COMMUNIQUÉ DE PRESSE : MONOPOLE DANS LE TRAITEMENT DE L’HÉ PATITE C ?

Communiqué de presse : 6/12/2014

Pourquoi risquons-nous d’assister à l’organisation d’un monopole dans le traitement de l’ hépatite C ?

L’arrivée de nouveaux traitements contre l’ hépatite C permet d’espérer l’éradication du virus chez la quasi-totalité des malades. Mais nous assistons aujourd’hui à la mise en place d’une véritable stratégie de rationnement, créant ainsi une inégalité d’accès aux soins intenable dans la durée. Cette organisation, ce qui est un comble, crée une situation de monopole pour un laboratoire qui a pratiqué des prix exorbitants,  qui a été fustigé pour son comportement non responsable et à qui on octroie encore une ATU de 48 000 euros. Où sont les concurrents ? L’état français vient ainsi de créer et de favoriser un environnement anti concurrentiel au détriment des patients et de ses citoyens.

Rappel des faits :

En mai 2014, le médicament Sovaldi accède au marché français sous le régime des ATU.…au prix de 56 000€.

Le premier rapport d’experts coordonné par le Pr. Dhumeaux, permet de réaliser que les recommandations qu’il contient ne pourront pas être appliquées en raison du poids financier que le Sovaldi fait peser sur les comptes de l’Assurance Maladie.

C’est la première fois que des arguments économiques l’emportent sur les arguments scientifiques et thérapeutiques. Clairement, nous ne pourrons pas traiter tout le monde si nous ne voulons pas faire exploser les comptes sociaux.

Les premières recommandations de la HAS, plus restrictives que celles du rapport Dhumeaux, viennent tristement confirmer la tendance.

Marisol Touraine déclare que son intention est de permettre un accès le plus large possible aux nouveaux traitements et que tous les moyens seront employés pour faire plier Gilead, y compris en faisant jouer la concurrence dans un contexte d’arrivée de nouvelles molécules en 2014 et 2015.

Et en effet, nous apprenons qu’en juillet 2014, AbbVie dépose une demande d’ATU pour son association Viekirax/ Exviera et propose de fournir gratuitement le traitement dans le cadre de cette ATU.

Parallèlement, Gilead dépose une autre demande d’ATU : cette fois pour Harvoni, sa propre combinaison thérapeutique.

Mais toutes ces nouvelles demandes d’ATU sont bloquées par le gouvernement pendant l’examen parlementaire du PLFSS et notamment de la clause établissant une enveloppe budgétaire fermée pour le remboursement des nouveaux médicaments dans l’hépatite C.

Elles restent toujours bloquées pendant la négociation des prix des médicaments de Gilead.

Il y a 10 jours enfin, le prix commercial du Sovaldi est fixé à 41000 euros, et l’ATU d’Harvoni est accordée pour un prix de 48000 euros !

Mais que se passe-t-il pour l’AbbVie ? « Nous attendons,… nous ne savons pas, … »   ! Personne n’est capable de nous répondre.  Incompréhensible alors que tous les experts interrogés demandent à pouvoir utiliser ces molécules, qui, en plus, sont gratuites pendant plusieurs mois, permettant ainsi à l’Assurance Maladie d’économiser des dizaines de millions d’euros.

Ce n’est pas un problème d’efficacité : Viekirax/Exviera affiche entre 96 et 100% de guérisons avec un plan de développement très solide y compris pour les populations de patients les plus difficiles à traiter.

Il va falloir que les autorités nous expliquent pourquoi elles ont accordé une ATU à Harvoni à un prix de 48000 euros, alors qu’elles pouvaient estimer les besoins thérapeutiques couverts grâce aux associations Sofosbuvir/Daclatasvir ou Sofosbuvir/Siméprévir.

Il va falloir aussi qu’elles nous expliquent alors, pourquoi elles n’ont toujours pas statué sur l’ATU gratuite d’AbbVie. Deux poids, deux mesures ? Y-aurait-il des accords secrets ?

Là où les arguments thérapeutiques ne tenaient plus, nous pensions que les arguments financiers l’emporteraient. Et bien non ! C’est d’une incohérence totale.

Madame la Ministre, aidez-nous, expliquez-vous parce que là, nous sommes perdus !

