ET SI LES HEPATITES VIRALES ETAIENT DES MALADIES À DECLARATION OBLIGATOIRE ?

La question vous semble absurde ? Mais il faut réfléchir sur le sujet…

Rendre à déclaration obligatoire une maladie n’est pas chose facile, par le passé on se souvient des levées de boucliers de la part des usagers lorsque cela a été évoqué pour le VIH. Mais pour les hépatites virales si c’était les usagers qui le demandaient ? Une maladie peut être proposée à déclaration obligatoire lorsqu’elle est rare ou qu’elle présente des risques: http://www.invs.sante.fr/Espace-professionnels/Maladies-a-declaration-obligatoire/Liste-des-maladies-a-declaration-obligatoire

Dans ces 33 maladies on y trouve des maladies comme les infections ZIKA, le saturnisme de l’enfant, le mésothéliome, mais aussi bon nombre de maladies infectieuses telles que le choléra, le tétanos, l’hépatite A en phase aigüe, l’hépatite B aigüe symptomatique et le VIH etc. La déclaration obligatoire a :

• soit un intérêt de surveillance épidémiologique ;

• soit nécessite des interventions pour contrôler la diffusion.

La déclaration obligatoire du VIH permet d’obtenir des chiffres annuels de l’épidémie et une adaptation en temps réel. Pour l’hépatite C, on se réfère aux dernières grandes enquêtes de 2004, cela fait 12 ans que l’on demande une mise à jour. Pour l’hépatite B, on ne déclare que les hépatites B aiguës symptomatiques (c’est-à-dire 10% des hépatites aiguës). Alors oui, aujourd’hui les malades eux-mêmes pourraient demander l’inscription à la liste des maladies à déclaration obligatoire de l’hépatite B et de l’hépatite C quel qu’en soit le stade !!! On déclare partout que l’arsenal thérapeutique permet d’envisager une éradication des hépatites virales, alors osons nous doter d’une surveillance épidémiologique correcte en demandant l’inscription sur cette liste.

Mais quand j’y pense madame la ministre, vous pourriez nous donner encore un coup de main en déclarant les hépatites virales grande cause nationale en 2017, ou pourquoi pas une pièce de deux euro frappée à l’effigie de la Journée mondiale de lutte contre les hépatites virales le 28 juillet, comme cela a été fait il y a quelque temps pour le Sidaction…

Et vous, vous en pensez quoi ?

Pascal Mélin

PCR… VOUS AVEZ DIT PCR ?

PCREncore une consultation d’urgence, un malade qui rechute de son hépatite C… Ça fait partie de ces consultations qui se rajoutent au quotidien déjà chargé.

Un patient pourtant bien informé a demandé une visite d’urgence, car son hépatite C montrait de nouveau le bout de son nez après 6 ans de guérison…

Monsieur R est là dans la salle d’attente avec deux heures d’avance, il est anxieux ne tient pas en place. Au fur et à mesure que j’appelle les patients sur la liste de consultation pour venir dans le bureau, je constate qu’il bouge de place qu’il essaye de lire les revues de la salle d’attente ou qu’il se frotte les mains pour se calmer.

Puis arrive la dernière consultation, c’est à lui… Il saute de sa chaise… Arrive dans mon bureau, il s’assoit, jette un tas de résultats biologiques sur le bureau et me déclare : « Cette saloperie de virus est revenu, alors on fait quoi maintenant ? »

Je regarde le bilan aucune charge virale, je lui dis que je ne comprends pas et c’est alors qu’il met le doigt sur la PCR qui est à 25… 25 mg/l ! Tout s’éclaire…

La PCR ou Protéine C Réactive est une protéine dosée en mg/l qui est en fait produite par l’organisme en cas d’inflammation ou d’infection. Et monsieur R avait une bronchite qu’il traînait, ce qui a amené son médecin traitant à lui prescrire un bilan pour faire le point dans lequel figurait bien sur une PCR. Les anglo-saxons l’appellent CRP (C réactive protéine).

