L’HÉPATANTE N°39 – JUILLET-AOÛT 2019

ÉDITO :

L’hépatite C est un formidable défi que le 20ème siècle a lancé au 21ème siècle.

Il y a encore 10 ans, seuls quelques fous de SOS Hépatites rêvaient du jour où toutes les personnes vivant avec le virus de l’hépatite C pourraient être guéries. Maintenant nous avons appris à rêver et c’est ce que nous voulons faire avec l’épidémie de l’hépatite B. C’est pour cela que notre association s’est lancée dans la réalisation et l’animation des premiers états généraux de l’hépatite B pour permettre l’amélioration du dépistage et de la prise en charge, mais aussi le quotidien des personnes vivant avec l’hépatite B.

Dans cette newsletter, nous avons pioché dans les congrès des informations qui nous semblent nécessaires pour améliorer nos connaissances et nos projets de revendication. C’est tout cela que nous évoquerons au ministère de la Santé le 25 septembre prochain pour la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales.

Mais SOS Hépatites pose aussi les questions qui dérangent : quand allons-nous arrêter la politique de dépistage de l’hépatite C en France ? L’OMS déclare : quand 80 % des personnes atteintes d’une infection au virus de l’hépatite C seront traitées ; quand il y aura une réduction de 90 % des nouvelles infections et de 65 % pour la mortalité. Mais de quels chiffres partons-nous ?  Et de quel(s) moyen(s) épidémiologique(s) allons-nous nous doter pour surveiller cette épidémie ? La France n’est pas l’Islande mais l’élimination est possible, nous en sommes convaincus !

Pour cela il faut faire du bruit contre l’hépatite C. C’est ce que nous avons fait en participant activement au Tour de France cet été. Si vous ne faites pas partie des 12 millions de personnes qui nous ont croisés sur le bord des routes, sans compter les millions de personnes qui ont pris connaissance de la campagne via la télé, la radio, la presse écrite et les réseaux sociaux, retrouvez ici l’album de cette action.

L’hépatite C, l’hépatite B, globalement les hépatites et les maladies du foie sont un défi lancé au 21ème siècle, nous le relevons.

Pascal MélinPrésident et co-fondateur de SOS hépatites Fédération

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IL N’Y A PAS PLUS SOURD QUE CELUI QUI NE VEUT PAS ENTENDRE…

IL N’Y A PAS PLUS SOURD QUE CELUI QUI NE VEUT PAS ENTENDRE… À MOINS QUE CE SOIT LE MÉDECIN…

Je voudrais vous raconter l’histoire d’une femme de 68 ans que j’ai vue il y a quelques semaines en consultation. Nous l’appellerons Jeannine, mais ce n’est bien sûr pas son prénom réel.

Jeannine a 68 ans, elle est porteuse chronique de l’hépatite B, est obèse et atteinte de diabète depuis 10 ans. Elle vient consulter car son médecin traitant a réalisé une échographie hépatique de surveillance ce qui a permis de découvrir un nodule de 2 centimètres…

Au vu des examens et des prises de sang, il n’y a pas de doute : le cancer du foie pointe son nez ! Ce n’est pas trop étonnant car l’hépatite B ne fait pas bon ménage avec l’obésité et le diabète qui décuplent alors les risques d’évolution vers un cancer.

La consultation dure plus de 30 minutes, je lui explique pas à pas tout ce qu’on va lui faire comme examens et toutes les possibilités de traitements possibles…

Elle m’écoute et acquiesce régulièrement, j’ai l’impression que les informations sont passées et lorsque je lui demande si les choses sont claires, elle me répond qu’elle a parfaitement compris. Je l’accompagne au secrétariat où tous les rendez-vous prochains vont lui être donnés, je la salue et là elle me lache cette phrase qui m’anéantit : « À bientôt, merci, vous m’avez rassuré, je n’ai pas de cancer… »

Je retourne dans mon bureau et je m’écroule, j’ai l’impression d’être dans un mauvais sketch des nuls ou dans une émission caméra cachée. Je regarde mes notes dans le dossier et je me relis « patiente informée ce jour par moi-même de son cancer du foie, consultation d’annonce et de reformulation par une infirmière à demander. »

Il n’y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas entendre… ou c’est peut-être moi qui ne lui ai pas expliqué correctement les choses ou bien encore l’annonce était-elle trop violente pour être reçue ? Alors que faut-il faire avec la « machine soins » qui est maintenant lancée à pleine vitesse, faut-il arrêter ce train tant que le patient n’a pas accepté sa maladie ? Et qui doit-être le pilote de ce train, le malade ou le médecin ?

