L’ETUDE CIRVIR

ANRSLors d’une communication orale, le docteur NAHON, de l’hôpital Jean Verdier à Bondy, a présenté les premiers résultats de la cohorte CIRVIR coordonnée par l’ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites).

Revenons sur l’histoire de la création de cette cohorte. Depuis le début des années 2000 grâce aux nouveaux traitements nous avons pu contrôler la multiplication virale dans l’hépatite B et obtenir une guérison virale dans l’hépatite C.

La question était alors de savoir comment évoluaient les cirrhoses virales avec ou sans contrôle virologique. Le projet de la cohorte CIRVIR était né à la demande des patients et des médecins.

35 centres en France ont recruté des malades atteints de cirrhoses virales.
1653 patients ont été recruté 31 avaient une co infection VHB et VHC et n’ont donc pas été retenu.

L’inclusion n’a donc retenu, de 2006 à2012, que 1622 patients à  67% masculin et d’âge moyen de 56 ans.
Une cirrhose virale B concernait 316 patients et 1306 avaient une cirrhose virale C. Aucune cirrhose n’avait eu d’épisode de décompensation toutes étaient classées Child A.

L’objectif numéro un était de surveiller l’apparition du cancer du foie à travers un dépistage régulier et de comparer les deux groupes.

Dans le groupe hépatite B, la consommation excessive d’alcool représentait 9,8 % des patients contre 30,7% dans le groupe hépatite C.Le syndrome métabolique était respectivement de 8,6% contre 16,8%.
Ces deux populations étaient significativement différentes et ne présentaient pas les mêmes co-morbidités.

Actuellement le suivi moyen est de 3 ans et les patients décédés l’ont été pour des causes non hépatiques et dans la majorité des cas d’un cancer extra hépatique ou de cause cardio-vasculaire et plus souvent dans le groupe hépatite C.
Dans 127 cas les patients ont présenté un cancer du foie et 2 fois sur 3 il s’agissait d’un nodule unique de petite taille permettant d’envisager un traitement curatif.

L’incidence du cancer du foie était plus élevée en cas d’hépatite C (11,6 % à 4 ans) qu’en cas d’hépatite B. Une des explications est probablement du coté du contrôle de la maladie virale.

En effet dans 71% des cas la cirrhose virale B était sous contrôle virologique alors qu’on avait pu l’obtenir uniquement dans 28,3 % pour la cirrhose virale C.
Lorsque le contrôle est obtenu l’incidence du cancer baisse sans disparaitre pour autant.

Une cirrhose virale guérie ou non doit être surveillée régulièrement.

C’est un message fort à renvoyer auprès de tous les patients.

L’ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites) s’est engagée à poursuivre le suivi de cette cohorte de patient qui sera riche d’enseignement dans les années à venir. De plus de nombreux prélèvement biologique et de bio thèque permettrons de poursuivre des recherches de pointe sur les facteurs prédictifs et d’évaluation.

Le message pour nous reste qu’une cirrhose virale évoluera de façon moins grave si nous obtenions un contrôle virologique mais qu’il faut contrôler son poids et sa consommation d’alcool mais surtout faire une surveillance régulière pour avoir une chance de guérir en cas d’apparition d’un cancer du foie.

Coup de chapeau à tous les malades et aux médecins de l’étude CIRVIR.

Pascal Mélin

1ER MAI

Le premier mai est la fête internationale du travail.

Je voudrai à ma façon faire un appel officiel dans le cadre de cette journée. De nombreuses personnes sont porteuses d’une hépatite virale post-transfusionnelle. Dans un certain nombre de cas, cette transfusion a été rendue nécessaire dans le cadre d’une chirurgie suite à un accident du travail. Le plus souvent le dossier d’accident du travail a été ouvert et les personnes indemnisées, dans les suites, après expertises des séquelles.

Parfois plusieurs dizaines d’années après on découvre une hépatite C que l’on rattache à la transfusion et donc à l’accident de travail.