La PCR de l’hépatant signifie Polymerase Chain Reaction, c’est-à-dire réaction par polymérisation en chaîne. Pour rendre l’expression compréhensive, le virus dans le sang n’est pas détectable. Il faut l’amplifier, c’est-à-dire faire des photocopies de virus accrochées les unes aux autres pour qu’on puisse enfin compter le nombre de virus. La mesure s’exprime alors en UI/ml… La charge virale ou PCR permet de suivre la maladie dans l’hépatite C, mais cette technique est utilisée pour de nombreuses autres maladies infectieuses.

Monsieur R avait de l’inflammation en lien avec sa bronchite et donc une PCR élevée, mais en aucun cas une rechute de son hépatite C.

UNE PCR PEUT EN CACHER UNE AUTRE…

Pour éviter de telles angoisses par homonymie, on pourrait garder le terme de PCR pour l’infectiologie et préférer CRP plutôt que PCR pour l’inflammation… Apprendre à lire ses analyses c’est bien, être sûr de les comprendre c’est mieux !

Bien sûr les PCR ne sont pas à confondre avec les RCP réunions de concertation disciplinaire… mais c’est une autre histoire…

Pascal Mélin

HEPATITE C GUERIR POUR EVITER LE CANCER…

cover1Le congrès de Barcelone en avril dernier ne nous a pas permis d’évoquer toutes les présentations. Je voudrais revenir sur l’abstract 166 :

Lawitz E, Ruane P, Stedman C, et al. Long-term follow-up of patients with chronic HCV infection following treatment with direct-acting antiviral regimens: maintenance of SVR, persistence of resistance mutations and clinical outcomes. The International Liver Congress, 13-17 April 2016, Barcelona. Abstract 166.

Cette étude était en fait un observatoire commandé par le laboratoire Gilead pour connaître le devenir des patients porteurs d’hépatite C après traitement et guérison virologique par Antiviraux d’Action Direct (AAD). Il s’est déroulé aux USA, en Nouvelle-Zélande, au Royaume-Uni et aussi en France. La population comptait 5433 participants dont 63% étaient des hommes avec une cirrhose dans 20% des cas et l’âge moyen était de 54 ans. Ils ont été suivis en moyenne 3 ans.

La réponse virologique est le plus souvent confirmée et durable.

Les rechutes tardives concernaient 0,1% des participants et pour 0,2% on a pu constater des réinfections et ce 8 mois après la guérison. Mais pour 99,7% des patients la guérison était bien définitive.

L’apparition de cancer du foie concernait 23 patients.

8 patients à l’entrée dans l’étude, 6 dans les 24 semaines suivantes l’entrée dans l’étude, 6 cas entre 6 et 12 mois et enfin, 3 patients entre 12 et 18 mois. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une étude portant sur les cirrhoses deux conclusions sont à tirer :

– Premièrement, les cancers surviennent le plus souvent sur un tableau de cirrhose et ils surviennent essentiellement dans les premières semaines de traitement comme si la guérison survenait trop tard, comme si les processus de cancérisation étaient déjà enclenchés…

– Il s’agit là d’un message fort pour les malades car cette étude confirme qu’un traitement le plus précoce possible et le plus loin de la cirrhose aura le plus de chance de voir disparaître les complications. Enfin, les rechutes ou les recontaminations, même si elles doivent être recherchées avec vigilance, restent exceptionnelles. Une telle étude nous incite à être proactifs dans l’accès aux soins et à la guérison virologique.

Pascal Mélin

ET DU CON… EDUQUONS…

PASCAL COURTY_EDUQUONS CE N’EST PAS UNE INSULTEPlus que jamais comme le disait mon ami psychiatre et addictologue Pascal Courty : « Éduquons ce n’est pas une insulte ! »

