PRIORITÉ SANTÉ : LES HÉPATITES PAR CLAIRE HEDON

RFI

 

 

 

Pour écouter l’émission cliquez sur le lien: http://www.rfi.fr/emission/20150114-hepatites/ 

A l’occasion du 8ème Congrès sur les Hépatites virales qui s’est déroulé, les 12 et 13 janvier 2015, au Palais des Congrès à Paris, nous faisons le point sur les dernières avancées dans le traitement des hépatites B et C.

Ces maladies restent longtemps silencieuses, avec peu de symptômes au début, mais favorisent à terme les cancers du foie.

Comment mieux prendre en charge les patients ?

Quels sont les derniers traitements ?

Comment rendre disponibles les nouveaux médicaments dans les pays à faible revenu ?

  • Pr Patrick Marcellin, chef du Service d’Hépatologie de l’Hôpital Beaujon à Clichy qui préside la Fédération nationale des Pôles de référence et Réseaux Hépatites (FPRH)
  • Yann Mazens, directeur de SOS hépatites Fédération
  • Pr Oudou Njoya, hépato-gastroentérologue, assure la consultation sur les hépatites au CHU de Yaoundé, responsable du Laboratoire de Recherche sur les Hépatites virales et la Communication en Santé (LRHCS) à la Faculté de Médecine de l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun. Auteur de «Hépatite virales en Mots Simples», aux éditions L’ Harmattan.

QUAND LA PUISSANCE DEVIENT IMPUISSANTE…OU LE DIFFICILE PARCOURS DES MALADES.

p2Pour télécharger la présentation format PDF de P. Mélin cliquez : PHC pmélin 12 janv 2015

 

conf 2Chaque année à Paris, se tient début janvier le PHC, Conférence Hépatites de Paris. Organisée pendant deux jours sous la direction du professeur Marcellin et de toute l’équipe de Beaujon, cette réunion  se déroulait au Palais des Congrès de Paris les 12 et 13 janvier et rassemblait 1300 personnes et 80 pays. SOS hépatites était invitée à s’exprimer lors de la conférence de presse.

Voici les grandes lignes de notre intervention.

Un jour, des médecins ont osé imaginer un monde sans la variole, on les a pris pour des  fous mais depuis 1977 on sait qu’ils avaient raison. Nous aussi, en 2015, avons les armes pour rêver d’un monde sans hépatite B ni C. L’aventure d’un malade infecté commence par le dépistage. Accepter un test qui risque de faire basculer votre vie qui, s’il est positif, marquera un tournant. L’obligation de réfléchir à une nouvelle identité, celle d’un malade, et qui posera beaucoup de questions. Comment me suis-je contaminé ? A qui le dire ? Vais-je mourir ? Beaucoup de souffrances et de remises en question mais, qui sont souvent la première étape de l’accès aux soins et potentiellement à la guérison. Ce n’est pas pour autant que le sujet a perdu la santé ! Car la santé ne saurait se résumer à l’état du corps. En éducation thérapeutique, on sait qu’il y a la santé physique, la santé psychique, la santé sociale, la santé affective et la santé sexuelle. Chacune des branches de cette étoile de la santé doit être exploré et noté.

Apres le dépistage, il faut trouver le spécialiste qui est le plus souvent éloigné du domicile. Lors d’une enquête téléphonique réalisée en mai 2014, SOS hépatites a appelé CHU, CHG, spécialistes libéraux et cliniques. Malgré plusieurs essais, dans 20% des cas il n’y avait pas de réponse et en cas de réponse, bien qu’ayant signalé une probable cirrhose, le sujet se voyait proposer un rendez-vous dans environ 40 jours avec des variations de 4 à 219 jours. Est-ce acceptable ? Qu’elle est la bonne réponse ? Pour le médecin, il n y a jamais d’urgence  face à une hépatite C. Mais pour le malade dont la vie vient de basculer ? Quel est le délai acceptable ? Les lieux de prise en charge sont insuffisants pour faire face.

