CALENDRIER VACCINAL 2016

Le gouvernement a rendu public le calendrier vaccinal pour 2016, cette politique de vaccination est élaborée par le Ministre de la Santé après avis des commissions d’experts.

Dans ce rapport, on retrouve le texte et les recommandations concernant les vaccins contre les hépatites virales A et B mais la France a une politique vaccinale délicate à comprendre .

Depuis 2004 et la suppression d’obligation vaccinale contre la tuberculose, la liste des vaccins obligatoires est réduite au minimum.

La gamme des vaccins protecteurs augmentent chaque année mais ils ne sont pas tous pris en charge et ne sont accompagnés que de recommandations.

L’action de vaccination est un acte individuel et l’effet en est une protection collective, mais il semblerait que ce concept soit de plus en plus oublié.

L’intérêt collectif est sacrifié sur l’autel de la liberté individuelle.

Pourtant la politique vaccinale Francaise fait exception en Europe car les autres pays ont, soit des obligations, soit rien, nous sommes le seul pays à avoir « des recommandations vaccinales » ce qui bien sûr ne va pas dans le sens d’une vision claire.

Plutôt étonnant dans un pays où en général ce qui n’est pas obligatoire est interdit!

Face à ce paradoxe, la Ministre de la Santé actuelle a proposé de reprendre le débat public sur la vaccination d’ici la fin de l’année . Bien sûr, SOS hépatites souhaite participer de façon active à ce débat .

Mais revenons au calendrier vaccinal 2016 .

On peut y retrouver deux nouveautés :

D’abord le vaccin contre la fièvre jaune qui ne nécessite plus de rappel, seules deux injections sont suffisantes, ce qui est très important pour le département de Guyane, dernier département Français ou la fièvre jaune sévit encore .

La deuxième nouveauté concerne le vaccin contre le zona.

Là encore la pédagogie n’est pas appliquée. Le zona est le même virus que celui de la varicelle (le VZV virus zona-varicelle). On contracte la varicelle dans ses jeunes années puis le virus se retrouve à l’état quiescent dans des ganglions. Parfois des années plus tard, le virus ressurgit dans un territoire limité suite a une baisse des défenses immunitaires et cela s’appelle alors un zona.

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Mais alors dans le concept, pourquoi parler d’un vaccin contre le zona? En fait, on estime à 250 000, le nombre de personnes qui feront chaque année un zona, le plus souvent ce sont des séniors. Mais, les études ont montré qu’en vaccinant des personnes âgées contre le VZV cela permettrait de réduire de 50% le nombre de zonas en renforçant les défenses immunitaires.

Vous conviendrez que cela nécessite une pédagogie à mettre en place, surtout si l’on imagine un vaccin combiné VZV et grippe.

Autre absurdité : Rien sur la vaccination collective contre le papillomavirus, seules les filles en âge pré-pubère sont concernées, pour les protéger contre le cancer du col de l’utérus.

Cette analyse est une protection individuelle mais l’épidémie se répand grâce à tous, c’est pourquoi de nombreux pays ont choisi de vacciner garçons et filles pour assurer une protection collective massive.

Cet exemple montre bien les paradoxes de la politique vaccinale en France.

Nous continuerons donc de promouvoir le principe de vaccination en défendant son accès le plus large possible.

Pascal Mélin

http://social-sante.gouv.fr/prevention-en-sante/preserver-sa-sante/calendrier-vaccinal

UNE FOIS TOUS LES SIX MOIS, C’EST UN MINIMUM…

L’ANRS (Agence nationale de Recherche sur le SIDA et les Hépatites) a créé la cohorte CIRVIR en mars 2006 pour connaitre l’histoire naturelle des cirrhoses d’origine virale C ou B.

De mars 2006 à juin 2012, ce sont 35 centres répartis à travers la France qui ont inclus 1671 patients porteurs d’une cirrhose virale B ou C (1323 de l’hépatite C, 317 de l’hépatite B et 31 des deux).

Le principe était de collecter des données de la vraie vie.

Aujourd’hui, en 2016, la cohorte CIRVIR apporte ses premiers résultats.

Il est habituellement admis que le foie cirrhotique doit être contrôlé tous les 6 mois pour surveiller l’éventuelle apparition d’un cancer du foie.