Contact Presse

Michel Bonjour : michel.bonjour@soshepatites.org          tel 06 84 29 00 95

VAILLE QUE VEIL LES JOURS SE SUIVENT… & PARFOIS SE RESSEMBLENT…

charlie

La semaine dernière la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes a été suivi du quarantième anniversaire de l’ouverture des débats sur la légalisation de l’avortement à l’Assemblée Nationale.

À l’époque, les différentes enquêtes estimaient que l’on réalisait 330 000 avortements illégaux par an. Quarante années plus tard, on en dénombre 220 000 alors que la population a augmenté pendant ce temps. Ce simple constat est un argument à tous ceux qui avaient prédit une explosion du nombre d’avortements. Osons le parallèle, n’avons-nous pas le même débat sur les salles de consommation à moindre risque et les mêmes craintes ? À l’époque, le débat fut d’une violence verbale inouïe, à l’Assemblée Simone Veil en a entendu de toutes les couleurs, les archives sonores sont spectaculaires ! Et ce n’est que le 17 janvier que la loi a été finalement votée et promulguée, mais pour une phase expérimentale de 5 ans. On se souvient du débat  autour de la question : « L’embryon est-il déjà une personne et quels sont ses droits ? » mais il y avait en miroir la question : « La femme a-t-elle le droit de disposer de son corps ? ». Je ne veux pas rouvrir ce débat mais simplement rendre hommage à toutes ces jeunes femmes qui ont perdu la vie lors d’un avortement clandestin et à ceux qui succombent d’overdose. La clandestinité est toujours mortifère.

Mais surtout, souvenons-nous qu’au début, les techniques étaient très hémorragiques et nécessitaient souvent d’avoir recours à des transfusions. 25 années plus tard on découvrait le virus de l’hépatite C et on comprenait  alors que les avortements avaient pu entrainer  des contaminations virales C par transfusion. Alors appeler les personnes ayant été transfusées à se faire dépister c’est méconnaitre la capacité du cerveau à oublier les moments difficiles comme les avortements. Accepter de se dépister c’est faire ressurgir le passé, la violence d’une incompréhension, revivre un moment important. L’hépatite C prend alors le sens d’une sanction divine, le prix à payer à postériori. Combien de femmes ont enfoui cet événement, n’ont jamais dit, maintenant elles ont des cheveux blancs et peut être un virus depuis quarante années ? Elles vont peut-être avoir une cirrhose, leur ventre va se gonfler d’ascite, et refaire surgir une grossesse qui n’était pas voulue. Quelle violence du destin, quel place du dépistage qu’il soit positif ou négatif, oser prendre le risque de savoir, oser à nouveau mettre sa vie en équilibre la laisser vaciller, oser pouvoir tomber sans savoir si, on pourra se relever. Et aujourd’hui on pourrait guérir, guérir d’un virus, sans guérir de la vie ? Guérir d’une trace en refaisant une autre trace plus grande ? Comment guérir de l’oubli ? Comment donner un sens à tout cela ?

Il faut se souvenir, ne jamais accepter ou trouver normal qu’une femme puisse être violentée. Oui je veux continuer le débat sur les salles de consommation à moindre risque pas pour convaincre mes concitoyens mais pour permettre aux générations à venir de pouvoir dire : « Si l’on vit dans un monde meilleur aujourd’hui, c’est parce qu’ils l’ont fait hier. » Parce que personne ne mérite d’être malade un jour.

Oui Madame Veil vous êtes hépatante, notre combat de 2014 n’est que le prolongement du vôtre en 1974 : « Solidarité, information et défense de tous les malades atteints d’une maladie du foie qu’elle qu’en soit la cause ou le mode de contamination. »

Pascal Mélin

LES BLIPS ARRIVENT EN HEPATO…

Le blip, voici un mot connu de longue date dans le domaine du VIH et qui fait son arrivée dans le champ des traitements de l’hépatite B chronique.

