LES AUTOTESTS À TOUT VA…

auto-testsIl y a quelques mois, la mise en vente libre des autotests VIH, dans toutes les pharmacies, avait fait couler beaucoup d’encre.

Faire un test seul, génère une angoisse et prive l’autotesteur de la rencontre de l’autre et de l’échange possible et donc de la verbalisation de ses questions. Il est privé aussi de l’accès possible à une expertise médicale.

Voilà une expérience datant de quelques jours, je me rendais dans une pharmacie pour retirer mon traitement. Je découvrais alors sur le comptoir de la pharmacie une gamme complète d’autotest produite par le laboratoire Mylan (génériqueur bien connu).

Comme vous pouvez le voir sur la photo, pour un prix unique de 12 euros l’autotest, vous pouvez en 10 minutes, à partir d’une simple goutte de sang connaître :

 – votre taux d’albumine,

 – votre bilan thyroïdien,

 – votre taux de fer ou de cholestérol,

 – votre statut vis à vis de la ménopause,

 – votre statut vis-à-vis de la maladie de Lyme,

 – ou encore doser vos marqueurs du cancer de la prostate.

Bref, cette multitude d’autotests était une véritable panoplie pour un hypochondriaque. Bien sûr, ces autotests valent 12 euros et ne sont pas remboursés par la sécurité sociale.

Nous venons d’obtenir la reconnaissance des TROD pour le VHC, ce qui comprend :

 – un test rapide,

 – mais aussi la rencontre d’un « questionnant » et d’un « répondant », rencontre entre deux personnes permettant d’obtenir un échange.

Alors, que faut-il penser de cette vague d’autotest ?

Pour certains, on ne manque pas de dire qu’en cas de doute il faudra rencontrer un médecin et faire des contrôles en laboratoire. Au final, vous en conviendrez que cela risque de générer de l’angoisse, de coûter cher au aux usagers, et de perturber la relation médecin-malade lors de la demande de contrôle.

Cette possibilité de s’autotester est symptomatique de l’évolution et des souhaits des malades. L’espace et l’équilibre de la relation médecin-malade évolue très vite.

De plus en plus souvent, la connaissance n’est plus uniquement du côté des médecins.

L’accès au savoir évolue, mais la réponse ne peut être uniquement l’autotest.

L’amélioration de la connaissance de soi par des tests quels qu’ils soient n’est pas suffisante pour définir une personne. Les comportements sont tout aussi importants pour définir un individu  que ses examens biologiques.

Alors, si on réfléchissait au rôle que l’on veut donner à ces autotests ?

Pascal Mélin

HÉPATITE C ET SIDA : N’OUBLIONS PAS LE TABAC…

hiv-vhc-et-tabacLa nouvelle est tombée hier et a fait grand bruit.

Une équipe Américaine publiait les résultats de suivi d’un groupe de malades vivant avec le VIH. La conclusion était édifiante : les malades avaient deux fois plus de risque de mourir des conséquences du tabac que de leur virus du VIH.

Mais comment en est-on arrivé là ?

Il faut pour comprendre, reprendre l’histoire. En 1990, date à laquelle les malades du VIH tombent comme des mouches, on compte alors plus de 5 000 morts par an. La courbe des décès s’inverse en 1996 (toute ressemblance avec une formulation politique ne serait que pure coïncidence).

Les malades arrêtent de mourir puis survivent et apprennent à vivre avec leur VIH. C’est le moment où les médecins s’aperçoivent de l’importance de la régularité de la prise médicamenteuse. L’éducation est en route, on parle d’observance, de compliance, de pardonnance ou bien encore d’adhérence au traitement.

Mais pendant ce temps, face aux malades survivants, les médecins deviennent compatissants et ils en oublient les bases même de la prévention médicale.

Ainsi, ils acceptent la prise de poids, les tensions artérielles un peu élevées et surtout ils ne disent rien face à un tabagisme souvent supérieur à celui de la population sans VIH : « On ne peut pas tout leur enlever quand même ! »

Progressivement, les gens ne meurent plus de leur SIDA mais des maladies cardiovasculaires ou des cancers induits par le tabac ou bien encore de leur foie quand ils ont une hépatite virale ou consomment de l’alcool plus que de raison.

