LES SÉRINGUES

Les seringues, à usage médical ou à usage de drogues, sont une cause majeure de l’infection par les hépatites virales. Mais quel est le sens du mot « seringue » ?

Étymologiquement, le mot seringue est lié à la syrinx, autre nom de la flûte de Pan. Mais il désigne aussi le larynx des oiseaux pour les zoologistes. Pour les Grecs, syrinx signifie un roseau taillé et évidé pour en faire une petite flûte. La médecine moderne en garde la syringomyélie, maladie de la moelle épinière dont le canal central se creuse et se dilate pour devenir pathologique.

C’est donc naturellement qu’on gardera le mot syrinx pour désigner un objet qui sert à compresser et à diriger de l’air ou des liquides (les clystères s’administraient avec des seringues).

Mais c’est à Charles Gabriel Pravaz, médecin français orthopédiste (1791-1853) que l’on doit son adaptation a l’injection médicale ; d’abord par voie sous-cutanée pour traiter les plaies, puis par voie intraveineuse ou musculaire pour l’administration de médicaments. Mais si les seringues sauvent des vies, elles peuvent parfois aussi tuer. Les militaires et les truands en ont d’ailleurs fait un verbe « seringuer » qui désigne toute rafale lié d’arme à feu capable de tirer vite et a répétition.

La seringue doit être à usage unique, stérile, utilisée de façon hygiénique et éliminée spécifiquement, sans risque d’accident après son utilisation. Vecteur de contamination chez les usagers de drogues, elle fait l’objet, dans certains pays, de lois qui rendent son accès facile pour éviter les trafics ; mais qui favorisent aussi les programmes d’échange de seringues pour lutter contre les épidémies d’hépatites virales ou VIH, dont elles sont le support de transmission.

Malheureusement en médecine aussi, dans bon nombre de pays, les seringues sont réutilisées sans toujours être décontaminées et stérilisées, devenant des vecteurs de contamination. Dans un rapport de l’Organisation mondiale de la santé datant de 1999, Kane et ses collaborateurs dénonçaient l’estimation des contaminations annuelles pour le VIH, le VHB et le VHC, liées à l’utilisation médicale de seringues dans de mauvaises conditions, à respectivement  80 000 à 160 000 transmissions pour le VIH, 8 à 16 millions pour le VHB et 2,3 à 4,7 millions pour l’hépatite C.

20 millions de personnes sont infectées chaque année par l’un de ces trois virus, faute d’avoir accès à des seringues propres, seringues médicales en nombre suffisant et à usage unique !

De la toxicomanie à l’aide humanitaire, voilà un cri et une revendication forte pour l’accès aux seringues propres. Je n’ai peut être pas le syrinx des oiseaux pour chanter, mais je continuerai de m’égosiller pour faire entendre la voix des hépatants : la seringue ne doit pas peut être un objet de mort – je rêve de de faire disparaitre les dernières seringues donneuses de mort en faisant abolir la peine de mort – qui transmette des maladies. L’accès universel aux seringues stériles et à usage unique est un acte pour la vie !

Pascal Mélin

TU PEUX LE FAIRE ISMAËL

Ismaël est un toxicomane suivi depuis plus de douze ans dans un centre d’addictologie. Depuis plusieurs années, les professionnels de santé savent qu’Ismaël est porteur d’une hépatite C mais seules quelques personnes semblent s’en inquiéter. La plupart tente de le « suivre » mais sans jamais le rattraper.

Son parcours a le chaos d’un usager de drogues passant de la prison à des larcins divers, jouant au chat et à la souris ou essayant peut être tout simplement de jouer à la vie. Il ne « deale »  pas, il dépanne. Il ne se cache pas, il se fait discret. Il ne rechute pas il craque juste un peu. Quand on le prend en flagrant délit de « mensonge »  il sourit et rétorque qu’il a compris qu’on obtient plus souvent ce que l’on veut en mentant plutôt qu’en disant la vérité et que c’est pour nous épargner sa vérité qu’il la modifie.

De faux pas en glissades, l’ensemble de l’équipe est restée disponible, l’accueillant encore et encore en tentant de bâtir de nouveaux projets avec lui.