Pascal Mélin

HÉPATITE B ET MIGRANT : LA DOUBLE PEINE…

On imagine souvent que les sujets migrants sont isolés, c’est faux !
Un migrant est le plus souvent dépositaire de l’espoir et des économies de toute une famille ou toute une tribu. Car pour qu’un migrant arrive sur notre sol, il a dû donner de l’argent à de nombreux intermédiaires avec l’objectif ultime de s’insérer puis de trouver du travail et renvoyer de l’argent auprès des siens pour les aider !
Les migrants à leur arrivée sur le sol français se voient proposer un dépistage des 3 virus : VHB/VHC/VIH.
Comme leur pays d’origine est le plus souvent dans une zone de forte endémie il est fréquent de les découvrir porteurs chroniques de l’hépatite B. Le plus souvent, c’est la première fois qu’ils apprennent ce qu’est l’hépatite B et qu’ils en sont porteurs.
Alors notre système de santé les amène à des consultations de bilans plus poussés.
C’est là que j’ai rencontré hier un migrant arrivant du Tadjikistan, on l’a découvert porteur de l’hépatite B, on lui explique de façon aussi claire que possible les modes de contamination et surtout le dépistage et la vaccination de l’entourage. C’est alors que l’on découvre qu’il a laissé au pays, une femme et un enfant de 3 ans…
Nos regards se croisent, je sais qu’il a compris, sa femme est-elle contaminée ? Comment la prévenir ? Cela coûte cher un dépistage et après comment la protéger ou pire, la faire accéder au traitement ?
Il accepte le reste du bilan comme quelqu’un de résigné qui a compris que pour lui l’hépatite B est une double peine !

Pascal Mélin

HÉPATITE B, ON PARLE DE QUOI ?

SOS hépatites Fédération s’est lancée dans l’organisation des premiers États généraux de l’hépatite B qu’elle a d’ailleurs initiés.

Mais la question reste posée : quand on parle d’hépatite B, on parle de quoi ?

L’hépatite B, c’est 257 millions de personnes vivant chroniquement avec le virus de l’hépatite B, c’est 6 fois plus que le VIH et 4 fois plus que l’hépatite C.

L’hépatite B, c’est 900 000 morts par an car c’est la principale cause de cancer du foie sur la planète !

L’hépatite B, c’est aussi 1 100 000 nouvelles contaminations par an dans le monde et par année (chiffre 2017).

L’hépatite B, c’est encore 257 millions de personnes infectées dont 27 millions (10,5%) se savent malades, mais dont seulement 4,5 millions sont sous traitement (16,7%).

L’hépatite B, c’est seulement 1 patient sur 10 qui se sait malade et seulement 1 sur 60 qui est sous traitement.

L’hépatite B, c’est enfin un vaccin efficace qui pourrait protéger tout le monde sur la planète !

L’hépatite B, il serait temps qu’on s’en occupe, et nous, à SOS Hépatites, on a choisi de commencer par l’organisation d’États généraux.

Si vous voulez en savoir plus c’est là : https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/hepatitis-b.

Pascal Mélin

MONTPELLIER, VILLE SANS HÉPATITE C

La Ville de Montpellier communique largement (affichages Decaux, réseaux sociaux, tous les sites qui relèvent de la collectivité)    sur   son  engagement   à   travers   la   campagne

« Montpellier, Ville sans hépatite C ».

Mais de quoi s’agit-il exactement ?