Aujourd’hui, les malades vivant avec le VIH ne meurent plus de SIDA et les personnes vivant avec une hépatite C ne meurent plus de cirrhose. Voilà un point commun : il faut maintenant s’occuper du tabac !

L’étude qui prouvera qu’avec la guérison de l’hépatite C, les risques liés au tabac reprennent le dessus, n’est pas encore faite !

Mais n’attendons pas pour réagir. La guérison de l’hépatite C ne doit être que la première étape de la prise en charge d’une santé globale.

Au fait novembre n’est-il pas le mois sans tabac ?

Alors si vous êtes guéri de votre hépatite C, restez hépatant, occupez-vous de votre consommation de tabac, parlez-en à votre médecin ou sur notre ligne d’écoute et de soutien.

Pascal Mélin

AN APPLE A DAY KEEPS THE DOCTOR AWAY…

Que l’on pourrait traduire par : « Une pomme par jour garde le médecin éloigné » et ce n’est pas un slogan de la campagne présidentielle de Chirac.

La pomme est pourtant un symbole fort : Adam et Eve, Chirac, New-York, Apple ou Monsieur Newton.

On dit que, dans chaque dicton il y a une part de vérité.

En quoi une pomme mangée chaque jour permettrait de rester en bonne santé ?

Risible ? Peut-être pas !

En effet, de nombreuses études démontrent que les microbiotes intestinaux ont une action directe sur l’hépato-sensibilité de chaque individu.

Ainsi, certains d’entre eux protégeraient contre l’agression du foie.

Plusieurs études ont montré que des souris exposées à l’alcool, pourraient être protégées d’une hépatite alcoolique aiguée (HAA) grâce à ces mêmes microbiotes hépato protecteurs, qui sont associés à des ingrédients spécifiques et en particulier des pectines (une de ces expérimentations a été présentée à l’AFEF et est rapportée dans notre newsletter spéciale AFEF 2016 ICI).

Et savez-vous dans quel fruit il y a le plus de pectines ? Je vous le donne en mille : LA POMME !

Alors oui ! Une pomme par jour pourrait protéger et éviter de voir le docteur. Mais on est bien d’accord, il faut ingurgiter le fruit, et non un produit dérivé à base de pomme, comme le calvados ou le cidre…

Ces études innovantes sont passionnantes et viennent éclairer les concepts du « bien manger » et l’importance de l’hygiène alimentaire. Mais surtout, les nouveautés d’aujourd’hui éclairent et valident les dictons d’hier.

An apple a day keeps the doctor away…

Même si Churchill ajoutait, ironique : pourvu que l’on vise bien !

Pascal Mélin

L’HÉPATANTE N°12 – OCTOBRE 2016

ÉDITO : ADDICTOLOGIE & HÉPATOLOGIE

Pourquoi une Newsletter addicto ? Parce que c’est le thème de cette rentrée en hépatologie. Le premier organe qui souffre en addictologie, c’est le cerveau, mais ensuite, c’est le foie qui trinque. Progressivement, l’addictologie et l’hépatologie se rapprochent.

C’est ce qu’on retrouve aussi dans les faits, avec d’abord en août la publication du décret sur l’utilisation des TROD (test rapide d’orientation diagnostique) pour l’hépatite C, puis la publication du deuxième rapport Dhumeaux pour la prise en charge thérapeutique et le suivi de l’ensemble des personnes infectées par le virus de l’hépatite C, et enfin octobre 2016 a vu l’ouverture de la première salle de consommation à moindres risques (SCMR) à Paris que nous demandions depuis 2009.

La France s’est maintenant dotée d’un arsenal complet « accès universel au traitement », prise en charge à 100 %, abolition de la biopsie hépatique, SCMR, CSAPA, CAARUD, TROD. Il reste à mettre en cohérence dépistage, l’accès aux soins, le traitement et la guérison, ce qui n’est pas une mince affaire.

Les drogues peuvent parfois être le support pour véhiculer des virus (VIH/VHB/VHC), mais elles peuvent, comme pour l’alcool, avoir une toxicité directe sur le foie. On peut assister à tous les stades possibles : de l’hépatite aigüe jusqu’à la fibrose mutilante.
Mais la forme terminale et commune reste trop souvent la cirrhose.