La puissance et l’efficacité des nouveaux traitements contre l’hépatite C ne doit pas amener pour des contraintes budgétaires à faire disparaître les infirmières d’éducation thérapeutique, ni les équipes d’UTEP dans les programmes d’hépatologie. Certains pensent que tout est fini, les malades n’ont plus qu’à prendre leur traitement, plus besoin d’éducation, plus besoin d’infirmière d’accompagnement. Que de dénigrement, réduire les infirmières d’éducation à des labradors de sauvetage, à des chiens pour aveugles, à des saint-bernard avec leur tonnelet et de bons sentiments, que mes amis à quatre pattes ne m’en tiennent pas rigueur. Mais cette vision est d’un négativisme outrancier. La raison même de l’éducation n’est pas d’aider à supporter un traitement parfois très difficile, si vous pensez ça alors vous n’avez rien compris ! L’éducation, c’est avoir appris et mettre en œuvre la capacité à aller à la rencontre de l’autre, à venir se mettre en harmonie en synchronisme avec ses valeurs, ses représentations, ses craintes, ses fantasmes et sa sexualité. Il y a bien une santé à 5 branches : somatique, psychique, sexuelle, relationnelle et professionnelle. Chacune doit être explorée et prise en compte lors d’un programme d’éducation thérapeutique. Évaluer les capacités du malade, l’amener à développer ses propres ressources, à trouver lui-même les réponses et à adapter ses comportements ou son mode de vie. Les malades ne sont pas des animaux de cirque et les infirmières ne sont pas des dresseurs.

J’ai de la peine et de la colère quand je pense à Chantal cette infirmière d’éducation thérapeutique hépatite C, qui vient de prendre sa retraite et dont l’administration à supprimer le poste pour raison budgétaire en justifiant cette décision par les progrès thérapeutiques. Oui, je serai méchant monsieur le directeur, vous n’avez rien compris à l’éducation thérapeutique et ce à quoi les malades aspirent sans toujours en avoir conscience. En colère aussi en pensant à ces infirmières à qui on a dit : « Maintenant que les malades guérissent malheureusement on n’a plus besoin de vous. On va donc vous réaffecter en diabétologie car là il y a du boulot et on ne guérit pas… ». L’hépatite C a permis à l’éducation d’entrée dans le monde de l’hépatologie. Mais par pitié ne perdons pas tout ce que nous venons d’apprendre et de mettre en place, profitons des progrès de l’hépatite C pour développer des programmes d’éducation thérapeutique pour la prise en soins et l’accompagnement des malades atteints d’hépatites ! Et le cancer du foie ne peut-il pas relever de l’éducation thérapeutique ? Et la stéatose, et les NASH, et les cirrhoses, ce sont typiquement des sujets qui nécessitent le développement de programmes spécifiques. On pourrait aussi parler des maladies plus rares comme l’hémochromatose, les cholangites biliaires primitives, les hépatites auto immunes ou médicamenteuses pour lesquelles les malades se sentent souvent seuls et perdus.

Alors convaincu ? Les équipes d’éducation thérapeutique mises en place pour l’hépatite C ne doivent être ni supprimées ni réduites…

Bien au contraire elles doivent être redynamisées et invitées à développer de nouveaux programmes. L’hépatologie est à la rencontre de l’addictologie, des sciences du comportement, de l’infectiologie, de la médecine interne et des maladies du foie. L’éducation thérapeutique y est incontournable, toute autre considération serait une grave erreur…

Plus que jamais éduquons ce n’est pas une insulte !

Pascal Mélin

TEMOIGNAGE VHB DU 23 JUIN…

VACCIN HBLe 23 juin, à la consultation du matin…

Je reçois en urgence une femme de 42 ans d’origine turque chez qui on vient de découvrir une lésion hépatique. Je reprends son IRM et on arrive rapidement à la conclusion qu’il s’agit d’une HPNF : Hyperplasie Nodulaire Focale c’est-à-dire, une tumeur bénigne qui ne nécessite qu’une simple surveillance. La patiente m’avait dit avoir eu 5 grossesses sans autre antécédent en dehors d’une obésité et d’une hypertension.

On allait se quitter quand je lui demande : « Et dans votre famille il n’y a pas de maladie du foie ? »
Elle me répond : « Ah oui, dans la famille on à tous une hépatite B, ma sœur qui vit dans l’est a une cirrhose et prend des médicaments. Moi-même j’ai une hépatite B mais heureusement le virus est endormi. »
– « Et vos enfants ? »
– « À chacun de mes accouchements, mes enfants ont reçu, dès leur naissance, une piqûre et un vaccin mais moi rien puisque mon virus est endormi. »
– « Et votre mari ? Il a été dépisté et vacciné ? »
– « Non, ce n’était pas nécessaire… »

Comme son mari était présent dans la salle d’attente, nous sommes allés au labo faire des bilans sanguins immédiatement et nous nous reverrons dans 3 jours.