Pour les 1671 patients avec un suivi moyen de 51 mois : 187 patients (soit 11,2%) ont présenté un cancer du foie, 114 (soit un peu plus de 2 patients sur 3) ont eu un traitement à visée curative : 15 – une greffe, 21 – une résection chirurgicale, 76 – un traitement par radiofréquence, 2 – une résection et une radiofréquence. Pour les 73 patients restants la prise en charge consistait en une prise en charge palliative avec des soins de confort.

Pour 113 patients (61,1%), le groupe A, la dernière surveillance datait de moins de 7 mois et 74, le groupe B de plus de 7 mois.

Le groupe B avec l’examen radiologique tardif avait 2,46 fois plus de risque d’avoir une tumeur sans objectif curatif. De même, l’origine africaine générait 4,09 fois plus de risque d’être en soins de confort.

Si l’on regarde la survie des patients après le diagnostic, à 3 ans ils étaient 60,6% dans le groupe de ceux ayant eu un examen à moins de 7 mois, groupe A contre 46,2% dans le groupe B ce qui est quand même très significatif…

CIRVIR confirme donc que la surveillance optimale d’une cirrhose virale nécessite une surveillance radiologique tous les 6 mois afin de dépister un cancer du foie à un stade où les prises en charge curatives sont encore possibles.

Pascal Mélin

FIBROSCAN ET HÉPATITE B

On ne conteste plus la place du FibroScan dans l’hépatite C et dans la co-infection VIH-VHC. Mais qu’en est-il pour l’hépatite B ?

Jusqu’à maintenant la méthode de référence pour explorer l’état du foie concernant l’hépatite B était la biopsie hépatique.

Mais devant le développement de tous les tests non invasifs de fibrose, les malades de la B souhaitaient bénéficier de ces nouvelles méthodes.

Mais pour l’hépatite B il semblait bien plus difficile d’utiliser le FibroScan que pour l’hépatite C.

C’est pourquoi L’EASL (Société Européenne d’Hépatologie) a émis des recommandations en avril 2015 sur les conditions d’utilisation du FibroScan en cas d’hépatite B.

Ces résultats devaient être confortés par une équipe indépendante et c’est ce qu’on fait les équipes de Grenoble, de Clichy et de Bruxelles.

422 patients porteurs d’une hépatite B ont eu à la fois un FibroScan et une biopsie hépatique afin de comparer les résultats.

Cette étude a confirmé qu’il ne pouvait y avoir de bornes universelles et qu’il fallait faire la différence entre les malades ayant des transaminases élevées ou non.

En cas de transaminases normales on considère que le seuil de fibrose F2 est équivalent à une élastométrie de 5,9 kilopascals.

En cas d’hépatite B avec transaminases élevées, les seuils correspondants à F2/F3/F4 étaient respectivement de 6,2/8,3/10,2 kilopascals.

Ces résultats ont donc confirmé les recommandations de l’EASL, même si vous remarquerez qu’ils sont un peu plus compliqués que pour l’hépatite C.

Mais ne cachons pas notre plaisir en ce lendemain de week-end de Pâques !

Les kilopascals sont reconnus dans l’hépatite B.

Pascal Mélin

DÉPISTAGE LORS DES CONSULTATIONS D’ANESTHÉSIE

SOS Hépatites demande depuis longtemps l’augmentation du nombre de tests de dépistage, et à ce sujet nous avions évoqué le dépistage possible lors des consultations d’anesthésie.
Il y a chaque année en France 10 millions de consultations d’anesthésie. Les malades ignorant leur sérologies positives VHC seraient 74000, et c’est lors du dernier congrès des JFHOD 2016 il y a une semaine que le Dr Lasalle de Grasse a présenté les résultats de ce travail.
L’étude s’est déroulée du 3 avril au 10 juillet 2015 dans le centre hospitalier privé de Grasse. Durant cette période, 1553 consultations d’anesthésie ont été réalisées, et un questionnaire remis par les secrétaires de la consultation.
1003 questionnaires furent récupérés (les secrétaires n’étant pas toujours là pour les remettre). 675 ont été remplis (67%) : 455 patients ont accepté le principe de dépistage (67%), mais seulement 271 ont effectués des tests VHB/VHC/VIH. Les anesthésistes lors de la consultation pouvaient alors répondre aux questions ou convaincre les réfractaires.
Résultats : aucun dépistage positif pour le VIH et le VHB mais 4 positifs pour le VHC soit 1,47 % des cas, et seuls 3 étaient virémiques (1,11%) . En tout état de cause, cette stratégie de dépistage lors de consultations semble intéressante.
Les Sociétés Savantes SFAR (Société Francaise d’Anesthésie et de Réanimation) et le l’AFEF (Association Francaise des Maladies du Foie) doivent se rencontrer pour évoquer la faisabilité d’un tel projet.