Lorsque les traitements permettaient difficilement de guérir un malade sur 2 avec une association interféron pégylé/ribavirine, 8 à 12 000 patients étaient traités par an sans aucune aide ni contrôle. Aujourd’hui en 2015, alors que l’on peut guérir neuf patients sur dix, on s’engage à traiter 14 000 patients par an en obligeant le prescripteur à faire contrôler leur dossier par un centre de référence. Pourquoi ? Pour limiter l’accès aux traitements ? Pour restreindre le prescripteur ou pour contrôler les dépenses de santé d’un traitement trop onéreux ?

A 50 000 € les 3 mois de traitement, qui pourra accéder à ce traitement en or ?

Pourra-t-on encore traiter les femmes jeunes (même en cas d’hépatite minime) pour leur éviter 3% de risque de contaminer leur enfant. Pourra-t-on traiter les prisonniers, les usagers de drogue, les enfants ou les personnes âgées? On nous demande d’être raisonnables et patients en nous expliquant que les choses se feront progressivement. On traite déjà les patients cirrhotiques et on verra dans les années à venir. Mais soyez rassuré, les traitements sont très efficaces. Imaginez, suite à un incendie, dire : « on ne prend en charge que les grand brulés, les autres ça peut attendre ».

Mais stop on a un virus dans le foie et pas forcément envie de vivre avec, surtout si des traitements existent pour s’en débarrasser.

Et après le traitement, comment est-il possible de guérir d’une maladie chronique? C’est une nouveauté dans l’histoire de la médecine. Assurément, il y aura deux types de malade. Les anciens, les gueules cassées qui se savent malades depuis plusieurs années et qui ont déjà gouté aux joies de l’interféron sans succès. Ceux-là seront surpris de la puissance et de la bonne tolérance. Mais qui les aidera après, en cas de guérison, à se reconstruire, à évacuer les traces, à gérer leur syndrome de Lazare? Et puis, il y aura les nouveaux qui, avant même d’avoir compris ce qu’était leur maladie seront évalués et traités puis, naturellement guéris. La prise de conscience sera alors celle d’une maladie aigue. Ce type de patient nécessitera une approche forcément différente et une prise de conscience et une appropriation de sa pathologie. Les équipes pluridisciplinaires médico-psycho- sociales et les équipes d’éducation doivent être maintenues, la facilité du traitement n’est qu’une apparence.

 

Que dire de l’hépatite B ? Nous avons depuis plus de 20 ans un vaccin, nous avons des traitements efficaces et le dépistage est en panne tant en France, qu’à l’échelon mondial. Un vaccin et un traitement efficace, le VIH et l’hépatite C nous envient cet arsenal, mais qu’en faisons-nous ? Il faut une vaccination obligatoire et universelle  pour le bien-être de tous et poursuivre de grandes campagnes de dépistage en utilisant des moyens simples et diffusables comme les TROD ou les buvards. Notre retard est inacceptable

L’OMS a reconnu 5 grandes épidémies planétaires : le SIDA, le paludisme, la tuberculose et depuis peu les hépatites B et C. A ce jour en 2015 on peut contrôler ces deux épidémies et les faire disparaitre. C’est maintenant et non demain que nous devons trouver les budgets et mettre en place les politiques sanitaires adaptées.  Il y a non-assistance envers tous ceux qui sont infectés et ne le savent pas ou bien tous ceux qui vont se contaminer.

Il nous faut faire évoluer la législation, rendre le vaccin obligatoire, généraliser et faciliter le dépistage en le proposant au moins une fois dans sa vie et en le proposant systématiquement aux femmes en cours de grossesse. Aujourd’hui, il faut abandonner le concept de groupe à risque. Les informations ont été répétées pendant 20 ans, les patients qui s’étaient reconnus comme ayant eu des pratiques à risque ou appartenant à un groupe à risque se savent infectés. En 2015, il faut s’adresser à ceux qui ne se savent pas malades, bref à monsieur tout le monde. Ne stigmatisons plus les précaires, les usagers de drogue, nous vivons la même révolution que le VIH qui était réputé initialement atteindre que les 4 H : Haïtiens, Héroïnomanes, Homosexuels et Hémophiles. Puis le cinquième H est arrivé monsieur et madame tout le monde les Hétéros… nous voici à ce virage pour les hépatites virales et plus largement pour les maladies du foie.

