LES TROD EN BOURGOGNE…

À l’heure ou tout le monde s’interroge sur la meilleure stratégie à mettre en place pour multiplier les prescripteurs de traitement de l’hépatite C, SOS Hépatites se mobilise pour intensifier et démultiplier le dépistage.

Il est question d’autoriser les traitements anti hépatite C aux médecins des CSAPA, mais aussi à l’ensemble des généralistes sous certaines conditions.

Mais, pour démultiplier l’accès au traitement, il faut déjà intensifier le dépistage. Pour pouvoir guérir, il faut avoir été dépisté.

C’est le combat que SOS Hépatites souhaite mener. C’est le sens de notre implication dans la campagne nationale « Savoir C Guérir », mais c’est aussi la formation des acteurs à la réalisation des Tests Rapides d’Orientation Diagnostique (TROD).

Pendant 2 jours, 8 et 9 février, SOS Hépatites est présent pour renforcer l’équipe des bénévoles de la Bourgogne-Franche-Comté et permettre la formation d’une quinzaine de professionnels travaillant dans les CSAPA ou CAARUD de la région bourguignonne. Deux jours de formation pour transmettre du savoir, du savoir-faire, technique, mais aussi et surtout du savoir-être, pour délivrer les résultats.

Les TROD sont des outils efficaces pour intensifier le dépistage, mais ils sont aussi de formidables outils, pour nous inviter à un travail en réseau. Ils permettent aussi de revisiter les pratiques de réduction des risques.

Notre slogan reste toujours d’actualité : « Un dépistage pour tous, une guérison pour chacun » !

Pascal Mélin

LA NOUVELLE VIE DU SOFOSBUVIR…

Tout le monde se souvient de la « révolution sofosbuvir ».

Ce nouvel antiviral qui par sa puissance et sa tolérance a bouleversé la prise en charge des malades porteurs d’hépatite C.

Aujourd’hui, c’est une deuxième vie qui s’offre au sofosbuvir. Il serait efficace pour traiter les infections dues au virus Zika.

Nous en avions parlé dans nos colonnes. Il y a deux ans, l’épidémie de virus Zika, a fait trembler la planète avec ses risques chez les femmes enceintes. À cette époque, l’alarme avait été lancée par une épidémie de bébé mis au monde avec des malformations neurologiques.

À l’époque, peu de traitements semblaient efficaces et le vaccin était non disponible, alors l’épidémie avait été gérée par des mesures d’isolement, de décontamination et de démoustication, puisque ce virus est principalement transmis par les piqûres de moustiques.

Ces mesures ont permis de contenir la maladie, mais les chercheurs ont continué leur travail, en cherchant d’autres parades. Le vaccin a été mis au point, mais comme toujours, son rôle ne pouvait être que préventif. Il n’y avait pas de traitement pour les femmes enceintes déjà contaminées.

Aujourd’hui, l’une de ces nouvelles parades pourrait être le sofosbuvir !

Alors, on dit bravo !

On espère juste avec un clin d’œil et plein de tendresse que le prix du médicament ne sera pas un obstacle dans cette nouvelle vie, surtout que le virus Zika touche des pays en développement.

Pascal Mélin

À lire

LA TÉLÉVISION RACONTE N’IMPORTE QUOI !

Il faut vraiment créer la média-vigilance.

On sait que les personnes porteuses du virus de l’hépatite C vivent une véritable stigmatisation.

Mais en 2018, à l’heure où nous mettons en place une campagne nationale comme « Savoir C Guérir », couplée au développement du baromètre de l’éradication, pour suivre l’évolution du nombre de patients guéris, et grâce à l’engagement politique et sanitaire du traitement universel, la télévision véhicule des propos inacceptables !

Je découvre ce film il y a 2 jours, à 11 h du matin, en faisant ma visite auprès des patients hospitalisés, le téléfilm « Face au doute – La greffe », 6ter au scénario monstrueux.

