combinés ne sont pas concernés par ces difficultés.
GSK a rencontré une « difficulté majeure » survenue dans la chaîne de fabrication, située en Belgique et qui alimente tout le marché européen. La fabrication a recommencé très récemment mais les délais avant remise sur le marché sont extrêmement longs, et il faut plusieurs mois pour faire tous les contrôles qualité.
Compte tenu des délais de production et du système de contingentement par pays , MSD ne pourra visiblement pas augmenter le volume de vaccins disponibles.
Nous voilà donc face à une pénurie qui devrait durer plusieurs mois voire 1 an !
Quelle est la réponse sanitaire face à cette pénurie ?
L’organisation d’un contingentement par les pharmacies hospitalières et l’arrêt de distribution par les pharmacies de ville.
Mais comment le pharmacien hospitalier doit-il prioriser ?
L’insuffisant rénal avant de passer en dialyse ou la jeune fille qui veut rentrer à l’école d’infirmière ?
Le pompier qui a l’obligation professionnelle d’être vacciné ou l’enfant né d’une mère porteuse de l’hépatite B ou bien encore le toxicomane injecteur de drogue ?
Qui sont les personnes chez qui la vaccination est recommandée ?
Selon le guide de recommandation vaccinal de 2016, le vaccin contre l’hépatite B est recommandé pour :
1. Enfants et adolescents accueillis dans les services et institutions pour l’enfance et la jeunesse handicapées ;
2. Enfants d’âge préscolaire accueillis en collectivité ;
3. Bébés nés de mère porteuse de l’antigène HBs ;
4. Enfants et adultes accueillis dans les institutions psychiatriques ;
5. Personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples ;
6. Usagers de drogues par voie parentérale ;
7. Voyageurs dans les pays de moyenne ou de forte endémie (cf. infra « Recommandations pour les voyageurs ») ;
8. Personnes amenées à résider en zones de moyenne ou de forte endémie ;
9. Personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives et/ou itératives ou des médicaments dérivés du sang (hémophiles, dialysés, insuffisants rénaux…) ;
10. Personnes candidates à une greffe d’organe, de tissu ou de cellules ;
11. Personnes de l’entourage d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs (personnes vivant sous le même toit) ;
12. Partenaires sexuels d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs ;
13. Personnes détenues qui peuvent cumuler un certain nombre de facteurs d’exposition au virus de l’hépatite B.
Bien sûr, c’est sans compter tous ceux chez qui la vaccination est professionnellement obligatoire, en particulier les professionnels de santé et très récemment les thanatopracteurs.
Heureusement, la pénurie ne semble pas toucher les lots de vaccins pédiatriques.
Comment le pharmacien hospitalier devra-t-il gérer la pénurie ? Les autorités devraient produire des nouvelles recommandations.
Cela est simplement inacceptable et SOS Hépatites défend le principe de protection par la vaccination comme un droit universel… C’est pourquoi depuis 20 ans, nous défendons le vaccin contre l’hépatite B.
Nous attendons de la Ministre de la Santé, mais aussi de l’ANSM, des explications sur cette crise qui semble devoir durer.
SOS Hépatites va s’impliquer dans cette dynamique inter-associative, mais également solliciter l’engagement des médecins, de tous les soignants et des hépatologues pour défendre le vaccin de l’hépatite B et exiger le réapprovisionnement de toutes les pharmacies françaises le plus rapidement possible.
Le vaccin de l’hépatite B sort de 20 ans de disgrâce aux yeux de la population française. On ne peut accepter que maintenant, il soit mis en défaut sur un problème de pénurie.
« Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et une PROTECTION UNIVERSELLE »
Pascal Mélin