Malheureusement beaucoup de malades sont alors aspirés dans la spirale des soins. Du coté social, ils ne pensent pas à demander la réouverture du dossier d’accident de travail. La procédure est longue et nécessite souvent à nouveau une expertise. C’est nécessaire, la couverture en terme d’assurance est totalement différente. La législation du travail est plus sécurisante que la simple couverture sociale liée aux soins.

SOS Hépatites souhaite que les dossiers soient réouverts et les malades reconnus et indemnisés comme il se doit. La médecine du travail évolue puisque nous devons désormais dire « la santé au travail ».

La reconnaissance des hépatites virales doit être officielle.

C’est promis l’année prochaine, pour le premier mai, je vous parlerai de ceux qui ont une hépatite virale et qui n’osent pas en parler dans le cadre de leur travail… mais peut-être qu’ils n’auront plus de travail d’ici là.

L’hépatite est un modèle d’exclusion et en temps de crises les hépatants sont en première ligne d’exposition.

Vive le premier mai et bonne fête à tous !!!

Pascal Mélin

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – CONCLUSION

eiw_logo_frLa Semaine européenne de la vaccination 2013 est terminée.

Toutes les équipes de SOS hépatites se sont mobilisées à travers le pays pour porter  nos valeurs de défense et de promotion du principe vaccinal. Partout dans l’hexagone nous sommes allés dans les centres de vaccination, les écoles, les prisons où les centres d’addictologie, les écoles d’infirmières.

Malheureusement la plus part de nos actions et la semaine en elle même, n’ont eu que peu de visibilité médiatique mais le combat est juste et nous le poursuivrons.

Durant cette semaine, j’ai tenté de vous montrer à quel point le dépistage et la vaccination sont une même action mais avec des leviers différents.

Nous revendiquons à ce jour trois axes principaux.

Premièrement : promouvoir la vaccination systématique de tous les nourrissons en la rendant obligatoire, légale et intégrée dans le calendrier vaccinal.

Deuxièmement : promouvoir le rattrapage vaccinal des adolescents et cela est une urgence épidémiologique. Les adolescents doivent être informés et la vaccination leur être proposer. SOS Hépatites reprendra son bâton de pèlerin dans toutes les structures scolaires.

Troisièmement : aller au devant de toutes les populations les plus exposées, patients avec des problèmes d’addiction, pour intégrer le dépistage et la vaccination comme une action fondamentale de réduction des risques.

À l’échelon international, il faut trouver les financements pour réellement faire de la vaccination contre l’hépatite B une vaccination universelle et coordonnée. Nous voudrions aussi que la France demande que la campagne 2014 de la Semaine européenne de  vaccination mette en avant la vaccination B et pourquoi pas faire de la lutte contre les hépatites virales et les maladies du foie la priorité 2014 en France.

Nous n’oublions pas aussi le vaccin de l’hépatite A et la baisse continuelle de la protection de la population française, là aussi le débat doit être repris en terme de couverture, de remboursement et de systématisation en intégrant ce vaccin dans le calendrier vaccinal.

J’espère que la couverture de cette semaine aura répondu à vos attentes et vous à permis de mieux connaitre l’épidémie d’hépatite B et les actions à mener pour s’en protéger.

Merci à tous et merci à tous les membres de SOS Hépatites qui défendent le vaccin au quotidien.

Pascal Mélin

EASL : L’ASSOCIATION LPA

elpa_logoLors de L’EASL, les associations de malades peuvent tenir un symposium.

Depuis 3 ans, L’association ELPA (Association Européenne de patients malades du foie) regroupant les associations de tous les pays européens organise cet événement. En 2012, la thématique était la prise en charge des usagers de drogue en Europe. Cette année la séance avait pour titre

« l’accès compassionnel des nouvelles molécules actives dans l’infection virale C ».

Les organisateurs d’ELPA avaient demandé à des médecins et des malades de partager la tribune. Plus de 400 médecins de tout pays et des activistes américains issus de l’ACTG (AIDS Clinicals Trial Group) avaient préféré ce symposium aux autres communications scientifiques qui se déroulaient de façon synchrone.