Le blip est une élévation transitoire et modérée de la charge virale. L’équipe du Pr Zarski a présenté lors de l’AFEF, les résultats du suivi d’une cohorte de 139 patients consécutifs traités par analogue et ayant présenté une réponse virologique complète (charge virale indétectable). Le suivi était trimestriel et le blip était défini par une repositivation de la charge virale suivie d’une nouvelle négativation sur le prélèvement suivant. Ce sont 33 malades (24%) qui ont présenté un blip dans cette étude (unique pour seulement 10 patients). Le Dr Montchaud conclu à propos des blips :

“ Ils sont plus fréquents chez les malades ayant une réponse virologique lente ce qui pourrait témoigner d’une limite de la puissance antivirale des analogues chez ces malades difficiles à traiter. La survenue de blips ne semble enfin pas avoir de conséquence clinique. Le rôle de l’observance est actuellement précisé par des dosages pharmacologiques. ”

Ce travail et cette conclusion doivent amener quelques commentaires.

À ce jour l’hépatite B  doit beaucoup au SIDA, car c’est une maladie chronique que l’on peut stabiliser par un traitement au long cours. Cependant, il a été constaté des blips dont on ne connaît pas la signification. Sommes-nous en présence de patients avec des charges virales très basses qui sont en dessous du seuil de détection ? Cela voudrait dire qu’il faut alors travailler à l’amélioration des PCR pour mieux appréhender la réalité. Quant au problème d’observance, la question est légitime mais il est assez remarquable que lorsque l’on n’arrive pas à expliquer quelques choses, la première réaction est de se retrancher derrière l’observance. L’exemple de l’hépatite C est typique, avec les anciens traitements, seul 60% des malades pouvaient accéder à la guérison. Pour les autres, avant d’évoquer les résistances, il nous était demandé d’explorer la compliance des patients. Actuellement pour les nouveaux traitements, qui guérissent 90% des gens, on n’évoque plus la compliance ! Mais je reste persuadé que dans quelques mois, pour les 5 à 10% de personnes ne pouvant guérir, on va probablement ressortir les problèmes de compliance. La résistance au traitement doit être analysée dans toutes ses dimensions : virale, humaine, sociologique, psychologique et pourquoi pas aussi médicale ? Que dire de la mesure de l’observance par le dosage sanguin des médicaments ? On retrouve là le désir de contrôle que l’on constate dans la prise en charges des usagers de drogues, et la réalisation de tests urinaires de surveillance. Il faut apprendre à mesurer l’observance autrement, avec d’autres outils, et si l’on commençait par en parler…  La puissance thérapeutique ne doit pas faire abandonner l’éducation thérapeutique, au contraire elle doit la renforcer !

Mais c’est maintenant qu’il faut comprendre ce message.

Pascal Mélin

PREMIER DECEMBRE 2014 : PARCE QUE L’ON NE SERA JAMAIS DIFFERENT …

Le 1er décembre 2014 est la journée mondiale de lutte contre le SIDA. Mais nous ne serons jamais différents car l’histoire ne nous sépare pas, elle nous rassemble.

L’histoire se répète alors que l’actualité tente de nous séparer. Le SIDA reste en 2014 une maladie chronique que nous pouvons contrôler, mais pas guérir alors que l’hépatite C devient une maladie guérissable en quelques mois. Les hémophiles et les usagers de drogues nous avaient rassemblés à travers la co-infection VIH-VHC. Bien que ces deux virus soient de la famille des virus à ARN, le VIH est un rétrovirus que nous ne savons pas guérir 35 ans après sa découverte.

Pour le VHC 25 ans après sa découverte nous pouvons guérir 95% des patients infectés en seulement 3 mois de traitement. L’actualité ne nous a jamais autant séparés et pourtant l’histoire se répète, il y a plusieurs dizaines d’années des séropositifs se sont battus pour faire baisser le prix des médicaments et permettre l’accès au plus grand nombre partout sur la planète. Pour cela ils ont inventé de nouvelles solidarités, l’usage et la reconnaissance des antiviraux génériques, la compréhension de l’épidémie dans d’autres pays et pour d’autres cultures.

Aujourd’hui 40 000 patients co-infectés en France  sont prioritaires pour accéder aux  soins contre le virus de l’hépatite C, mais il faudra adapter les traitements pour éviter toute  interaction médicamenteuse. 40 000 personnes qui aujourd’hui peuvent devenir mono-infectées. Mais pour pouvoir guérir il faut être dépisté mais là les TROD (Test Rapide d’Orientation Diagnostic) sont en panne. Peut-être même que certains pensent qu’un malade non dépisté est un malade qui ne coûte pas cher ! Faux toutes les études socio-économiques ont montré que plus le SIDA était dépisté tard plus il coûtait cher à la société.  Pour 2015 se seront encore 6000 personnes qui se contamineront mais quand seront-elles prise en soins?