Une fillette victime d’un accident a besoin d’une greffe de rein et donc d’un don d’un de ses proches. Déjà là, ce n’est pas cohérent mais bon…

La petite Chloé est élevée par sa mère, qui a refait sa vie avec un homme qui n’est pas le père biologique de Chloé. Seule la maman peut donner un rein, mais elle s’y refuse.

Pourquoi ? Parce qu’elle a une hépatite C ! Le couple se rend chez le médecin qui bien sûr, annonce que l’origine ne peut être qu’une contamination sexuelle. Le couple explose, la maman avoue avoir eu une expérience extra-conjugale !!!

Là, je dis STOP, il y en a marre !!!

Je suis sorti de la chambre du patient en lui conseillant vivement de regarder la chaîne pour enfant GULLI, car il y a moins de conneries sur les hépatites virales !!! Enfin, j’espère.

Dur, dur de rester hépatant.

Pascal Mélin

L’HEPATANTE N° 26 JANVIER 2018

ÉDITO : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS…

Il faut toujours rester vigilant : l’accès à la vaccination passant par l’obligation vaccinale n’est que le règlement de notre faiblesse vaccinale par la violence de la contrainte. Il nous faut mettre en place la pédagogie de la vaccination, comme cela est fait dans les pays nordiques où les personnes se vaccinent sans rechigner. L’obligation reste l’échec de la pédagogie. Nous défendons le principe de vaccination et nous continuerons de le porter et de l’expliquer.

Nous défendons aussi les programmes de réduction des risques et la mise sur le marché de nouveaux produits. Mais avec quelle stratégie ? Comment mettre à disposition de nouveaux outils ou de nouveaux traitements pour le plus grand nombre quand l’argent fait barrage ou lorsque nous sommes confrontés à un manque de formation ? Là aussi, la pédagogie est oubliée. Pédagogie aussi face au défi des nouvelles molécules contre l’hépatite C qui arrivent et qui permettent de soigner tout le monde de façon identique. L’universalité du traitement ne doit pas empêcher une prise en soins à la carte !

Homme, femme, enceinte ou non, usager de drogue ou non, gros ou maigre, jeune ou vieux nous réclamons des différences qu’il faut entendre.

Notre engagement évolue, mais il reste intact.

Pascal Mélin, Président et co-fondateur de SOS hépatites Fédération

RETROUVER L’HEPATANTE DE JANVIER

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L’ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT : NOS ACTIONS

Depuis plus de 21 ans déjà, SOS Hépatites, informe, soutient et accompagne les patients et leur entourage. L’importance de la compréhension des hépatites (B et C), les premiers traitements difficiles de l’hépatite C, la portée du suivi médical et du suivi du traitement dans les hépatites virales ont fait de nous des acteurs, promoteurs et défenseurs de l’éducation thérapeutique du patient (ETP).

Nous informons les patients mais aussi formons les soignants impliqués en ’éducation thérapeutique. Nous développons des outils d’information sur les hépatites virales, d’accompagnement aux traitements (le dernier publié présente les traitements de l’hépatite C d’aujourd’hui et ceux pangénotypiques de demain, « C’ Mon Traitement, version 3 ») et nous parlons librement des effets indésirables.

SOS Hépatites forme également ses bénévoles à intervenir dans la mise en œuvre des programmes d’ETP. Ce sont nos Ressources Hépatantes.

Depuis l’arrivée des nouveaux antiviraux à action directe, nous poursuivons notre travail pour l’ETP : l’ETP hépatite C ne doit pas disparaître mais doit évoluer. Il faut privilégier le suivi médical, les règles hygiéno-diététiques chez les cirrhotiques et les porteurs d’une maladie du foie ; ce suivi doit également cibler les personnes vulnérables… Et l’ETP hépatite B doit être développé !

Ce mois de janvier 2018, SOS Hépatites vous présente les différentes actions dans des programmes d’ETP menées par l’ensemble de son réseau, au plus près des patients.