On souhaiterait que tous les hépatologues lors de leur formation passent dans un service d’addictologie et réciproquement.

Cette newsletter veut ouvrir le monde de l’hépatologie à celui des addictions. Les malades doivent apprendre à connaître et reconnaître leurs pathologies si nous voulons que les médecins puissent eux aussi se retrouver et se parler…

 Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

 

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« #SAVOIR C GUÉRIR », DES ARTISTES SE MOBILISENT POUR LE DÉPISTAGE UNIVERSEL

Les Bénévoles de l’association SOS Hépatites ont eu la chance et l’immense plaisir de participer, le 2 octobre 2016, à l’enregistrement des chœurs de la chanson John Doe. C’est dans la bonne humeur qu’ils ont donné de la voix lors de ce moment unique qui restera à jamais dans leurs mémoires.
Cette chanson Rock écrite par l’artiste internationale Jewly (dans le cadre de son 3eme Album) entourée de musiciens et professionnels de renoms marque le début du projet « #SavoirCguérir » porté par le fond de dotation CultureAngels* en partenariat avec SOS hépatites, dont le but est d’inciter la population à se faire dépister afin de pouvoir, le cas échéant, bénéficier d’un traitement et mettre fin à l’épidémie…
La musique est un média de communication, qui touche tout le monde. C’est donc un outil essentiel vers le dépistage universel. (Cf. Recommandations Rapport Dhumeaux 2016).

Pourquoi le titre « John Doe » ? Car c’est la personne désignée à l’international pour exprimer Monsieur tout le monde, Monsieur ou Madame X. C’est pour dire que cela peut arriver à n’importe qui et que l’hépatite peut être à côté de nous sans le savoir. La prise de conscience est universelle.

Dans ce cadre, il paraissait fondamental que Jewly associe les bénévoles tout au long de la démarche de l’écriture en passant par l’enregistrement jusqu’au tournage du clip de John Doe. Ce dernier a eu lieu le 23 octobre 2016. Frédéric, Marie-Françoise, Marie-Jeanne, Céline et Richard ont pu, l’histoire d’une après-midi, se mettre dans la peau de John Doe et participer au tournage vidéo. Ils ont pu connaître de belles émotions en étant mis en valeur par une équipe professionnelle et bienveillante. Pour chacun ce fut une après-midi exceptionnellement riche. Ce fut une belle expérience de pouvoir être devant la caméra et écouter les conseils d’un metteur en scène, ce qui restera également un moment unique dans leur vie.
Vous découvrirez prochainement sur le site et les réseaux sociaux de SOS hépatites des photos prises lors du tournage. Rendez-vous en Mars 2017 à Paris pour le lancement du 3eme album de Jewly…

*#CultureAngels associe un Fonds de dotation (gouvernance, levées et allocation des fonds d’amorçage), des lieux « pépinière » ConnectAngels (lieux d’expérimentations créatives, co-création, accompagnement professionnel) et une communauté R&D créative (mentors de la définition des besoins et de la création des nouvelles pratiques)

 

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Pour retrouver l’artiste : www.jewlymusic.com

contact: jewly@jewlymusic.com

 

CHAUD ET FOIE…

vitamine-d-et-foieSouvenez-vous, vous aussi votre grand-mère vous a dit : « Va te mettre au soleil, tu feras de la vitamine D ».
Soleil, vitamine D et cirrhose : qu’avons-nous compris ?

Il faut d’abord comprendre que le taux de calcium, doit rester stable dans l’organisme. La majeure partie de notre stock et de notre réserve se situe dans nos os.

Pour maintenir notre taux de calcium deux systèmes s’opposent :
• la vitamine D qui aide à capter le calcium dans notre intestin et à le faire rentrer dans nos os en participant à la calcification de notre squelette ;
• et la PTH (parat-hormone produite par les parathyroïdes) qui permet de relarguer le calcium de l’os vers le sang.

