THE LAST SHIP OU UN VIRUS À HOLLYWOOD…

Ne vous laissez pas mener en bateau par la dernière série lancée par M6 : « The Last Ship ». Tous les ingrédients ont été mélangés et on joue sur le phénomène Ebola et les terreurs qu’il réveille.

Je vous plante le décor : une frégate militaire part pour une mission secrète au pôle Nord, avec à son bord des scientifiques, des virologues pour être plus précis. Aucune communication pendant 3 mois, mais voilà pendant ce temps, un mystérieux virus détruit la planète en tuant tout le monde. En fait, les virologues étaient à la recherche de la souche virale originelle, découverte et transmise par les oiseaux suite à la fonte de la calotte glacière.

À leur retour, presque tout le monde est mort et le navire de guerre devient l’arche de Noé. Les virologues se lancent alors dans la fabrication d’un vaccin. Mais il faut du carburant, de la nourriture. C’est là que le grand n’importe quoi arrive.

Bien sûr il reste des survivants et ce sont des méchants qui évidemment se revendiquent d’Al-Qaida. Mais les démons américains ne s’arrêtent pas là, bientôt un autre bateau apparait, celui-là occupé par des Russes qui veulent s’emparer de la souche  originelle. Cependant le virus est extrêmement contagieux et transmissible par l’air. On voit alors les militaires en combinaison monter à bord d’un bateau où tout le monde est mort pour y piller nourriture et carburant. Au milieu des cadavres, un jeune afro-américain (avant on disait un black) perd son masque et se retrouve donc exposé. Se sachant contaminé et n’écoutant que son patriotisme, il prend son arme de service et se suicide.

Mais les plus grosses absurdités sont virologiques, on voit des soldats retirer leur combinaisons d’isolement et ce, à quelque mètres des cadavres contagieux, quoi dire de la nourriture comment est-elle décontaminée ? Comment les combinaisons d’isolement sont-elles nettoyées ? Comment  installer un laboratoire d’isolement type P4 sur un bateau ? Pourquoi les virologues sortent en tenue de protection du laboratoire? Comment sont effectués  les prélèvements sanguins?

Alors de grâce, messieurs les scénaristes, entourez-vous d’un conseiller en virologie et d’un épidémiologiste avant de vouloir utiliser les virus comme des  activateurs émotionnels et sensationnels.

Nous qui vivons au quotidien avec un virus ne souhaitons pas être regardés comme des pestiférés.

Pascal Mélin

LA MAJORITÉ DE SOS HÉPATITES

C’était le 11 novembre dernier que SOS fêtait ses 18 ans : qui aurait pu dire, en ce onze novembre 1996 ce que nous serions aujourd’hui en 2014.

Le 11 novembre 2014, ça ne vous dit rien ? Mais oui, bien sûr c’est le centenaire de la grande guerre ! Permettez-moi de crier mon étonnement, à l’heure où il n’a jamais été aussi dur de maintenir un monde en paix et de construire l’Europe sur les reste de nos divisions, comment ose-t-on célébrer une entrée en guerre, c’est absurde et c’est contre le cours de l’histoire. Moi j’ai honte de fêter le centenaire d’une entrée en guerre, on devrait se taire, s’excuser face à l’humanité et le seul centenaire que je reconnaitrai sera celui de 2018, qui lui, sera un symbole de paix et d’union.

Alors de grâce pour les 4 ans à venir ne fêtez plus le 11 novembre que par le souvenir de la création de SOS hépatites et laissons-nous une minute de recueillement sur la tombe de l’hépatant inconnu et méfions-nous de la possible fibrose sévère de notre mémoire.

Moi je me souviens de ce 11 novembre, de cette soirée crêpes ou à quelques-uns, malades, médecins, ou infirmières, on a osé rêver un autre monde. Quelques mois plus tard nous avions notre premier local à Saint Dizier, rue du Docteur Mougeot, avec une grande affiche « SOS Hépatites » sur la vitrine.

Puis ce fut la fédération et comme tout enfant qui grandit le départ vers la capitale.