Un exemple à suivre.

Pascal Mélin

HÉPATITES ET MIGRANTS…

Les épidémies d’hépatites virales sont liées à des mauvaises conditions d’hygiène et à une promiscuité importante. C’est ainsi, à chaque fois qu’un pays est en proie à un effondrement socio-économique, sa population est exposée à des épidémies d’hépatites virales.

Lors des tremblements de terre, les médias nous annoncent toujours des épidémies de peste ou de choléra… Rarement des hépatites virales, car le plus souvent elles sont sans symptômes donc moins spectaculaires… Mais le virus silencieux est là !

L’un des plus grands camps de rétention de réfugiés sur le territoire Grec s’appelle Idomeni et 14000 personnes y sont bloquées attendant un accès possible vers l’Eldorado. Mais il y a quelques jours les premiers cas d’hépatite A aigüe se sont déclarés, entre autres chez une fillette de 9 ans, mais l’épidémie devrait exploser dans les jours à venir.

Toutes les conditions sont réunies pour voir apparaitre des cas d’hépatite aigüe : concentration humaine, mauvaises conditions d’hygiène, mélange d’adultes et d’enfants.

Des situations identiques se sont déjà présentées durant ces 50 dernières années.

On se souviendra de l’explosion de la Yougoslavie et des guerres qui ont suivi, entrainant des épidémies d’hépatites A aigües redoutables qui ont abouti pour certaines à des hépatites fulminantes : 1 cas sur 1000 chez les enfants, 1 sur 100 chez l’adulte, et pouvant aller jusqu’à 1 cas sur 50 et le plus souvent mortel chez toutes personnes âgées de plus de 60 ans.

Alors hépatites et migrants vous y croyez maintenant ? Les virus sont décidément dans toutes les actualités…

Pascal Mélin

FIGARO : LA TRIBUNE DU 15 MARS … L’APPEL DES 110

110 c’est le nombre de professeurs agrégés d’hématologie qui ont signé une tribune d’alerte ce jour dans le figaro .

Sous la dynamique des Pr Marininchi et Vernant les 110 ont dénoncé le prix croissant et de plus en plus exorbitant des innovations thérapeutiques en matière de tumeur hématologique alors que les enquêtes ont montré que le coût de la recherche et du développement est plutôt en baisse. En 15 ans le prix moyen de mise sur le marché d’un traitement est passé de 10 000 $ a plus de 120 000 $ . Au Etats Unis des malades ont déjà dû renoncer aux soins faute de pouvoir financer leur traitement et au Royaume Uni certains médicaments sont purement et simplement dé remboursés  . En France nous n’en sommes pas encore là mais notre système de santé solidaire risque d’être asphyxié rapidement.

Les prix des nouveaux traitements du cancer sont déterminés arbitrairement par les suppositions des industriels sur ce que les marchés sont capables de supporter.

On ne peut définir le prix d’un médicament sur les années de vie gagnées ou sur le coût économisé par rapport aux traitements antérieurs . Sinon quel aurait été le prix des antituberculeux au début du 20 ème siècle si on l’avait estimé sur les années de vie gagnée et les coûts des sanatoriums . Les règles du jeu permettant de fixer le prix des médicaments innovants deviennent tronquées . Les malades via la ligue contre le cancer et les hématologues via cette tribune poussent le même cri d’alarme .