Acceptons les différences, faisons confiance aux associations de patients et aux malades eux-mêmes. Ne nous cachons pas derrière des problèmes financiers que nos politiques doivent régler. Continuons à dépister et à soigner, au plus près de son domicile, par des équipes et des médecins formés aux prises en charge pluridisciplinaires. Le rapport Dhumeaux sur la prise en charge des hépatites B et C qui vient de sortir est déjà dépassé et c’est merveilleux !

Mais nous devons, médecins, malades, politiques et industriels pharmaceutiques travailler ensemble pour faire disparaitre maintenant deux des 5 grandes épidémies infectieuses de notre siècle car aujourd’hui, c’est  possible !

Pour nos enfants, les hépatites virales doivent rejoindre la variole au pays des souvenirs et des maladies contrôlées, mais c’est maintenant qu’il faut agir. Ne soyons pas impuissants avec la puissance dans nos mains, les générations futures nous le reprocheraient.

Pascal Mélin

J’AI PAS LES FOIES…

« Même pas peur… » Cette phrase a été scandée partout hier. Au détour d’une rue j’entends derrière moi : « Il faut pas avoir les foies… »

Comment ne pas imaginer que ce cri m’était destiné, je cherchais du regard, celui qui avait lancé ce cri de ralliement.

Mais que voulait-il dire ? Je suis athée je n’ai pas les fois ? Ou bien ce cri avait-il une connotation hépatologique ? Je devais trouver la réponse.

Ma première surprise se trouve dans le dictionnaire : « avoir les foies », rien à voir avec la religion, il s’agit bien d’une expression hépatologique mais d’où vient-elle ?

Jusqu’en 1872, l’expression était avoir les foies blancs, mais pourquoi un foie blanc devrait il évoquer la peur ? Pour les premiers anatomistes le foie était rouge et on a longtemps cru que c’est lui qui fabriquait le sang, de la même couleur, symbole de force et de courage. Et par extension un foie blanc était donc privé de son sang et devenait le symbole de la lâcheté et de la peur. Dans l’imaginaire collectif, il n’en fallait pas plus pour  jeter à la tête  des effrayés ou des traitres « tu as les foies blancs », expression qui est devenue « avoir les foies ».

Brutalement, ma piètre orthographe me faisait douter. Que voulait dire « mauvaise foi », fallait-il entendre une allusion cirrhotique ?  Je reprenais les recherches. Foi vient du latin fides qui signifie : confiance, loyauté, promesse. La mauvaise foi a donc bien à voir avec la religion. J’étais donc de bonne foi, ouf ! Tiens c’est drôle moi j’aurai bien mis un E, on ne pourrait pas dire je suis de bonne foie ?

Je n’ai pas les foies, merci Charlie.

Pascal Mélin

C’ CHARLIE

LES SINGES

Je m’appelle Charlie mais mon prénom c’est Mohamed.

SOS HEPATITES s’est construite dans le respect de tous sans aucune ségrégation. Dans nos textes fondateurs on peut retrouver : « solidarité, information, défense et accompagnement de toutes les personnes malades du foie quelle qu’en soit la cause, le virus ou le mode de contamination ». Peut-être, aurions-nous dû ajouter quelle que soit sa confession religieuse.

Tous les hommes ont commencé de dessiner, avant de marcher ou de parler seul, et ce qui nous reste des plus vieux hommes se sont des dessins et non des écrits. Être humain, c’est dessiner, écrire, parler, aimer, tolérer. Par contre, être animal c’est avoir peur, se battre, agresser, survivre, fuir. Je refuse d’être un animal, le droit à l’autodérision est régulièrement utilisé à SOS Hépatites, nous nous sommes même moqué des papes lors de leur canonisation ou pour évoquer leur pathologie hépatique. SOS hépatites n’est pas Charlie Hebdo mais si l’on ose parler et revendiquer des choses c’est parce que nous croyons en démocratie sanitaire et que nous vivons dans un pays où Charlie Hebdo peut exister. Quand nous essayons d’informer ou d’écouter nous  restons fidèles au journaliste et écrivain français Albert Londres :

 « Je demeure convaincu qu’un journaliste n’est pas un enfant de chœur et que son rôle ne consiste pas à précéder les processions, la main plongée dans une corbeille de pétales de roses. Notre métier n’est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. »

Pour que SOS hépatites continue d’exister il nous faut des Charlies.