SOS hépatites Alsace-Lorraine

SOS hépatites intègre l’observance et la conduite à tenir, en cas de traitement ou non, lors de toutes ses actions d’information, de prévention sur les hépatites et les maladies sexuellement transmissibles (ces actions ne font pas l’objet d’un programme ETP stricto-sensus)

 SOS hépatites Bourgogne-Franche-Comté
Depuis 2017, l’association intervient dans le programme d’éducation thérapeutique pour les patients atteints d’hépatite C du CHU de Dijon.

SOS Hépatites Champagne-Ardenne
Une Ressource hépatante travaille avec l’UTEP (Unité Transversale du Patient) du CH de Saint-Dizier.

SOS hépatites en Occitanie
Depuis le mois de septembre 2017, une Ressource Hépatante d’Occitanie coanime mensuellement le groupe d’ETP de l’Equipe Mobile de Perpignan.
Par ailleurs, en partenariat avec le CHU de Montpellier et le Réseau Hépatites Languedoc Roussillon, SOS hépatites en Occitanie va accueillir dans ses locaux, le 15 mars prochain, une 1ère séance d’ETP sur le thème « Composer mon assiette », animée par une diététicienne.
SOS hépatites Paris Ile de France (PIF)
PIF est particulièrement attachée à l’accompagnement des personnes vulnérables. En octobre 2016, l’ARS a autorisé le programme d’éducation thérapeutique de l’association « pour les patients migrants originaires d’Afrique subsaharienne, vivants avec une hépatite B chronique », construit et mis en œuvre en partenariat avec l’équipe du département de médecine interne l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Dr Anne Simon) et l’équipe de l’INSERM U1136 (Marguerite Guiguet).

SOS hépatites dans le Rhône-Alpes

L’ETP se poursuit à Grenoble en partenariat avec Prométhée qui travaille avec deux Ressources Hépatantes.
Les groupes de parole animés par Prométhée, où les Ressources Hépatantes interviennent en tant que patients ressources, réunissent chaque 1er lundi du mois des patients atteints de tout type de maladies de foie.
Le programme propose des groupes diététiques visant à redéfinir l’équilibre alimentaire et à aider chacun dans son maintien au changement pour adopter les bonnes habitudes alimentaires. Ils sont co-animés par Prométhée et les Ressources Hépatantes. Leur ouverture est élargie aux réseaux de la Maison des Réseaux de Santé de l’Isère (GCS MRSI), avec notamment les patients diabétiques.

 

Messages clés :

Pour l’hépatite B, il existe un traitement qui ne guérit pas mais qui stabilise la maladie. Il faut savoir que tout le monde n’a pas besoin de traitement. Cela dépend des résultats des examens spécifiques. Avec un traitement ou pas il est important de rester dans le suivi pour surveiller l’hépatite.

Pour l’hépatite C, il existe des traitements pour guérir pratiquement tous les patients mais ils sont guéris du virus et non de la maladie hépatique. Ils doivent rester sous surveillance et être conscients qu’ils peuvent être contaminés à nouveau s’ils prennent des risques. Et ce n’est pas le virus qu’ils avaient qui se réveille à nouveau comme certains le pensent mais un nouveau virus. Si vous aviez une hépatite C avec un génotype 1 (sous-groupe) et que vous vous retrouvez avec une hépatite C avec un génotype 2, vous avez bien un autre virus C.

Pour les deux hépatites B et C : il est important de ne pas oublier de prises, de prendre le médicament tous les jours. Attention, il ne faut pas vous dire « ce n’est pas grave si je l’oublie de temps en temps, surtout si je dois le prendre à vie » comme c’est le cas pour l’hépatite B. Si, c’est grave car le virus va s’habituer à ne pas être assommé tout le temps et il va réapparaître malgré le traitement. La seule chose qu’on peut faire dans ce cas-là, c’est changer de médicament, sauf qu’il n’y en a pas beaucoup pour l’hépatite B. Il vaut donc mieux ne pas déconner avec le premier. Pour l’hépatite C, si vous oubliez le médicament de temps en temps le traitement sera moins efficace et risque de ne pas vous guérir.

