Tout le monde a son Mac, le tennis, la voile, Shakespeare, les ordinateurs et même les malades hépatants. En effet, nous avons Mac Hutchinson pour beaucoup d’entre nous, les gueules cassées, Mac Hutchinson fut le père du 80 fois trois, valable pour une bithérapie interferon pégylé/ribavirine. Dans les années 2000, il fut le premier à reprendre la grande série qui avait prouvé l’efficacité de l’association interféron-ribavirine en se demandant quelle était la dose optimale pour les malades. Quelle était l’observance ou la compliance nécessaire pour garantir les chances de guérison ?
La réponse était le 80X3, pour un traitement de 48 semaines. Il fallait prendre au moins 80% de la dose théorique d’interféron avec 80% de la dose théorique de ribavirine pendant au moins 80% du temps soit seulement 10 mois sur les 12 théoriques. Dans les congrès, ce brillant orateur évoquait la difficulté de l’observance, la difficulté des malades avec leur traitement. Il expliquait alors que pour vaincre la maladie à l’échelon planétaire, il faudrait des traitements de prise orale simple, dépourvus d’effets secondaires, de durée courte avec une grande efficacité. Quinze années ont passé et nous y sommes arrivés, plus de 90% de guérison avec deux comprimés (bientôt réduit à un seul) pendant trois mois avec peu d’effets secondaires.
Il n’est pas étonnant que notre Mac de l’hépato soit maintenant passé de son poste de professeur universitaire d’hépatologie à celui de médecin à temps plein chez Gilead international. Maintenant que les médicaments sont là nous espérons sincèrement monsieur Mac Hutchinson que vous vous souviendrez de vos engagements envers les malades du monde entier. Vous qui êtes maintenant dans le camp de l’industrie pharmaceutique, merci de relayer notre combat pour l’accessibilité du traitement à tous dans le monde et ce, à un prix décent. Un traitement pour tous une guérison pour chacun, nous continuerons de le réclamer encore & toujours.
Mais nous souhaitons aussi que la puissance des nouveaux traitements ne nous fasse pas oublier que la compliance n’est pas un acte naturel. Les plus réactionnaires d’entre nous hurlent qu’un malade ne doit pas devenir l’esclave de son traitement, alors maintenant, qui va parler de l’observance des nouveaux traitements et de son importance ? Et oui ! Pourquoi ce ne serait pas les malades eux-mêmes ?
Pascal Mélin