De l’hématologue à l’hépatologue il n’y a qu’une lettre qui change! Mais les préoccupations sont les mêmes pour les malades ! Nous voulons garantir l’accès aux soins pour tous et ne pas valider ces stratégies mercantiles de rationnement . Les hépatologues doivent rejoindre les hématologues dans ce combat.

http://img.over-blog-kiwi.com/0/99/19/63/20160316/ob_76aada_cancer.jpg

Quatre propositions concrètes et piste de réflexion sont donc mises en avant:

1. définir un juste prix pour les médicaments du cancer, basé sur les sommes investies par les industriels pour la R&D du produit (en tenant compte des apports fournis par la recherche académique), auxquelles s’ajouteraient un retour sur investissement raisonnable, éventuellement défini au départ .

2. Rendre le système d’arbitrage des prix plus démocratique et transparent, en y associant de façon structurelle des représentants des patients et des professionnels .

3. Ne plus accepter les extensions de durée des brevets, la rapidité du développement des nouvelles thérapeutiques ne les justifient plus .

4. Autoriser, comme cela existe déjà pour les traitements du sida et des infections opportunistes, l’utilisation de licences obligatoires pour les pays en développement, leur permettant de produire et utiliser les génériques avant même que les brevets ne tombent dans le domaine public.

SOS Hépatites fais siennes ces propositions qui rassemblent toutes nos remarques et attentes depuis 3 ans .

Nous devons retrouver la raison ; Aujourd’hui l’industrie de l’innovation pharmaceutique génère plus de profits que l’industrie pétrolière ou celle du luxe . Parce que les soins doivent rester solidaires et parce que ce sont des valeurs fondamentales de notre système de démocratie nous nous devons d’inventer de nouvelles règles .

 

Pascal Mélin

http://sante.lefigaro.fr/actualite/2016/03/14/24739-lurgence-maitriser-prix-nouveaux-medicaments-contre-cancer

EFFETS SPÉCIAUX

Effet secondaire, effet indésirable, effet inattendu… Mais on oublie trop souvent qu’il y a aussi un effet primaire, désirable et attendu… Qui est l’efficacité thérapeutique et pour ce qui concerne l’hépatite C, la guérison ?

Le philosophe dirait que pour devenir indésirable il faut avoir été désiré et pour avoir un second il faut un premier…
À moins que ce ne soit le psychiatre qui tienne de tel propos… C’est du désir que nait la frustration mais de quoi peut bien accoucher l’indésirable ?
Peut-être de la guérison…
Après tout, les effets spéciaux sont là pour faire rêver, et l’illusion devient réalité.
Mais comment sont repérés ces effets ? Lors des études de test des médicaments, les traitements sont comparés à des placebos et l’on observe les effets attendus et inattendus… Ensuite, des enquêtes d’imputabilités sont réalisées pour retenir le signalement sur les notices si la preuve est apportée.
Mais cet effet doit être ressenti et verbalisé par le malade, et écouté, entendu et signalé par le médecin. Car majoritairement les signalements sont faits par les médecins, même si aujourd’hui malades ou association peuvent le faire légalement.
Pourtant, deux cas de figure se présentent aujourd’hui :
Premièrement, pour les patients en multi échec des traitements antérieurs on peut raisonnablement imaginer que des traitements simples et plus courts avec moins d’effets secondaires, amènent forcément une large sous déclaration voir de sous évaluation. Pour les hépatologues et les anciens malades (qu’on appelle familièrement les gueules cassées) ces nouvelles stratégies sont tellement bien tolérées par rapport aux anciennes drogues qu’ils déclarent tous une très bonne tolérance…
Deuxièmement, pour les nouveaux patients qui présentent des effets inattendus, lorsqu’ils en parlent à leur médecin, il leur est trop souvent répondu : « Ce n’est pas grave, votre traitement ne va durer que quelques mois, avant, c’était vraiment le parcours du combattant et, les patients enduraient des trucs autrement plus difficiles, mais vous ce n’est rien ! »

Comme c’est le médecin qui déclare les effets secondaires, vous comprendrez bien que dans ce cas aussi on s’oriente aussi vers une sous-déclaration.
Ce que vous ne savez pas c’est qu’à l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité de Médicament) tout effet suspect peut être signalé directement par un malade ou une association de patients.
C’est le chantier dans lequel s’est engagé SOS Hépatites, via une plateforme internet qui sera mise en ligne prochainement et par sa ligne d’écoute et d’accompagnement qui a pour rôle de relayer vos déclarations d’effets secondaires…
Pour mener à bien ce chantier, SOS Hépatites a réuni ce jour de nombreux militants originaires des quatre coins de l’hexagone et des DROM-TOM, des représentants de l’industrie pharmaceutique et des représentants de l’ANSM ont été invités à rencontrer nos militants pour évoquer le sujet.