Et puis un jour Ismaël accepte de faire le bilan de cette maladie du foie qui lui semble si étrangère. En prononçant le mot de cirrhose j’ai alors provoqué un « je ne bois pas je suis musulman, ce n’est pas possible », réponse habituelle et conforme aux représentations individuelles et collectives traduisant que seul l’alcool peut être à l’origine de cette maladie. Il a donc fallu réexpliquer les liens entre cirrhose du foie et hépatite C et, pour la première fois, ce mot d’hépatite a semblé prendre sens et résonner en lui. Puis Ismaël est retourné en prison où il a été  mis en isolement … à cause de ton hépatite C. Les représentations peuvent avoir la vie dure, y compris chez les professionnels de santé !

À sa sortie nous avons repris le relais de son traitement de substitution et Ismaël a alors demandé si nous pouvions tenter de le guérir de cette hépatite. La majeure partie de l’équipe y était opposée compte-tenu de son parcours de vie plutôt chaotique mais deux d’entre-nous étaient prêts à saisir cette « opportunité de soin » puisqu’elle résultait de sa demande.

Le traitement a duré une année, avec des hauts et des bas faits de périodes de reprise de produits interprétées par Ismaël comme étant liées aux effets secondaires du traitement. Mais tous se sont accrochés, le patient comme l’équipe soignante, et 6 mois plus tard le virus était indétectable. Une sacrée revanche après toutes ces années de galère ! À l’annonce de sa guérison, Ismaël nous a confié n’avoir fait que deux choses de bien dans sa vie : guérir de son hépatite et… sa fille. Fort de cette réussite, nous l’avons incité à entreprendre des démarches auprès de l’AFPA (Association nationale pour la Formation Professionnelle des Adultes) et de reprendre contact avec cette petite fille qu’il n’avait pas vu depuis 6 ans, en insistant sur le fait que finalement tout ceci n’était pas vraiment plus difficile à faire que de guérir de l’hépatite C !

Ismaël a relevé ces nouveaux défis. À ce jour, il ne prend plus de produit, tente de rattraper avec sa fille tout le temps égaré et va de formations en stages, même s’il n’a pas pour autant trouvé un emploi. En attendant, il semble avoir réussi là où tout le monde le pensait perdu.

Pourquoi avoir raconté cette histoire ?

Tout simplement pour insister sur le fait que nous n’avons pas à prédire des combats de l’autre. Du reste, nous pouvons nous demander quel est l’impact de nos prédictions sur les projets, ou tranches de vie des personnes que nous rencontrons, d’autant qu’au fil du temps, la maladie peut prendre sens et devenir une chance pour changer sa vie. Nous ne pouvons donc qu’accompagner, sans céder au découragement, que l’on soit soignant ou encore responsable associatif.

Cet accompagnement démontre qu’il faut réapprendre ou apprendre à prendre soin de soi pour pouvoir accéder aux soins.

Merci Ismaël. Toi aussi tu as plaqué l’hépatite C.

Pascal Mélin

LES PREMIERS MESSAGES DE NOTRE ENQUÊTES IFOP

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Qui mieux que l’IFOP (l’Institut Français d’Opinion Public) pouvait interroger les français pour évaluer leur niveau de connaissances concernant l’hépatite C ?

Grâce aux soutiens financiers de ses partenaires, SOS hépatites a pu commander cette enquête nationale et bâtir un questionnaire adapté. L’IFOP s’est chargé de définir un échantillon de plus de 1000 personnes représentatif de la population générale française. Il faut noter que les enquêtes précédentes avaient été réalisées à partir de banques de données sanitaires (assurés sociaux, personnes habitant dans un lieu particulier etc.). Pour la première fois une enquête a été réalisée sur une population répartie sur l’hexagone et représentative des variations socioprofessionnelles et culturelles.

L’enquête, menée en mars 2013, a montré des résultats préoccupants, justifiant plus que jamais le SOS que nous représentons.

