Vous êtes de plus en plus nombreux à vous intéresser à l’hépatite B et à nous poser des questions. Les plus curieux nous posent souvent la question suivante : pourquoi si un enfant se contamine de l’hépatite B à la naissance, il passera à la chronicité dans 90% des cas alors qu’à l’âge adulte, ce chiffre n’atteint pas 10% ? À quel âge se fait le changement ?
C’est le paradoxe de l’hépatite B.
Lors de l’accouchement, si le bébé se contamine en naissant d’une mère porteuse du virus, le risque de passage à la chronicité est de 90% alors qu’en cas de contamination à l’âge adulte, il est de moins de 10% (si vous n’êtes pas vacciné). Pour répondre à cette question, reprenons un texte déjà publié sur le blog en janvier 2013.
Il faut reprendre des travaux publiés en 1993, vous noterez au passage que de tels travaux ne seraient plus éthiques car on ne peut imaginer suivre des enfants nés de mère atteinte d’hépatite B sans les vacciner. Cette équipe a repris tous les cas d’hépatite B aigüe pédiatrique pris en charge et a suivi les enfants en fonction de l’âge au moment de leur contamination. Ils confirment alors que le taux de passage à la chronicité à la naissance est bien de 90% puis de 80 à 6 mois pour atteindre les 50% avant l’âge de 1 an et passé 5 ans, les résultats sont identiques aux chiffres retrouvés chez les adultes avec 5 à 10% de passage à la chronicité. On peut retenir plusieurs leçons d’une telle étude, premièrement à la naissance le système immunitaire n’est pas opérationnel pour lutter contre une hépatite B, et celui-ci mettra plusieurs années à devenir mature, il est donc préférable de vacciner les nourrissons et c’est là sans doute, la deuxième leçon à retenir.
En 2015, avec les moyens de prévention il est inadmissible de laisser sur la planète une femme accouchée sans la dépister au moins par un TROD VHB et il est alors criminel de ne rien faire pour l’enfant en le laissant entré 9 fois sur 10 dans une maladie chronique.
Pascal Mélin