La formation est faite, nous sommes tous pharmaco-vigilant maintenant.

Pascal Melin

MÉDIAS CULPA…

Le pôle Justice / Santé du Parquet de Paris a rendu son jugement concernant la dangerosité du vaccin contre l’hépatite B.

LE NON LIEU A ÉTÉ DÉFINITIVEMENT PRONONCÉ !

Il aura fallu 17 ans d’enquêtes et des milliers de pages d’expertises pour arriver enfin à cette conclusion.

Nous avons suivi l’évolution et les rebondissements de cette affaire pas à pas, les relayant sous forme de communiqués, d’articles ou de blog régulièrement sur notre site.

Mais aujourd’hui, ce n’était pas un laboratoire ou un médecin qui était en accusation, c’était le procès d’un vaccin !

Procédure unique au monde et polémique stérile puisque seule la France et les Français étaient réticents à cette vaccination…

En 1994, le gouvernement français se lançait dans un programme de vaccination de masse qui fut suspendu en 1996 par principe de précaution après des signalements de troubles neurologiques et du lien possible avec ce vaccin.

Mais aujourd’hui, le 9 mars 2016, le vaccin est définitivement disculpé mais le principe de vaccination dans son ensemble a perdu la confiance des Français, et ce principe a même été remis en cause par la Ministre de la Santé.

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Il faut maintenant demander des comptes aux responsables de cette désinformation : le vaccin contre l’hépatite B n’est pas dangereux !

J’en veux aux médias d’avoir confondu principe de précaution et information de principe : le doute, 

la peur, l’angoisse se sont insinués dans les esprits à cause de vous,  j’espère que vous allez réparer les dégâts, mais je ne me fait guère d’illusions… Les médias préfèrent toujours le catastrophisme à l’optimisme, ça fait davantage d’audience !

http://www.francetvinfo.fr/sante/soigner/vaccin-contre-l-hepatite-b-le-carton-rouge-de-michel-et-marina-contre-les-marchands-de-doute_1360941.html

Qui va maintenant s’atteler à réparer, à rassurer, à ré-informer ?

NOUS, BIEN SÛR ! Nous les malades qui avons été blessés dans notre chair et qui savons bien les dégâts que peut faire ce virus.

Pascal Mélin

À ceux qui le souhaite vous pouvez relire les témoignages qui sont déjà passés sur le blog ou le site :

etc, etc… avec les mots clés « hépatite B » et « vaccin » vous trouverez des dizaines de publications !

L’HISTOIRE FOLLE D’UNE HÉPATITE B AIGÜE…

Cette histoire s’est passée pas plus tard que ce matin à mes consultations.

Hélène, 55 ans, employée de bureau. Il y a 10 jours elle présente un tableau grippal banal avec fièvre et courbatures, mais très vite ses yeux deviennent jaunes.

Inquiète, elle va donc voir son médecin traitant, il demande des prises de sang, celles-ci indiquent une atteinte hépatique grave, et le diagnostic d’hépatite B aigüe est posé.

C’est dans ce contexte que je fis connaissance d’Hélène, jaune de la tête au pied et des transaminases à plus de 3000. Bien sûr, on a rapidement abordé la question des modes de contagion et de l’origine de sa contamination.

Et là, Hélène me raconte que c’est le compagnon qui partageait sa vie depuis 13 ans qui l’a contaminé.

Hélène avait eu 2 enfants avec son premier mari dont elle s’était séparée et avait reconstruit sa vie avec ce nouveau compagnon qui lui aussi avait un enfant d’une première union. Compagnon que nous appellerons Max, connu de ma propre consultation depuis plusieurs années.