Respecter l’intervalle entre deux prises : c’est-à-dire qu’il ne faut pas le prendre un jour le soir et le lendemain le matin (c’est trop rapproché). Choisissez un moment de la journée qui vous convient et que vous respecterez. Le prendre à peu près toujours à ce moment-là. Pensez à utiliser votre téléphone portable pour vous aider à y penser.

Les reins : boire 1 litre et demie d’eau par jour pour éliminer la toxicité du médicament et pour les préserver. Il n’y a pas que le foie, il faut aussi penser aux reins.

Autres : éviter l’alcool qui aggrave la maladie, ne pas manger trop gras ni trop sucré (attention aux boissons sucrées) car le trop de sucre se transforme en graisse et le gras qui se fixe également sur le foie aggrave aussi la maladie. Bouger : marche, prendre les escaliers, au lieu des escalators…. aide à éliminer.

Merci à toutes nos « ressources hépatantes pour leur investissement et leur patience. Les obstacles sont souvent nombreux avant de pouvoir s’investir dans un programme ETP.

 

 

MAVIRET® ET DROGUE

On attend d’un jour à l’autre la commercialisation du Maviret®, le dernier traitement anti-VHC des laboratoires AbbVie.

Le développement du Maviret®, association du Glécaprévir et du Pibrentasvir est un exemple de modernité. D’année en année l’épidémie se déplace de plus en plus des personnes transfusées vers les personnes usagères de drogue. Il est donc fondamental que lors des études de recherche, l’effet et la tolérance chez les usagers de drogue soit étudié de très près.

C’est ce qu’a rapporté le Dr Foster lors de l’AASLD 2017 (abstract 1182) en comparant 67 toxicomanes VHC traités à 1599 porteur d’hépatite C non usager actif. Le taux de guérison était respectivement de 98% et 99 % il n’y avait donc pas de différence. Foster a analysé d’autre population particulière comme les personnes âgées de plus ou moins de 65 ans (abstract 1188). Et là, encore l’analyse sur un groupe de 2369 patients comparant les plus et moins de 65 ans n’a montré aucune différence.

Il fallait encore surveiller l’utilisation de marivet avec différentes drogues. C’est ce qu’on peut retrouver sur le site de pharmacologie de l’université de Liverpool : https://www.hep-druginteractions.org
Le résultat est là encore « stupéfiant » buprénorphine, méthadone , baclofène, extasy, amphétamine ,cannabis, cocaïne, méphedrone, LSD, metamphétamine, phencyclidine, n’ont aucune interaction avec le Marivet®.

Seul le GHB a une interaction potentielle avec le Maviret®.

Un développement remarquable sur cette question.

 

NALSCUE® BIENTÔT RATIONNE ?

L’injection en urgence de naloxone reste le traitement conseillé en cas de surdose d’opioïdes et s’avère généralement efficace lorsqu’elle est administrée à temps. Le principal inconvénient concerne l’accès limité de ce médicament aux services d’urgences hospitalières et de SAMU, qui rendent parfois trop tardive l’injection de naloxone en cas de surdose. Le médicament Nalscue®, disponible en spray nasal constitue un véritable espoir par sa grande facilité d’utilisation et la possibilité d’être mis largement à disposition à l’entourage des personnes usagères de drogues, préalablement formées.

Le prix de 100 Euros, fixé librement par le laboratoire Indivior, préalablement aux négociations de prix vient doucher tous nos espoirs. Avec un tel prix la disponibilité de ce nouvel outil de réduction de risque sera limité et son intérêt donc quasi nul.
Prix et accès aux traitements : la problématique s’intensifie, la mobilisation doit continuer.

Notre avis concernant la mise sur le marché

La nouvelle loi de santé promulguée en janvier 2016 prévoit l’utilisation de médicaments à la lutte contre les overdoses. Nous nous réjouissons de cette avancée politique.
La Noloxone rentre dans ce champ, le dispositif Nalscue® bénéficie d’une Autorisation Temporaire d’Utilisation depuis juillet 2016.
L’Autorisation Temporaire d’Utilisation a ainsi permis en France un accès de manière précoce à ce médicament innovant avant l’obtention de l’Autorisation de Mise sur le Marché (AMM).

