EASL 2017 – 2e JOUR : LES COMMUNICATIONS ORALES

Après le temps de formation continue, voici celui des communications orales qui ont commencées ce jeudi 20 avril. Voici ce que nous avons retenu…

La première communication orale été faite par des français, un petit cocorico ça fait pas de mal. Il s’agissait d’une étude multicentrique, portant sur des patients atteint, de cirrhose à un stade C de Child, soit un score grave. La mise en place d’un traitement prophylactique par norfloxacine, diminue significativement les complications de suivi.

On attendait également, les résultats de la nouvelle combinaison glecaprvir et pibrenstavir, chez les patients porteur d’hépatite C (genotype 1/2/4/5/6) avec cirrhose ou pas.

 C’était l’étude EXPEDITION 1 : 146 patients furent traités, la tolérance était parfaite et la réponse virologique obtenu dans plus de 95% des cas.

Un merci à l’équipe australienne de Dore, pour avoir tordu le cou à une rumeur hépatologique. En effet, il y a quelque temps, les américains avaient émis un doute sur l’implication des anti-viraux directe comme pouvant induire plus de cancer du foie chez les patients traité pour une hépatite C. Une méta analyse australienne tue définitivement cette rumeur et c’est tant mieux !

Pour les marqueurs de progression de la NASH, plusieurs équipes recherchent de façon non agressive à évaluer l’aggravation de la NASH. L’examen de référence étant aujourd’hui la biopsie hépatique. Lors d’une étude américaine, sur 477 patients porteurs d’une fibrose avancée sur NASH et traité par simtuzumab. Les patients avaient une évaluation par le score NAS (NASH Activity Score) et des biopsies hépatiques. Les résultats sont négatifs, seul la biopsie et la progression de la fibrose permettent de retrouver une aggravation et pas le score NAS. Il faut encore chercher un biomarqueur, pour pouvoir démultiplier la prise en charge des patients porteurs de NASH dans les années à venir.

DANS LE PORT D’AMSTERDAM…

Diego Delso, delso.photo, License CC-BY-SA

Le congrès d’hépatologie européen se tient à Amsterdam en moment. Mais, il ne faut pas oublier qu’Amsterdam est une ville portuaire avec tout ce que cela implique…

La prostitution avec ses filles en vitrine, sa plus grande brasserie avec Heineken, ses coffee shops avec vente de cannabis autorisée et ses célèbres vélos.

Les Pays-Bas comptent plus de bicyclettes que d’habitants ! Il n’est pas rare à un feu rouge, d’avoir plus de vélos en attente que de piétons ! Peut-être un bon moyen de lutter contre la NASH ?

Quel bel endroit pour parler d’addiction et d’hépatologie ? Le cannabis a quels effets sur le foie ?

Il y a quelques années, l’équipe de Pr Hézode avait analysé les effets du cannabis sur le foie et avait conclu que le cannabis était un facteur fibrosant sur le foie et ce, de façon propre.

Mais, il y a deux types de récepteur au cannabis : les CB1et les CB2,  qui n’agissent pas forcément de la même manière.

Mais d’autres équipes suggéraient un effet anti-fibrosant du cannabis. Alors les coffee shops participent-ils à la protection du foie ou plutôt à sa destruction ? Présenté comme ça, la question est provocante !

Mais Amsterdam, c’est aussi Jacques Brel, et si nous osions un pastiche hépatologique de sa chanson culte ?

« Dans le port d’Amsterdam                                                                  
Y a des marins qui chantent                                                                
Les rêves qui les hantent                                                         
Au large d’Amsterdam                                                                        
Dans le port d’Amsterdam                                                                  
Y a des marins qui dorment                                                                
Comme des oriflammes                                                                     
Le long des berges mornes… »                                                       

Pascal Mélin

EASL 2017 – PREMIER JOUR A AMSTERDAM : LA FORMATION CONTINUE…

Le congrès Européen du foie s’est ouvert ce 19 avril à Amsterdam. L’EASL 2017 c’est parti ! Avec plus de 10 000 participants l’EASL est maintenant un congrès annuel d’hépatologie incontournable heureusement nous ne sommes pas encore touché par le brexit.