Il a déjà été très dur de se mettre d’accord sur le mot compassionnel qui est issu du registre religieux mais dans un dictionnaire vous pouvez trouver la définition suivante : « La compassion (du latin : cum patior, « je souffre avec » et du grec συμ πἀθεια , sym patheia, sympathie) est une vertu – par laquelle un individu est porté à percevoir ou ressentir la souffrance d’autrui, et poussé à y remédier. D’où le besoin de ce mot, ainsi que de celui d’empathie. « Pitié » et « apitoiement » sont tous deux devenus péjoratifs, mais signifient originellement compassion, tout comme « miséricorde » et son synonyme « commisération ».

Nous avons trop souvent une confusion entre « accélérer l’accès aux traitements » et « l’accès compassionnel. » Deux malades de pays différents ont pris la parole l’un pour nous témoigner qu’après deux transplantations hépatiques il était en vie grâce à l’accès miraculeux au bocéprévir avant sa mise sur le marché et un autre patient co-infecté a rappelé que si son VIH était maitrisé depuis plus de 17 ans il préférait se battre et « tester » des molécules plutôt que de décéder en attendant.

Plusieurs médecins de différents pays ont rappelé les difficultés de mettre en place un accès précoce. Un représentant de l’AEM (Agence Européenne du Médicament) nous a rappelé que l’accès compassionnel était dans les textes du code européen de la santé mais qu’il ne pouvait qu’émettre des recommandations car sur ce sujet chaque pays reste souverain.

Il faut bien comprendre que le corps médical et les patients sont en accord pour permettre l’accès le plus rapide. À quel moment faut il autorisé cet accès ? il faut attendre au moins que l’efficacité soit confirmé et la sécurité acquise. Le Pr Dhumeaux est venu nous exposer le dispositif français et a présenté les résultats de l’enquête CUPIC. Une étude de cohorte pour les patients cirrhotiques qui avaient pu accéder avec presqu’un an d’avance aux molécules du bocéprévir et du télaprévir. Cette cohorte menée par l’ANRS (Agence Nationale de Recherche sur le SIDA et les Hépatites Virales) est riche d’enseignement sur la vraie vie. Notre système français avec les ATU (autorisation temporaire d’utilisation) est une exception européenne.

Pourtant nous avons au nom de SOS hépatites interpellé publiquement sur l’évolution de ces ATU. Il semble en effet qu’il y a quelques années le système sécuritaire était points présents et les laboratoires pharmaceutiques moins frileux. Nous avons repris deux exemples, les usagers avait poussés l’accès en ATU à la nouvelle molécule dans l’hépatite B permettant ainsi à des malades de sortir de la liste d’attente de la greffe et à d’autre de rester en vie, évitant ainsi l’hécatombe lié au virus de l’hépatite B (VHB). Autre souvenir dans le VIH durant les années les plus noires nous n’avons pas hésité avec l’accord des patients à mettre en place des traitements de sauvetage. Certain décédé même quelques jours après le début de ces nouveaux soins. Aujourd’hui nous craignons qu’en cas de complication ou de décès, l’accès à la reconnaissance et l’autorisation de mise sur le marché soit remis en cause. Si le malade est informé de l’urgence de sa situation il doit participer à ce débat. La dérive légaliste et sécuritaire ne doit pas faire disparaitre le principe d’un accès compassionnel aux nouvelles molécules.

SOS Hépatites portera ce combat et l’arrivée de nouvelles molécules activent contre le VHC va nous amener, comme nous l’avions fait pour l’Adéfovir, à nous mobiliser politiquement pour accélérer son utilisation par ceux qui en ont le plus besoin et qui ont tout à y gagner faute de quoi… ils risqueraient de tout perdre.

Pascal Mélin

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION

La vaccination contre l’hépatite B n’est pas obligatoire en France mais simplement conseillée.
Même si l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande une vaccination universelle cela reste une déclaration d’intention et pas suivi de fait et donc sans effet. Sans la mise en place d’une vaccination universelle il persistera des milliers de contaminations annuelles et la question persistera : qui sont les personnes contaminées et comment les dépister ?

Une bonne raison de se vacciner ?