Mais SOS Hépatites vient d’avoir un beau cadeau d’anniversaire, pour ses 18 ans, car je viens d’apprendre le 12 novembre que nos anciens locaux allaient être repris par l’équipe du CAARUD de Chaumont (Haute-Marne) qui assurera une permanence à Saint Dizier tous les lundis, mercredis et vendredis. Merci à toute l’équipe du CAARUD – le phare de Chaumont de faire encore souffler un vent hépatant dans ces locaux.

Pascal Mélin

LE CHEMIN DES DAMES

Le chemin des dames passe souvent par une grossesse. En 2014, la science médicale permet le plus souvent aux femmes de gérer leur grossesse de façon optimale dans l’accomplissement de leur désir d’enfant. Cet enfant que l’on va accueillir au moment le plus approprié on le voudrait parfait, il est impensable de lui transmettre une quelconque maladie. Pourtant si une mère est porteuse du virus de l’hépatite C elle risque de le transmettre à son enfant dans 3% des cas et parfois même 20% si elle est également porteuse du VIH.

En 2002, lors de la conférence de consensus qui devait définir l’utilisation de l’association interféron et ribavirine les conclusions avaient tout comme aujourd’hui retenu l’indication de mise sous traitement à partir d’un score de fibrose a F2 (le concept de F2 sévère n’existait pas encore) pourtant sur pression des associations d’usagers et de leur représentant il avait été admis qu’une femme pouvait être traitée quelque soit son score de fibrose pour justement, si elle était en âge de procréer, lui éviter le risque de contaminer son enfant.

En 2014, cette recommandation a disparue ! Comme s’il n’était plus si grave de contaminer son enfant à la naissance. On pourra toujours me dire que face à la puissance des traitements, les mères peuvent se rassurer, leurs enfants pourront être traités secondairement. Mais qu’en restera-t-il de cette culpabilité d’avoir transmis une maladie en même temps que la vie ?

Comment le dire à l’entourage ? Comment aider un enfant à grandir avec cette plaie dont il demandera surement l’origine de la contamination maternelle ? Autant de questions qui amènent à comprendre la femme porteuse d’une hépatite C minime de choisir l’accès au traitement et donc à la guérison avant tout projet de grossesse. Ce choix est défendable et entendable, c’est pourquoi nous le reprenons et le porterons aussi fort qu’en 2002.

Car guérir c’est bien mais prévenir une contamination… c’est tout aussi bien !

Pascal Mélin

LE PRIX QUI TUE

On attendait la nouvelle depuis le début de la semaine : à quel prix sera vendu le SOVALDI ?

La question nous était posée : quel serait le juste prix pour vous ? Aucun ! Car accepter un juste prix pour un traitement, c’est accepter qu’une maladie puisse être juste !

Le prix acceptable c’est de payer la fabrication et la recherche et bien sûr à la marge permettre un retour sur investissement. Mais aujourd’hui c’est juste l’inverse qui explose, il faut essentiellement amortir le rachat d’une Startup, amortir au plus vite et satisfaire les actionnaires.

Et les patients dans tout cela, et l’argent public ?
Le prix retenu sera de 488 € le comprimé au lieu de 666 € soit une diminution de 26%. Mais ne nous ne demandez pas de nous réjouir en nous disant que c’est le prix le plus bas d’Europe, car la France c’est aussi le pays où l’on traite le plus de monde et qui fera donc le plus gros effort financier.

Nous sommes très touchés par les cadeaux qui n’en sont pas .

Dans son communiqué de presse le Ministère de la Santé précise que ce médicament sera pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Mais depuis 1945 une trentaine de pathologies chroniques sont prise en charge à 100% pour certaines et l’hépatite C en faisait déjà partie il n y a donc pas de cadeaux. La cure de 3 mois sera donc à 41 000 € oui mais toute seule ce n’est pas suffisant, il faudra donc une deuxième molécule et à quel prix celle-là, à moins que ce soit directement l’harvoni aux alentours de 58 000 €.
De telles annonces ne manqueront pas de fragiliser notre système de santé et quel sera le juste prix des 20 molécules innovantes qui vont arriver en négociations financières dans les mois a venir ? N’avons-nous pas créé un précédent en ouvrant cette boite de Pandore, pourquoi et pour qui payons nous ?
Ceci n’est pas un communiqué de presse mais on était pressé de communiquer avec vous.

