3 NOVEMBRE 2014 : RASSEMBLEMENT UNIQUE POUR UN ACCÈS AUX NOUVEAUX TRAITEMENTS POUR TOUS

Save The date – Réservez la date – Save The date – Réservez la date – Save The date

Réservez la date!!!
Lundi 3 novembre 2014: 9h30-18h
Salle Pierre Laroque, Ministère de la Santé
14, avenue Duquesne
75007 Paris

Inscription gratuite ici

Hépatite C et nouveaux traitements, l’impact du prix des médicaments sur l’accès aux soins en France

L’arrivée sur le marché français d’une des nouvelles molécules contre l’hépatite C, le sofosbuvir, suscite l’indignation de l’opinion publique du fait du prix exigé par le laboratoire qui la produit. De nombreux médias se sont fait l’écho des arguments échangés par les différents groupes d’acteurs (associations de personnes concernées, ONG, professionnels de santé, industriels du médicament, autorités de santé…), alimentant ainsi une réflexion sur les enjeux et la politique de fixation des prix, les dangers de restrictions d’accès aux soins, le tri des malades, la politique de rationnement dus aux coûts et les difficultés du système de santé à y répondre. Dans le contexte d’élaboration de la prochaine loi de santé, notre collectif inter-associatif souhaite rassembler les différents acteurs pour débattre et faire des propositions permettant d’améliorer l’accès aux nouveaux traitements pour tous.

Contacts presse :
Michel Bonjour (SOS Hépatites) : michel.bonjour@soshepatites.org et 06 84 29 00 95
Aurélie Defretin (Médecins du Monde) : aurelie.defretin@medecinsdumonde.net et 01 44 92 13 81
Pascal Revault (Comede) : Pascal.Revault@comede.org et 06 89 33 49 59
Marianne l’Henaff (ARCAT/TRT-5/ CHV) : m.lhenaff@free.fr et 06 87 76 83 08v

Déroulé du programme (prévisionnel ):

9h45 -10h00 Introduction des organisateurs

MATIN : Les recommandations de prise en charge Hépatite C
Recommandations de prise en charge Hépatite C
Daniel Dhumeaux (confirmé)

Etudes cout- efficacités et recommandations
Sylvie Deuffic
Echanges avec la salle

Problématique du Prix du Sovaldi ®
Direction de la sécurité sociale
Les recommandations du collège de la HAS

La position de l’AFEF (association française pour l’étude du foie)
Pr. Victor de LEDINGHEN (confirmé)
Echanges avec la salle

Table ronde – L’impact du prix des traitements sur les recommandations de prise en charge VHC –Quelles recommandations applicables ? (titre provisoire)
Michel Bonjour (SOS Hépatites), Victor de ledinghen , Daniel Dhumeaux, Direction de la sécurité sociale, HAS, Sylvie Deuffic

Après midi : accès aux soins et fixation du prix du médicament
Table ronde : Modalités de fixation du prix des médicaments, de nouveaux modèles à inventer ?
Le rôle du Ceps : Jean-Yves Fagon (sous réserve)
Propriété intellectuel, brevet, licence obligatoire dans le monde et en Europe.. : Gaelle Krikorian
Les critères des laboratoires : représentant du LEEM ou Gilead
Le point de vue de l’assurance maladie :
Le marché du médicament : la Revue Prescrire Pierre Chirac

Table ronde : Quelles perspectives pour garantir l’accès aux soins pour tous et protéger le système de santé solidaire, place de la lutte contre les inégalités de santé, démocratie sanitaire, mythes à combattre

La lutte contre les inégalités de santé: une question d’équité, d’éthique : Pascal R. Comede
Du point de vue des acteurs politiques : Catherine Lemorton ou Gerard Bapt
Les patients et les militants acteurs des processus, lutte contre les préjugés : un représentant du Ciss
Les perspectives de la loi de santé publique (DGS)

L’HÉPATITE B : NOUVELLE PRIORITÉ DE L’ANRS

Le virus de l’hépatite B représente un problème majeur de santé publique avec 250 millions de porteurs chroniques de ce virus dans le monde et 300.000 en France. C’est pourquoi, l’ANRS, agence nationale de recherche sur le sida et les hépatites (France Recherche Nord&Sud Sida-hiv Hépatites), a décidé d’en faire une des priorités de l’agence et met en place l’action coordonnée: « HBV Cure » dans le but de relever le défi d’une guérison virologique de l’hépatite B.
« HBV Cure » a pour objectif de promouvoir et d’animer la recherche fondamentale, translationnelle et clinique sur le virus de l’hépatite B.

Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez  consulter le lien ci-dessous, sur lequel vous trouvez également des informations sut l’état des connaissances en recherche fondamentale et translationnelle en ce qui concerne l’hépatite B:
http://www.anrs.fr/Hepatites-virales-B-et-C/Recherche-fondamentale/Actualites/Une-nouvelle-priorite-a-l-ANRS-HBV-Cure

DOCTEUR, J’AI PEUR DE GUÉRIR DE MON HÉPATITE C…

Voilà la prière pour le moins surprenante que l’infirmière d’éducation thérapeutique et moi avons entendu ce matin lors de la mise en route d’un nouveau traitement.

Patrick a 51 ans. Il est contaminé de longue date par des produits transfusionnels, puisqu’il est atteint depuis sa naissance d’une forme d’hémophilie particulière. Il a déjà été traité il y a quelques années par une association interféron ribavirine. Ce premier traitement a été particulièrement mal supporté et responsable d’une rechute et d’un effondrement psycho-social. À l’époque, le patient m’avais déclaré : « C’est drôle et je vais peut-être vous choquer, mais j’en arrive presque à être rassuré de voir revenir le virus, il y a tellement de temps que nous vivons ensemble et que nous nous supportons l’un l’autre ».

À l’époque, j’avais trouvé cette remarque choquante et l’avais mise sur le compte de la déception et de l’échec thérapeutique ; le patient avait alors refusé de rencontrer la psychologue de l’équipe. Plusieurs années ce sont passées et nous avons régulièrement suivi son hépatite C.

Le temps est passé et Patrick continuait de vivre avec son hépatite C. Il venait chaque année faire ses contrôles qui confirmaient toujours son état pré-cirrhotique. Il y a quelques mois, je lui ai donc parlé des nouvelles séquences thérapeutiques qui nous permettaient d’envisager un nouveau traitement et donc une guérison. Nous refîmes un nouveau bilan et ce matin, nous nous retrouvâmes en salle d’éducation thérapeutique avec l’infirmière pour débuter ce nouveau traitement. C’est à ce moment que Patrick très tendu m’a déclaré : « Docteur, j’ai peur de guérir. Que serai-je demain si vous me guérissez, il y a si longtemps que je vis avec mon virus, que vais-je devenir sans lui ? Des fois j’ai la sensation que nous nous protégeons mutuellement. Et grâce à lui, je suis reconnu dans mon handicap comment sera la vie après » ?

On ne rappellera jamais assez que si les malades ont fait un travail d’acceptation pour vivre de façon chronique avec un virus, l’arrivée de nouveaux traitements fait émerger l’idée d’une guérison qui peut alors faire peur. Mais n’est-ce pas là le rôle des programmes d’éducation thérapeutique dont nous avons plus que jamais besoin ?

Pascal Mélin 

VIE ET TRAITEMENT DE L’HÉPATITE C : PARTICIPEZ A L’ENQUETE DE L’ALLIANCE MONDIALE HCV QUEST ! JUSQU’AU 31/10/2014 !

 

La qualité de vie des patients ayant une hépatite C est difficile à mesurer voire même à décrire. Le retentissement de l’hépatite sur le quotidien en termes de ressentis individuels, l’impact sur les relations familiales, intimes, l’environnement social, le travail, les loisirs, …

Les informations recueillies, dans le monde entier, par cette enquête sont anonymes. Elles permettront de donner un éclairage nouveau aux professionnels de santé (médecins, infirmières et spécialistes) et au grand public.

Utilisation de vos données :

Cette enquête est parrainée par AbbVie. Son contenu a été développé et approuvé par l’Alliance mondiale contre les hépatites. L’Alliance mondiale contre les hépatites et AbbVie s’engagent à protéger vos données personnelles et votre anonymat. Ils conserveront un accès aux données de l’enquête une fois celle-ci terminée. Les données fourniront des informations nécessaires à l’élaboration de publications, aux activités médiatiques, aux réunions et aux outils pratiques.

