CANCER DU FOIE : SI C’EST POSSIBLE AU JAPON…

CANCER DU FOIE : SI C’EST POSSIBLE AU JAPON, ON DOIT POUVOIR LE FAIRE EN FRANCE, NON ?

On est champion ou on ne l’est pas ? Sûrement pas pour le cancer du foie !

Même si beaucoup de pays nous envient notre système de soins et nos hépatologues, la prise en charge du cancer du foie en France reste le bonnet d’âne de notre hépatologie nationale.

Osons la comparaison avec nos amis nippons.

Au Japon, plus de 70 % des cancers du foie sont dans une prise en charge curative, contre 30 % en palliatif. En France, les chiffres sont simplement inversés !

Seuls 30 % des cancers du foie sont pris en charge à un stade où l’on peut les faire entrer dans un projet curatif avec espoir de guérison, alors que dans 70 % des cas, la prise en charge sera d’emblée palliative.

Alors pourquoi ?

Les Japonais, pour des raisons culturelles ne pratiquent pas la greffe d’organe avec donneur décédé. Mais, ils ont développé la greffe du foie à partir de donneur vivant et ont une très satisfaisante expérience de la chirurgie tumorale.

En France, bien que nous ayons la transplantation dans notre arsenal qui est de plus en plus riche, deux problèmes se posent à nous :

1/ Le maillage du territoire français est inacceptable en ce qui concerne les plateaux techniques. Beaucoup de régions ne possèdent pas en un même lieu l’ensemble des stratégies thérapeutiques possibles. Cela fausse bien sûr les réunions de concertations pluridisciplinaires. Moins de dix régions ont un plateau technique complet, mais pas toujours sur un même site. Il est urgent de faire un état des lieux de ces plateaux techniques.

2/ Pour être pris en charge correctement, le cancer du foie doit être attendu et non découvert par hasard à un stade trop souvent tardif. C’est parce que plus de 90 % des cancers du foie surviennent sur des cirrhoses préalablement présentes, que l’enjeu de la prise en charge du cancer du foie est bien celui du dépistage de la cirrhose avec son suivi correct par échographie bi-annuelle. Et c’est là, que le bât blesse en France ! On estime à 800 000 le nombre de cirrhotiques en France (quelle qu’en soit la cause) et selon la Caisse Primaire d’Assurance Maladie, il n’y aurait que 50 000 ALD (prise en charge à 100 %) pour suivi de cirrhose.

Il est temps de hurler. Aussi, l’amélioration de la prise en charge du cancer du foie est dans le sillon de notre campagne bruyante !

Si c’est possible au pays du soleil levant, ça doit l’être en France.

Pascal Mélin

P.S. : si l’INCA a besoin de nous pour travailler sur le parcours de soins du cancer du foie, nous répondrons présent !

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2 commentaires sur “CANCER DU FOIE : SI C’EST POSSIBLE AU JAPON…

  1. Merci pour cet article et vos efforts constants . C’est toujours la prévention qui prévaudra : Prévenir la cirrhose du foie par un suivi jugé correcte des porteurs des virus de l’hépatite C et B en particulier et l’alcoolisme surtout; en suite comme dit plus haut,  » le cancer du foie doit être attendu et non découvert à un stade tardif ». Rappelons aussi l’émergence du syndrome métabolique avec la stéatose hépatique qui peut s’associer au portage viral chronique et constituer un facteur augmentant le risque de survenue du cancer du foie.

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