SOS hépatites, la Coordination Hépatites Occitanie et la Ville de Montpellier, partenaires historiques de ce projet, sont soutenus par l’ARS, la CPAM, le CHU, les URPS (pharmaciens, médecins libéraux et biologistes) pour lancer une campagne expérimentale, unique en France : du 16 septembre au 16 décembre 2019, chaque personne habitant à Montpellier peut se faire dépister de l’hépatite C sans ordonnance, sans rendez-vous et sans avance de frais dans les laboratoires de biologie médicale de la ville.

À l’issue de l’évaluation qui sera faite par Santé Publique France, cette campagne sera reconduite en 2020, sans limitation.

Pour rappel, l’hépatite C est une maladie silencieuse, c’est-à-dire asymptomatique, mais qui peut avoir des conséquences graves (cirrhose, cancer du foie). Cette infection virale qui attaque le foie se transmet par voie sanguine : acupuncture, soins chirurgicaux, tatouage et piercing dans des conditions d’hygiène non respectées, transfusion de sang avant 1992 en France, partage de matériel de toilettes avec une personne porteuse du virus, rapports sexuels avec échange de sang, contamination par la mère, partage de matériel d’injection.

Se faire dépister permet, si besoin, la mise en place rapide d’un traitement pendant 8 à 12 semaines. Aujourd’hui, les traitements sont sans effets secondaires, et efficaces à plus de 98 % !

Et n’oubliez pas que nous sommes tous potentiellement concerné(e)s !

Parlez-en avec votre médecin, faites-vous dépister, soyez acteur de votre santé !

Retrouvez les laboratoires biologiques participants en suivant le lien : https://www.montpellier.fr/4454-hepatite-c-faites-vous-depister-.htm

Dossier de presse : PDF

COMBIEN VOUS ALLEZ ME PRENDRE DE SANG ?

L’arrivée de migrants de l’Afrique sub-saharienne nous amène à découvrir de nombreux patients porteurs d’hépatite B chronique. Pour cela, il faut prescrire des bilans complémentaires et voici ce qui m’est arrivé encore aujourd’hui.

Grâce à un interprète, je tente d’expliquer à un jeune migrant ce qu’est l’hépatite B, comment elle peut évoluer et comment elle se transmet, je l’informe qu’on va devoir faire un bilan complémentaire, et là il me répond : « Combien vous allez me prendre de sang ? Combien ? » J’avais déjà rencontré des gens qui avaient peur des aiguilles, des gens qui me reprochaient le nombre de tubes mais après le prélèvement – jamais avant ! -, j’essayais alors de me justifier : « On vous prendra le nombre de tubes de sang nécessaires à la compréhension de votre état de santé. Il suffira de 10 à 15 tubes. »

Et la réponse fuse : « Je veux bien, mais pas plus de huit. »

Comment peut-on négocier les tubes d’un bilan ? Cela fait déjà plusieurs fois que des patients d’origine sub-saharienne ont de tels comportements aux moments des bilans. Cela est très intrigant ! C’est un interprète qui m’a mis sur une piste pour comprendre : « Vous savez docteur, ne le prenez pas mal, c’est normal chez nous ! Face à un ennemi, il ne faut pas le tuer, pour lui être supérieur nous devons l’épargner, mais l’affaiblir et lui faire perdre du sang en le blessant ! »

Donc faire un bilan et prélever du sang est une forme de domination qu’il est culturellement difficile d’accepter.

Pour apprendre à soigner les hépatites B des migrants, nous allons devoir comprendre mieux leur culture, leur rapport aux soins, à la santé et au sang.

Car de notre compréhension viendra leur intégration.

Pascal Mélin

BIARRITZ : ILS ATTENDENT DÉJÀ L’ATHS 2019

Mais que se passe-t-il à Biarritz ? C’est déjà l’ATHS ce week-end ? De nombreux pays riches se posent des questions sur l’évolution des pratiques addictives dans leur pays, c’est pourquoi plusieurs chefs d’Etats et responsables gouvernementaux se sont déplacés pour échanger.