Cette aventure amène des commentaires : lorsqu’une femme enceinte est porteuse de l’hépatite B on la dépiste pendant sa grossesse et on fait en sorte que les enfants ne soient pas contaminés mais, on oublie encore trop souvent de s’occuper de la maman et encore plus du papa.

Plus que toute autre maladie chronique, l’hépatite B est une maladie familiale tout autant qu’une maladie individuelle. Aucun des enfants n’a eu de prise de sang pour vérifier qu’il avait un taux d’anticorps protecteur et n’était pas contaminé. Entre le gynécologue, l’accoucheur, le pédiatre, le médecin traitant, l’hépatologue, il faut bien définir qui s’occupe de qui et de quoi. De telles situations ne devraient plus arriver. Nous devons également faire attention à la portée de nos mots : qualifier un virus d’endormi est dangereux !

Une des pistes pour éviter de telle mésaventure serait de rendre le patient porteur d’une hépatite B chronique acteur du dépistage et de la protection de son entourage… Tiens cela me rappelle une enquête que nous sommes en train de mener ! Vous non ?

Pascal Mélin

MERCI DE PARTICIPER A L’ENQUETE VHB SOS HEPATITES 2016 : http://www.soshepatites.org/2016/04/29/enquete-sos-hepatites-quelle-vaccination-pour-lentourage-des-personnes-vivant-avec-lhepatite-b/

APRÈS LA JOURNÉE DE LA MUSIQUE : LE 22 JUIN LA JOURNÉE DE LA VIE…

DON d'ORGANES TOUS CONCERNESAujourd’hui 22 juin, c’est la Journée du don d’organes ! Nous ne devons pas oublier que toutes les personnes en état de mort cérébrale sont candidates aux prélèvements d’organes, dans 1/3 des cas la famille s’oppose au prélèvement d’organes. Pourtant, l’homme doit prendre conscience qu’il est son propre réservoir de pièces détachées. Mourir en emmenant ses organes avec soi, c’est priver d’autres personnes de pouvoir en bénéficier via la greffe.

En France en 2015, ce sont 5 746 greffes d’organes qui ont été réalisées. Les chiffres progressent mais le nombre de refus reste stable. Il nous faut des 22 juin et des campagnes de communication pour apprendre à dire OUI.

Le Japon n’en a réalisé que 300 alors que 14 000 patients sont en attente. Mais, culturellement au Japon, on ne peut accéder au paradis que si on n’y arrive pas avec tous ses organes. Il faut donc apprendre aux enfants dès leur plus jeune âge à accepter le concept de greffe. C’est pourquoi, il est proposé aux enfants d’envoyer leur peluche cassée pour qu’elle puisse être greffée à partir d’une autre peluche et après quelques jours d’attente, le facteur ramène la peluche greffée, prête à commencer sa deuxième vie.

Allez découvrir cette deuxième vie des peluches greffées au Japon : http://positivr.fr/don-donneur-organes-second-life-toys/

Mais, dans d’autres pays comme en Argentine 8 000 personnes attendent une greffe alors que l’on a enregistré uniquement une centaine de donneurs. En 2016, pour sensibiliser la population deux centres de transplantation se sont lancés dans une campagne de communication intitulée « donors cars ». Les taxis se voient offrir le remplacement gratuit d’une pièce de carrosserie défaillante à condition de laisser des couleurs différentes et de parler de greffe à toutes les personnes qui utiliseront leur taxi. On trouvera même sur le siège arrière une tablette où les gens peuvent gratuitement s’inscrire sur la liste des donneurs d’organes potentiels : http://creapills.com/taxis-greffes-don-organe-20160607

On pourrait aussi évoquer une campagne avec un brin d’humour noir, une agence belge n’hésite pas pour nous obliger à réfléchir : http://www.danstapub.com/la-campagne-la-plus-dingue-pour-sensibiliser-au-don-dorganes/

Mais moi, j’ai un faible pour celle là : https://www.youtube.com/watch?v=pyRJWPWkgtY

Alors dites-le, dites OUI.