Pour remplir le questionnaire cliquez sur le lien :

http://feedback.surveysolutions.co.uk/HCVQuest.aspx?id=4b5caa&lang=6

OU sur le lien :

http://www.worldhepatitisalliance.org/en/hcv-quest.html

L’enquête reste en ligne jusqu’au 31 octobre 2014 !

NOTRE COMBAT SUR LE PRIX ÉLEVÉ DES MÉDICAMENTS FILMÉ PAR CANAL +

Notre combat contre le prix élevé des médicaments poursuit son bout de chemin. Et en cours de route, de nombreux médias prennent le relais et contribuent à diffuser ce que nous dénonçons.

Ce jeudi 9 octobre 2014, c’est la chaîne canal+ qui a diffusé un reportage en faveur de notre combat.

L’émission « La nouvelle édition » diffusée en clair portait sur le prix élevé des médicaments.

On retrouve dans ce reportage, le groupe de parole de la fédération SOS hépatites, qui se réunit une fois par mois, mais également le professeur Christophe Hezode, que nous connaissons bien.

Ci-dessous, le lien du reportage, à voir et à revoir: ici

SOS HÉPATITES AU CONGRÈS NATIONAL DE L’AFEF 2014

L’AFEF : Association Française pour l’Etude du Foie, est la société savante qui regroupe les médecins français investis dans les maladies du foie. Cette année le congrès annuel de l’AFEF se tient du 24 au 27 septembre au CNIT Paris-la défense.

Depuis plusieurs années SOS Hépatites amène sa pierre à l’édifice des connaissances hépatologiques par des enquêtes communautaires. Les sujets de nos enquêtes viennent toujours de la confrontation au monde réel.

Depuis le début de l’année 2014 et l’avènement des nouvelles séquences thérapeutiques, vous étiez nombreux à relater des difficultés pour obtenir un rendez-vous auprès de votre spécialiste. C’est de cette constatation qu’est née l’idée de notre enquête 2014 : « j’ai une hépatite C, quand pouvez-vous me recevoir ? » dont les résultats ont été rendus publics à l’AFEF 2014.

L’hépatite C n’est jamais une urgence médicale, et il n y a pas d’urgence à consulter, pourtant il s’agit le plus souvent d’une urgence ressentie émanant de l’usager. La question devenait donc : « vivons nous un moment crucial où les traitements deviennent plus courts que le temps d’attente pour avoir un rendez-vous ? »

La méthode est simple, mai 2014, une équipe de militants de SOS hépatites, se met d’accord et se répartit le travail sur quelques jours. La présentation sera identique, l’identité sera celle de Dominique Lefevre 45 ans, (nom mixte qui peut donc coller à toutes les voix). Nous avions regroupé l’annuaire des structures à partir de pages jaunes. L’enquête commençait, ciblé sur la métropole, CHU, hôpitaux généraux, cliniques et spécialistes libéraux. « Bonjour mon médecin traitant vient de me découvrir une hépatite C et il pense que j’ai peut-être une cirrhose, quand pourrai-je avoir un rendez-vous le plus rapidement possible ? ».

Simple me direz-vous ! Pas tant que cela car, il faut d’abord que quelqu’un décroche !

Nous avons donc respecté les horaires habituels 9h-12h et 14h -17h, sauf quand un répondeur nous donnait des consignes claires. Sans réponse, nous avons réalisé 3 tentatives sur 3 jours de suite.

Commençons par les échecs : 7 des 39 CHU enquêtés n’ont pas répondus soit 18 % ; pour les hôpitaux généraux 22 sur 162 soit 14 % ; pour les établissements privés 4 sur 18 soit 22 % (mais l’échantillon est faible) et pour les spécialistes libéraux 7 sur 58 donc 12 %.

Il y a donc en 2014 encore beaucoup de progrès à faire pour améliorer la téléphonie et la prise de rendez-vous dans le système sanitaire national et ce d’autant que nous nous sommes vus régulièrement répondre : «  écrivez nous et nous vous recontacterons ». Non ! Pas en 2014 !