Un beau cadeau pour le beaujolais nouveau. Hépatant non ?

Pascal MELIN

HÉPATITE C : L’OCCASION RATÉE D’ARRETER UNE ÉPIDEMIE. LES LABORATOIRES TOUJOURS RASSASIÉS !

 

Communiqué – le 21 Novembre 2014

Hépatite C : l’occasion ratée d’arrêter une épidémie

Les laboratoires toujours rassasiés !

Depuis de nombreux mois nos associations et collectifs se mobilisent sur les enjeux du prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et par la même sur la politique de fixation des prix, alertant sur les dangers de restrictions d’accès aux soins,  la politique de rationnement  due aux coûts et les difficultés du système de santé à y répondre.

Les associations et collectifs sont en colère !

Au terme de négociations avec le  laboratoire Gilead qui commercialise le SOVALDI, le premier de ces nouveaux traitements particulièrement coûteux, le comité économique des produits de santé (CEPS) a fixé hier le prix du médicament Sovaldi à 13 667 € HT par boîte de 28 comprimés soit 41 000 € pour une cure de 3 mois. Le prix de ces médicaments va  dangereusement impacter un système de santé qui risque en conséquence d’avoir toujours plus de difficultés à faire pleinement jouer sa dimension  solidaire.

Les  contribuables n’ont d’autre choix que d’accepter un prix aussi exorbitant qu’injustifié, destiné à rentabiliser une opération financière privée alors que  l’ensemble des conditions pour autoriser la production  immédiate d’un générique  par l’émission d’une licence d’office sont aujourd’hui réunies.

Pour contrebalancer l’image d’une reddition face à la spéculation financière pharmaceutique, sans lien aucun avec la problématique de l’innovation, la Ministre de la santé, Marisol TOURAINE annonce la suppression de la participation financière de l’assuré à travers « une prise  en charge à 100% par l’assurance maladie ». Mais faut-il rappeler aux plus hautes autorités de l’Etat que le traitement des malades en affections longue durée (ALD, dont l’hépatite C fait partie) est, depuis 1945, pris en charge à 100% par l’assurance maladie ? C’est justement ce système solidaire que les acteurs de la société civile et les malades eux-mêmes veulent préserver, au-delà de leur besoin impérieux d’accès aux nouveaux traitements. Or l’acceptation de tels tarifs, injustifiés au regard du coût de production et de développement, contribue à mettre profondément en danger la subsistance de notre système de santé solidaire et le principe de l’accès aux soins pour tous jusqu’à aujourd’hui revendiqué.

Marisol TOURAINE rappelle le mécanisme de régulation proposé dans le projet de loi de financement  qui ne permet pas  de répondre à la problématique de l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins. Les contraintes économiques  nous font craindre un tri des patients, parfois sur des critères non médicaux : les détenus et les usagers de drogues risquent d’être les premiers à être écartés de l’accès à ces nouveaux traitements, alors que les recommandations du rapport d’experts sur les  hépatites priorisaient leur accès aux soins, quel que soit le stade de fibrose.

L’opportunité unique de pouvoir enclencher dès maintenant une action déterminée pour mettre fin à l’épidémie de VHC s’éloigne, ce qui risque de plus de nous coûter collectivement plus cher dans la durée… Le gouvernement rate également aujourd’hui l’occasion d’un débat sur la mécanique de fixation des prix des médicaments, enjeu essentiel et éminemment prégnant pour l’avenir de notre système de santé comme de la recherche médicale.