La première journée est traditionnellement consacrée à la formation continue. Et là, on peut dire chapeau au comité d’organisation qui a titré cette session : « pour une approche multidisciplinaire des patients porteurs d’une maladie hépatique ».

Ce titre prometteur a mis de côté les hépatites virales B ou C pour revenir aux fondamentaux. Cela va dans le sens de l’histoire et redéfinit l’hépatologue comme un coordonnateur de soins plutôt qu’un spécialiste isolé.

La formation continue se répartit entre le mercredi 19 avril toute la journée et le jeudi 20 au matin. Voilà les idées fortes qu’il faut retenir :

Ce mercredi, les sujets étaient nombreux : la gestion des cirrhoses décompensées, puis la maladie alcoolique du foie et enfin la maladie cholestatique ; ce jeudi, le cancer du foie et la NASH. Un joli programme.

1/ Cirrhoses décompensées.

Divisées en 5 chapitres : gestion des ascites réfractaires, insuffisance rénale et cirrhose, les infections sur cirrhose, l’admission en réanimation et la transplantation hépatique.

1-1/ Ascite réfractaire.

Les patients porteurs d’une ascite réfractaire sont définis par des ascites récidivantes engendrant des ponctions d’ascites très régulières (paracentèse) et des perfusions d’albumine. La prise en charge de patients avec une ascite réfractaire nécessite absolument d’envisager la possibilité d’une transplantation hépatique avant que les fonctions hépatiques ne se détériorent. Les malades nécessitent bien sûr l’introduction de diurétiques mais si l’ascite ne peut être asséchée, il faut envisager la pose d’un TIPS (Transjugular Intrahepatic Portosystemic Shunt) prothèse intrahépatique qui permet alors le contrôle de l’ascite. Mais la complication majeure reste l’encéphalopathie hépatique et son évolution catastrophique.

Il faut donc surveiller de façon très régulière et précise les malades atteints d’ascite réfractaire pour réduire et éviter la catastrophe de l’encéphalopathie hépatique, qui est trop souvent l’entrée dans une spirale mortelle.

1-2/ Insuffisance rénale aigue (IRA) sur cirrhose.

Encore mal comprise, cette complication est fréquente et en fonction des seuils et des définitions que l’on se fixe, sa fréquence varie de 15 à 50 % des patients cirrhotiques hospitalisés. L’existence d’une insuffisance rénale chronique préexistante est un facteur aggravant. Les troubles circulatoires liés à la cirrhose induisent une vaso-constriction de l’artère rénale qui induit une souffrance rénale et donc une fibrose rénale responsable d’une insuffisance rénale chronique qui peut se compliquer d’une insuffisance rénale aigue (IRA). L’IRA aggrave le pronostique de la cirrhose.

Il faut faire la différence entre le syndrome hépato-rénal et la nécrose tubulaire aigue. Pour cela, l’examen de référence est la biopsie du rein avec tous les risques encourus chez un cirrhotique. L’enjeu des années à venir est le développement de biomarqueurs, le plus étudié actuellement est le NGAL (neutrophil gelatinase-associated lipocaline) pour dépister le plus tôt possible la fibrose rénale avant qu’elle ne soit irréversible car la prise en charge précoce est réversible.

Ah fibrose quand tu nous tiens !

1-3/ Infections chez les patients cirrhotiques.

Les infections bactériennes et mycotiques sont très fréquentes chez les cirrhotiques et sont une cause majeure de mortalité. Chaque patient avec une insuffisance hépatique terminale doit être considéré à haut risque d’infection. Une infection sévère est annonciatrice de 30 % de décès à 1 mois et de 50 % à 1 an. Les infections du liquide d’ascite sont souvent torpides et doivent être recherchées systématiquement. On voit de plus en plus de résistance aux antibiotiques apparaitre dans ces conditions et les traitements antibiotiques sont souvent empiriques. Les mycoses sont difficiles à mettre en évidence et sont de pronostic effroyable. Les traitements doivent être mis en place par des équipes habituées en associant aux antibiotiques des perfusions d’albumine.