Pascal Mélin

GEORGIEN

GEORGIE VHC ACCES UNIVERSELMerci à l’infirmière qui m’a permis de rencontrer un traducteur et qui m’a convaincu d’écrire mon histoire.

Je suis géorgien et j’ai fui mon pays avec ma femme et mes deux enfants.

Cette décision n’a pas été facile à prendre. Après plusieurs semaines sur les routes nous sommes arrivés en France. Dans le premier foyer où nous avons été accueillis, nous avons rencontré un éducateur, une infirmière et un médecin. On nous a fait réaliser une radio des poumons pour voir si on n’avait pas la tuberculose puis une prise de sang dans un centre gratuit pour voir si nous n’étions pas porteur d’une autre maladie.

Nous pensions être en bonne santé, je ne me suis donc pas opposé. Mais quand on nous a rendu les résultats, on m’a appris que j’avais une hépatite C. J’ai tout de suite demandé une vaccination pour ma femme et mes enfants mais on m’a fait comprendre qu’il n’y avait pas de vaccin.

Pour répondre à mes questions, on m’a envoyé avec un interprète auprès d’un professeur des maladies du foie. Il m’a fait faire plein de bilans et quand je suis retourné à la consultation il m’a expliqué que je ne pouvais pas être traité parce que je n’étais pas assez malade.

J’étais en train de lui expliquer ma difficulté à comprendre quand il m’a déclaré : « Mais si vous voulez être traité vous n’avez qu’à retourner en Géorgie où il a été décidé d’un accès universel aux traitements pour tous les malades. »

Moi j’ai trouvé ça scandaleux et vous devez le faire circuler !

Pascal Mélin

ON A VAINCU ÉBOLA GRÂCE À LA QUARANTAINE… MAIS NOUS LES AVONS ABANDONNÉES…

EBOLA-VIRUSLe monde entier a eu peur de la dernière épidémie de virus Ébola qui a touché les pays pauvres de l’Afrique de l’Ouest. Elle avait débuté en décembre 2013 en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. C’est en mars 2016 que l’épidémie a été déclarée sous contrôle, après 11 000 morts.

Pendant le temps de cette épidémie les pays riches ont mis en quarantaine tous les pays pauvres de l’Afrique de l’Ouest. Embargo de circulation des biens et des personnes et aussi blocage économique. Pendant ce temps, des équipes médicales ont été envoyées avec des hôpitaux de campagne et des hordes de virologues ou de spécialistes en épidémiologie.

On a même accueilli dans nos pays riches les élus des élus pour les admettre en chambre d’isolement et bénéficier des soins les plus pointus. Même l’ANRS a travaillé sur l’épidémie. Tous nos chercheurs ont travaillé d’arrache-pied pour mettre au point un vaccin contre le virus Ébola et cela a été fait en moins de 1 an. Des nouveaux traitements antipaludéens ont été testés avec une certaine efficacité, tout comme les vaccins, mais la plupart des personnes infectées sont mortes.

Ce qui a permis de contrôler l’épidémie c’est l’obligation d’isolement et de quarantaine dans les régions les plus touchées. Les pays riches se sont félicités et sont vite passés à autre chose, oubliant de tirer les leçons de cette épidémie.

Pourtant aujourd’hui, chacun des pays touché est retourné à ses difficultés sanitaires. On a pu enregistrer une nouvelle épidémie dont personne ne parle en dehors de quelques ONG : des poussées de viols, d’agressions sexuelles et de violences envers des femmes et de toutes jeunes filles, au sein des maisons, engendrant une épidémie de grossesses.

L’histoire nous a appris que c’est souvent le cas après un drame comme une guerre mais là, cette épidémie est toute autre. Les autorités locales sont en grande difficulté pour reconnaître ces crimes survenus dans une ambiance si particulière. Mais nous, pays riches qui avons notre part de responsabilité dans les décisions qui ont été prises, allons-nous encore faire semblant de ne pas être au courant et regarder le foot ? Combien de victimes indirectes d’Ébola faudra-t-il encore ? Entre ces jeunes filles traumatisées, voire orphelines, et les enfants à naître.