Nous, associations de malades, représentants des usagers, soignants,  appelons la Ministre à saisir l’opportunité historique de la loi de santé pour enclencher une réforme  structurelle des modalités de fixation des prix, permettant de garantir l’accès aux soins pour tous. 

 

 

Contacts :

Michel Bonjour, Président de SOS Hépatites Fédération –   06 84 29 00 95

Emmanuelle Hau/Aurélie Defretin, Médecins du Monde –  01 44 92 14 31 /13 81 – 06 09 17 35 59

Yann Mazens, TRT-5 –  06 46 10 09 51

Signataires :

Actions Traitements, Act Up Paris, Act Up Sud-Ouest, Aides, ASUD, CHV, CISS (Collectif interassociatif sur la santé), Comede, Médecins du Monde, Dessine-moi un Mouton, Nova Dona, SIS association, Sol En Si,  SOS Hépatites Fédération, TRT-5

 

 

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DES MÉDICAMENTS POUR MANGER…

Quand j’étais jeune je rêvais du futur : « Quand je serai vieux, quand j’aurai 35 ans… ».

J’imaginais un monde où les repas seraient pris sous forme de pilules.

Aujourd’hui, j’ai 49 ans et la réalité est tout autre : on ne prend pas des pilules mais les patients cherchent à prendre des traitements plutôt que de la nourriture. Jamais je n’aurais pu imaginer une chose pareille. Voilà une situation que j’ai rencontrée plusieurs fois ces derniers mois dans ma pratique de médecin hospitalier.

Confucius disait : « Quand les gros maigrissent les maigres meurent ».

En temps de crise, les familles en difficulté réduisent tous les postes budgétaires. Mais toutes les enquêtes l’ont prouvé le budget nourriture est l’un de ceux qui est le plus impacté. La malnutrition s’installe puis la dénutrition avec sa cohorte de symptômes et d’expression clinique. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de confirmer la dénutrition aux patients qui présentent des problèmes atypiques. Mais voilà à plusieurs reprises lorsque j’évoquais la nécessité d’améliorer la ration alimentaire (terme pudique pour dire manger à sa faim) en évoquant l’accès aux banques alimentaires ou aux restaurants du cœur, les patients m’ont demandé des compléments alimentaires. Ces compléments hyper caloriques sont disponibles en pharmacie sur prescription médicale et bénéficient d’un remboursement et d’une prise en charge par la sécurité sociale. Ces médicaments conçus initialement pour venir en aide aux patients cancéreux ou aux personnes âgées dénutries nous sont maintenant demandé par des patients qui ne peuvent plus s’alimenter correctement pour des raisons économiques.

Prendre des complétements alimentaires quand on n’a pas ou plus les moyens de s’alimenter. La sous-alimentation doit-elle devenir une maladie ? Tout ne doit pas être médicalisé et l’absence de solution sociale ne doit pas aboutir à la surmédicalisation.

Le statut de malade ne devrait jamais être préférable à celui de non-malade.

Pascal Mélin

UN AVOCAT DOIT DEMANDER L’INCARCERATION DE SON CLIENT POUR LUI PERMETTRE DE TRAITER SON HEPATITE C.