Chez les étudiants, 1 sur 3 dit ne jamais utiliser de préservatif. La prévention recule, nous devons unir nos voix pour parler de la difficulté à vivre avec un virus car nous ne serons jamais différents dans le regard de l’autre, car si en 2014 les co-infectés peuvent guérir de l’hépatite C les dernières études présentées à Boston lors du dernier congrès américain d’hépatologie, nous apprennent que même après guérison virale C la fibrose hépatique peut continuer de progresser chez les patients VIH positifs.

SOS Hépatites joint sa voix pour appeler au dépistage et à la prise en soins de tous, vous pourrez retrouver partout dans l’hexagone nos militants mais nous serons aussi à l’initiative de dépistage à Angers, Strasbourg ou Charleville.

Dépistez-vous, car savoir c’est pouvoir !

Pascal Mélin

THE LAST SHIP OU UN VIRUS À HOLLYWOOD…

Ne vous laissez pas mener en bateau par la dernière série lancée par M6 : « The Last Ship ». Tous les ingrédients ont été mélangés et on joue sur le phénomène Ebola et les terreurs qu’il réveille.

Je vous plante le décor : une frégate militaire part pour une mission secrète au pôle Nord, avec à son bord des scientifiques, des virologues pour être plus précis. Aucune communication pendant 3 mois, mais voilà pendant ce temps, un mystérieux virus détruit la planète en tuant tout le monde. En fait, les virologues étaient à la recherche de la souche virale originelle, découverte et transmise par les oiseaux suite à la fonte de la calotte glacière.

À leur retour, presque tout le monde est mort et le navire de guerre devient l’arche de Noé. Les virologues se lancent alors dans la fabrication d’un vaccin. Mais il faut du carburant, de la nourriture. C’est là que le grand n’importe quoi arrive.

Bien sûr il reste des survivants et ce sont des méchants qui évidemment se revendiquent d’Al-Qaida. Mais les démons américains ne s’arrêtent pas là, bientôt un autre bateau apparait, celui-là occupé par des Russes qui veulent s’emparer de la souche  originelle. Cependant le virus est extrêmement contagieux et transmissible par l’air. On voit alors les militaires en combinaison monter à bord d’un bateau où tout le monde est mort pour y piller nourriture et carburant. Au milieu des cadavres, un jeune afro-américain (avant on disait un black) perd son masque et se retrouve donc exposé. Se sachant contaminé et n’écoutant que son patriotisme, il prend son arme de service et se suicide.

Mais les plus grosses absurdités sont virologiques, on voit des soldats retirer leur combinaisons d’isolement et ce, à quelque mètres des cadavres contagieux, quoi dire de la nourriture comment est-elle décontaminée ? Comment les combinaisons d’isolement sont-elles nettoyées ? Comment  installer un laboratoire d’isolement type P4 sur un bateau ? Pourquoi les virologues sortent en tenue de protection du laboratoire? Comment sont effectués  les prélèvements sanguins?

Alors de grâce, messieurs les scénaristes, entourez-vous d’un conseiller en virologie et d’un épidémiologiste avant de vouloir utiliser les virus comme des  activateurs émotionnels et sensationnels.

Nous qui vivons au quotidien avec un virus ne souhaitons pas être regardés comme des pestiférés.

Pascal Mélin

LA MAJORITÉ DE SOS HÉPATITES

C’était le 11 novembre dernier que SOS fêtait ses 18 ans : qui aurait pu dire, en ce onze novembre 1996 ce que nous serions aujourd’hui en 2014.

Le 11 novembre 2014, ça ne vous dit rien ? Mais oui, bien sûr c’est le centenaire de la grande guerre ! Permettez-moi de crier mon étonnement, à l’heure où il n’a jamais été aussi dur de maintenir un monde en paix et de construire l’Europe sur les reste de nos divisions, comment ose-t-on célébrer une entrée en guerre, c’est absurde et c’est contre le cours de l’histoire. Moi j’ai honte de fêter le centenaire d’une entrée en guerre, on devrait se taire, s’excuser face à l’humanité et le seul centenaire que je reconnaitrai sera celui de 2018, qui lui, sera un symbole de paix et d’union.