La synthèse des résultats est la suivante :

CHU : 44,9 jours d’attente (mini 6 maxi 90)

CHG : 42,8 jours d’attente ou (mini 0 maxi 219)

Etablissements privés : 29,9 jours d’attente (mini1 maxi 81)

Spécialistes libéraux : 17,7 jours d’attente (mini 0 maxi 60)

Cette enquête est un simple état des lieux elle ne veut en aucun cas donner des leçons ou être le guide Michelin des consultations en hépatologie. Les données nominatives ne seront jamais diffusées, car ce n’est pas le but de l’enquête.

En 2014 les traitements sont toujours plus longs que les attentes pour obtenir un rendez-vous de consultation, espérons que cela restera comme cela, même si les traitements deviennent plus courts. Le maillage territorial existe mais le plus choquant en 2014 est probablement de ne pas avoir d’interlocuteur et de réponse (et ce sur 3 jours consécutifs) dans 15 % des cas en moyenne. Même si le téléphone reste le moyen le plus simple d’obtenir un rendez-vous, nous devons améliorer les outils de communications, internet, contact par SMS et abandonner définitivement le télégramme…

Pour répondre à l’angoisse des patients et à leurs attentes il reste les numéros verts d’écoute et SOS hépatites souhaite prendre complétement sa place grâce à sa ligne de téléphonie sociale « Ecoute et Soutien » animée par Véronique au 0 800 004 372. Nous utilisons aussi notre page Facebook pour répondre aux questions de tous. Nous nous positionnons en tant que patient expert et nous ne prendrons jamais la place d’un médecin.

Un grand merci à toutes les secrétaires qui ont reconnues notre souffrance au téléphone et un clin d’œil avec la mention « peut mieux faire » aux autres et oui il existe des formations.

J’allais oublier, toutes nos excuses pour le rendez-vous non honoré de Dominique Lefevre, mais qui s’est posé la question de savoir pourquoi une nouvelle patiente n’était pas venue et combien se sont dit ouf je vais pouvoir rattraper un peu mon retard et ne pas finir trop tard….mais c’est une autre enquête …

Merci à tous ceux qui ont participé d’un côté ou l’autre du téléphone à cette enquête, nous voulons dénoncer sans accuser, faire évoluer sans révolutionner.

Pascal Mélin

PAR QUI ON COMMENCE ?

Laissez-moi vous relater une histoire qui m’est arrivée il y a quelques années.

Dans le cadre des consultations d’éducation thérapeutique j’ai rencontré il y a 5 ans un couple d’origine pakistanaise tout deux atteints d’hépatite C chronique active. À l’époque, le traitement de référence était une association d’interféron pégylé et de ribavirine. Oui mais voilà ! Le traitement est responsable de syndrome dépressif et de fatigue importante et ce couple a cinq enfants à charge et vient d’acquérir un restaurant où ils travaillent tous les deux plus de dix heures par jour. Très vite, on aboutit à la conclusion qu’il ne faut pas les traiter ensemble pour limiter les effets du traitement sur leurs entreprises et l’équilibre familial. Alors la question devenait : par qui on commence ?

Tous les deux étaient infectés par un virus de l’hépatite C de génotype 1 mais monsieur avait un génotype 1A et madame un génotype 1B, ils avaient donc été contaminés différemment. Monsieur avait une hépatite moyennement active de score F2 et madame était en stade F4, donc en cirrhose.

Mon engagement dans la lutte contre l’hépatite C visait à éviter les complications liées aux cirrhoses, il était donc logique de traiter madame d’abord car il y avait urgence puisqu’elle était déjà en stade de cirrhose. Mais là, l’infirmière d’éducation a pris le temps de m’expliquer que ce n’était pas une bonne idée :

– L’infirmière : Il faut faire attention culturellement, avec la même maladie dans un couple, l’homme ne comprendrait pas qu’il ne soit pas traité le premier.
– Le médecin : Mais enfin c’est madame qui a la forme la plus grave et qui nécessite d’être traitée au plus vite. Et si je vous écoute et que nous commençons par traiter monsieur que se passera-t-il en cas d’échec ? Il me dira le traitement n’a pas marché ça ne sert à rien de traiter ma femme ?
– L’infirmière : C’est un risque à prendre, mais nous n’avons pas d’autres possibilités, sinon il faut les traiter en même temps et là, c’est le restaurant qu’il faudra fermer.