Moi, je le dénonce et au nom de la science je demande pardon !

Si vous en avez le courage, regardez un film qui n’a pas eu les autorisations pour passer au cinéma ou sur les chaines télévisuelles : La leçon de e-bola, réalisé par Christian Marazziti. Il sera disponible gratuitement en streaming sur un site dédié à partir du 15 juillet.

La vaccination c’est l’apprentissage de la mémoire, alors face à de telles épidémies n’oublions rien.

Pascal Mélin

Pour en savoir plus : http://www.slate.fr/story/117047/ebola-epidemie-viols

UN ARRÊTÉ POUR AVANCER…

LEGIFRANCEL’arrêté du 10 juin nous l’attendions depuis le 25 mai. Ne cachons pas notre joie, l’accès universel au traitement pour tous les malades porteurs d’hépatite C est en route. Pourtant, souvenez-vous, il s’agit d’une pièce en deux actes. L’accès dès aujourd’hui à tous les patients porteurs d’hépatite C de stade F2/F3/F4 mais aussi à bon nombre de populations particulières qui sont à risque de transmission de la maladie. Pour les autres, il faudra attendre l’automne prochain le deuxième arrêté pour que l’accès soit vraiment universel. Tout cela appelle des commentaires.

Le premier point porte sur la question du prix. Nous sommes des gens responsables, et même si on a retenu des revendications de SOS hépatites « un traitement pour tous une guérison pour chacun », cette demande d’universalité a toujours été reliée à la baisse et à la renégociation du prix. Sur ce point nous voudrions de la transparence.

Le deuxième point porte sur une population qui est particulière car de plus en plus on l’oublie. Ce sont les malades contaminés par transfusion ou par utilisation de produits sanguins. Infectés dans leur chair depuis plus de 25 ans, ce n’est pas qu’un traitement qu’ils attendent, c’est aussi une réparation. La simplification des traitements chimiques ne doit pas occulter la complexité de la guérison psychologique ou sociale.

Le troisième point est une question : mais qui ne va-t-on pas traiter tout de suite ? Les patients avec un score F0 ou F1 vous aller me dire ? Oui, mais ils peuvent le plus souvent rentrer dans une catégorie autre qui leur permet l’accès aux soins. Mais alors qui va encore attendre jusqu’à l’automne ? Le deuxième arrêté ne sera-t-il là que pour annoncer une super-universalité ? Mais cette discrimination positive me fait grincer des dents. Il faut traiter les malades en tenant compte de la double problématique du traitement actuel : les malades ayant un risque de dissémination de la maladie et ceux ayant un risque d’évoluer très rapidement. D’un point de vue épidémique cela se comprend pour limiter la diffusion de la maladie. Pourtant ce choix amène à écrire des recommandations qui font frémir : concernant « les usagers de drogues avec échanges de matériel », ce choix revient à dire que l’acquisition de pratiques sécuritaires que nous diffusons via les programmes de RDR deviendrait un frein à l’accès au soin !

On s’entendrait alors dire dans les consultations des CSAPA face à un toxicomane porteur d’hépatite C : « Votre hépatite C n’est pas suffisamment grave pour être traitée maintenant, sauf si vous me dites que vous échangez du matériel, ce que nous avons appris ensemble à ne plus faire depuis 2 ans… ». Le traitement universel le plus rapidement possible c’est quand même mieux que la gymnastique pour faire rentrer les malades désireux de se soigner dans une case traitement.

Enfin, il y a les anxieux qui pensent que les consultations vont être embouteillées mais moi je fais confiance aux malades et aux médecins ainsi qu’à toutes les infirmières et secrétaires pour adapter les filières de soins pour permettre le soin de tous.

Si on est capable de faire entrer 80 000 personnes dans un stade en 3 heures avec une double fouille, on doit pouvoir traiter 200 000 malades infectés par l’hépatite C en 3 ans ! Possible non ?

Pascal Mélin

TRAITEMENTS CONTRE L’HÉPATITE C – FAITES VALOIR VOS DROITS !