Mais non ! C’est une fake news, l ‘ATHS se tiendra bien à Biarritz, mais du 1er au 4 octobre.

Messieurs les grands de ce monde, profitez de vous rencontrer pour évoquer les différentes stratégies de lutte contre les drogues et comment améliorer la prise en charge quotidienne des patients addicts.

Il y en a deux qui réfléchissent à l’organisation, ce sont Arkaitz et Jean-Pierre.

Et Jean-Pierre, ne panique pas, nous, on sera là en octobre, et G7 certitude que ce nouvel ATHS sera encore une réussite.

 

Pascal Mélin

L’ACIDE OBÉTICHOLIQUE LÀ OÙ ON NE L’ATTENDAIT PAS…

Le laboratoire Intercept Pharma à développé l’acide obéticholique (OCA) dans le traitement de la cirrhose biliaire primitive (CBP) après échec de l’acide ursodésoxycholique (AUC).

Les résultats sont très bons et une AMM, autorisation de mise sur le marché, a été obtenue pour cette indication.

Pourtant l’acide obéticholique se prépare un bel avenir dans le traitement futur de la NASH et les études de phase 3 sont en cours.

Il s’agit d’une molécule qui a fait ses preuves comme anti-fibrosante, elle a été utilisée à 10 ou 25 mg et comparée à un placebo.

Dans les dernières études, les patients avaient une première biopsie avant traitement, puis 18 mois après.

Résultat : près d’un malade sur quatre avait une régression de la fibrose d’au moins un point et même de deux points pour 13% d’entre eux.

Il s’agit donc d’une étude positive avec une tolérance particulièrement satisfaisante sans beaucoup d’effets secondaires.

Le fait que l’acide obéticholique est déjà commercialisé sous le nom d’Ocaliva est un gage d’accès rapide. L’histoire montre qu’il est plus facile d’obtenir une extension d’AMM pour un médicament déjà commercialisé, plutôt que d’obtenir une première commercialisation !

L’Ocaliva devrait prochainement être l’un des premiers traitements accessibles en France ayant fait ses preuves comme anti-fibrosant.

Voila le prochain combat de SOS Hépatites et maladies du foie : permettre l’accès le plus rapide au traitement par Ocaliva, dans un contexte de prise en charge globale.

Il faudra encore exiger d’autres modes d’évaluation histologique que la biopsie hépatique, c’est l’autre enjeu de la NASH, avoir des explorations non invasives possibles.

Les soins de la NASH ne peuvent se concevoir que de façon globale et il est temps que les malades se fassent entendre.

Pascal Mélin

HÉPATITE B : ON EN EST OÙ ?

Il y a 40 ans, on a découvert l’hépatite B et ses ravages planétaires n’ont pas cessé, pourtant aucune action d’envergure n’a été mise en place en France (ni même sur la planète). SOS Hépatites s’est lancée dans la réalisation des premiers États généraux de l’hépatite B.

La première étape est de mettre en avant l’épidémiologie de l’hépatite B en France. Pour cela, reprenons la dernière enquête nationale BAROTEST 2016 publiée par Santé Publique France.  Cette enquête porte sur les 18-75 ans.

Le taux de porteurs chroniques de l’hépatite B en France est de 0,3%.

Ce sont 137 706 personnes qui vivent avec le virus de l’hépatite B.

Mais si l’on regarde de plus près, cela représente :

–  0,28% d’hommes et 0,32% de femmes ;

– 0,10% chez les 18/45 ans contre 0,51% chez les 46-75 ans.

Cela signifie en partie que la population jeune est moins exposée et/ou probablement davantage vaccinée.

Et la question que tout le monde se pose, combien de personnes se savent infectées ?

Les données pondérées donnent le chiffre de 23 749 qui se savent infectées, soit 17,5%.

En France, il reste donc 111 957 personnes qui ne se savent pas infectées et donc non dépistées !

82,5% des personnes vivant avec le VHB sont non-diagnostiquées.