Après un temps d’hésitation, nous débutâmes le traitement de monsieur pendant 1 an en suivant son épouse comme le lait sur le feu, afin d’éviter toute décompensation.

Au fil des consultations, le patient maigrissait et semblait se renfermer. Mais ce qui m’inquiétais le plus, c’était la terreur que je pouvais discerner dans le regard de son épouse, paniquée à l’idée de devoir subir le même sort. Le traitement se terminait et sans attendre les résultats nous débutions le traitement de madame.

Le restaurant fonctionnait tant bien que mal avec l’aide des enfants, les plus âgés, et des amis de la famille. Madame avait « négativé » sa charge virale après trois mois de traitement et nous arrivions bientôt aux deux ans de traitement cumulé pour cette famille. On avait déjà appris la guérison de monsieur, ce qui bien sûr, avait été un temps de réconfort et d’espoir pour tous, famille comme soignants.

Il fallait maintenant attendre 6 mois pour avoir les résultats… tous les feux étaient au vert, la famille et le restaurant avaient beaucoup souffert pendant ces deux ans et demi mais la fin était proche.

Nous venions de réaliser le contrôle à 6 mois quand la famille éclata ! Les ainés quittaient le nid familial pour se consacrer à leurs études et la petite dernière déclarait une leucémie aigüe. Les deux traitements avait été efficaces et le couple avait éradiqué les virus dont ils étaient porteurs. Pourtant, la joie n’était pas au rendez-vous et la maladie restait présente dans la famille.

On a longtemps parlé de cette histoire lors de nos réunions d’éducation thérapeutique. Pour la psychologue de l’équipe, nous avions violemment fait rentrer la maladie dans cette famille mais il fallait maintenant l’en faire sortir…

Lorsque je repense à toute cette famille, je me demande comment nous aurions modifié le cours de l’histoire si nous avions eu à notre disposition les nouveaux traitements. Aujourd’hui, oserions-nous traiter les deux membres d’un couple en même temps et de façon très rapide pour ne pas faire rentrer la maladie dans une famille.

Pourtant, il reste une cirrhose qu’il faut surveiller de près, mais nous n’avons pas, avec la psychologue et l’infirmière d’éducation, les mêmes craintes sur le temps des complications et le sens qu’elle pourrait prendre dans l’histoire de cette famille.

Pascal Mélin

OUI A UNE ÉCONOMIE DE LA SANTÉ… MAIS NON À DES ÉCONOMIES SUR LA SANTÉ

La phrase est devenue célèbre : « La santé n’a pas de prix, mais elle a un coût » !

Et l’arrivée de nouveaux traitements à 666 euros le comprimé nous oblige à nous souvenir qu’un milliard d’individus vivent avec moins d’un euro par jour. L’hépatite C, est une épidémie mondiale, mais on ne peut accepter que les traitements ne deviennent accessibles que dans les pays riches.

Mais l’arrivée de ce nouveau traitement est la fin de tractations qui ont abouti à l’obtention d’un prix. Des débats et des négociations ont eu lieu entre de hauts responsables de la santé et l’industriel pharmaceutique.

Il y a quelques mois, le rapport Dhumeaux a présenté ses recommandations en matière de prise en charge des hépatites virales. Une des conclusions était d’utiliser les nouveaux traitements uniquement pour les patients porteurs des formes les plus sévères : pré-cirrhotiques ou cirrhotiques, avant ou après une greffe. Mais nous voici maintenant devant une absurdité. Nous avons le moyen de traiter et de guérir tous les malades porteurs du virus de l’hépatite C et pas uniquement les formes les plus graves, car dans cette hypothèse la mortalité ne reculerait pas de la façon la plus spectaculaire. En effet on sait maintenant que les patients débarrassés de leur virus au stade de cirrhose ne sont pas indemnes des risques d’apparition de cancer.

Alors, il est compréhensible lors de la découverte d’un nouveau traitement permettant d’obtenir une guérison, de commencer par traiter les patients les plus graves en attendant dans un deuxième temps d’étendre les traitements à tous les malades. Mais aujourd’hui, cette stratégie n’est pas retenue. Il devient donc absurde de dire à des patients qu’on ne les traite pas, car leur maladie n’est pas assez grave. Absurde également de mettre la limite entre traitement et pas de traitement au stade 2 de la fibrose (qui va de 0 à 4). Or, tous les hépatologues le savent bien, il est facile de poser un diagnostic de fibrose de stade 0 ou 1, tout comme il est relativement facile de trouver les stades 3 ou 4, le diagnostic le plus dur à poser étant celui de fibrose égale à F2. Il est donc absurde de prendre le seuil F2 comme limite. Absurde d’attendre, alors que l’on peut guérir.