Pascal Mélin

TRISTES JOURS

Je devrais en tant que président vous présenter mes voeux, j’ai du mal à écrire, j’ai du mal à penser.

J’ai fait des émissions à Radio Libertaire avec Charb, une journée antimilitariste sur la place de la République un 11 novembre 1990 en pleine 1ere guerre du Golf.

J’ai fait en 1974 les rencontres « vivre avec l’enfant » expériences des écoles et crèches parralèlles  dans le Jura, chez moi avec Cavanna, Reiser, Fournier, Cabu, Wolinski, etc.

Je me souviens d’une soirée dans la forêt autours du feu avec Cabu qui chantait tout Charles Trenet accompagné à la guitare par Pierre Barouh.

Nous sommes « pour » défendre tous les malades quel que soit leur virus et leurs modes de contamination. Ça veut dire que nous sommes laïques, que nous sommes contre la discrimination, que nous n’avons pas peur de l’étranger, de ce que nous ne connaissons pas, que nous voulons comprendre et surtout ne rien subir. Une association de malades qui serait exclusive ne serait rien.

Nous sommes humanistes, nous accueillons tout le monde et nous sommes des activistes à la pointe de ce combat avec nos maigres moyens. Les gens qui sont morts étaient, je le sais, dans la même démarche dans l’information en se fendant  la gueule. Je voudrais que l’on continue à se fendre la gueule contre la maladie et les virus comme le fait si bien Pascal dans son blog, je veux continuer à dire que « j’encule le virus » car même si ça choque, ça fait du bien. Je veux continuer à hurler contre les injustices dans la santé et dans la vie.  Aidez moi, je suis mal, vous êtes ma tribu, ma famille. Partageons ce drame en affirmant que rien ne nous arrêtera dans notre action.

Nous sommes tous des Charlie’s.

Je vous aime

Michel Bonjour

L’HÉPATITE C À MIAMI…

blogm8Ce n’est pas la suite en télé-réalité des ch’tis à Miami, mais bien le sujet d’un épisode des « Experts à Miami ». Dans l’épisode 7 de la saison 8 intitulé « Les disparues de Miami » le tueur y est confondu grâce au virus de l’hépatite C.
Histoire : plusieurs jeunes femmes ont disparu et seuls des morceaux de corps démembrés ont été retrouvé, et même si le célèbre détective Horatio suspecte un méchant d’être le criminel il ne peut le confondre. Jusqu’à ce que les parents d’une victime disparue donnent l’information que leur fille avait contracté le virus de l’hépatite C lors d’un voyage en Egypte (aucune information sur l’éventuel mode de contamination). Par contre, on sait qu’il s’agit d’un virus typique du Moyen-Orient, serait-ce un génotype 4 ? L’histoire ne le dit pas.
Par contre, Horatio a l’idée de faire un bilan sanguin au méchant et découvre ainsi que c’est bien lui qui a découpé la jeune fille au hachoir et qu’il s’est blessé et a ainsi contracté l’hépatite C. Les dernières images le montrent menotté en route pour la prison.
Cette histoire pour le moins tordue m’amène quelque réflexion.
Premièrement, je ne suis pas certain qu’avec une telle histoire on facilite l’intégration, la reconnaissance et la tolérance des malades porteurs d’hépatite C.
Deuxièmement, dans le cadre de la politique de réduction des risques (que je défends) on ne répètera jamais assez qu’avant de désarticuler une victime au hachoir, et dans la mesure ou vous ne connaissez pas son statut virologique, il vaut mieux découper son cadavre avec des gants.
Troisièmement, à aucun moment dans la série il n’est évoqué qu’aujourd’hui on peut guérir de l’hépatite C. C’est dommage car c’est une information importante.
Quatrièmement, pour pouvoir faire la preuve d’un lien de contamination entre deux individus il ne suffit pas que les virus soient de génotypes similaires. Il faut également que le séquençage du génome des deux souches virales soit identique.
Enfin, j’espère qu’aux USA les traitements sont accessibles en prison et qu’on y accepte de traiter les hépatites C aigües avec les nouvelles combinaisons thérapeutiques.
Cet épisode n’aidera pas les malades à parler plus facilement de leur maladie mais visiblement cela excitait l’imagination des scénaristes. Dommage qu’ils ne soient pas mieux renseignés.

