Je suis contre les salles de shoot, car ces mots sont juste… inacceptables.
Par le simple fait que l’expression « salle de shoot » est démagogique et ne laisse pas celui qui écoute, réfléchir et se faire sa propre idée. L’image d’une « salle de shoot » contient en son sein le refus et le blocage.
Le shoot résume à lui seul ce que la population rejette, à savoir l’injection de drogues et non la personne qui a ce comportement. Mais si l’on vous dit Salle de Consommation à Moindre risque (SCMR), cela ouvre au débat et à la discussion non ? On parle alors d’un comportement et d’un usager, et d’un usager que l’on peut éduquer aux risques. Vous voyez bien que le concept de Réduction Des Risques (RDR) se situe alors dans le prolongement de cette réflexion.
Alors comprenez ma colère quand des journalistes affirment ouvrir le débat en titrant sur les salles de shoot car c’est tout le contraire qu’ils réalisent. Parler de salle de shoot c’est prendre parti et stériliser à la fois l’information et le débat. Il n y a alors pas de place pour les infections virales ni même pour décrire un parcours et proposer une rencontre avec des soignants pour des soins. Et que dire du mot expérimentation que l’on oublie, les SCMR rentre dans le cadre d’un processus expérimental qui permettra de prendre une décision politique à la fin de se programme.
Autre exemple d’actualité, le « Mariage gay » avec son cortège de mots traduisant tant de représentations qui opposent et provoquent les affrontements. Pourtant, si l’on parle de « Mariage pour tous », le débat peut s’ouvrir alors naturellement, sans parti pris car notre inconscient n’est pas pollué par des représentations préétablies.
Vous l’avez compris, les mots influencent les débats qu’ils ouvrent. Si l’on vous qualifie de « non répondeurs au traitement » de votre hépatite C alors que votre charge virale est passée de 1 million à 100 000 virus, le technicien dira qu’en trois mois, votre virémie n’a perdu qu’un log, et pourtant l’optimiste pourrait souligner que 90% des virus ont disparu ! Combien de personnes atteignent 90% de leurs objectifs dans d’autres champs ? Celles qui ne les atteignent pas sont-elles pour autant qualifiées de non répondeurs ? Diriez vous que des soldes à 90% ne répondent pas à votre attente ?
Alors restons vigilants pour ne pas laisser le germe du non débat s’immiscer en nous. La maladie doit nous inciter à conserver un esprit critique même si chacun est en droit de garder son libre arbitre au sujet des SCMR, du mariage pour tous, ou bien encore sur la réponse au traitement, ou les soldes.
Et le vrai non répondeur ne pourrait-il pas être le professionnel de santé qui ne prend pas le temps de répondre aux questions que lui pose le patient ? Toutes ces questions, si l’on accepte le débat sans parti pris, sont passionnantes et c’est ce que SOS hépatites a tenté de faire à travers cette dernière campagne et l’ouverture d’un forum de discussion sur doctissimo.
Plus j’y pense, plus je suis favorable à l’ouverture et à la généralisation des SCMR dont j’attends l’évaluation. Mais viscéralement je reste contre les salles de shoot !
Pascal Mélin
rajeu