Alors de grâce pour les 4 ans à venir ne fêtez plus le 11 novembre que par le souvenir de la création de SOS hépatites et laissons-nous une minute de recueillement sur la tombe de l’hépatant inconnu et méfions-nous de la possible fibrose sévère de notre mémoire.

Moi je me souviens de ce 11 novembre, de cette soirée crêpes ou à quelques-uns, malades, médecins, ou infirmières, on a osé rêver un autre monde. Quelques mois plus tard nous avions notre premier local à Saint Dizier, rue du Docteur Mougeot, avec une grande affiche « SOS Hépatites » sur la vitrine.

Puis ce fut la fédération et comme tout enfant qui grandit le départ vers la capitale.

Mais SOS Hépatites vient d’avoir un beau cadeau d’anniversaire, pour ses 18 ans, car je viens d’apprendre le 12 novembre que nos anciens locaux allaient être repris par l’équipe du CAARUD de Chaumont (Haute-Marne) qui assurera une permanence à Saint Dizier tous les lundis, mercredis et vendredis. Merci à toute l’équipe du CAARUD – le phare de Chaumont de faire encore souffler un vent hépatant dans ces locaux.

Pascal Mélin

LE CHEMIN DES DAMES

Le chemin des dames passe souvent par une grossesse. En 2014, la science médicale permet le plus souvent aux femmes de gérer leur grossesse de façon optimale dans l’accomplissement de leur désir d’enfant. Cet enfant que l’on va accueillir au moment le plus approprié on le voudrait parfait, il est impensable de lui transmettre une quelconque maladie. Pourtant si une mère est porteuse du virus de l’hépatite C elle risque de le transmettre à son enfant dans 3% des cas et parfois même 20% si elle est également porteuse du VIH.

En 2002, lors de la conférence de consensus qui devait définir l’utilisation de l’association interféron et ribavirine les conclusions avaient tout comme aujourd’hui retenu l’indication de mise sous traitement à partir d’un score de fibrose a F2 (le concept de F2 sévère n’existait pas encore) pourtant sur pression des associations d’usagers et de leur représentant il avait été admis qu’une femme pouvait être traitée quelque soit son score de fibrose pour justement, si elle était en âge de procréer, lui éviter le risque de contaminer son enfant.

En 2014, cette recommandation a disparue ! Comme s’il n’était plus si grave de contaminer son enfant à la naissance. On pourra toujours me dire que face à la puissance des traitements, les mères peuvent se rassurer, leurs enfants pourront être traités secondairement. Mais qu’en restera-t-il de cette culpabilité d’avoir transmis une maladie en même temps que la vie ?

Comment le dire à l’entourage ? Comment aider un enfant à grandir avec cette plaie dont il demandera surement l’origine de la contamination maternelle ? Autant de questions qui amènent à comprendre la femme porteuse d’une hépatite C minime de choisir l’accès au traitement et donc à la guérison avant tout projet de grossesse. Ce choix est défendable et entendable, c’est pourquoi nous le reprenons et le porterons aussi fort qu’en 2002.

Car guérir c’est bien mais prévenir une contamination… c’est tout aussi bien !

Pascal Mélin

LE PRIX QUI TUE

On attendait la nouvelle depuis le début de la semaine : à quel prix sera vendu le SOVALDI ?

La question nous était posée : quel serait le juste prix pour vous ? Aucun ! Car accepter un juste prix pour un traitement, c’est accepter qu’une maladie puisse être juste !

Le prix acceptable c’est de payer la fabrication et la recherche et bien sûr à la marge permettre un retour sur investissement. Mais aujourd’hui c’est juste l’inverse qui explose, il faut essentiellement amortir le rachat d’une Startup, amortir au plus vite et satisfaire les actionnaires.

Et les patients dans tout cela, et l’argent public ?
Le prix retenu sera de 488 € le comprimé au lieu de 666 € soit une diminution de 26%. Mais ne nous ne demandez pas de nous réjouir en nous disant que c’est le prix le plus bas d’Europe, car la France c’est aussi le pays où l’on traite le plus de monde et qui fera donc le plus gros effort financier.