Pascal Mélin

L’ÉTOILE DES ROIS MAGES À SUIVRE…

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En cette période d’épiphanie, il faut se souvenir que les rois mages pour aller à la rencontre d’un nouveau-né qui devait être un prophète ont suivi une étoile.

La santé a été définie par l’organisation mondiale de la santé comme un bien être psychologique, physique et social. En éducation thérapeutique il est habituel de comparer la santé a une étoile a cinq branches.

Il y aurait ainsi :

la santé physique qui bien sûr comprend l’état du corps mais aussi l’alimentation ,les douleurs, la fatigue, les problèmes d’addiction, les prises de médicaments etc.

la santé psychologique : l’humeur, le moral, le sommeil, la solitude ou l’isolement, la vision positive ou négative du monde, la mémoire, les souvenirs…

la santé sociale, le logement, le travail, couverture sociale, mutuelle, titre de séjour, rapport avec la justice, bilan financier et endettement, assurance, participation associative …

la santé affective comprend bien sur les rapports familiaux mais surtout frère et sœur, enfant, parent, mais aussi les amis !

Pour qui suis-je important qui s’inquiète de mon état ?

Enfin

la santé sexuelle : ai-je un ou des partenaires ? Fréquence des rapports sexuels et avec quelle satisfaction ? Quelle libido ? Qualité des érections, protection, contraception ?

Comme vous pouvez le voir la santé est une étoile à 5 branches : physique, psychologique, sociale, affective et sexuelle. Alors en ce début d’année faite le point sur chacune de vos branches et noter la de 0 à10 et surtout quand vous présenterez vos vœux 2015 à votre grand-mère en lui souhaitant « surtout une bonne santé » ! Pensez à moi et à ces cinq branches quelque soit l’âge de votre grand-mère, car il faut rester en bonne santé le plus longtemps possible

Vous aussi suivez votre bonne étoile et en matière de santé restez branché.

Pascal Mélin

FRANÇOIS, SOIT FRANC…

blog 30 12Le Père Noël est bien passé mais il a oublié, ou pris 25 millions d’euro, dans la lutte mondiale contre le SIDA. Alors que depuis le début de l’épidémie du SIDA 80 millions de personnes ont déjà été contaminées et que la moitié en 2014 est décédée de leur infection.

En 2006, le Président Jacques Chirac participait avec le Brésil, le Chili, la Norvège et le Royaume-Uni à la création de UNITAID en trouvant des financements innovants pour lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose selon les recommandations de l’ONU et du fond mondial.

Ma première colère est de constater que même si nous avons pu  faire reconnaitre les hépatites virales comme la quatrième priorité internationale à ce jour elle reste absente de toutes les citations ce qui en soit est déjà un scandale.

Monsieur Douste-Blazy a été Ministre de la Santé, Ministre de la Culture et Ministre des Affaires Etrangères mais il est actuellement Président de UNITAID et Secrétaire général adjoint de l’ONU. C’est à ce titre qu’il dénonce ce jour le vol financier de la France. Depuis la création de UNITAID ce sont plus de 2 milliards de dollars qui ont été collectés. En 2014, ce sont plus de 12 pays qui participent à ce laboratoire financier expérimental dont Madagascar ou le Congo à la hauteur de leurs moyens. En 2015, ce sera au tour du Japon et de la Tunisie de rejoindre ce laboratoire de solidarité financière qui permet aujourd’hui d’acheter des médicaments à  prix très bas ou de promouvoir les génériques. Ainsi 8 enfants sur 10 atteints du SIDA dans le monde sont traités grâce à des fonds de UNITAID. Historiquement, le Brésil et la France avaient proposé une taxe sur les billets d’avion allant de presque rien en classe économique à 1,13 euro pour les courts et moyens courriers et 4,5 euro pour les longs courriers.

