Les Champs-Élysées approchent et la consécration du maillot jaune aussi. Pourtant, cette année encore, la grande boucle a encore été le théâtre de dopage. On a d’ailleurs appris que « stricto sensu » la cocaïne n’est pas un produit dopant ! En effet, elle n’augmenterait pas les résultats mais serait simplement un traitement antiasthéniant. Les performances d’autres sportifs laissent planer le doute…
En 2015, dans la lutte contre l’hépatite C nous avons remportés la course d’étape des médicaments avec des molécules permettant de guérir plus de 90% des malades. Maintenant pour gagner le tour de France des hépatites il nous faut gagner l’étape du dépistage et celle de l’accès aux soins. Et là ce sont des courses contre la montre et par équipe !
Le dopage a une place dans le dépistage. En effet, dans les années 80-90, l’utilisation de produits dopants était monnaie courante et pas seulement en compétition. De nombreuses personnes ont eu recours à des produits injectables pour augmenter leurs résultats ou leur masse musculaire.
Mais le hic était dans l’accès aux seringues : toxicomanes et sportifs dopés même combat !
Tous les hépatologues de France ont, dans les patients qu’ils suivent, des patients contaminés par le partage de seringues destinées à l’injection de produit dopant. Il va sans dire que souvent la contamination par l’hépatite C a largement réduit les résultats sportifs.
Toutes les fédérations nationales de sport luttent contre le dopage, ce qui est bien sûr une bonne chose, mais il est urgent de faire savoir que tout sportif qui dans le passé a eu recours à des pratiques d’injection doit aller en parler à son médecin et se faire dépister.
Nous devons maintenant gagner la bataille du dépistage et de la communication.
À ce titre, nous ne pouvons que regretter la disparition de la vente en kiosque du journal « Têtu » dont la cible était les homosexuels et qui disparait faute de rentabilité. À plusieurs reprises, nous avions collaboré avec l’équipe de ce journal pour porter le message de prévention et de dépistage. Il nous faudra donc nous saisir d’autres média.
Mais comment communiquer ce 28 juillet pour notre D-Day, Journée mondiale de lutte contre les hépatites virales, qui sera à l’écoute en France ? Pour la première fois cette année, grâce aux progrès médicamenteux nous sommes certains que le nombre de personnes guéries sera supérieur à celles nouvellement contaminées. On compte 4 000 à 5 000 nouvelles contaminations par an et avec 10 000 traitements efficaces à 50% on estimait que jusqu’alors seules 5 000 personnes par an accédaient à la guérison virologique. Le nombre de guéris était égal au nombre de nouveaux contaminés et si l’on pouvait considérer que l’épidémie reculait s’était grâce aux personnes décédant avec le VHC.
En 2015, ce sont 10 000 à 15 000 personnes qui devraient guérir, permettant ainsi de mieux contrôler l’épidémie d’hépatite C et d’entrevoir l’éradication virale de ce virus dans notre pays. On rêvait de cela depuis plus de 10 ans, cela est maintenant accessible, et on salue les Premières Rencontres Européennes pour éradiquer les hépatites virales qui se tiendront à Francfort, Allemagne les 9 et 10 septembre prochain et dont le sujet sera European Hépatite Cure (Programme).
Alors, nous avions raison d’être fous depuis plus de 10 ans, je me souviens des rires moqueurs de certains qui sont peut être aujourd’hui dans le comité d’organisation de cette journée.
Il nous faut maintenant gagner l’étape du dépistage…
Pascal Mélin