Nous sommes très touchés par les cadeaux qui n’en sont pas .

Dans son communiqué de presse le Ministère de la Santé précise que ce médicament sera pris en charge à 100% par la sécurité sociale. Mais depuis 1945 une trentaine de pathologies chroniques sont prise en charge à 100% pour certaines et l’hépatite C en faisait déjà partie il n y a donc pas de cadeaux. La cure de 3 mois sera donc à 41 000 € oui mais toute seule ce n’est pas suffisant, il faudra donc une deuxième molécule et à quel prix celle-là, à moins que ce soit directement l’harvoni aux alentours de 58 000 €.
De telles annonces ne manqueront pas de fragiliser notre système de santé et quel sera le juste prix des 20 molécules innovantes qui vont arriver en négociations financières dans les mois a venir ? N’avons-nous pas créé un précédent en ouvrant cette boite de Pandore, pourquoi et pour qui payons nous ?
Ceci n’est pas un communiqué de presse mais on était pressé de communiquer avec vous.

Un beau cadeau pour le beaujolais nouveau. Hépatant non ?

Pascal MELIN

HÉPATITE C : L’OCCASION RATÉE D’ARRETER UNE ÉPIDEMIE. LES LABORATOIRES TOUJOURS RASSASIÉS !

 

Communiqué – le 21 Novembre 2014

Hépatite C : l’occasion ratée d’arrêter une épidémie

Les laboratoires toujours rassasiés !

Depuis de nombreux mois nos associations et collectifs se mobilisent sur les enjeux du prix des nouveaux traitements contre l’hépatite C et par la même sur la politique de fixation des prix, alertant sur les dangers de restrictions d’accès aux soins,  la politique de rationnement  due aux coûts et les difficultés du système de santé à y répondre.

Les associations et collectifs sont en colère !

Au terme de négociations avec le  laboratoire Gilead qui commercialise le SOVALDI, le premier de ces nouveaux traitements particulièrement coûteux, le comité économique des produits de santé (CEPS) a fixé hier le prix du médicament Sovaldi à 13 667 € HT par boîte de 28 comprimés soit 41 000 € pour une cure de 3 mois. Le prix de ces médicaments va  dangereusement impacter un système de santé qui risque en conséquence d’avoir toujours plus de difficultés à faire pleinement jouer sa dimension  solidaire.

Les  contribuables n’ont d’autre choix que d’accepter un prix aussi exorbitant qu’injustifié, destiné à rentabiliser une opération financière privée alors que  l’ensemble des conditions pour autoriser la production  immédiate d’un générique  par l’émission d’une licence d’office sont aujourd’hui réunies.

Pour contrebalancer l’image d’une reddition face à la spéculation financière pharmaceutique, sans lien aucun avec la problématique de l’innovation, la Ministre de la santé, Marisol TOURAINE annonce la suppression de la participation financière de l’assuré à travers « une prise  en charge à 100% par l’assurance maladie ». Mais faut-il rappeler aux plus hautes autorités de l’Etat que le traitement des malades en affections longue durée (ALD, dont l’hépatite C fait partie) est, depuis 1945, pris en charge à 100% par l’assurance maladie ? C’est justement ce système solidaire que les acteurs de la société civile et les malades eux-mêmes veulent préserver, au-delà de leur besoin impérieux d’accès aux nouveaux traitements. Or l’acceptation de tels tarifs, injustifiés au regard du coût de production et de développement, contribue à mettre profondément en danger la subsistance de notre système de santé solidaire et le principe de l’accès aux soins pour tous jusqu’à aujourd’hui revendiqué.

Marisol TOURAINE rappelle le mécanisme de régulation proposé dans le projet de loi de financement  qui ne permet pas  de répondre à la problématique de l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins. Les contraintes économiques  nous font craindre un tri des patients, parfois sur des critères non médicaux : les détenus et les usagers de drogues risquent d’être les premiers à être écartés de l’accès à ces nouveaux traitements, alors que les recommandations du rapport d’experts sur les  hépatites priorisaient leur accès aux soins, quel que soit le stade de fibrose.