Nous sommes en train de créer un monde où nous perdons le sens des valeurs fondamentales. La loi il y a quelques années, a établi les soins comme une valeur universelle qui doit être identique pour une personne incarcérée, à celle d’un citoyen libre.
J’ai parlé à un avocat qui avait parfaitement compris les contradictions dans lesquelles nous nous trouvons maintenant. Les nouveaux traitements sont selon les AMM réservés aux patients atteints de stades cirrhotiques ou pré-cirrhotiques, ou au mieux des stades F2 sévères. Par contre les personnes porteuses d’une hépatite en stade F0 ou F1, ne peuvent accéder au traitement et doivent donc attendre. Pourtant actuellement, le système carcéral français concentre une population beaucoup plus touchée par l’hépatite C. Les experts ont donc recommandé que toutes les personnes incarcérées puissent être traitées pour limiter l’épidémie et ce, sur des budgets spécifiques aux soins en milieu carcéral.
Voilà pourquoi un avocat qui devait défendre un patient porteur d’une hépatite C minime (stade F1) déclarait : « Je suis prêt à demander l’incarcération de mon patient pour lui permettre d’être soigné, ce qui ne sera pas possible si je plaide sa relaxe ! » cette déclaration était froide et démonstrative de l’absurdité dans laquelle nous sommes entrain de nous enfermer avec la main sur le cœur.
Si nous arrivons en novembre 2014 à de telles incongruités, c’est parce que depuis des années nous n’avons pas été en mesure de répondre aux questions que nous répétons depuis des années. L’hépatite C est-elle une maladie virale ou une maladie hépatique ? Traitons-nous une épidémie ou des sujets indépendants les uns des autres ? Devons-nous réfléchir l’accès aux traitements avec le filtre de la fibrose hépatique, de l’âge, du mérite, de l’envie de guérir, des manifestations extra hépatiques, de la capacité à produire des richesses ? Nous devons organiser et réfléchir les soins pour ne laisser personne en dehors des soins. L’engouement médiatique sur les nouveaux traitements a comme principal effet d’amener des patients dans une prise en charge. L’accès aux soins par une prise en charge égalitaire et correcte restera toujours le principal levier du dépistage.
Pour que jamais personne ne puisse souhaiter être incarcéré pour se soigner.

Pascal Mélin

HARVONI VIRE le LEDIPASVIR

Nous connaissions le SOFOSBUVIR déjà accessible, en une prise par jour de 400 mg, premier inhibiteur de NS5B du VHC. Mais depuis hier le LEDIPASVIR, premier inhibiteur de NS5A dosé à 90 mg arrive sur le marché. Bien qu’efficace le ledipasvir ne sera jamais commercialisé seul et c’est directement sous la forme d’un combo qu’il serait disponible : l’ HARVONI. Il associe de façon fixe dans un seul comprimé 400 mg de sofosbuvir et 90 mg de ledipasvir.

Nous vous avions déjà parlé de l’harvoni dans nos colonnes en octobre dernier lors du congrès de l’AFEF : (http://www.soshepatites.org/2014/10/17/) du combivir/harvoni et pendant l’AALSD ou le Pr Marc Bourlière avait présenté l’intérêt de cette association pour traiter les cirrhotiques : http://www.soshepatites.org/2014/11/09/en-direct-boston-aasld-french-touch/).

Pour la première fois de l’histoire un médicament n’aura pas de développement seul mais directement en combinaison thérapeutique. Depuis hier soir, nous avons obtenu en France une ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation) qui sera réservé aux patients pré-cirrhotiques ou cirrhotiques qu’ils soient infectés par des génotypes 1 à 3 ou 4, naïfs de tout traitement ou en échec thérapeutique.

Pour les patients non cirrhotiques et naïfs (même au stade de cirrhose) le traitement devrait être de 3 mois et les traitements longs de 6 mois seront réservés aux patients cirrhotiques en échec d’un premier traitement.

Nous devrions ainsi obtenir des taux de guérison virologique de plus de 90 %. Deux questions restent en suspens, quel sera le prix de cette association ? Permettra-t-elle de revoir le prix du sofosbuvir ? Et comment va-t-on accompagner ces nouveaux traitements pour lesquels la compliance est primordiale, même si nous lui trouvons très peu d’effets indésirables, nous devons adapter nos programmes d’éducation thérapeutique.

Mais pour bien se traiter, attention aux interactions médicamenteuses. En effet, la prise concomitante de traitement antiacide pour l’estomac diminue l’efficacité des antiviraux et les deux doivent être pris à une distance d’au moins 4 heures. De la même façon il existe des interactions avec les traitements antiépileptiques ou anti VIH.

Harvoni peut se prendre avec ou sans repas mais attention aux associations avec d’autres médicaments.

Nous espérons que ce progrès verra rapidement arriver la concurrence avec le combo des laboratoires Abbvie.