Suite à la publication des arrêtés du 10 juin 2016  (ici et )   nous vous proposons un point récapitulatif des conditions d’accès aux nouveaux traitements contre l’hépatite C

Résumé de situation

►Les traitements sont proposés à toutes les personnes  aux stades de fibrose F2, F3, F4

►Les traitements sont proposés aux personnes présentant des manifestations extra hépatiques dus à l’hépatite C

►Les traitements sont proposés, quel que soit le stade de fibrose, à toutes les personnes présentant des risques d’évolution rapide de la maladie

►Les traitements sont proposés, quel que soit le stade de fibrose, à toutes les personnes présentant des risques de transmission (femmes en désir de grossesse,  usagers de drogues notamment)

 

                        Attention :

-pas d’indication pédiatrique (pas de traitements pour les mineurs)

-les traitements restent contre-indiqués pour les femmes enceintes

 

Détail des indications pour faire valoir vos droits 

A. Adultes présentant un stade de fibrose hépatique F2, F3, ou F4

B. Adultes, quel que soit le stade de fibrose :

  1. Infectés par un virus de génotype 3
  2. Présentant des manifestations extra-hépatiques du virus de l’hépatite

►Avis de SOS Hépatites : vous avez droit au traitement si vous souffrez  notamment de fatigue intense, de problèmes musculaires et articulaires, de problème de peau, de difficulté de concentration, de sécheresse des yeux

  1. En attente de transplantation d’organe ou ayant fait l’objet d’une transplantation d’organe (tous les organes sont concernés)
  2. Co-infectés par le virus du VIH
  3. Co-infectés par un autre virus hépatique (dont l’hépatite B)
  4. En hémodialyse
  5. Atteints de lymphome B associé au VHC
  6. Aux femmes en désir de grossesse
  7. Aux usagers de drogues avec échange de matériel
  8. Aux personnes détenues
  9. Ou à toute personne présentant un risque de transmission élevé

 Note : l’accès reste conditionné aux Réunions de  Concertations Pluridisciplinaires (RCP), en nombre limité.

►Si les indications ont évolués, les modalités de prescriptions (autorisations des prescriptions) restent pour l’instant identiques, pouvant entrainer un « embouteillage » des prescriptions.

Prochaines étapes

  • Septembre / Octobre 2016 : accès universel au traitement et évolution des modalités de prescriptions.

 

Nous restons vigilants !

DIS PAPA, C’EST QUOI LE DEFENSEUR ?

SIMPSON EURO 2016_DéfenseurDDVoilà la question qui bientôt va déranger !!!

Votre fils répétera en insistant : « Dis papa, c’est quoi un défenseur hein ? ».

Et votre femme élèvera la voix pour dire : « Tu pourrais relever la tête de la télé et répondre au petit ? J’avais pourtant promis de ne pas me fâcher pendant la coupe d’Europe de foot, mais je sens que je vais avoir du mal ! ».

Vous quitterez alors votre bière et votre écran plat (achetés en promos récemment), à l’occasion d’une touche, sans intérêt en milieu de terrain, vous regarderez votre chérubin de fils pour lui dire : « Le défenseur, c’est l’un des joueurs qui est juste devant le goal. Il est là en rempart et doit intercepter les avants et éviter de les laisser marquer. Il a aussi pour mission après une attaque de relancer le jeu. Il doit être physique, avoir une bonne vision stratégique du jeu, savoir courir à reculons et savoir tricher un peu pour les hors-jeux. Je t’expliquerai quand tu seras plus grand. Mais je suis fier de toi, tu as remarqué que notre défense était un point faible. Tu seras un grand sportif comme ton père ! ». Et vous ajouterez : « Dis, chérie, elles sont où les autres bières ? »

Voilà, vous avez rempli votre mission de bon père de famille. Pour assurer, vous prenez votre fils sur vos genoux comme pour lui apprendre à prier dans ce moment tendu car le ballon est à nouveau dans la surface de réparation. Vous vous penchez vers la télévision comme pour mieux voir et vous vous accrochez à votre bière… Quand votre petit s’exclamera : « Mais papa, je ne parle pas du foot, je veux savoir qui est et à quoi sert le défenseur des droits ? ».

