Hépatite C, je ne peux plus inviter aucune personne à se faire dépister ! Cela m’est apparu clairement comme une incohérence de notre discours médical.
Il reste encore 70 000 personnes vivant avec l’hépatite C en France, soit une personne sur 950. Il nous faut encore communiquer, expliquer et convaincre de se faire dépister. Se Dé-Pister oser sortir de la piste, oser prendre le risque de savoir si vous êtes infectés. Tant que le test n’est pas fait la maladie n’existe pas. Se dépister c’est oser laisser une place possible pour devenir malade.
Pendant dix ans nous n’avons cessé de répéter à qui voulait l’entendre que 100 % des malades guéris suite à un traitement avaient un jour osé le dépistage.
Mais aujourd’hui ce n’est plus le cas car chez les 70 000 personnes restant à trouver elles sont le plus souvent porteuses d’une hépatite minime ou moyenne (75 % inférieur ou égale à F2) car les formes les plus graves ont le plus souvent déjà été dépistées et maintenant ce sont des formes mineures qui restent à découvrir.
Donc en 2015, le dépistage devient une double peine car seules les hépatites virales les plus sévères ont accès aux soins. Les malades qui osent s’affronter aux tests ont trois chances sur quatre de ne pouvoir accéder au traitement. Nous voilà bien devant la définition d’une double peine : apprendre que l’on est porteur d’une maladie et ne pouvoir se traiter.
Voilà où nous en sommes en 2015, ce qui était faisable il y a 5 ans n’est plus possible actuellement. Qui oserait se dépister dans de telles conditions ?
L’irruption de la maladie dans une vie est extrêmement violente et l’espérance d’un traitement correcteur est un des moteurs du dépistage et apaise cette violence.
En 2015, je ne peux plus demander à quelqu’un de se faire dépister de l’hépatite C.
C’est pourtant nécessaire, pour éviter de nouvelles contaminations parfois « bêtes ».