Pascal Mélin

C’EST MOYEN GRAVE…

Ça fait jeune, branché, on se croirait dans la cité. Et pourtant ce sont les recommandations officielles pour la prise en charge de l’hépatite C !
Vous connaissez mon amour de la sémantique alors laissez-moi vous expliquer la gravité d’une hépatite C. C’est bien sûr une maladie du foie, le virus détruit le foie en produisant du tissu cicatriciel qui s’appelle la fibrose et qui est dénué de toute fonction hépatique. Pour évaluer cette maladie il faut donc évaluer la fibrose. La classification histologique mise en place dans les temps anciens de la biopsie hépatique (mais je vous parle d’un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre…) évalue la fibrose en la notant de 0 à 4 :
F0 : pas de fibrose
F1 : fibrose minime
F2 : fibrose moyenne
F3 : fibrose sévère
F4 : cirrhosephoto fibrose
Alors les choses sont simples, les nouveaux traitements ne sont pas accessibles à tous. Pour les patients F0/F1 pas de traitement car ils ne sont pas prioritaires et peuvent attendre.
F3/F4 traitement car il y a urgence, et on veut guérir les patients avant la transformation possible en cancer ! Mais pour les F2 on fait quoi ? On boit pour essayer de passer F3 ?
F2 est le score le plus difficile à déterminer par les méthodes non invasives (qui remplacent la biopsie) et dans plus de 33% des cas il aboutit à une mauvaise évaluation soit F1 ou F3 ! Mais ça change tout.
Alors on à ce jour on propose de ne pas traiter les patients F2 mais uniquement les « F2 sévères » mais c’est quoi ça ? Un patient moyennement grave je vous l’avais dit ! À moins que ce soit une invention pour garder la porte ouverte, mais qui donnera la définition ? Elle sera laissée à l’appréciation de chacun ? Cela deviendrait le fait du prince ou plutôt de l’hépatologue ?
Nous ne sommes pas des foies et la maladie liée au virus de l’hépatite C ne peut en aucun cas se résumer à l’atteinte hépatique ou non. Quid des manifestations extra-hépatiques, dermatologiques psychologiques, sociales ou articulaires. Allez expliquer cela à quelqu’un atteint d’hépatite C porteur d’une vascularite, fatigué au point de ne plus pouvoir travailler. Expliquez lui que vous le comprenez bien mais qu’il est F1 à l’évaluation de sa fibrose et que donc il ne pourra pas être traité à moyen terme mais surtout qu’il ne s’inquiète pas car les nouveaux traitements sont très efficaces même s’il ne peut y avoir accès !
F2 sévère ! On réinvente les classifications histologiques pour arrondir les angles mais les malades ne sont pas que des foies. Faisons confiance à la relation médecin/malade pour évaluer l’impact d’une hépatite dans la vie et les projets de vie d’un patient et décider de l’intérêt d’un traitement.

Pascal Mélin

RETOUR SUR L’AASLD : UN FOIE DE 80 ANS POURQUOI PAS ?

Les besoins de greffes d’organes et de foie en particulier ne vont cesser d’augmenter dans les années à venir, et l’on manquera de plus en plus de donneurs.
Les prélèvements d’organes chez les donneurs en état de mort cérébrale de plus de 80 ans est peut être une réponse possible.
C’est la question qui se pose aux USA. En utilisant les registres nationaux de 132 centres, l’équipe de Sharpton de l’université de Californie a analysé les données de février 2005 à janvier 2012.
36 318 prélèvements ont été réalisés dont 244 chez des donneurs de plus de 80 ans. Seulement 37 des 132 centres ont acceptés de greffer ces foies aux cheveux blancs et 71 % de ces greffes ont été réalisées par uniquement 6 centres. Bien sûr, ces foies n’étaient pas greffés à des adultes jeunes mais la survie post opératoire, les rejets et la survie étaient strictement comparables dans les centres qui en avaient l’expérience. De telles études amèneront probablement à modifier les critères de prélèvement, car pour l’instant, en terme de foie, l’homme est son propre réservoir de pièces détachées.
Ne dites plus, il n’est pas vieux dans sa tête mais il ne fait pas son âge dans son foie, sortons des stéréotypes…