Ne soyez pas surpris il n’y a qu’une réponse possible en attendant la mi-temps : « Va voir sur le site de SOS hépatites ! Il me semble qu’ils en ont parlé… »

Et oui mon bonhomme, nous aussi on parle du défenseur des droits.

Le poste et la fonction de défenseur des droits n’ont pas été créés par Didier Deschamps mais par décision constitutionnelle le 23 juillet 2008. C’est d’abord Dominique Baudis qui a occupé ce poste puis, depuis 2014, c’est Jacques Toubon. Le défenseur des droits n’est pas là pour rendre un jugement mais chacun peut l’interpeller individuellement et gratuitement s’il estime que ses droits ne sont pas appliqués. Il cherchera alors où, quand et comment la question posée peut trouver une réponse et il sera bien sûr vigilant sur le temps de réponse. Il a un rapport hiérarchique avec toutes les structures administratives d’un point de vue administratif mais pas en termes de décision.

Ça me donne une idée, et si tous les malades porteurs d’une hépatite C qui n’ont pas accès aux soins faisaient appel au défenseur des droits ? On va regarder et on vous dit. Bon Euro…

Pascal Mélin

L’HÉPATANTE N°9 – SPÉCIALE HÉPATITE B

ÉDITO B-EXIT : « COMMENT SORTIR DE L’HEPATITE B ? PAS BESOIN D’UN REFERENDUM POUR REPONDRE A CETTE QUESTION… LE PLUS SIMPLE POUR NE PAS Y ENTRER, C’EST D’ETRE VACCINE ! »

C’est ce dossier que nous voudrions ouvrir dans cette newsletter. Pourquoi le dépistage de l’hépatite B est toujours en panne plus de 30 ans après la découverte du virus ? L’hépatite B aujourd’hui, il est tellement plus simple de se vacciner plutôt que d’essayer d’en guérir.

L’hépatite B n’est plus à la mode et les médias se tournent vers l’actualité de l’hépatite C. L’accès universel aux traitements et à la guérison pour tous les malades porteurs de l’hépatite C est en marche. C’est ce qu’a annoncé la Ministre de la Santé le 25 mai lors de la journée nationale de lutte contre les hépatites virales. Il restera à organiser le dépistage des malades qui s’ignorent et leur accompagnement vers les soins.

L’éradication de l’hépatite C du territoire français est maintenant possible. Et c’est à nouveau une révolution, car jusqu’alors l’éradication d’une maladie infectieuse a toujours été liée à la vaccination. Vaccination qui n’existe pas pour l’hépatite C.

Pourtant, nous prenons le pari avec cette newsletter de vous démontrer que la réflexion sur l’hépatite B est en pleine effervescence et qu’elle mérite toute notre attention et notre soutien. En effet, pour l’hépatite B, l’arsenal permettant d’éradiquer la maladie est presque complet : dépistage fiable, vaccin efficace, traitements puissants. Pourtant en France plus de 2 millions de personnes ont été en contact avec le VHB et 280 000 personnes sont infectées chroniquement. Les TROD (test rapide d’orientation diagnostique) ont montré leur intérêt dans la lutte contre le VIH et le VHC, mais restent à l’état de balbutiement pour le VHB. Le vaccin contre le VHB a été bien malmené en France, et même si on se réjouit que de nouveau plus de 80 % des nourrissons soient vaccinés, les adolescents ne sont couverts eux qu’à 30 % et sont laissés en proie face à l’épidémie.

En 2016, trop peu de gens sont suivis pour leur hépatite B chronique et encore moins sont sous traitement. Même si ceux-ci sont puissants et efficaces, ils doivent être aujourd’hui pris à vie. De nouveaux médicaments arrivent dans les années à venir. On peut imaginer ces nouveaux médicaments comme de véritables ciseaux d’orfèvre permettant d’ouvrir l’ADN des hépatocytes, de découper l’ADN super enroulé venant du VHB qui s’est incorporé et ainsi le détruire aboutissant à une véritable guérison. On peut dès maintenant construire le projet d’une guérison pour tous… C’est ce programme que nous vous proposons de faire ensemble… Et c’est sur ce projet que tous nos représentants ont travaillé lors de nos dernières Universités de Printemps à Charleville Mézières.

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

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