Le prix des médicaments délivrés lors des ATU de cohorte est librement fixé par l’industriel et le coût est pris en charge par l’assurance maladie. Dans le cas de Nalscue®, le laboratoire a choisi de proposer une ATU à titre gratuit, facilitant largement la diffusion du dispositif dans les CSAPA et CAARUD.

L’autorisation de mise sur le marché de Nalscue® est effective depuis le 8 janvier 2018 et le médicament est disponible dans les mêmes indications selon le dispositif de « post -ATU », dans l’attente de la fixation de son prix et la publication au Journal Officiel de l’agrément collectivité. Mais la donne a changé: le prix est désormais fixé à 100 Euros….
Pendant la période « post ATU », le prix peut en effet, être également librement fixé par l’industriel.
Avec un tel prix la disponibilité de ce nouvel outil de réduction de risque sera limité et son intérêt donc quasi nul.

 Un traitement qui doit être a porté de main mais pas dans toutes les mains
L’objectif actuel consiste à amener ce nouvel outil de réduction des risques au plus près des patients et des professionnels de santé intervenant en addictologie. Ce traitement doit être accessible dans les CSAPA et les CAARUD, mais l’enjeu majeur consiste à l’amener au plus prés des usagers. Nous proposons de faire de  Nalscue® un outil de Réduction des Risques en proposant que les CSAPA et les CAARUD forment des Relais par des Usagers Sauveteur Experimentés (RUSE). Des usagers formés aux gestes qui sauvent, des usagers réellement présents dans les réseaux, capables de donner l’alerte, possédant des kits de Naloxone et pouvant l’administrer

Le suivi des déclarations d’overdose et le suivi de Nalscue® après sa mise sur le marché (phase 4) sera une étape essentielle que nous suivrons de très près.

 

 

 

J’AI MAL À MA MEUSE…

Dimanche soir, un des reportages de l’émission « Sept à Huit » portait un nom évocateur « Drogue dure au village » et ce reportage avait pour cible le département de la Meuse.

Je suis né le long de la Meuse dans le premier village des Ardennes lorsque l’on descend la rivière. Aujourd’hui, je suis médecin, j’habite en Meuse et je travaille à Saint-Dizier, dans la Haute-Marne, à quelques kilomètres du département de la Meuse.

La Meuse (55), les Ardennes (08), ou la Haute-Marne (52) sont trois départements contigus. Ils sont tous les trois des départements ruraux faisant face aux mêmes difficultés économiques. La crise est passée par là, la fermeture des usines, la perte des emplois et depuis 20 ans, c’est la jeunesse qui en a fait les frais. Ces départements vieillissent et se dépeuplent. Ils ont tous les trois été exposés à une épidémie de drogue et de toxicomanie. Mais, chacun s’est mobilisé différemment tant du côté médical, sanitaire, addictologique, judiciaire ou en termes de RDR.

Aujourd’hui, le zoom est mis sur le département de la Meuse, mais quand je regarde ce reportage, je ne retrouve pas mon quotidien, ni les usagers meusiens que je rencontre. Ce reportage est bourré de clichés, d’images faciles, de mauvais discours médicaux, des toxicomanes passifs face à des morales de café du commerce (avant qu’il ne soit fermé).

Mais quel est l’objectif d’une telle émission ? Quel est son message ? À qui est-elle destinée ? Moi, j’ai honte !

Et au détour des images, un usager est présenté en ajoutant « en plus, il a une hépatite C ». On ajoute rien, pour un peu, il faudrait comprendre « c’est un vrai toxicomane et en plus, il a une hépatite C ».

Bravo la stigmatisation ! On oublie juste de dire qu’aujourd’hui, il pourrait facilement en guérir.