Si nous consultons le guide de la vaccination 2012, nous retrouvons un inventaire à la Prévert de toutes les personnes à qui nous recommandons en France de se faire vacciner.
Nous y retrouvons tous les professionnels de santé pour qui la vaccination est obligatoire (kinés, dentistes, infirmières, aides-soignantes, médecins, ambulanciers, pompiers etc.) et toutes les personnes qui peuvent être en contact avec du sang (thanatopracteurs, éboueurs, tatoueurs, personnes travaillant en institution dans les lingeries etc.).
Continuons, les personnes qui auront une sexualité multiple ou toutes personnes accueillies en institution (l’école et les garderies en font parties…) doivent être vaccinées.
De même, toute personne qui devra recevoir un jour une greffe ou une transfusion massive.
Pouvez-vous donc me dire qui n’est pas concerné ? Et pourquoi la vaccination contre l’hépatite B n’est pas obligatoire, légale et universelle ?

Une bonne raison de se dépister ?

Je n’ai qu’une ultime réflexion à vous proposer. Le virus du SIDA et le virus de l’hépatite B ont des modes de contamination très similaire même si leur évolution est bien sûr différente.
Alors à chaque fois qu’une personne vient réaliser un test de dépistage pour savoir s’il a été en contact avec le virus du SIDA il devrait aussi se faire dépister à l’hépatite B pour savoir s’il n’a pas été aussi en contact à moins qu’il ne soit protégé par une vaccination…
Les chiffres parlent d’eux mêmes, les tests de dépistage de l’hépatite B sont 10 fois moins nombreux que ceux du SIDA. Est-ce de la méconnaissance ? Ou est-ce la preuve que de nombreuses personnes sont vaccinées et protégées… ?
Peut-être que je rêve…

Pascal Mélin

EASL : LA DEUXIEME GENERATION ARRIVE…

 

easl 2013Après les antiprotéases de première génération comme le bocéprévir et le télaprévir actifs uniquement sur le virus de l’hépatite C de génotype 1, nous attendons beaucoup des antiprotéases de deuxième génération activent sur tous les génotypes.

L’EASL a tenue ses promesses avec la présentation de nombreuses molécules en cours d’étude et de développement. Mais intéressons nous à  la prochaine qui sera probablement mise sur le marché et qui  est le sofosbuvir, un inhibiteur nucléosidique de la partie NS5B du virus. De nombreuses études lui étaient consacrées et présentées mais retenons l’essentiel. Il s’agit d’un nouveau médicament qui se prend par la bouche en une prise par jour avec peu d’effets secondaires en dehors d’une fatigue, de quelques nausées, des douleurs musculaires, mais ça les malades ayant déjà eu un traitement connaissent et ont appris à gérer. En tout cas, à priori, aucun nouvel effet secondaire majeur inconnu jusqu’alors (dans les études seuls 2% des malades ont du arrêter le traitement pour des raisons liés aux effets secondaires).

Les résultats de quatre études ont été présentés à l’EASL et seront publiées très rapidement dans la célèbre revue le New England Journal of Médecine(NEJM). Le laboratoire Gilead, propriétaire de cette molécule, n’a pas eu recours aux énergies renouvelables pour trouver les noms à ces quatre études qu’il a nommées respectivement : Neutrino, Fission, Positron et Fusion. Vous noterez au passage que nous ne faisons aucune allusion au fait que la fusion nucléaire ne soit que théorique et encore jamais contrôlée, ce que nous ne souhaitons pas à cette nouvelle molécule, bien sûr.

Plus de 1000 patients ont été inclus dans ses quatre études, elles permettent de valider l’intérêt que nous pouvons porter au Sofosbuvir mais surtout, pour les malades, elle ouvre la porte aux traitements cours de 3 à 4 mois en laissant espérer l’arrivée de traitement sans interféron.