Pascal Mélin

RETOUR SUR L’AASLD : L’ELASTOMETRIE HÉPATIQUE CHEZ LES SENIORS

Dans l’inconscient collectif le foie ne peut pas vieillir puisqu’il se régénère tout le temps. Pourtant qu’elle est l’évolution de l’état hépatique avec l’âge ?
La mise au point du Fibroscan et son caractère non-invasif permet d’envisager l’évaluation des populations âgées, c’est ce qu’ont montré 2 études européennes l’une hollandaise et l’autre belge.

Dans ces deux études, on s’adressait à des personnes de plus de 55 ans et la limite pathologique du Fibroscan retenu était à 8 Kpa.
Dans l’étude de Rotterdam, on comptait 3417 personnes d’origine caucasienne, 169 personnes (5,6%) étaient retrouvées à plus de 8 Kpa et atteignait 7,3% pour les plus de 80 ans. Le plus souvent les lésions étaient liées à l’existence de stéatose mais il est maintenant acquis que le foie vieilli aussi. Ce qui pose bien sûr des questions de santé publique face à une population qui grossit et vieillit et se retrouve de plus en plus médicamenté.
Pour les équipes belges 2456 personnes d’âge moyen 71 ans ont été suivi de janvier 2010 à mars 2014. 183 personnes avaient plus de 8 Kpa au fibroscan. Ils ont été suivi pendant une moyenne de 18 mois. Cette équipe a démontré que, quelle que soit la cause, l’augmentation au-delà de 8 Kpa de l’élastométrie hépatique était associée à une augmentation de la mortalité toute cause confondue.

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Nous avions déjà alerté dans nos colonnes, il y a 3 ans, que l’état hépatique pouvait être un reflet de la santé globale mais cela semble se confirmer, et comme à l’initiative de la cancérologie il faudra probablement développer des sciences intermédiaires.

Oui l’hépato-gériatrie est née.

Pascal Mélin

RETOUR SUR L’AASLD : HEPATITE C : LA GUERISON EN 8 SEMAINES QUI DIT MIEUX ?

C’est l’annonce record qui a été faite par Achillion Pharmaceutical à l’AASLD. En 2014, si on accepte de ne pas parler finance, des traitements sont actuellement disponibles avec des taux de guérisons de près de 90% en 12 semaines seulement. Alors comment faire mieux ? Si on ne peut pas faire plus fort alors il faut oser faire plus court ! C’est ce qui a été proposé avec l’étude de phase 2 nommé Proxy. La molécule ACH 3102 est un inhibiteur de la NS5A de deuxième génération. Cette étude a porté sur 30 patients naïf de tout traitement et infecté par un virus de génotype 1.
Résultats :
Groupe A : 12 patients ont reçus une bithérapie par ACH 3102 (550 mg en une prise par jour) et sofosbuvir (400 mg en une prise par jour) et comparé à 6 patients du groupe contrôle. Le traitement n’a duré que 12 semaines et 100% des patients étaient toujours non virémique deux mois après l’arrêt de traitement.
Dans le groupe B : les 6 patients du groupe A et 6 autres personnes recevront une bithérapie ACH 3102 et sofosbuvir pour 6 semaines uniquement.
La contre-attaque a été portée par l’étude C-SWIFT du laboratoire Merck qui a proposé une trithérapie par MK5172 (inhibiteur de protéase NS3/4A) et MK 8742 (inhibiteur de NS5A) et sofosbuvir à 102 patients infectés par un génotype 1. Le traitement durait 4 ou 6 semaines pour les 61 patients non cirrhotiques et 6 à 8 semaines pour les patients cirrhotiques…
On attend les résultats avec impatience. On connaissait les lessives qui lavent plus blanc que blanc maintenant voilà les traitements d’hépatite C qui traitent plus vite que vite.
On n’arrête pas le progrès non ?

Pascal Mélin