On n’imagine pas que le coût des médicaments puisse être la principale cause des conclusions proposant de ne traiter que les formes les plus sévères. Une stratégie de santé pour faire des économies de santé.

Absurde également de ne pas établir de stratégie cohérente avec un engagement formel de baisse du coût des nouveaux traitements de la part du fabriquant.

Cette politique de santé semble avoir oublié que l’hépatite C, est la première maladie chronique guérissable. La stratégie consistant à attendre que les patients s’aggravent pour les traiter, correspond à des situations telles que l’hypertension artérielle ou le diabète qui sont des maladies stabilisables mais non guérissables. Mais ce n’est pas une stratégie cohérente face à une maladie chronique guérissable et de surcroît transmissible et sans vaccin disponible.

L’arbitrage des recommandations n’aurait pas été que médical mais aurait pu être dicté par des raisons financières ?

Mais si l’on traite une hépatite C, ce n’est pas traiter uniquement un foie. Comment imaginer s’entendre dire : “ Continuez de vivre avec votre virus, nous avons les moyens de vous guérir mais vous n’êtes pas encore assez malade !” Absurde, non?

Vous souvenez vous de 2002, l’arrivée des bithérapies interféron et ribavirine ont abouti à quelques mois d’intervalles, à une conférence de consensus aux USA et en France. Aux Etats-Unis, seul des experts se réunissaient et en France des malades et les représentants des usagers participaient à la rédaction des conclusions. Les conclusions étaient significativement différentes, en France tout patient pouvait demander à être traité, il était en droit de refuser le passage, jusque-là obligatoire, par la biopsie. Toute femme en âge de procréer pouvait demander à être traitée pour éviter de contaminer son enfant lors d’une grossesse.

Alors oui nous devons reprendre le combat, parce qu’il n’est jamais facile de vivre infecté par un virus, nous ne pouvons pas nous excuser d’être malade et de ne pas avoir accès aux nouveaux traitements. Osons reprendre les conclusions de 2002 et regardons les à la lumière de nos possibilités en 2014  afin de faire évoluer les prix des médicaments et l’accès aux soins.

La devise de SOS HEPATITES en 2014 reste : “ Un traitement pour tous, une guérison pour chacun. ”

Pascal Mélin

ÉVALUATION DE LA SÉVÉRITÉ DE LA MALADIE HÉPATIQUE POUR INITIER UN TRAITEMENT DE L’HÉPATITE C

Le traitement des hépatites chroniques virales C évolue chaque jour. En attendant les
recommandations de l’AFEF dans la prise en charge des malades infectés par le virus de l’hépatite C
prévues le 29 mai 2015, l’AFEF a souhaité proposer un avis d’experts quant à l’évaluation de ces
malades.

Retrouvez les recommandations en cliquant sur le lien si dessous:

Avis experts severite foie HCV Septembre 2014

Bonne lecture

 

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU 16 SEPTEMBRE 2014 : LICENCE D’OFFICE POUR LE SOFOSBUVIR (SOLVADI) EN FRANCE

 

Communiqué – le 16 Septembre 2014

Hépatite C : les associations exigent une licence d’office pour le sofosbuvir (Solvadi) en France

L’arrivée de nouveaux traitements contre l’hépatite C permet d’espérer l’éradication du virus chez la quasi-totalité des malades. Mais les tarifs exigés actuellement par les laboratoires ne le permettront pas car ils conduiront les autorités françaises à mettre en place une véritable stratégie de rationnement qui créera une inégalité d’accès aux soins intenable dans la durée.

Le cas du sofosbuvir, première de ces molécules prometteuses, commercialisée par le laboratoire Gilead sous le nom de Sovaldi, est emblématique de cette situation. Le prix initialement exigé est de 56 000 € le traitement (12 semaines) pour un coût maximal de production estimé à 80 Euros. Pour pouvoir traiter les 128 000 personnes qui ont un besoin urgent en France, il faudrait débourser l’équivalent de l’intégralité du budget 2014 de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) soit 7 milliards d’euros[1]. Sans compter que cette molécule doit, dans de nombreux cas, être prise pendant 6 mois et associée à un autre médicament, entrainant un coût total de 147 000 euros par personne, selon les exigences actuelles des laboratoires.