 

Les 4 études avec le Sofosbuvir

Étude Population Groupes de traitement Taux SVR12
NEUTRINO Génotype 1/4/5/6 naïf de traitement Sofosbuvir + RBV +  Peg-IFN12 semaines   90 % (295/327)
FISSION Génotype 2/3 naïf de traitement Sofosbuvir + RBV12 semainesOU

Peg-IFN + RBV24 semaines

67 % (170/253) 

67%  (162/243)

POSITRON Génotype 2/3, intolérant à l’IFN, inéligible ou réticent 

 

Sofosbuvir + RBV12 semainesOU

 

Placebo12 semaines

78 % (161/207) 

 

0 % (0/71)

FUSION Génotype 2/3 prétraités Sofosbuvir + RBV12 semainesOU

  Sofosbuvir + RBV16 semaines

50 % (50/100) 

73 % (69/95)

 

 

Lançons-nous dans les commentaires.

Pour les génotypes 1, 4, 5, 6  les plus difficiles à traiter et à éradiquer en bithérapie classique, la réponse est apportée par l’étude NEUTRINO chez les patients jamais traités. Nous obtenons 90 % de guérison avec une tri-thérapie interféron/ribavirine/sofosbuvir avec seulement 3 mois de traitement. C’est un formidable message d’espoir.

Pour les patients infectés par un génotype 2 ou 3 jamais traité, l’étude FISSION démontre que la bithérapie ribavirine et sofosbuvir pendant 3 mois fait aussi bien avec 67% de guérison que la bithérapie classique interféron/ribavirine pendant 6 mois.

Nous y voilà dans les traitements sans interféron !!!

Et l’étude POSITRON confirme que cette nouvelle bithérapie est une bonne façon de récupérer les malades lors d’une difficulté avec l’interféron.

Enfin l’étude FUSION nous montre que chez les patients infectés par un génotype 2 ou 3 qui n’ont pu être guéris avec une bithérapie standard.

50% peuvent être guéris avec la nouvelle bithérapie pendant 3 mois et cela monte à 73 % de guérison si l’on pousse à 4 mois. On croit rêver !

Soyons critiques, pour vous, nous avons décortiqué ces études et il nous semble important de faire quelques pondérations. Depuis toujours dans les études, nous communiquons  sur les résultats pour les génotypes 2 et 3 ensembles. Hors il s’avère que les meilleurs résultats sont obtenus avec le génotype 2 et qu’ils sont moins bons avec le génotype 3.À l’avenir il sera important de faire des études spécifiques.

Le statut des lésions influence aussi les résultats, ainsi comme nous le savions déjà les traitements ont moins de chance d’être efficaces chez les patients traités au stade de cirrhose. Ce qui revient à dire que nous ne pouvons pas, pour les malades pré-cirrhotiques, tenir le discours d’attendre pour avoir accès aux nouvelles molécules. Il faut se traiter avec les médicaments existants et accessibles en 2013.Il faut gagner du temps sur la maladie et du temps sur le temps.

Autre réflexion pour les patients déjà traités en bithérapie classique, les résultats sont à pondérer en fonction du statut et de la réponse du malade au précédent traitement. Lorsque nous analysons les résultats les patients ayant le plus de chance de guérir définitivement sont les malades répondeurs-rechuteurs puis viennent les répondeurs-partiels et enfin les non-répondeurs.

Ne gâchons pas notre plaisir un non-répondeur cirrhotique a quand même 20% de chance de guérir avec ces nouvelles combinaisons et peut-être faudra t-il traiter plus longtemps et ajouter une quatrième molécule ? En tout cas souvenons-nous qu’à l’époque de la monothérapie interféron nous allions au traitement la fleur au fusil pour 15 % de guérison. Alors oui nous progressons et il semble maintenant qu’avec la puissance de ces nouvelles séquences thérapeutiques l’impact du génotypage de l’IL 28 B pourrait perdre de son intérêt.

Alors, la question cruciale pour les  patients est « quand aurons-nous accès à cette nouvelle molécule ? »

En France, moins de 10 patients ont pu en bénéficier en dehors des études et à ce stade de développement. Le Sofosbuvir n’a été autorisé qu’aux malades en post-greffe faisant une récidive de leur hépatite C sévère. Une demande de reconnaissance de cette molécule comme médicament a été déposée auprès de la Food and Drug Administration (FDA) aux USA le 8 avril dernier et la démarche devrait suivre en Europe. On nous parle d’une Autorisation Temporaire d’Utilisation (ATU) de cohorte pour septembre prochain. Les malades ne peuvent pas attendre et risquer de mourir  s’ils ne peuvent bénéficier des nouveaux traitements car tous ne pourront pas être greffés.