1-4/ Admission d’une cirrhotique en réanimation.

Les scores de défaillance d’organe utilisés par les réanimateurs sont plus prédictifs de décès que les scores hépatologiques. Le pronostic est d’autant meilleur que la prise en charge est précoce et qu’il n’y a pas de défaillance d’organe. Les services de réanimation utilisent plutôt les solutions cristalloïdes que l’albumine que l’on réserve aux ascites décompensées, au syndrome hépato-rénal et aux infections du liquide d’ascite. Il faut de plus mettre en place un support nutritionnel et bien évaluer les risque d’hémorragie en rapport avec les varices œsophagiennes.

1-5/ Place de la transplantation hépatique.

Les scores CLIF-C et ACLF pour déterminer les patients qui seront survivants à un épisode d’insuffisance hépatique aigue font mieux que les scores MELDs, MELD-Nas et Child.

Les insuffisances hépatiques aigues ne laissent que très peu de temps pour décider de l’accès à une transplantation hépatique et doivent donc être considérées comme une urgence. De grandes études sont nécessaires pour définir de nouveaux scores qui permettront de mieux évaluer et prioriser l’accès à la greffe. Pour mémoire, il faut se souvenir que toute infection contre-indique une transplantation.

2/ Maladie alcoolique du foie.

2-1/ Anatomopathologie de la maladie alcoolique du foie.

En cas de maladie alcoolique du foie la biopsie hépatique reste l’examen de référence car elle permet de confirmer le diagnostic, d’évaluer la sévérite de la maladie, de rechercher d’autres causes d’hépatopathie et de retrouver des critères pronostiques. Il est parfois difficile de faire la différence entre une NASH et une maladie alcoolique et les histologistes doivent améliorer encore leur lecture.

2-3/ Traitement de l’hépatite alcoolique aigue.

L’hépatite alcoolique aigue est une inflammation aigue dont la gravité dépend des lésions hépatiques pré-existantes.

Seuls les corticoïdes ont prouvé leur bénéfice à court terme en réduisant la mortalité. Actuellement, toutes les équipes valident le score de Lille qui permet au 7ème jour de donner des recommandations sur l’utilisation de la cortisone. Des études récentes montrent que la N-acetylcystéine peut améliorer l’effet des corticoïdes. Mais les risques de dénutrition ou d’infection peuvent amener à revoir ou suspendre la corticothérapie.

2-4/ Place de la transplantation hépatique face à une hépatite alcoolique aigue sévère.

La transplantation hépatique est le traitement le plus efficace devant une forme sévère. La plupart des équipes demandent 6 mois d’abstinence pour évaluer la capacité du patient mais d’autres études montrent que ce n’est pas un critère d’abstinence à 6 mois qui fait la différence. Le risque de rechute de la maladie alcoolique est identique que le patient ait été abstinent avant ou pas ! Par contre la transplantation hépatique précoce fait augmenter la survie des patients qui répondent à un traitement médicamenteux. La transplantation hépatique précoce ne peut être proposée qu’à une minorité de patients ce qui de toute façon contrevient aux règles habituelles de prioriser les patients abstinents depuis 6 mois. Il n y a pas actuellement de barrière éthique pour l’évaluation à grande échelle de la transplantation hépatique sans abstinence…

A suivre !

2-5/ Biomarqueurs de la consommation d’alcool.

Ces biomarqueurs de l’usage d’alcool varient en fonction de la quantité consommée mais ils ont plus de mal à confirmer l’abstinence.

Certains biomarqueurs comme la CDT sont des métabolites de l’alcool qui se fixent sur une molécule endogène ce qui permet de tracer la consommation. D’autre marqueurs peuvent aider au suivi régulier et sont très pertinents dans le suivi de l’abstinence. De nouveaux biomarqueurs comme l’éthyl glucuronide urinaire, qui se positive après quelques jours de consommation ou le phosphatidylethanol dans le sang, sont plus pertinents pour confirmer une abstinence.

3/ Les maladies cholestatiques du foie.

3-1/ Cholangite biliaire primitive(CBP).