L’opportunité unique de pouvoir enclencher dès maintenant une action déterminée pour mettre fin à l’épidémie de VHC s’éloigne, ce qui risque de plus de nous coûter collectivement plus cher dans la durée… Le gouvernement rate également aujourd’hui l’occasion d’un débat sur la mécanique de fixation des prix des médicaments, enjeu essentiel et éminemment prégnant pour l’avenir de notre système de santé comme de la recherche médicale.

Nous, associations de malades, représentants des usagers, soignants,  appelons la Ministre à saisir l’opportunité historique de la loi de santé pour enclencher une réforme  structurelle des modalités de fixation des prix, permettant de garantir l’accès aux soins pour tous. 

 

 

Contacts :

Michel Bonjour, Président de SOS Hépatites Fédération –   06 84 29 00 95

Emmanuelle Hau/Aurélie Defretin, Médecins du Monde –  01 44 92 14 31 /13 81 – 06 09 17 35 59

Yann Mazens, TRT-5 –  06 46 10 09 51

Signataires :

Actions Traitements, Act Up Paris, Act Up Sud-Ouest, Aides, ASUD, CHV, CISS (Collectif interassociatif sur la santé), Comede, Médecins du Monde, Dessine-moi un Mouton, Nova Dona, SIS association, Sol En Si,  SOS Hépatites Fédération, TRT-5

 

 

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DES MÉDICAMENTS POUR MANGER…

Quand j’étais jeune je rêvais du futur : « Quand je serai vieux, quand j’aurai 35 ans… ».

J’imaginais un monde où les repas seraient pris sous forme de pilules.

Aujourd’hui, j’ai 49 ans et la réalité est tout autre : on ne prend pas des pilules mais les patients cherchent à prendre des traitements plutôt que de la nourriture. Jamais je n’aurais pu imaginer une chose pareille. Voilà une situation que j’ai rencontrée plusieurs fois ces derniers mois dans ma pratique de médecin hospitalier.

Confucius disait : « Quand les gros maigrissent les maigres meurent ».

En temps de crise, les familles en difficulté réduisent tous les postes budgétaires. Mais toutes les enquêtes l’ont prouvé le budget nourriture est l’un de ceux qui est le plus impacté. La malnutrition s’installe puis la dénutrition avec sa cohorte de symptômes et d’expression clinique. Aujourd’hui, nous avons la possibilité de confirmer la dénutrition aux patients qui présentent des problèmes atypiques. Mais voilà à plusieurs reprises lorsque j’évoquais la nécessité d’améliorer la ration alimentaire (terme pudique pour dire manger à sa faim) en évoquant l’accès aux banques alimentaires ou aux restaurants du cœur, les patients m’ont demandé des compléments alimentaires. Ces compléments hyper caloriques sont disponibles en pharmacie sur prescription médicale et bénéficient d’un remboursement et d’une prise en charge par la sécurité sociale. Ces médicaments conçus initialement pour venir en aide aux patients cancéreux ou aux personnes âgées dénutries nous sont maintenant demandé par des patients qui ne peuvent plus s’alimenter correctement pour des raisons économiques.

Prendre des complétements alimentaires quand on n’a pas ou plus les moyens de s’alimenter. La sous-alimentation doit-elle devenir une maladie ? Tout ne doit pas être médicalisé et l’absence de solution sociale ne doit pas aboutir à la surmédicalisation.

Le statut de malade ne devrait jamais être préférable à celui de non-malade.

Pascal Mélin

UN AVOCAT DOIT DEMANDER L’INCARCERATION DE SON CLIENT POUR LUI PERMETTRE DE TRAITER SON HEPATITE C.