Se pose alors l’accès aux nouvelles molécules de façon compassionnel, c’est cette question que les associations  de patients ont décidé de débattre à l’échelon européen dans le cadre du symposium de ELPA qui s’est  tenu hier  à Amsterdam.

Nous reviendrons vers vous pour vous en donner un compte rendu.

Pascal Mélin  pour SOS Hépatites

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – DÉPISTAGE ET VACCINATION

« Dépistage et vaccination contre l’hépatite B » sont une entité propre. Ces deux actions sont en continuité. Elles ne devraient donc pas être séparées car l’une n’a pas de sens sans l’autre.
À l’heure où nous réclamons l’accélération de la recherche pour l’obtention d’un vaccin contre l’hépatite C, nous devrions apprendre à mettre en cohérence la vaccination et le dépistage de l’hépatite B et prouver nos capacités sanitaires.

Une bonne raison de se vacciner ?

Toutes les études le montrent dans 30 % des cas nous ne nous retrouvons pas le mode de contamination. Ce n’est pas que ceux-ci soient inconnus, c’est simplement que nous ne retrouvons pas de facteurs évidents de contamination dans l’histoire du patient. De ce fait, nous prouvons que le virus de l’hépatite B circule énormément. Nous pouvons être contaminés sans le savoir car les signes et les symptômes de la maladie peuvent passer inaperçu. Il sera alors difficile de se reconnaitre comme une personne à risque et donc de se faire dépister. Une seule réponse : être vacciné lorsque nous sommes nourrisson pour ne pas se poser cette question à l’âge adulte.

Une bonne raison de se dépister ?

Vous avez fait un voyage à l’étranger, dans un pays de forte endémie alors si vous n’étiez pas protégé vous devez vous faire dépister. Mais contrairement au VIH la réponse n’est pas oui ou non. Et principalement trois cas de figure peuvent se présenter.
Premièrement : vous êtes porteur du virus et cela nécessite des bilans complémentaires.
Deuxièmement : vous avez été en contact avec le virus. Vous en avez guéri spontanément, c’est rassurant mais prouve que vous avez eu un comportement à risque et que vous avez croisé le virus qui est peut-être au tour de vous dans votre entourage.
Troisièmement : vous avez été vacciné et vos anticorps vous protègent contre l’hépatite B (VHB).
Le dépistage ne doit pas répondre uniquement à la question « suis-je contaminé ? » Mais aux trois situations citées ci-dessus afin d’évaluer les besoins de se vacciner.
Se dépister pour mieux se vacciner voila notre véritable enjeu de santé public en matière de lutte contre l’hépatite B.

Pascal Mélin

EASL : L’APPEL D’AMSTERDAM…

easl 2013Le congrès européen d’hépatologie se tient cette année à Amsterdam du 24 au 28 avril 2013. Sa notoriété est croissante et cette année la barre des 10 000 congressistes a été franchie.

L’ EASL c’est aussi le temps pour les associations de patients de se retrouver pour partager, se faire entendre et revendiquer.SOS Hépatites est membre de ELPA (European Liver Patient Association). 9 nouvelles associations ont été accueillies par l’association ELPA lors de son assemblée générale pour poursuivre ce travail.

En ce 26 avril, c’est « l’appel d’Amsterdam » auquel SOS Hépatites s’associe qui retient notre attention. La reconnaissance des hépatites virales comme un problème de santé public majeur est difficile à l’échelon planétaire. Il y a quelques années l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) avait corrigé son oubli en ajoutant les hépatites virales à la liste des maladies infectieuses prioritaires que sont le VIH, la tuberculose et le paludisme.

En 2011, lors de la journée mondiale de lutte contre les hépatites virales le 28 juillet, SOS hépatites s’était associé aux gouvernements africains et aux associations de malades pour promulguer « l’appel de Dakar »qui visait à demander l’amélioration de la vaccination de l’hépatite B et l’accès aux soins pour les pays africains via le fond mondial.