Si les dernières négociations engagées ce mois-ci pour la fixation du prix entre Gilead et le Comité économique des produits de santé (CEPS) aboutissent dans le sens voulu par le laboratoire, les répercussions seront lourdes pour l’ensemble des pathologies et des molécules innovantes à venir. Se pose de fait la question de la mécanique de fixation des prix des médicaments, tant sur le plan de la transparence que sur celui des arguments avancés pour justifier des prix aussi exorbitants.

Dans le contexte social et économique actuel et en particulier son retentissement sur la santé des populations, nos associations et collectifs ont demandé aux autorités de soumettre le Sovaldi au régime de la licence d’office, qui permettrait d’en produire une version générique à un moindre coût.

Ce mécanisme, rendu possible dans le cadre des flexibilités de l’accord international sur les droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC) est également prévu dans le code de la propriété intellectuelle français. Certains pays européens ont déjà eu recours aux licences d’office pour de nombreux médicaments permettant de faire chuter  considérablement les prix et contribuer ainsi à la lutte contre les inégalités de santé.

Il est de la responsabilité de l’Etat de permettre l’accès à la santé, sur la base des moyens que la loi prévoit pour le faire. C’est précisément le cas de l’octroi d’une licence d’office pour le sofosbuvir.

Contacts :

Michel Bonjour, Président de SOS Hépatites Fédération –   06 84 29 00 95

Emmanuelle Hau/Aurélie Defretin, Médecins du Monde – 01 44 92 14 31 /13 81 – 06 09 17 35 59

Yann Mazens, TRT-5 – 06 46 10 09 51

Signataires : Actions Traitements, Act Up Paris, Act Up Sud-Ouest, Aides, Arcat, ASUD CHV, CISS, Comede, Médecins du Monde, Dessine-moi un Mouton, Nova Dona, SIS association, Sol En Si, SOS Hépatites Fédération, TRT-5

[1]Londeix P. Forette C., Nouveaux traitements hépatite C : stratégies pour atteindre l’accès universel, mars 2014

ON L’APPELLERA DAKLINZA…

Daklinza, au scrabble sur un triple, ça peut faire des points. Mais ce nouveau nom de médicament n’est pas encore reconnu dans le dictionnaire car, pour l’instant, c’est juste le petit nom commercial du daclastavir. Il s’agit là dans la lutte contre l’hépatite C, de la commercialisation du troisième antiviral d’action directe (rien à voir avec le groupe terroriste historique) aussi nommé AD.

Le premier de cette nouvelle classe thérapeutique était apparu en janvier dernier avec le Sovaldi (nom commercial) des laboratoires Gilead pour diffuser leur Sofosbuvir (DCI). Puis ce fut au tour des laboratoires Janssen en mai dernier de lancer le Simeprevir sous le nom d’Olysio. Enfin, depuis peu, les laboratoires BMS ont obtenu une AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) pour le Daclastavir (DCI) qui s’appellera donc Daklinza (nom commercial).

Cette molécule avait déjà prouvé son efficacité dans de nombreuses études en association avec le Sofosbuvir, permettant d’obtenir des taux de guérison proche de 100 % et ce, sans combinaison à l’interféron ou la ribavirine. Ainsi pour les personnes infectées par un virus de génotype 1 ou 4, le traitement ne durera que 12 semaines en l’absence de traitement préalable ou de cirrhose, sinon il serait porté à 6 mois. Pour les personnes infectées par un génotype 3 il faudra continuer de l’associer à de la ribavirine.

L’obtention de cette nouvelle AMM concerne 9 millions de personnes en Europe. Bravo génial on commence quand ? Et c’est là que le bât blesse, car en effet dans les études, le daclastavir était fourni en conditionnement de 33 comprimés, mais la sécurité sociale refuse sur la base de 1 comprimé par jour, d’avoir des conditionnements supérieurs à un mois pour raisons d’économie. Il faudrait peut être s’aligner sur le Sofosbuvir conditionné en 28 comprimés donc pour 4 semaines.