Cette taxe, payée par chaque personne achetant un billet était collectée par les états et reversée à UNITAID. La collecte devait s’élever à 110 millions d’euros pour 2014 mais le président Hollande a informé UNITAID que cette année la France ne reverserait que 80 millions d’euros expliquant que cela compenserait les efforts faits par la France dans le cadre de la lutte contre l’épidémie Ébola. Est-ce une excuse destinée à nous faire passer ce qui ressemble bien a du vol ? Quelque puisse être la crise et les difficultés financières de la France nous ne sortirons pas grandis ni crédibles à l’échelon internationale. Alors que fin 2015 la France organisera à Paris une conférence climatologique internationale quel sera notre aura ? Alors que nous avions été à l’initiative depuis 8 ans d’un formidable élan de solidarité en développant des financements innovants. Aujourd’hui, nous ne sommes pas fiers de ce qu’il faut appeler un vol. Rien ne peut justifier une telle attitude. C’est ce que dénonce le président de UNITAID en appelant le Président Hollande à revoir son jugement.

En tout cas nous ne sommes pas à la veille de voir des financements innovants pour permettre l’accès au plus grand nombre du traitement contre l’hépatite C  ou à la vaccination universelle contre l’hépatite B.

Nous pouvons déjà écrire notre lettre au père noël pour 2015.

Pascal Mélin

http://www.franceinfo.fr/emission/l-interview-politique/2014-2015/ce-n-est-pas-le-moment-de-toucher-la-taxe-sur-les-billets-d-avion-douste-blazy-29-12

MERCI À UN PATIENT POUR MA BLAGUE DE NOËL…

Chaque année, je vis un événement que je classe dans la catégorie LA blague. Cette année, j’ai vécu cette blague ce mardi 23 décembre lors de mes consultations d’addictologie au CSAPA de Saint-Dizier.

Un patient usager de drogue et suivi au CSAPA est venu consulter pour renouveler son traitement de substitution par méthadone. Je finissais la rédaction de son ordonnance de traitement lorsqu’il me demanda :

« Docteur, puis-je avoir des capotes ? » ce à quoi je lui répondis :

« Oui bien sûr ! C’est Noël et c’est dans les missions d’un CSAPA ». Je lui tendis alors cinq préservatifs. Il ouvrit alors grand les yeux et me dit :

« Mais c’est pour le mois qu’il me les faut ! »

Je me retrouvais de nouveau en face de la question de la norme, combien de préservatifs devais-je lui donner ? Comment ne pas le vexer ni l’insulter ? J’ai plongé ma main dans le petit sac de préservatifs de mon bureau pour lui en donner une pleine poignée que j’ai accompagnée d’un :

«Voilà bonnes fêtes de fin d’année et n’hésitez pas si besoin … »

Le patient me dévisagea à nouveau :

« Mais docteur,  je voudrais mon traitement, des capotes ! »

D’un seul coup je compris ma confusion, le patient était dyslexique et me rappelait simplement que j’avais oublié de noter sur son ordonnance son traitement pour ses troubles de l’humeur, le DEPAKOTE. Nous avons alors éclaté de rire, un rire commun et chaleureux. Je complétai son ordonnance, lui serrai la main et je lui souhaitai à nouveau de joyeuses fêtes de Noël. Pour cette année je tenais ma blague de Noël !

Mais que dirait un psy de ce malentendu ?

Pascal Mélin

JUGE COUPABLE D’AVOIR REFUSÉ DE VACCINER LEURS ENFANTS

C’est le jugement que le tribunal de Colmar a rendu il y a quelques mois et qui malheureusement n’a pas été repris par les médias. Rappelons les faits : il y a des vaccins qui ne sont que recommandés alors que d’autres sont obligatoires et légaux. Un couple d’alsacien correctement informé et jouissant de ses droits parentaux s’est opposé à la vaccination obligatoire de ses enfants expliquant au juge qu’il estimait cette procédure dangereuse. En le condamnant le juge à rappeler que nul ne peut se soustraire à la loi, donc à cette obligation de vaccination. Ces parents sont des gens ordinaires qui n’appartiennent à aucune secte au mouvement idéaliste. Cette information est importante car les groupes anti-vaccination ont historiquement été des groupuscules religieux. Pourtant, plusieurs enquêtes ont montrées que les français se méfient de plus en plus des vaccins. On estime même que cette méfiance a été multipliée par 4 dans les dix dernières années.