En 2013, le collectif associatif international demande la reconnaissance par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) de l’interféron dans la liste des médicaments essentiels. La ribavirine fait déjà partie de cette liste de plus de cent médicaments. L’inscription de l’interféron permettrait sa production, sa diffusion et son utilisation à moindre coût. Mais ne nous trompons pas, l’interféron ne sera plus le traitement de base de l’hépatite C dans quelques années. Cette reconnaissance n’est que la préparation à la diffusion des nouveaux traitements qui arrivent dans les pays développés.

L’ Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rendra sa réponse cet été.

Pascal Mélin.

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – SEXUALITÉ

« Dis maman, c’est quoi un partenaire sexuel multiple ? C’est un monsieur avec plusieurs zizis ? »

La question est embarrassante, vous en conviendrez ? Elle a dérangé tout autant l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). La définition n’est pas simple car en fonction des cultures, des traditions, où d’un pays à l’autre nous pouvons en avoir plusieurs lectures. Que penser des pays où la polygamie est reconnue ? Y a-t-il une différence entre avoir un seul partenaire régulier mais plusieurs histoires de couple par an ou avoir en même temps deux partenaires sexuels ? À moins que la multiplicité ne se résume à ceux qui ont des rapports sexuels à plus de deux personnes en même temps ? Difficile donc, souvent nous nous considérons comme normal et ce sont les autres qui sont dans le risque et l’anormalité.

Une bonne raison de se vacciner ?

Ce nourrisson que vous tenez dans vos bras, qui peut prédire de sa sexualité future, et pourquoi faudrait il le juger par avance ? S’il y avait un vaccin contre le SIDA hésiteriez-vous un instant ? Il aura assez de choses contre lesquelles il devra se défendre à l’âge adulte alors vous pouvez en le vaccinant tout petit le soulager de ce jeu de la roulette russe. En France, l’hépatite B touche tout le monde avec toujours plus de 100 000 personnes non dépistées et contagieuses… Sauf si vous êtes vacciné !

Une bonne raison de se dépister ?

Vous êtes un adulte, non vacciné, et vous avez eu plusieurs expériences sexuelles au cours de votre vie, vous êtes donc à risque et vous devez faire un test de dépistage. Votre médecin généraliste vous prescrira une ordonnance avec les tests à effectuer à votre laboratoire habituel ou vous pouvez vous rendre dans un Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG). Attention il y a peut être d’autres maladies à dépister ? Nous pouvons certes se protéger en utilisant le préservatif. La vaccination c’est mieux pour se protéger mais méfiance face aux autres maladies.
Plus de 100 000 personnes ignorent être infectées par l’hépatite B en France.
Se dépister, se vacciner c’est se protéger : se protéger c’est protéger les autres.

Pascal Mélin

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – USAGERS DE DROGUES, N’OUBLIEZ PAS L’HÉPATITE B

Les usagers de drogues sont largement exposés aux infections virales. L’hépatite B ne déroge pas à se concept car 100 fois plus transmissible que le VIH et 10 fois plus que l’hépatite C, elle peut se transmettre par le matériel ou par le sang, elle est de plus une infection sexuellement transmissible.

Une bonne raison de se vacciner ?

Les usagers de drogues de par leur comportement sont exposés à cette infection et cette population est plus exposée qu’une « population standard » car elle compte plus de porteurs chroniques du virus de l’hépatite B et moins de personnes vaccinées. Tous les usagers doivent donc être vaccinés contre le VHB. Une étude récente menée par SOS Hépatites montre qu’en France les centres d’addictologie vaccinent insuffisamment. Malheureusement trop souvent lorsqu’on se pose la question de vacciner un patient au cours de sa prise en charge addictologique on arrive souvent après le contact et la contamination. Alors même si cela peut paraître choquant en vaccinant les nourrissons on les protège contre les comportements d’exposition à l’hépatite B qu’ils auront à l’âge adulte.

Une bonne raison de se dépister ?