Ces résultats sont catastrophiques alors qu’il existe des vaccins et des traitements. Depuis 4 ans, nous attendons les TROD hépatite B qui devraient être reconnus et validés début 2020. Mais nous attendons surtout une politique pro-active et engagée contre l’hépatite B. L’annonce de la vaccination obligatoire contre l’hépatite B chez le nourrisson n’est pas suffisante.

L’engagement des malades dans la lutte contre l’hépatite C a été primordial, nous allons, avec les premiers États généraux contre l’hépatite B, nous engager avec la même volonté.

Hépatite B : un traitement pour tous, une guérison pour chacun, car on n’en est pas si loin !

Pascal Mélin

ON DÉPISTE QUOI ?

C’est l’histoire d’une quinquagénaire qui a écouté les messages de SOS Hépatites et maladies du foie à travers le Tour de France.

Ainsi, elle a compris l’importance de se faire dépister de l’hépatite C au moins une fois au cours de sa vie. Lors d’une visite chez son médecin traitant, elle lui demande une ordonnance de dépistage et se rend au laboratoire d’analyses médicales où elle a l’habitude d’aller.

Et c’est là qu’elle découvre la difficulté, lorsque la secrétaire du laboratoire lui déclare : « Une ordonnance où il est simplement noté dépistage des hépatites virales, vous voulez qu’on fasse quoi ? Vous avez été vaccinée contre l’hépatite B ? »
La patiente a répondu : « Oui, bien sûr ! »

Et la semaine suivante, elle reçoit un résultat lui disant uniquement qu’elle est vaccinée et protégée contre l’hépatite B !

Cette situation n’est pas exceptionnelle, beaucoup de médecins ne sachant plus quoi prescrire se contentent de cette ordonnance « dépistage des hépatites virales ».

Des actions conjointes avec l’AFEF sont en train de se mettre en place pour aider les médecins à être plus précis et à mieux rédiger les ordonnances de dépistages.

De notre côté, nous allons aider à mieux informer les patients sur ce qu’il faut demander à son médecin pour être dépisté d’un portage d’hépatite virale.

#DUBRUITCONTRELHEPATITEC

Pascal Mélin

TRACES D’HÉPATITES…

« On m’a dit que j’avais des traces d’hépatites, mais je n’en sais pas plus… »

Cette phrase on l’entend régulièrement, et nous l’avons encore régulièrement entendue lors du Tour de France. Mais qu’est-ce qu’une trace d’hépatite ? C’est comme une trace de rouge à lèvres ou une trace de pneu ? Sûrement pas une trace de coke !

Mais prenons des exemples :

  • Pour l’hépatite A, si on retient le qualificatif « trace d’hépatite » cela signifie probablement que la personne a fait une hépatite A et qu’elle a des anticorps protecteurs et résiduels. Mais pour la personne qui a été vacciné, elle a aussi des «traces d’hépatite» : le qualificatif ne semble pas adapté.
  • Pour l’hépatite C, les personnes guéries après traitement ou spontanément, si on leur réalise un test de dépistage, on leur trouvera des anticorps (sérologie positive) mais sans virus (PCR négative), il se voient souvent qualifiés de porteurs de « trace d’hépatite ». Pourquoi ne pas parler de guérison plutôt que de trace ?
  • Pour l’hépatite B, « trace d’hépatite » peut tout signifier ! Vaccination, hépatite B guérie spontanément, hépatite chronique active ou non…
  • Et puis il y a ceux qui n’ont pas d’hépatites virales… Mais dont le foie souffre à cause d’une NASH, de l’alcool ou autre. Ils se sont souvent entendus dire « vous avez des traces d’hépatites ». Au sens littéral du terme, « hépatite » cela signifie « inflammation non spécifique du foie » !

Donc « des traces d’hépatites » on est d’accord que cela ne veut rien dire ! Nous devons apprendre à la population générale à mieux qualifier leur état hépatique.

On pourrait entendre : « Je suis guéri de l’hépatite A, vacciné contre l’hépatite B, j’ai eu un traitement efficace contre l’hépatite C mais mon foie souffre car je suis trop gros et j’ai de la stéatose ».