Le premier chiffre inquiétant est qu’au moment de l’enquête et après que les facteurs de contamination de l’hépatite C aient été rappelés, 33% des personnes interrogées, soit 1 français sur 3, reconnaissait avoir eu par le passé un comportement à risque de l’avoir contaminé. Mais chose encore plus surprenante, 59% des personnes interrogées déclaraient ne jamais avoir fait de test de dépistage. Ce résultat démontre bien tout le travail d’information à réaliser encore pour que toutes les personnes ayant eu un comportement à risque, soient en capacité de l’identifier pour avoir recours ensuite au dépistage. Car pour guérir un jour il faut avoir connaissance de sa maladie.

Dans la suite de cette enquête on découvre que 73% des personnes interrogées connaissent bien l’existence des traitements de l’hépatite C mais répondent que 66% d’entre eux l’on ne peut pas en guérir et que les traitements doivent être pris à vie pour 70% ! Les représentations liées à la maladie sont donc très loin de ce que la médecine permet désormais, puisqu’aujourd’hui, presque 70% des malades voient leur virus disparaitre avec un traitement d’un an maximum et ce, grâce aux nouvelles combinaisons thérapeutiques.

C’est pour lutter contre ces représentations erronées que SOS hépatites se lance, pour une durée de plusieurs mois, dans une campagne dont le slogan est : «  C maintenant, plaquez l’Hépatite C » !

Pascal Mélin

POUR SOS HÉPATITES, LE MOIS DE MARS VA ÊTRE UN MOIS QUI BOUGE !

Du 21 au 24 mars se sont tenues les journées francophones d’hépato-gastroentérologie et d’oncologie digestive (JFHOD). Des représentants de SOS étaient présents sur le site de cet événement pour porter la parole des patients et représenter les usagers du système de santé. Mais nous reviendrons sur les temps forts de ce congrès prochainement.
Le 26 mars est la journée nationale du dépistage du cancer colorectal, deuxième cancer en France qui, s’il est dépisté à temps, guérit 9 fois sur 10.
Cela fera probablement moins de bruit, mais avec ses partenaires, SOS hépatites s’apprête à lancer une grande campagne d’information et de communication qui, espérons-le, fera le buzz. Alors restez vigilent, suivez-nous et vous serrez les premiers à découvrir notre nouveau slogan et nos nouvelles actions.
Pour lancer cette campagne, SOS hépatites s’est associée à l’institut de sondage ifop afin de réaliser une enquête sur plus de 1000 personnes représentatives de la population générale. Cette enquête sera rendue publique dans les jours à venir. Vous en serrez les premiers informés et découvrirez à cette occasion des scoops et des surprises.
Cette campagne a pour objectif de modifier les connaissances du grand public et de favoriser le dépistage ainsi que l’accès aux soins. Et… cerise sur le gâteau, le printemps voit également l’ouverture de notre nouveau site internet conçu pour mieux répondre aux attentes de chacun.

LA GREFFE VÉCUE PAR LES PROCHES

Greffe : on a pensé aux proches !

Une brochure destinée spécifiquement aux proches de personnes en attente de greffe ou déjà greffées vient d’être publiée. Elle est le fruit d’une collaboration entre plusieurs associations concernées, visant à combler le manque d’informations et de conseils à l’attention de ces personnes.

En effet, avec des témoignages pour bien les illustrer, elle apporte des réponses claires aux questions que ces dernières se posent fréquemment. Et puis en « bande passante », à chaque page, on tombe sur des mots qui savent nous parler : relais, respect, force, dialogue, choix, merci, VIE…

SOS hépatites est fière et heureuse d’avoir participé à la rédaction de ce document.

LE DON D’ORGANES, UN RELAIS POUR LA VIE, 2E ÉDITION PRINTEMPS 2015

Découvrez l’édition printemps 2015 de la brochure : Le don d’organes, un relais pour la vie 

Brochure initialement sortie le 17 octobre à l’occasion de la Journée Mondiale du don d’organes 2009.

SOS hépatites s’est associé à la Fédération Française des Associations des Greffés du Coeur et des Poumons (FFAGCP), la Fédération des Associations pour le Don d’organes et de Tissus humains (France Adot), la Fédération nationale des déficients et transplantés hépatiques (Transhépate) et la Fédération Nationale d’Aide aux Insuffisants Rénaux (FNAIR) pour publier cet ouvrage.

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