La maladie évolue différemment selon les patients mais s’ils ont des canaux biliaires larges, des phosphatases alcalines très élevées et des symptômes, ils évolueront alors plus vite vers un stade terminal. Les infections récurrentes et l’existence de rétrécissements biliaires contribuent à l’évaluation de la maladie et à pronostiquer son évolution. Les traitements optimisés permettent de survivre sans transplantation. Environ 70 % des patients porteurs de CBP sont atteints d’une maladie inflammatoire intestinale. Les coloscopies doivent être systématiques. L’association CBP et maladie inflammatoire intestinale augmente le risque de cancer colique.

3-2/ endoscopie et CBP et cholestase.

L’endoscopie avec pancréatographie et cholédocographie rétrograde n’est pas toujours possible et on réalise alors le plus souvent une cholangio IRM. Les formes avec rétrécissement cholédocien peuvent être traitées par pose de prothèse endo-biliaire ou bien encore de dilatation au ballon. L’association maladie du foie et CBP nécessite une surveillance étroite, même après transplantation, pour dépister les risques de cancer colique.

3-3/ CBP et anatomopathologie.

L’évaluation et la stadification d’une CBP se réalisent au mieux par une biopsie hépatique. En 2017, la classification Nakanuma doit être appliquée. La CBP est un facteur de risque de cholangiocarcinome (cancer du cholédoque). Des techniques de cytologie et de FISH sont d’une aide importante pour prouver l’existence ou non d’un cholangiocarcinome

3-4/ Transplantations hépatiques.

La transplantation hépatique est parfois nécessaire en cas de complication de cirrhose ou d’inflammation non contrôlable. La greffe est une option possible en cas de cholangiocarcinome débutant mais des études à grande échelle sont nécessaires. Même après une greffe du foie, il faut réaliser des dépistages rapprochés du cancer colorectal. Après la greffe, des récidives sont possibles.

3-5/ Les traitements à venir dans la CBP.

La CBP est considérée comme une maladie auto-immune bien qu’on n’en connaisse pas bien la physiopathologie. La CBP regroupe probablement plusieurs maladies différentes (la CBP avec maladie inflammatoire intestinale semble une entité propre). Les nouveaux standards diagnostiques permettent de reconnaitre la maladie plus rapidement. Actuellement, des études sont réalisées sur différents acides biliaires modulateurs de la synthèse biliaire, immunomodulateurs antibiotiques ou bien encore greffe de microbiotes fécaux. Les succès thérapeutiques viendront des combinaisons thérapeutiques et de leur personnalisation. La plupart des études sont en phase 2 mais on peut noter :

  1. Immunomodulateur : BTT1023 et CENICRIVIROC
  2. Modification de la bile : OCA, NGM282/M70, norUDCA, LUM001, Hymecromon.
  3. Modification du microbiote : Vancomycine, Rifaximine
  4. Réduction de la fibrose : Simtuzumab, Mitomycine

A venir, la formation continue du jeudi 20, Cancer du foie et NASH.

OBSERVATOIRE DE LA VACCINATION

Pénurie de vaccins contre l’hépatite B – Tous concernés

Face à une importante pénurie, les vaccins contre l’hépatite B sont uniquement dispensés en pharmacie hospitalière.
Le Haut conseil de la santé publique a également définit les populations prioritaires à vacciner dans ce contexte
Des mesures fortes doivent être menées pour un retour rapide à la normale. Nous ne pouvons accepter de baisser la garde de la prévention face à une épidémie comme celle de l’hépatite B.
Cet observatoire au frein à l’accès de la vaccination contre l’hépatite B va nous permettre d’alerter sur les différentes situations rencontrées

PARTICIPEZ A L’ENQUETE VHB SOS HEPATITES 2017 – CLIQUEZ ICI !

POUR UN PRIX NOBEL… QUE L’ON NE DONNERA JAMAIS…

PRIX NOBEL DE MEDECINELe prix Nobel de médecine est habituellement remis à des personnes dont les travaux ou les actions ont permis de comprendre des maladies et de sauver de nombreuses vies.