C’est sur cette constation que le Pr Gerald Bronner, professeur de sociologie à la faculté Paris-Diderot a souhaité réfléchir. C’est dans un très bon article de la revue POUR LA SCIENCE numéro 447 de janvier 2015 qu’il nous propose sa réflexion.

Deux points sont particulièrement intéressants à reprendre :

Le premier est notre incapacité à évaluer les risques faibles. En effet, les équipes qui se sont intéressées aux courses de chevaux ont remarqué que si habituellement les parieurs évaluent correctement leur chance de gagner, cette estimation est toujours fausse aux deux extrémités, en cas de faible ou de très forte probabilité. Cette étude a été confirmée dans les années 1970 où l’on a pu évaluer que les faibles probabilités sont surévaluées de 10 à 15 fois ! Les vaccins sont les médicaments qui ont sauvés le plus de vie au titre de la collectivité mais les risques exceptionnels sont forcément surestimés et ce d’autant qu’ils sont surmédiatisés.

Le second regard critique est l’analyse de la volonté ou la comparaison et le ressenti cognitif entre action et inaction. Prenons un exemple à la roulette vous pouvez parier sur noir ou rouge. Vous pariez 100 euros sur rouge et c’est noir qui sort vous avez perdu 100 euros. Par contre, si vous aviez parié d’abord sur noir avant de parier finalement sur rouge vous auriez également perdu 100 euros. Pourtant dans la deuxième situation vous aurez plus de regrets, pourquoi ? Dans le premier cas vous ne regrettez que votre inaction alors que dans le deuxième vous regrettez l’action, ce qui est toujours plus difficile en science du comportement. Le Pr  Bronner conclut : « Cette dissymétrie du jugement est un trait psychologique très rependu. D’une façon générale, nous ne voulons pas nous rendre coupable d’une action dont les conséquences seraient moralement condamnable, et nous sommes moins regardants lorsque ces conséquences découlent d’une inaction ». Il serait alors plus facile de ne pas faire que de faire.

Cette réflexion permet de comprendre la phrase des parents condamnés : « Nous ne voulons pas jouer à la roulette russe avec la santé de nos enfants ». Des raisonnements de ce type, de plus en plus fréquents, plaident pour que toutes les vaccinations soient rendues obligatoires et légales car laisser un vaccin recommandé expose à l’hésitation et re à des inactions et donc des non protections.

Alors de grâce messieurs les politiques vous non plus ne soyez pas dans l’inaction en recommandant les vaccins, légalisez les tous en les rendant obligatoires sous conditions éclairées.

Pour Noël, je vous propose, hépatants et autres, d’offrir une vaccination contre l’hépatite B : profitez des repas de famille pour convaincre une personne de se faire dépister et vacciner.

Merci d’avance et joyeuses fêtes.

Pascal Mélin

SOS HÉPATITES PERD UN AMI.

SOS HEPATITES PERD UN AMI.

Nous avons appris jeudi après-midi le décès dans la nuit du Professeur Jean Claude Trinchet. Il était chef de service en hépatologie à l’hôpital de l’APHP Jean Verdier de Bondy. Jean Claude était un grand monsieur, grand médecin, ami de SOS Hépatites et soucieux des malades. Il avait animé un atelier sur  le cancer du foie au dernier forum. Il devait participer aujourd’hui à une réunion avec SOS et Bayer sur le dépistage de la cirrhose et du CHC. Avec lui, nous  préparions  depuis presque un an un projet de dépistage de la cirrhose et du CHC à l’échelon du 93 dans lequel SOS allait être moteur. Il dirigeait la cohorte CIRVIR, (cirrhose viral dans laquelle Michel représentait les malades). C’était un ami que SOS Hépatites appréciait beaucoup car il avait le souci des malades. Dans son service nous avions monté un beau projet d’ETP. Jean Verdier est un hôpital de l’APHP très particulier, plus d’une soixantaine de nationalités dans sa file active. Une équipe géniale avec laquelle nous aimions travailler, ses infirmières avaient toutes fait la formation Avance, il y avait dans l’équipe une psycho, une assistante sociale, une diététicienne et sa fille Isabelle qui est addictologue à René Muret, le service d’addicto rattaché à Jean Verdier. Nous avons eu Véronique Grando au téléphone, l’hépato qui dirige le réseau ville hôpital,. Le service est bouleversé et nous  leur avons présenté nos condoléances et notre soutien.