Alors Monsieur Harry Roselmack, laissez-nous, nous les usagers et les gens de terrain, laissez-nous trouver ensemble les solutions qui nous conviennent. Pas de misérabilisme, ni de triomphalisme, il n’y a pas une toxicomanie des villes et une toxicomanie des champs. Il y a des produits et des usagers qui s’adaptent à leur environnement.

La Meuse est un défi à relever, tout est à faire, mais avec les usagers et avec tout ceux qui acceptent de se retrousser les manches.

SOS Hépatites sera là.

Pascal Mélin

L’OBLIGATION VACCINABLE EST APPLICABLE

 La loi du 30 décembre 2017 de financement de la sécurité sociale pour 2018 a étendu l’obligation vaccinale de trois à onze vaccins, afin d’obtenir une protection collective contre des maladies évitables par la vaccination et ainsi limiter les risques d’épidémie et diminuer la mortalité infantile.

Le décret précise les modalités de mise en œuvre des conditions de réalisation des nouvelles obligations vaccinales pour les jeunes enfants et les modalités de la justification de la réalisation de ces obligations pour l`entrée ou le maintien en collectivités d`enfants.  

Le décret est applicable dès ce 26 Janvier 2018

Pour rappel les vaccins contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite – réunis dans le vaccin dit « DTP » – étaient déjà obligatoires avant le début de cette année.

S’y ajoutent désormais les vaccins contre la coqueluche, contre rougeole-oreillons-rubéole, hépatite B, bactérie Haemophilus influenzae, pneumocoque et méningocoque C.

Le décret reprend de nombreuses propositions portées par SOS Hépatites.

L’enjeu majeur consiste désormais à accompagner l’obligation vaccinale (voir le communiqué de France Asso Santé)

Merci aux militants pour leur mobilisation,

Retrouver l’intégralité du décret ici

 

 

VOULEZ-VOUS DES HOPITAUX LOW COST ?

C’est une question que chaque citoyen devrait se poser.

Tout le monde veut pouvoir être soigné près de chez lui, avec une bonne qualité de soins, et ce à un coût raisonnable ! C’est la quadrature du cercle ! Peut-on faire coïncider expertise et proximité ?

Le Professeur André Grimaldi, célèbre endocrinologue et diabétologue à la Pitié Salpêtrière vient encore de signer avec 1000 collègues une tribune pour la protection de l’hôpital. Il dénonce depuis plus de 10 ans la politique qui consiste à déclarer que l’hôpital est une entreprise commerciale.

« On a transformé l’hôpital en clinique commerciale ».

Il était ce jour invité sur France Inter pour dénoncer haut et fort ce que tous les soignants vivent au quotidien dans les hôpitaux. La rentabilité et la valorisation ne peuvent être les seules règles du jeu. Les malades ont leur mot à dire. Alors faite-le !

Selon le Pr Grimaldi, notre hôpital et notre système de soins n’est pas fait pour la maladie chronique. On est performant pour une maladie aigüe mais nous sommes de plus en plus inadaptés pour une maladie chronique.

Alors nous les hépatants qu’avons-nous à en dire ?

Les progrès des traitements de l’hépatite C nous ont fait passer d’une maladie chronique à une maladie aigüe. Après des années de maladie et de traitements maintenant tout peut être réglé en 3 mois.

Pour les malades porteurs d’hépatites B, la prise en charge chronique reste de mise, tout comme pour les patients cirrhotiques.

SOS Hépatites est représentant des usagers, mais nous évoluons avec notre maladie passant d’un mode chronique à aigu ou pas. On pourrait s’y perdre mais pourtant c’est dans ces nouveaux espaces que nous voulons exister.

La noblesse de la médecine est dans la maladie chronique et non dans la guérison.

Réécoutez le Pr Grimaldi : « On a transformé l’hôpital en clinique commerciale » sur via @franceinter.

Pascal Mélin

MERCI À L’HÉPATO QUI NE M’A PAS CRU…

David est un jeune homme d’une trentaine d’années, qui est arrivé depuis quelques semaines au CHRS (Centre d’hébergement et de réadaptation sociale).