Max était porteur chronique d’une hépatite B inactive découverte il y a 4 ans, ne nécessitant pas de traitement, simplement une surveillance, par contre, nous lui avions alors demandé à lui et à son médecin traitant de dépister et de vacciner tout son entourage. Quelques mois plus tard, Max nous rassurait en nous expliquant que tout avait été fait.

Mais aujourd’hui, Hélène était la preuve que les vaccinations de l’entourage n’avaient pas été faites, elle ignorait même jusque-là que Max était porteur d’une hépatite B.

Ce dernier n’avais jamais osé lui avouer sa maladie de peur d’être rejeté et du coup ne lui avait pas non plus parlé de vaccination.

L’hépatite B aigüe d’Hélène va mettre son couple en difficulté car la confiance est désormais brisée. Hélène a 95% de chance de guérir spontanément, mais c’est une déception et également l’incompréhension pour elle ! Comment le dire à sa famille, à ses petits enfants, comment les protéger ?

Max avait eu peur de dire les choses et sans doute de la réaction d’Hélène. Cette histoire se termine avec une nouvelle contamination mais elle apporte surtout un éclairage de réflexion.

Premièrement : Hélène et Max n’avaient pas le même médecin traitant, puisqu’on ne parle plus de médecin de famille mais de médecin traitant ou référent.

Deuxièmement : cette histoire relance pour moi le débat sur l’obligation de notification aux partenaires déjà évoqué pour le VIH et mise en place dans certains pays, mais qu’en est-il des obligations de notification pour les personnes souffrant d’hépatites virales ?

Troisièmement : l’élargissement de la vaccination contre l’hépatite B à l’ensemble de la population et son caractère obligatoire et systématique permettrait de faire disparaitre les questions un et deux.

Le troisième point est d’ailleurs le plus important, éliminant les risques sur les relations occasionnelles, ponctuelles et imprévues.

Une hépatite B aigüe est inadmissible en 2016. Et toute hépatite B aigüe est toujours le reflet d’un échec des stratégies de dépistage et de prévention.

Pascal Mélin

HÉPATITE C ET 8 MARS…

Le 8 mars, ça vous dit quelque chose ?

C’est la Saint Jean de Dieu ? Oui mais encore… La Journée de la femme ? Surtout pas ! C’est la Journée Internationale des Droits de la femme.

Car, si pour les salaires il n’y a pas d’égalité entre les hommes et les femmes, il n y en a pas non plus dans les maladies hépatiques.

En effet, les maladies du foie touchent plus souvent les hommes que les femmes, les maladies addictives sont davantage masculines, les femmes étant plus contaminées par les transfusions liées à leur parcours obstétrical.

Les femmes sont protégées par leur hormones jusqu’à la ménopause, c’est seulement ensuite qu’elles rejoignent les hommes et voient leur fibrose hépatique progresser.

Mais le droit de la femme c’est aussi leur droit à disposer de son corps… Et de son corps en bonne santé si possible.

On pense bien sur à l’avortement, mais je voudrais surtout parler du droit de la femme à ne pas contaminer ses enfants. Lorsqu’une femme est porteuse d’une hépatite C, elle risque de contaminer son enfant dans 3 % des cas.

Avec les traitements conventionnels, bien que ceux ci n’apportaient que 50% de guérison, les femmes avaient le droit de revendiquer un accès au soins. Mais alors que depuis 1 an l’explosion des antiviraux directs assurent 95% de guérison en 3 mois, les femmes en âge de procréer étaient oubliées.

Là, l’égalité homme / femme était parfaite car il leur fallait au moins avoir une fibrose supérieure à F2 pour prétendre à l’accès au traitement.

Il aura fallu attendre les recommandations de l’AFEF en février 2016 pour voir réapparaitre le droit des femmes à guérir avant tout projet de grossesse.

Car le droit des femmes ce n’est pas uniquement dans un souci de vision égalitaire mais surtout dans une reconnaissance de la spécificité féminine.