La PTH est une hormone qui se met en route quand le taux de calcium baisse.
La vitamine D comme son nom l’indique est une vitamine c’est-à-dire qu’elle ne peut être synthétisée par notre organisme.
Il y a plusieurs façons de produire de la vitamine D efficace et ce d’autant que 75 % de la population est carencée.
La première est bien en rapport avec le soleil. Certains types de cholestérol lorsqu’ils sont sous la peau, vont se transformer en vitamine D grâce aux Ultra-Violet. Mais cette voie est accessoire.

La vitamine D qui est apportée par l’alimentation, c’est la deuxième voie. Mais la vitamine D d’origine animale n’est pas fonctionnelle dans un organisme humain. Pour être efficace, la vitamine D doit subir 2 transformations, deux hydroxylations pour devenir la 1-25 di-hydroxy-vitamine D. Pour ces deux hydroxylations l’une doit être réalisée par le foie et l’autre par le rein.

Si vous suivez mon raisonnement, vous comprendrez aisément qu’en cas d’insuffisance hépatique ou rénale la vitamine D efficace n’est pas en dose suffisante, ce qui oblige l’organisme à puiser dans les réserves osseuses pour maintenir la calcémie normale et cela peut entrainer la fragilisation de l’os.

Venons-en au cas des patients cirrhotiques, ils sont déficitaires en vitamine D, l’organisme secrète de la PTH pour maintenir la calcémie mais pendant ce temps, les os se décalcifient. Le patient atteint de cirrhose est plus à risque de fractures et si celles-ci surviennent, on assiste souvent à des retards de consolidation par manque de vitamine D. C’est pourquoi, on propose au patient cirrhotique de prendre en complément de son traitement une vitamine D directement efficace…

D’ailleurs vous souvenez-vous de votre grand-mère et de ses cures d’huile de foie de morue ?

En effet, la vitamine D se stocke dans le foie. C’est pourquoi pour combler nos déficits, on propose de l’huile de foie de morue riche en vitamine D (mais celle-ci devra encore être transformée).
Aujourd’hui, nous disposons de vitamine D directement efficace pour laquelle on peut se contenter d’une ampoule par mois.

Alors amis du club des F4 et donc en stade de cirrhose, ne vous décalcifiez pas. Préservez votre capital osseux en prenant régulièrement de la vitamine D efficace.

Pascal Mélin

VOUS AVEZ PLÉBISCITÉ NOTRE NEWSLETTER, MERCI

la-newsletterVous êtes bientôt 1000 abonnés à notre newsletter l’Hépatante !

Lors de sa dernière parution pour la clôture des Journées scientifiques de l’AFEF et congrès 2016 à Bordeaux, les news ont été mises en ligne le samedi à 14h. Le lundi suivant à la même heure un tiers des abonnés avait ouvert notre newsletter.

Toute l’équipe de SOS hépatites vous dit UN GRAND MERCI.

Merci, car cela nous motive et nous rappelle que le besoin d’information des Hépatants par des Hépatants doit être au cœur de nos préoccupations.

Dans quelques jours nous allons envoyer une newsletter spéciale addictions.
En effet, les pathologies addictives sont encore mal connues et les malades qui en souffrent payent un lourd tribut aux maladies du foie. Des pathologies addictives silencieuses qui ne veulent par dire leurs noms, des complications hépatiques silencieuses.

C’en était trop pour SOS hépatites, nous allons donc mettre l’éclairage sur ce sujet. Pour recevoir notre newsletter rien de plus simple, un seul mot d’ordre : ABONNEZ-VOUS ET FAITES NOUS CONNAITRE…

Pour vous abonner, cliquez ICI, en 15 secondes ce sera fait…

Merci de votre soutien !

Pascal Mélin

ON A ENFIN VU LE VIRUS DE L’HÉPATITE C…

virus-de-lhepatite-cOuf, il était temps… On a failli faire disparaître le virus de l’hépatite C de la planète sans jamais l’avoir vu ! Cela fait 27 ans qu’on lui court après.

D’habitude, le progrès médical se fait du plus grand vers le plus petit. Mais là non !

Le virus de l’hépatite C, alias NON A-NON B quand on ne le connaissait pas, n’a pas suivi l’ordre habituel de la mise en évidence de la particule virale avant de découvrir son matériel chromosomique.