J’ai perdu un ami et les malades et SOS ont perdu un défenseur d’une humanité rare. Nos condoléances à sa famille et son équipe.

Je ne sais que dire d’autre, mon cœur pleure.

Michel BONJOUR

 

ET SI LE PERE NOËL ÉTAIT EN PRISON ?

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Pâques chez les condés Noël en zonzon. Un dicton de la cité pourquoi pas ? Pendant la trêve des confiseurs, il est un sujet que les médias s’interdisent d’évoquer : les prisons françaises.

Mais comment fait le Père Noël pour y aller les cheminées sont toutes sécurisées et les filets anti évasion empêchent son traineau d’atterrir. Mais oui comment cela se passe-t-il ? Y a-t-il un repas amélioré, une messe spéciale, une soirée spectacle ?

Les prisonniers ont-ils le droit de recevoir plus de colis ?

Actuellement la pratique du dépistage et de la vaccination s’est répandue mais elle ne reste qu’une proposition faite aux entrants, sérologies VIH/VHB/VHC et mise à jour des vaccinations. Le système carcéral français est très décrié parmi les observateurs internationaux, en effet, on compte en moyenne 140 détenus là où il y a 100 places. Le taux de suicides dans les prisons françaises est le plus élevé d’Europe un décès tous les trois jours. Les lois répressives continuent et le nombre de personnes incarcérées est passé de 48000 en 2002 à 69000 en 2014 alors que la population n’a pas évoluée dans la même proportion. Sous le mandat de monsieur Busch, on pouvait trouver plus d’1 noir américain sur 10 agé de 20 à 34 en prison. Les USA on le record d’incarcération avec 0,76% de la population incarcérée contre 0,07% dans les pays scandinaves. Que dire de la Louisiane qui fait mieux que bon nombre de dictatures avec 1,14% !

La surpopulation carcérale et la promiscuité deviennent un facteur majeur de transmission des maladies que ce soient la grippe, le SIDA ou les hépatites virales. La réponse technique est simple, il faudrait construire de nouvelles prisons, respectant mieux les normes d’hygiène et d’accueil. Oui mais voilà les caisses sont vides et certains commencent à évoquer la nécessité de construire des prisons privées où l’état payerait un prix de journée par prisonnier, le groupe Accor serait intéressé, de l’hôtellerie à la prison il n’y aurait qu’un pas ? Mais quid de la formation des gardiens, quels contrôles, quel niveau d’exigence quant au risque infectieux ?  Et si on réfléchissait autrement, si les lois en cas de non-respect ne sanctionnaient pas iniquement de manière financière ou par une peine d’incarcération. J’en veux pour preuve l’hypocrisie du législateur. Le peuple et les politiques réclament une transparence financière de nos élus. Le 11 octobre 2013 les députés ont adopté une loi relative à la transparence de la vie publique, mais dans son article 26 il est précisé que le fait de publier ou de divulguer de quelque manière que ce soit la situation patrimoniale d’un député sera puni d’un an d’emprisonnement.

Alors le Père Noël passera-t-il en prison ? Moi j’ai une pensée pour ceux qui vont rentrer dans le monde carcéral et qui peut être auront une double peine en apprenant, suite à un dépistage, qu’ils sont atteints d’hépatite virale. Je voudrais juste leur dire en 2014 en France, nous avons les moyens de vous soigner que vous soyez en prison ou non. Le Père Noël n’est pas toujours une ordure.

Pascal Mélin