Nous sommes en train de créer un monde où nous perdons le sens des valeurs fondamentales. La loi il y a quelques années, a établi les soins comme une valeur universelle qui doit être identique pour une personne incarcérée, à celle d’un citoyen libre.
J’ai parlé à un avocat qui avait parfaitement compris les contradictions dans lesquelles nous nous trouvons maintenant. Les nouveaux traitements sont selon les AMM réservés aux patients atteints de stades cirrhotiques ou pré-cirrhotiques, ou au mieux des stades F2 sévères. Par contre les personnes porteuses d’une hépatite en stade F0 ou F1, ne peuvent accéder au traitement et doivent donc attendre. Pourtant actuellement, le système carcéral français concentre une population beaucoup plus touchée par l’hépatite C. Les experts ont donc recommandé que toutes les personnes incarcérées puissent être traitées pour limiter l’épidémie et ce, sur des budgets spécifiques aux soins en milieu carcéral.
Voilà pourquoi un avocat qui devait défendre un patient porteur d’une hépatite C minime (stade F1) déclarait : « Je suis prêt à demander l’incarcération de mon patient pour lui permettre d’être soigné, ce qui ne sera pas possible si je plaide sa relaxe ! » cette déclaration était froide et démonstrative de l’absurdité dans laquelle nous sommes entrain de nous enfermer avec la main sur le cœur.
Si nous arrivons en novembre 2014 à de telles incongruités, c’est parce que depuis des années nous n’avons pas été en mesure de répondre aux questions que nous répétons depuis des années. L’hépatite C est-elle une maladie virale ou une maladie hépatique ? Traitons-nous une épidémie ou des sujets indépendants les uns des autres ? Devons-nous réfléchir l’accès aux traitements avec le filtre de la fibrose hépatique, de l’âge, du mérite, de l’envie de guérir, des manifestations extra hépatiques, de la capacité à produire des richesses ? Nous devons organiser et réfléchir les soins pour ne laisser personne en dehors des soins. L’engouement médiatique sur les nouveaux traitements a comme principal effet d’amener des patients dans une prise en charge. L’accès aux soins par une prise en charge égalitaire et correcte restera toujours le principal levier du dépistage.
Pour que jamais personne ne puisse souhaiter être incarcéré pour se soigner.

Pascal Mélin

HARVONI VIRE le LEDIPASVIR

Nous connaissions le SOFOSBUVIR déjà accessible, en une prise par jour de 400 mg, premier inhibiteur de NS5B du VHC. Mais depuis hier le LEDIPASVIR, premier inhibiteur de NS5A dosé à 90 mg arrive sur le marché. Bien qu’efficace le ledipasvir ne sera jamais commercialisé seul et c’est directement sous la forme d’un combo qu’il serait disponible : l’ HARVONI. Il associe de façon fixe dans un seul comprimé 400 mg de sofosbuvir et 90 mg de ledipasvir.

Nous vous avions déjà parlé de l’harvoni dans nos colonnes en octobre dernier lors du congrès de l’AFEF : (http://www.soshepatites.org/2014/10/17/) du combivir/harvoni et pendant l’AALSD ou le Pr Marc Bourlière avait présenté l’intérêt de cette association pour traiter les cirrhotiques : http://www.soshepatites.org/2014/11/09/en-direct-boston-aasld-french-touch/).

Pour la première fois de l’histoire un médicament n’aura pas de développement seul mais directement en combinaison thérapeutique. Depuis hier soir, nous avons obtenu en France une ATU (Autorisation Temporaire d’Utilisation) qui sera réservé aux patients pré-cirrhotiques ou cirrhotiques qu’ils soient infectés par des génotypes 1 à 3 ou 4, naïfs de tout traitement ou en échec thérapeutique.

Pour les patients non cirrhotiques et naïfs (même au stade de cirrhose) le traitement devrait être de 3 mois et les traitements longs de 6 mois seront réservés aux patients cirrhotiques en échec d’un premier traitement.

Nous devrions ainsi obtenir des taux de guérison virologique de plus de 90 %. Deux questions restent en suspens, quel sera le prix de cette association ? Permettra-t-elle de revoir le prix du sofosbuvir ? Et comment va-t-on accompagner ces nouveaux traitements pour lesquels la compliance est primordiale, même si nous lui trouvons très peu d’effets indésirables, nous devons adapter nos programmes d’éducation thérapeutique.

Mais pour bien se traiter, attention aux interactions médicamenteuses. En effet, la prise concomitante de traitement antiacide pour l’estomac diminue l’efficacité des antiviraux et les deux doivent être pris à une distance d’au moins 4 heures. De la même façon il existe des interactions avec les traitements antiépileptiques ou anti VIH.

Harvoni peut se prendre avec ou sans repas mais attention aux associations avec d’autres médicaments.

Nous espérons que ce progrès verra rapidement arriver la concurrence avec le combo des laboratoires Abbvie.

Pascal Mélin