David est un ex-usager de drogue, il est porteur du virus de l’hépatite C. Il y a quelques mois en arrière, David s’est adressé à un CHU de la région dont il était proche.

Après le bilan standard, un traitement standard a été mis en place pour une durée de 8 semaines. Le premier mois de traitement a été délivré par la pharmacie hospitalière.

David qui était à la recherche de travail s’est rendu au Luxembourg, il devait revenir consulter au bout de 4 semaines et se faire délivrer la suite de son traitement.

Oui, mais voilà, le travail qu’il avait trouvé ne lui a pas permis de revenir au bout de 4 semaines. C’est donc avec 4 à 5 jours de retard qu’il s’est présenté.

Et là, l’hépatologue a refusé de le recevoir et de lui délivrer la deuxième moitié de son traitement. Entre deux portes, il expliqua à David qu’il était probablement en situation de rechute et que dans ce contexte, il fallait attendre une analyse des résistances.

Mais, David relatait ce discours en expliquant qu’on l’avait fait culpabiliser, en lui expliquant que l’on allait devoir dépenser beaucoup d’argent dans de nouvelles analyses et un nouveau traitement.

David sous le coup de la colère quitta la région et se retrouva donc à Saint-Dizier. Il a été reçu à la consultation d’éducation thérapeutique où on a alors refait le point…

Un nouveau bilan biologique a été réalisé et là contre toute attente, voilà ce qu’on a découvert ! David était guéri ! 4 semaines avaient été suffisantes.

Plus court que court, voilà en quoi David était devenu un hépatant.

Pascal Mélin

QUE DEVRONS-NOUS FAIRE EN 2018 ?

Chaque début d’année est un temps important de réflexion sur ce qu’est l’esprit associatif pour qu’il soit en cohérence avec nos valeurs et nos actions.

Nos combats évoluent, notre conception de l’égalité aussi.

La représentation et la défense des usagers en 2018, n’ont plus rien à voir avec ce qui se faisait dans les années 96. Il s’en est passé des choses en 20 ans.

Mais, comment a évolué le soutien entre malades et la solidarité avec les non-malades ? L’écoute téléphonique et l’accès à l’information ?

À l’époque, le premier contact était téléphonique et on envoyait par la poste de la documentation. L’association recevait aussi des lettres pleines de questions auxquelles nous répondions point par point.

En 2018, le contact se fait par la page Facebook (mais aussi le site internet, la plateforme et bien-sûr par mails), les documents et informations sont disponibles sur internet et sur notre plateforme Hépatante « Les malades vous parlent : vivre avec la maladie, témoignages, traitements, suivi ». Que de chemin parcouru !

Mais, c’est dans la défense et la représentation des usagers, que nous avons une révolution à faire !
Concernant l’accès universel aux traitements de l’hépatite C, nous nous sommes exprimés et avons pesé de tout notre poids sur les prix des médicaments.
Être dans les commissions de représentations, pour jouer notre rôle à temps plein. Participer à la surveillance sanitaire des médicaments, en déclarant nous-mêmes les effets secondaires que nous rencontrons (cette fonction est portée par le numéro vert depuis fin 2015).

Qui aurait pu imaginer il y a 20 ans, que les malades et les associations participeraient directement au dépistage, via les TROD pour obtenir l’éradication de la maladie.

Certains politiques, nous demandent déjà de parler plutôt de contrôle, mais non, nous restons fixés sur l’éradication, comme objectif à atteindre pour 2030.

Mais, tout ce chemin parcouru en 20 ans de lutte contre l’hépatite C, nous devons en tirer un enseignement pour la lutte contre l’hépatite B, et demain contre la NASH.

SOS Hépatites s’adapte aux nouvelles évolutions des maladies du foie, mais en restant fidèle au malade, en le représentant et en lui amenant toute l’information qu’il souhaite.

Un traitement pour tous de l’information pour chacun.

Pascal Mélin