La semaine dernière, lors de la consultation d’addictologie, j’accueillais une jeune femme pour un relais méthadone. En effet, elle était venue dans notre région pour un travail saisonnier. Mais comme tout patient sous traitement par méthadone, les ordonnances doivent être refaites tous les 14 jours dans le cadre d’une consultation médicale. C’est ainsi que je faisais connaissance avec Martine.
L’ordonnance faite et les papiers habituels remplis, je lui demandais comment elle allait, elle m’expliqua alors que le travail était dur et qu’elle se sentait fatiguée et n’arrivait pas à récupérer. Je lui demandais alors si elle avait été dépistée contre l’hépatite B et C ainsi que le VIH. Elle m’expliqua que tout était négatif, mais qu’elle n’avait pas été vaccinée contre l’hépatite B. Je continuais dans les questions en lui demandant si elle avait déjà injecté des produits… Elle hésita avant de me répondre oui, il n’y a pas longtemps…
En reprenant l’histoire, Martine avait bien injecté des drogues 3 semaines avant de venir faire sa saison. Mais comme beaucoup d’usagers, elle ne savait pas s’injecter. C’est donc un ancien (porteur d’hépatite C) qui lui a réalisé son premier shoot. Mais Martine a fait attention d’utiliser du matériel propre et stérile comme on lui avait expliqué lors des ateliers RDR du centre méthadone…
Mais aujourd’hui, ce qu’elle me décrivait avait toute ressemblance avec une hépatite C aigue : fatigue nouvelle, perte d’appétit, vomissement, amaigrissement… Nous avons rapidement réalisé un bilan biologique et virologique, mais je ne serai pas surpris que Martine vienne de se contaminer par le virus de l’hépatite C.
C’est souvent lors des premiers shoots initiatiques que les usagers de drogue se contaminent même s’il n’y a pas de véritables échanges de matériels, l’initiateur peut avoir du sang infecté sur les mains et ainsi transmettre le virus lors de l’injection.
L’éducation préventive à la première injection est un concept et un programme difficile à tenir…
Il est peut-être plus simple de traiter tous les usagers porteurs du VHC pour éviter sa dissémination…
Pascal Mélin
Il est de toute façon plus humain de traiter tout porteur du VHC, usager de drogue ou non. La question ne se pose pas, on ne veut pas de discrimination entre les patients.