Non, pour l’hépatite C, on a d’abord découvert le génome (matériel chromosomique) avant le virus. Et malgré tous les efforts aucune équipe ne l’avait pris en photo.

Un vrai monstre du Loch-Ness de l’hépatologie ce VHC.

Mais, hier une dépêche de l’Agence de Presse Médicale nous apprenait que Jean Christophe MEUNIER et Éric PIVER de l’INSERM de Tours avait enfin réussi à le photographier.
Aujourd’hui, on comprend mieux la difficulté à le voir car il a une technique de camouflage bien a lui : il se cache dans une particule de graisse ce qui probablement gêne sa reconnaissance par le système immunitaire et explique son passage à la chronicité.

On a donc une photo de l’ennemi qui décidément ne fait rien comme les autres, première maladie chronique guérissable, on connaît maintenant son chromosome de façon précise et des traitements spécifiques sont actuellement utilisés permettant de guérir plus de 95% des personnes infectées.

Un virus tout le contraire de l’homme, on connaissait mieux l’intérieur que sa surface !

Voilà un pas de plus vers l’élaboration d’un vaccin car rappelons que si l’on peut en guérir, on ne peut encore pas prévenir l’hépatite C via un vaccin.

 Pascal Mélin

L’ANRS (Agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites virales) et le CNS (Conseil national du sida et des hépatites virales), avec le concours de l’AFEF (Association française pour l’étude du foie), ont rendu le 17 octobre à Marisol Touraine leurs recommandations quant à la mise en œuvre de l’accès universel aux traitements innovants de l’hépatite C, suite à l’engagement de la ministre annoncé le 25 mai.
Le rapport coordonné par Pr Daniel Dhumeaux est disponible sur ce lien

SOS Hépatites s’est largement mobilisée pour l’écriture de ce rapport, vous trouverez dans notre prochaine lettre notre analyse des recommandations.

Vous pouvez vous inscrire à notre lettre ici

ILS SONT GUÉRIS DE LEUR HÉPATITE C…

guerir-de-lhepatite-cC’est un couple, comme les hépatologues en voient beaucoup, tous les deux porteurs d’hépatite C.

Ils sont suivis depuis 15 ans. Monsieur est en stade de cirrhose, il a donc reçu plusieurs traitements en commençant par l’interféron et la ribavirine sans succès, avant de pouvoir obtenir une guérison virologique avec les nouveaux traitements.

Après beaucoup d’hésitation, madame a attendu d’être en retraite pour débuter un traitement.

Hier, elle venait honorer sa consultation 6 mois après la fin de celui-ci. Je lui annonçais donc sa guérison et l’infirmière d’éducation la remerciait de sa carte postale de l’été sur le chemin de Compostel. La patiente nous expliquait alors qu’elle voulait changer sa vie et revenir sur son parcours, elle avait décidé de se lancer sur le chemin de Compostel. Elle avait mis l’amélioration de son état physique, obtenu par la guérison, à marcher et réfléchir. Sa déclaration était émouvante, touchante, elle nous racontait son combat pour donner un sens à sa guérison…

Mais brutalement, son visage se crispa et les yeux mouillés, elle nous demanda : « Je peux vous demander quelque chose ? Pourriez-vous, s’il vous plaît, éliminer ça ? » Joignant le geste à la parole, elle sortait de son sac une boîte pleine d’aiguilles.

Cette boite appartenait à son mari et datait de son premier traitement par interféron injectable. « Cette boîte était dans notre salle de bain et trônait dans un coin pour nous rappeler notre passé. Je voudrais maintenant passer à autre chose… ». Elle me tendait sa boîte d’aiguilles usagées et j’acceptais cette relique, conscient de sa représentation et sa valeur. Dernière trace, dernier rempart à la guérison, l’après-traitement commençait maintenant, tout de suite et grâce à ce don.

L’après-traitement prenait toute sa place.

Quelle vie après et sans l’hépatite C ?

