AUTOTEST VIH : POUR UNE ANNONCE SOLITAIRE…

Souvenez-vous des années 80 et des personnes qui se suicidaient en apprenant qu’elles étaient porteuses du VIH ? On avait alors interdit d’adresser les résultats aux patients par courrier. Toute annonce de séropositivité devait être faite par un médecin. Puis il a paru difficile de demander une prescription de tests sérologiques à un médecin. On a alors inventé les CDAG (Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit) qui permettaient à chacun de se faire dépister gratuitement et sans justifier de son identité. Ce nouvel outil qu’était le CDAG a permis de réinterpeller tous les usagers sur leur comportement. Ces dernières années on constatait, que certains usagers étaient toujours en dehors de toutes stratégies de dépistage. On développait alors les TROD (Tests Rapides d’Orientation Diagnostique) pour permettre un dépistage communautaire et s’écarter le plus possible du corps médical. Ceci permettait alors avec une simple goutte de sang de pouvoir orienter le dépistage vers des HSH (hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes) des précaires, des usagers de drogues. Malgré tous ces outils il manquait l’autotest VIH, c’est chose faite pour 25 euros dans toutes les bonnes pharmacies à partir de ce 15 septembre.

Le VIH a maintenant rejoint la grossesse, vous pouvez faire votre autotest où vous voulez et quand bon vous semble, mais c’est seul que vous affronterez le résultat.

On a l’image romantique de la femme qui fait son test de grossesse et qui se réjouit à l’avance de l’annoncer à son compagnon. Mais on oublie la femme seule qui suite à un retard des règles pleure face à un autotest positif. Il y a plusieurs enjeux sanitaires à la mise à disposition des autotests : permettre au plus grand nombre d’accéder à l’information sans passer par un tiers ou un médecin, mais aussi contrôler au mieux une épidémie et dans l’idéal, faire accéder les patients aux soins de façon le plus précocement possible.

Mais que fait-on de la violence de cette auto-annonce ? Les autotests doivent nous amener à avoir une politique sanitaire audacieuse. Comment assurer un accès rapide à la consultation spécialisée en cas de réponse positive ? Et pourquoi prioriser le dépistage de certain virus ? L’annonce est une rupture dans votre schéma de vie, c’est l’effraction violente de la mort. Vivre avec un virus c’est apprendre à dire et à mettre des mots sur des émotions. L’annonce par un tiers obligeait et rendait possible ce passage par la parole. On peut craindre que l’isolement face à la découverte solitaire de la maladie enferme le nouveau malade dans l’isolement.

Si vous avez une co-infection VIH-VHC, vous réaliserez l’autotest VIH et vous ne penserez pas être co-infecté !

Les TROD VIH sont en place depuis plus d’un an mais les TROD VHC et VHB existent depuis plusieurs années, seul ou en combinaison, ils sont au point mais toujours pas autorisés par les autorités et on ne parle même pas des autotests : pourtant, il y a en France 130 000 personnes infectées par le VIH alors qu’elles sont 500 000 atteintes de l’hépatite B ou C. Alors pourquoi ce laxisme et cette différence de traitement ?

Ce que permettra l’autotest VIH :

Découvrir que vous êtes porteur du virus VIH depuis plus de 3 mois. Prendre conscience des risques de transmission. Se préparer à des tests de confirmation.

Ce que ne permettra pas l’auto test VIH :

En cas de négativité le doute persistera encore 3 mois. Il ne permettra pas de se passer du préservatif entre 2 personnes avec un test négatif, car une réponse négative n’éclaire avec certitude que sur l’état infectieux du patient trois mois avant. Le test ne protège pas, il informe. Le test ne devrait jamais être rendu obligatoire par un tiers, parents/enfant, employeur/employé ou bien encore au sein d’un couple.

Cinq à six millions de tests sont réalisés chaque année mais pour certains il s’agit de tests à répétition, le développement des autotests doit nous amener à reprendre le débat citoyen concernant le VIH en reprenant l’information de tous. Mais il faudra aussi reprendre l’éducation des professionnels de santé ainsi comme lors de l’arrivée de la pilule du lendemain ou la mise en vente de la pilule dans les années 70. Des pharmaciens s’opposent à vendre ce test qui n’est pas remboursé expliquant que c’est trop compliqué ou bien difficile à l’officine. Ainsi à Marseille une équipe de journaliste a découvert que la plus part des pharmacies ne mettait pas à disposition ce test.

À quand les autotests hépatite B ou C ou bien la syphilis ? Mais pour rattraper ce retard nous demandons la reconnaissance des TROD VHC et VHB que nous attendons depuis 4 ans ainsi que le développement de TROD multi-plot permettant de tester en même temps le contact avec plusieurs virus.

Pascal Mélin

Pour en savoir plus : http://actifsante.org/documents_pdf/Com_de_Presse_Autotest_VIH_ANRS.pdf

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