« Pour le bilan prénuptial… on fait comment maintenant ? »
Je suis bien évidemment favorable au « mariage pour tous » en tant que citoyen. En revanche, je me retrouve en difficulté dans mon rôle de médecin. En effet que fait-on du bilan prénuptial ? La loi imposait depuis 1942 deux consultations médicales séparées et des examens biologiques visant à l’élaboration d’un certificat médical à fournir en mairie pour déposer une demande de mariage et publier les bans. Le législateur, dans sa grande sagesse, persuadé que l’on se mariait avant de faire des enfants, avait imaginé un dispositif de prévention dans le champ de la santé en demandant certains tests biologiques. Ces tests comportaient celui de la syphilis, puisque des traitements existent et permettent d’éviter sa transmission dans le couple ou de la mère à l’enfant, le groupe et le rhésus sanguin afin de dépister tout risque d’incompatibilité mère/enfant, la rubéole et la toxoplasmose pour prévenir le risque de transmission de ces maladies à l’enfant et les malformations qu’elles sont susceptibles d’engendrer.
Ces bilans prénuptiaux étaient destinés non pas seulement au dépistage de maladies chez les futurs mariés mais bien à la prévention de risques évitables autour d’une future grossesse. En revanche, le test du VIH n’était pas obligatoire mais simplement conseillé et à l’inverse le test de la syphilis fut retiré de ce bilan et non recommandé depuis, alors que l’on assiste à une recrudescence de l’épidémique de cette maladie. Et puis finalement, ce bilan prénuptial n’a plus été obligatoire en 2008 au prétexte que 50 % des enfants naissaient désormais en dehors des liens du mariage.
Le mariage pour tous devrait nous amener à repenser la question de ce bilan. En effet, à l’heure où l’on peut regretter certains temps de bilans et de dépistages en matière de santé tels que le service militaire ou encore le mariage, peut-être serait-il intéressant aujourd’hui dans le cadre du mariage pour tous de réfléchir à un nouveau bilan, sérologique notamment ? Ces examens ne viserait plus la sécurité du futur bébé puisque ces tests ont étés redirigés vers les gynécologues obstétriciens qui suivent les grossesses mais pourraient avoir pour objectif de dépister certaines infections transmissibles les plus courantes comme la syphilis, le VIH, l’hépatite B ou encore l’hépatite C.
Peut-être allez-vous penser que ces quelques réflexions ne constituent qu’un rêve de prévention mais en tous les cas, cela fait un bien fou de le partager avec vous en l’écrivant.
Pascal Mélin