Un jour, un patient, qui devait être greffé du foie, m’a demandé la chose suivante : « Est-ce que vous pouvez me garantir que si on me greffe je ne vais pas recevoir le foie d’un noir ou d’un étranger ? »
Cette question m’a profondément choqué et je lui ai répondu négativement en lui expliquant que les dons d’organes étaient anonymisés.
Pourtant les discussions sur la compatibilité des greffes du foie sont un vieux serpent de mer et plusieurs équipes disent sous le manteau qu’en cas de différences ethniques les chiffres de compatibilité sont moins bons ! L’explication est probablement à chercher du côté du système HLA que l’on ne connait pas encore complètement.
Mais une telle information mal communiquée ou mal interprétée peut rapidement être taxée de propos racistes ou xénophobes !
Une étude publiée le 2 janvier par le Dr Silva dans un journal Américain de chirurgie intitulé : « Effect of Donor Race-Matching on Overall Survival for African American Patients Undergoing Liver Transplantation for Hepatocellular Carcinoma. »
Vient semer le trouble !
L’équipe est partie d’une constatation simple : les afro-américains qui bénéficient d’une transplantation hépatique pour cancer du foie ont une meilleure survie quand le foie greffé est afro-américain !
Une telle remarque méritait bien une étude plus solide. La survie des patients afro-américains était toujours inférieure à celle d’une population caucasienne, de telles constatations sont connues aussi pour des transplantations rénales, cardiaques ou pulmonaires. On a toujours pensé que cela était dû au receveur d’organe…
En reprenant les registres de transplantations hépatiques entre 1994 et 2015 on retrouve 1384 afro-américains transplantés. Dans 23,5% des cas, le greffon venait d’un patient de la même origine ethnique.
En cas de greffe appariée ethniquement, la survie globale à 5 ans était de 64,2% contre 56,9%. Un foie d’origine caucasienne était associé à une survie significativement moins bonne, de même en cas d’origine hispanique ou asiatique !
On aimerait que les données européennes s’autorisent à faire la même étude même si elle peut sembler critiquable au niveau éthique. Mais si de tel résultats sont confirmés, cela pourrait remettre en cause les critères d’attribution des greffons… Mais attention à la xénophobie ou au racisme, il faudra de la pédagogie pour argumenter de tels résultats !
Pascal Mélin