Cela fait un an que deux nouvelles antiprotéases (Telaprévir et Boceprevir) sont à notre disposition dans la lutte contre l’hépatite C. Ces deux molécules doivent être évaluées : ont-elles modifié le « paysage » hépatologique comme on nous l’annonçait ?
À regarder certains chiffres, oui… mais pas comme on l’imaginait !
Alors que les nouveaux traitements permettent d’obtenir 30% de guérisons supplémentaires, l’année 2012 a vu le nombre de patients traités baisser de 30% par rapport à l’année précédente.
De plus, bon nombre de ces patients étaient des malades en « multi-échec » thérapeutique et ont donc présenté une moins bonne réponse au traitement que celle attendue.
En résumé, malgré l’arrivée de nouveaux traitements plus puissants, le nombre de malades guéris de leurs virus en 2012 est en baisse par rapport à celui de 2011 mais pour un coût plus élevé.
Lorsqu’on interroge les hépatologues sur ce paradoxe, le caractère chronophage du suivi lié à ces nouveaux traitements est fréquemment évoqué, notamment à cause d’effets secondaires importants nécessitant des consultations plus rapprochées, ce qui peut se résumer par : « trithérapie, trois fois plus de temps ! ».
Alors qu’on imaginait passer les 20 000 traitements par an contre les 14 000 ou 15 000 antérieurement, le nombre de traitements instaurés en 2012 se situerait autour des 12 000.
Le compte n’y est pas et les centres de référence ou encore les équipes universitaires réclament plus de moyens et plus de bras pour prendre en charge ces patients mis en attente.
À SOS Hépatites, nous avons cependant fait un constat supplémentaire que nous déplorons : les petites équipes qui traitaient quelques patients par an, se sont souvent rétractées expliquant que ces nouvelles molécules nécessitaient du temps et des compétences qu’elle n’avait pas ou plus !
Face à ces constats et malgré les progrès en matières de nouveaux traitements mis sur le marché, nous pouvons craindre de voir s’aggraver les inégalités de santé en région. En effet, le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous et chaque patient devrait pouvoir être suivi à moins de 100 kilomètres de chez lui sans avoir à parcourir 300 km pour accéder à une équipe susceptible de lui prescrire le traitement dont il a besoin.
Toute maladie chronique n’est « accompagnable » que dans la proximité, même si l’on tente de développer les suivis téléphoniques ou les « visio-accompagnement » qui ne restent pour l’instant qu’à l’état expérimental.
Nous demandons que l’année 2013 soit l’année de la publication d’un rapport d’experts afin de travailler sur les bonnes pratiques de prise en charge des patients atteints d’hépatite C avec mise en place d’une stratégie régionale d’acquisition de compétences et d’obtention de moyens visant à démultiplier les lieux de prise en charge de qualité.