Ce soir, votre salle de bain sera tout à vous…

Pascal Mélin

IL VAUT MIEUX PAS DE STATUT QU’UN STATUT ANCIEN…

visa-expireNous vivons à une époque où les valeurs et le sens de la prise en charge sont bouleversés et donc de moins en moins cohérents.

Je voudrais vous raconter l’une de mes dernières consultations.
Je recevais des migrants qui avaient bénéficié d’un dépistage et chez qui on avait découvert un portage chronique de l’hépatite B.

L’un d’entre eux était porteur d’une forme agressive et nécessitait la mise en route d’un traitement immédiat. Traitement mis en place dans l’heure grâce au système PASS (Permanence d’Accès aux Soins) qui permet un accès rapide aux soins pour toute personne sans couverture sociale.

Je me félicitais que cette solidarité sanitaire soit encore fonctionnelle même si des voix s’élèvent pour la dénoncer ou pire encore imaginent la supprimer.

Quelques heures après je recevais une ressortissante d’un pays étranger (dont je tairai le nom par souci de confidentialité), elle était en France avec un VISA et nous l’avions prise en charge pour un SIDA, mais elle devait être opérée, le VISA avait expiré et nous avions entrepris les démarches sociales auprès de la préfecture, car les soins nécessaires à sa santé n’étaient pas réalisables dans son pays d’origine. Mais, la préfecture a refusé toute prise en charge nous expliquant que le visa étant expiré, elle devait absolument rentrer chez elle et ne pouvait rester.

En conclusion : il est plus facile d’être soigné quand on est sans papier et en situation irrégulière, qu’en situation irrégulière pour cause de visa périmé.

Il semble donc que les valeurs soient aléatoires en ces temps difficiles…

Pascal Mélin

SCMR… NOUS VOILA…

salles-de-shootApres dix ans de bataille, la première Salle de Consommation à Moindre Risque (SCMR) a été inaugurée ce matin à Paris par les plus hautes autorités de la capitale et du ministère de la santé.

Les salles de consommation à moindre risque ont prouvé leur intérêt dans tous les pays où elles ont été mises en place.

En Europe, plusieurs pays l’ont expérimenté avec succès, la France était en retard sur ce sujet. Les SCMR ne sont pas une fin en soi mais un outil supplémentaire dans l’accompagnement et la prise en charge des usagers de drogue.

Eviter par tous les moyens possibles de nouvelles contaminations par des hépatites virales, c’est le crédo de SOS hépatites ! Les SCMR devenaient donc aussi importantes que la vaccination contre l’hépatite B et c’est pourquoi nos représentants parisiens se sont engouffrés dans le collectif du 19 mai. Ce collectif visait à obtenir des pouvoirs publics l’expérimentation des SCMR trop mal nommées « salle de shoot ».

Aujourd’hui c’est chose faite, la SCMR de Paris est inaugurée en attendant celle de Strasbourg dans quelques temps. Apres de nombreuses années de polémiques et de jugements, résumé dans le surnom « salle de shoot », la raison médicale a été entendue. Car c’est là que le débat doit être, les publications scientifiques l’ont montré, il vaut mieux accompagner plutôt que pénaliser.

Il y a un siècle, Paris connaissait des fumeries d’opium qui étaient toutes des régies d’état. Après une fermeture puis une répression, la loi de 70 avait mis en place d’autres équilibres. Aujourd’hui, c’est l’accompagnement qui est gagnant et la démonstration que les usagers de drogue n’en sont pas moins citoyens…
La preuve, si on leur explique les choses ils se vaccinent, se dépistent, se traitent et évitent les nouvelles infections. C’est la RDR (Réduction Des Risques) que nous devons inventer au quotidien. Mais le chantier est loin d’être terminé ! Allons-nous oser rebattre et expérimenter l’échange de seringues en prison ? Ou revoir la loi de 70 ?

SOS hépatites est fière de l’aboutissement de ce combat pour les SCMR, même si les médias ont été très discrets ce jour. D’ailleurs, si vous chercher SCMR dans un moteur de recherche vous trouverez toujours une société savante américaine : Society for Cardiovasculaire Magnétique Résonance…

Il y a encore du travail pour passer de l’expérimentation à l’usage validé mais nous continuerons de suivre ce dossier.

Pascal Mélin