Il faudrait donc proposer à toute femme avec un projet de grossesse de se faire dépister des infections virales chroniques transmissible à l’enfant (VIH/VHB/VHC) et pouvoir ainsi sécuriser la grossesse et éviter la contamination du bébé…

Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et une protection universelle…

Pascal Mélin

LA PHAGOTHÉRAPIE OU NOS AMIS LES VIRUS…

Hépatites, SIDA, herpes, papillomavirus, Zika, grippe – tous ces virus nous font peur et sont régulièrement au-devant de tous nos espaces médiatiques. Pourtant, avant d’être nos ennemis, il y a un siècle, les virus étaient nos amis.

Souvenez-vous, les antibiotiques sont nés avec la pénicilline, découverte en 1928 puis utilisée pendant la Seconde Guerre mondiale !

Mais au début du 20ème siècle, la gangrène, les infections osseuses ou oculaires, qui sont presque toujours d’origine bactérienne, sont souvent catastrophiques et nécessitent trop souvent une amputation.

À cette époque, il n’existe aucun traitement efficace et on attend beaucoup des virus que l’on connait depuis plusieurs décennies. Les médecins ont remarqué que certains virus s’attaquent aux bactéries et les détruisent, ils leur donnent alors le qualificatif de bactériophages.

À cette époque, on imagine alors d’utiliser les virus pour lutter contre les infections bactériennes c’est comme cela que nait la PHAGOTHÉRAPIE. Malheureusement, les guerres et l’avènement des antibiotiques mettront fin à cette symbiose entre l’homme et les virus.

Mais aujourd’hui, face aux impasses thérapeutiques dans lesquelles les bactéries multirésistantes aux antibiotiques nous acculent, on ressort l’idée d’utiliser la phagothérapie.

Alors que ces méthodes n’existaient plus que dans des pays de l’Est, nos amis les virus pourraient bien revenir prochainement comme des médicaments innovants. L’arroseur arrosé ou le virus qui vire.

À suivre…

Pascal Mélin

BAS LES MASQUES !

Ce mois de février élastique est le traditionnel mois du carnaval un peu partout dans le monde.

Le plus célèbre n’est pas à Rio mais à Venise où il existe depuis plus de 1000 ans. Le peuple profitait alors des derniers jours du carême pour célébrer une fête masquée où les critères d’appartenances sociales disparaissaient pour quelques heures.

La hiérarchie était renversée, toutes les contraintes exercées dans l’année, rejetées pour un moment, l’individu fondu dans le groupe légitimant ainsi ses actions.

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Tout pouvait se dire se faire et se défaire sans signe ni de richesse ni de pauvreté.

Un des masques les plus emblématiques du carnaval de Venise est celui qui évoque un bec d’oiseau : le fameux masque à bec d’oiseau porté par les médecins de la peste au 14ème et au 17ème siècle lors des grandes épidémies et célèbre aussi dans la Commedia Dell’ Arte.

Les « médecins becs » les portaient pour aller au contact des populations pestiférées. À l’époque, on pensait que la peste se transmettait par l’air et au contact de la respiration.

Ces masques avaient donc deux fonctions : d’abord faire peur et tenir les gens éloignés et ensuite, comme ils étaient remplis de mousse d’herbe de fleurs odorantes couvrir les odeurs de la maladie et en limiter ainsi sa propagation.

Quand au moment du carnaval la population voulait exorciser pour oublier et se sentir libre, c’est donc naturellement qu’elle s’est appropriée le masque à bec d’oiseau pour le décliner ensuite vers le masque vénitien que nous connaissons tous.

Pourtant, on a longtemps pensé que cette tenue était un réel bouclier contre la transmission de la peste. Ce n’était pas le masque qui protégeait mais la tenue complète, qui était constituée entre autre d’une tenue de cuir très serrée évitant ainsi les piqures de puces. Mais c’est bien des années plus tard qu’on découvrira que la peste était en réalité transmise par les puces de rat.

Pourquoi je vous raconte cette histoire ? Parce que se termine le mois des carnavals et à l’heure où l’on pense connaître les infections et les épidémies, les hommes luttent contre ce qu’il ne comprennent pas en s’inventant des croyances ou en se créant des coupables.

À l’heure où l’on est prêt à sacrifier l’obligation de vaccination sur l’autel de la liberté individuelle on devrait plutôt se souvenir de nos croyances passées.

La santé ne peut pas être qu’une mascarade et les malades de simples figurants d’un carnaval.

Pascal Mélin