On en rêve non ? Un jour peut être…

Pascal Mélin

MENACE SUR L’AIDE MÉDICALE D’ÉTAT

Communiqué de presse

À Pantin, le 6 août 2019

Menace sur l’Aide Médicale d’État : le gouvernement se prépare à sacrifier la santé publique

Le gouvernement envisage de détricoter un dispositif essentiel de santé publique : l’Aide Médicale d’Etat (AME) qui garantit actuellement la prévention et l’accès aux soins des personnes étrangères sans papier ou en situation précaire de séjour. Un rapport doit être rendu sur ce sujet en octobre, pendant le débat sur l’immigration. Un temps qui coïncide avec les discussions autour du vote du budget et qui laisse donc craindre le pire.

Emmanuel Macron s’était engagé lors de sa campagne à ne pas toucher à l’AME. Nous lui demandons de respecter cet engagement. Les conséquences d’une limitation de ce dispositif seraient dramatiques pour les personnes et la santé publique.

Menacer l’AME, c’est menacer les personnes, menacer la santé publique

L’AME est essentielle à plusieurs titres. En premier lieu, pour la santé des personnes bénéficiaires, dont les conditions de vie souvent précaires sont responsables d’une plus grande exposition aux risques de santé.

Restreindre l’AME est un non-sens en termes de santé publique. Il serait impensable que le Gouvernement poursuive dans cette voie et décide de mettre en danger la santé de personnes déjà vulnérables sur notre territoire.

Par ailleurs, puisque l’AME favorise le diagnostic et la prise en charge de maladies transmissibles ou contagieuse, c’est l’ensemble de la population qu’elle protège.

Enfin, elle représente un intérêt budgétaire. En effet, en évitant que l’état de santé de ces populations ne s’aggrave, l’AME limite l’engagement de dépenses de santé majorées dues aux risques de complications médicales et protège les finances hospitalières. Elle fait partie intégrante du système de santé solidaire, que sa disparition menacerait.

Loin des enjeux de santé, un projet motivé par une politique migratoire plus répressive ?

L’AME équivaut à une part très faible des dépenses de l’Assurance maladie : 0,5%. Un budget particulièrement bien géré et maîtrisé, comme le montrent différents rapports menés par l’inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’inspection générale des finances (IGF).

Si ce budget est en augmentation ces dernières années, c’est la politique migratoire qui est à blâmer. La hausse du nombre de bénéficiaires de l’AME est une conséquence directe de la hausse des difficultés pour obtenir un titre de séjour. La politique migratoire menée par le gouvernement, loi Asile & Immigration en tête, est également responsable de la clandestinité à laquelle sont soumises les personnes sans papiers, les éloignant du soin et les poussant, d’ores et déjà, à une prise en charge plus tardive (et donc à des soins plus couteux).

Par ailleurs, contrairement à certaines idées reçues portées par certaines personnalités de droite et circulant dans les cercles d’extrême droite, l’Aide Médicale d’État n’est pas un motif de migration. Nos associations rappellent que la méconnaissance du système et les contraintes d’accès au dispositif sont telles que dire qu’il incite à l’immigration est pure démagogie ! L’AME est plutôt le derniers recours à une situation de santé devenue dangereuse.

Dès lors, force est de constater que supprimer ou même réduire l’AME, décision à laquelle s’oppose même la ministre de la santé et des solidarités, n’est pas motivée par une préoccupation budgétaire. C’est une intention purement politique et dangereuse pour la santé de tous et toutes. Baser cette décision sur une spéculation d’« abus » serait faire preuve d’une mauvaise foi manifeste. Il est plus que temps que cette politique délétère cesse.

Liste des associations signataires:

Act Up-Paris, AFVS, AIDES, Arcat, FAS, Cimade, Dom’Asile, MDM, MSF, SOS hépatites, Sidaction, Uniopss

Pour plus d’information sur l’Aide médicale d’État, cliquez ici.