Alors voilà, il va falloir attendre un peu, le temps de refaire un “ packaging ” acceptable pour la législation française.

Mais regardons d’un peu plus près, les études portent sur 12 ou 24 semaines de traitement et non sur 3 ou 6 mois ! Ce qui veut dire que si le médecin vous prescrit un traitement de 3 mois, et comme il est interdit en France de vendre des médicaments à l’unité, le pharmacien devra vous vendre une quatrième boîte de Sofosbuvir ! A 1000 euros la bithérapie par jour (1 comprimé de Sofosbuvir + 1 comprimé de daclastavir) ça fait cher pour environ 21 comprimés de Sofosbuvir et 8 comprimés de daclastavir qui ne seront pas utilisés…

Vous avez alors deux solutions :
1/ Votre sens de la responsabilité citoyenne et sanitaire vous amène à être vigilant et à demander au médecin de bien prescrire en semaine et non en mois.
2/ Vous n’avez pas été vigilant et vous vous retrouvez guéri, en possession de quelques comprimés inutilisés. Pensez alors à les faire parvenir à SOS hépatites qui se chargera de leur trouver une utilité dans un pays en développement.

Nous espérons que le Sovaldi et le Daklinza qui seront donc amenés à être une combinaison thérapeutique très utilisée, seront disponibles sur le même conditionnement 28/28 et non 28/33 pour simplifier la vie et la compliance des patients. Sinon il faudra attendre l’arrivée des premiers Combos qui, dans la même gélule, associeront deux antiviraux, mais ça c’est pour 2015.

Mais ne boudons pas notre plaisir, nous sommes en France des hépatants gâtés avec 3 nouvelles molécules à disposition en 8 mois à prendre par voie orale, très puissantes et avec très peu d’effets secondaires. De nombreux malades porteurs d’autres maladies chroniques nous envient.

Pascal Mélin

ON A PASSE LE CAP DES 2000…

Je ne parle pas des personnes qui suivent la page Facebook de SOS hépatites mais du nombre de victimes du virus Ebola en Afrique de l’Ouest.

Le virus Ebola donne des tableaux de fièvre ictèro-hémorragique ce qui pourrait lui permettre d’entrer dans la famille des hépatites virales. Mais qu’est ce qu’une fièvre ictèro-hémorragique ?

L’ictère c’est le fait d’avoir la peau et tous les téguments qui se colorent en jaune, ce que l’on appelle communément une jaunisse. Quant à l’adjectif hémorragique, il vient préciser que les malades infectés par le virus Ebola sont jaunes et se mettent à saigner de tous leurs tissus aboutissant à des hémorragies externes ou internes voire des hémorragies cérébrales qui sont le plus souvent fatales.

Ce tableau ressemble étrangement à celui que nous connaissons en hépatologie avec les hépatites virales fulminantes. Dans ce cas, le patient présente une insuffisance hépatique aiguë. Le foie ne fonctionnant plus la bilirubine s’accumule, la peau devient jaune et les facteurs de coagulation n’étant plus produits, des hémorragies surviennent, pouvant être responsable de décès en l’absence de réanimation spécifique ou de greffe en urgence.

Mais cette épidémie est effrayante par sa contagiosité, sa mortalité, l’absence de traitement et de vaccin. Pourtant l’hépatite B est beaucoup plus mortelle et nous n’en avons pas peur ! Ce doit être parce que nous avons un vaccin et des traitements ? Mais les utilisons-nous correctement ?

Dans l’actualité virologique on pourrait parler aussi de la dengue, maladie des îles lointaines transmise par le moustique tigre. Oui mais voilà que ce moustique a fait son apparition dans le sud de la France depuis quelques années et récemment le premier cas de dengue autochtone vient d’être décrit dans le sud !

Une personne a présenté cette maladie alors qu’elle ne revenait pas des îles. Les moustiques tigres de métropole ont piqué des personnes en cours d’infection et ils ont ainsi transmis la maladie à des personnes qui n’avaient pas quitté le territoire.

Il est vrai que la dengue est peu souvent mortelle, mais cette actualité nous rappelle l’équilibre fragile entre le règne de l’espèce humaine et celui des virus.

Pascal Mélin