Les usagers de drogues et les personnes en difficultés avec l’alcool sont plus à risque d’être porteur et donc de transmettre le virus de l’hépatite B, de nombreuses études l’ont montré. Il faut donc insister sur le dépistage face à ces usagers, mais aujourd’hui les CDAG (Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit) sont repérés comme des lieux de dépistage du VIH alors que leur mission comprend aussi les hépatites virales. Les centres d’addictologie dépistent à ce jour insuffisamment et ont beaucoup de mal à traiter la question de l’hépatite B dans sa globalité.

Alors si vous êtes concernés, n’hésitez pas, demandez à être dépisté et parlez de la vaccination avec votre médecin.

Se dépister c’est savoir et savoir c’est déjà se protéger.

Pascal Mélin

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – J3

Le mode de contamination le plus important est la contamination sexuelle. Et on oublie souvent que l’hépatite B est une infection sexuellement transmissible et de plus, très fréquente et très répandue.

Une bonne raison de se vacciner ?

affichevaccinationadult

Alors à l’heure où les hormones se réveillent chez nos adolescents quand leur corps subit le printemps et avant qu’ils ne débutent leur activité sexuelle il est urgent de les vacciner si cela n’a pas encore été fait contre le virus de l’hépatite B avant qu’ils ne soient exposés. SOS Hépatites le rappelle avec une affiche « Contre l’hépatite B, y a pas de plan B : vaccinez-vous ! »

Une bonne raison de se dépister ?

Si votre enfant a par contre été vacciné contre l’hépatite B, l’adolescence est le bon moment pour refaire le point sur les IST (infection sexuellement transmissible) en favorisant le débat avec un médecin par exemple ou en lui donnant des documents compréhensibles et adaptés à son âge, sans l’effrayer non plus. Il sera alors intéressant de faire contrôler par une simple prise de sang que le vaccin est efficace et protecteur. En cas de réponse négative le médecin pourra alors reprendre une nouvelle séance de vaccination. Attention : il n’y a rien de pire de se croire protégé alors que l’on ne l’est pas !

Hépatite B : s’informer c’est déjà se protéger, se vacciner c’est la sécurité.

Pascal Mélin

LA SEMAINE EUROPÉENE DE LA VACCINATION – J2

Pour cette deuxième journée de la semaine européenne de la vaccination, je vous propose de nous intéresser aux nourrissons et aux femmes enceintes.

Une bonne raison de se vacciner ?

vacciner BébéUne bonne raison de se faire vacciner lorsqu’on est nourrisson ?
La réponse nous est apportée par les immunologistes. En effet, c’est chez le jeune enfant que les bénéfices immunitaires sont les meilleurs et les plus durables. Car à partir de 25 ans notre immunité baisse inexorablement pour être immunologiquement considéré comme un vieillard à partir de 35 ans. Le vaccin contre l’hépatite B n’est pas obligatoire mais recommandé. Contrairement aux autres vaccins qui concernent des maladies que l’on peut attraper à tout âge, il est parfois difficile de prendre la décision de vacciner son bébé alors que les principaux facteurs de contamination se situent au-delà de l’adolescence, mais comme une de nos affiches le rappelait « le B -A- BA c’est de vacciner bébé contre l’hépatite B » !

Une bonne raison de se dépister ?

Lorsque l’on est une maman enceinte la plupart des pays développés rend obligatoire le dépistage de l’hépatite B en cours de grossesse – pourquoi ? Parce que la transmission au bébé se fait presque dans 90% des cas avec un passage très important à la chronicité. Mais surtout il existe, si la future maman est porteuse de l’hépatite B, des traitements à mettre en place pour éviter la contamination des nouveau-nés et qui sont alors très efficaces. Plus de 10% des femmes enceintes chaque année sur la terre sont porteuse chronique de l’hépatite B. C’est pourquoi SOS Hépatites réclame d’urgence le développement des TROD VHB (test rapide d’orientation et de diagnostique contre le VHB) et son accessibilité dans tous les lieux de suivis de grossesse ou d’accouchement au monde.
Parce qu’en 2013 il est inacceptable de naître et de commencer sa vie par une contamination !

Pascal Mélin