Parlons du choléra, maladie du passé ? Pas du tout ! Selon l’OMS, le choléra touche encore 4 millions de personnes chaque année et cause le décès de 100 000 d’entre eux. Il y a 3 siècles la maladie était mortelle dans 70 % des cas, actuellement elle ne l’est plus que dans 3 %.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire le vibrion cholérique (qui est l’agent causal du choléra) n’est pas un virus mais une bactérie en forme de virgule. Le choléra est originaire du delta du Gange où il sévit de façon chronique mais il a été responsable de 7 épidémies mondiales : la première en 1817 et la septième de 1961 à 1991. En 1832, la France et la ville de Paris étaient touchées pour la quatrième fois, 100 000 français en sont morts dont 20 000 parisiens parmi lesquels Champollion, Sadi Carnot, et Casimir Perrier (président du Conseil). Les gens mourraient de déshydratation massive, par diarrhée (de 10 à 20 litres de selles par jour). Pour avoir une idée de ces épidémies relisez le livre de Giono « Le hussard sur le toit ».

Avant de mourir, les malades présentaient une cyanose livide et effrayante, c’était « la peur bleue », expression que le choléra nous a laissée dans le langage courant.
L’épidémie de 1971 a été détectée sur le continent sud-américain et a évolué de façon fulgurante en s’étendant à l’Afrique où elle a infecté plus de 1 million de personnes mais on ne dénombra que 5 à 10 000 morts soit 1 % ! Ces bons résultats ne sont pas dus aux progrès thérapeutiques, encore trop difficilement accessibles ; par contre, ils peuvent être expliqués par la connaissance de la maladie…

Le choléra tue par déshydratation et diarrhées. La toxine cholérique agit en bloquant les pompes de fonctionnement de l’intestin grêle qui servent à absorber le sodium, de plus elle active la pompe CFTR qui fait secréter de l’eau et des chlorures expliquant le renforcement de la diarrhée et donc de la déshydratation. On a alors pensé que l’administration d’eau et de sel pourrait contrecarrer la maladie mais il n’en était rien ! La solution : une pompe de secours la SGLT1 qui permet la réabsorption de sodium et d’eau mais qui pour être activée nécessite d’administrer simultanément du glucose. Il suffit de compenser volume pour volume, les pertes hydriques en y ajoutant du sucre. La SRO : Solution de Réhydratation par voie Orale était née. Elle contenait glucose, chlorure de sodium, de potassium, du chlore et des bicarbonates, le résultat était spectaculaire : on survivait alors à la maladie.

Les essais furent menés avec succès au Bangladesh. Mais il faut (encore aujourd’hui) lutter contre les traditions car on croyait alors que pour faire cesser une diarrhée, il ne fallait pas boire, mais c’était juste le contraire.

Il faut donc apprendre à remplir un panier percé en attendant que le corps seul réagisse et guérisse du choléra. Mais il fallait aussi apprendre à toutes ces femmes africaines à fabriquer la SRO : « un quart de litre d’eau, une poignée de sucre et trois pincées de sel. »

Les femmes se sont organisées allant de village en village et de porte en porte pour transmettre la recette et permettre de sauver ce million de personnes. Ce n’est que secondairement que la méthode fut reconnue par l’OMS et étendue à la planète.

Ces femmes, toutes ensembles, méritent le prix Nobel de médecine pour avoir sauvé autant de vie entre 1971 et 1991 ouvrant ainsi le chemin de la reconnaissance de la place des malades et de leurs aidants pour changer les comportements face à une maladie infectieuse, bref un exemple hépatant.

Pascal Mélin

AUJOURD’HUI L’HÉPATITE A SUR RFI…

Aujourd’hui, SOS hépatites était l’invitée de Radio France Internationale dans l’émission de Claire Hédon « PRIORITE SANTE »

Le sujet était l’hépatite A. Cette jaunisse appelée aussi hépatite des camps a trop souvent été perçue comme une maladie bénigne. Maladie qu’il faut avoir faite au moment de l’enfance. En Afrique sub-saharienne, 90 % des enfants ont fait leur hépatite A, avant l’âge de 10 ans et le plus souvent de façon asymptomatique. Pourtant, l’hépatite A, au moment de sa contamination, peut être à l’origine d’une insuffisance hépatique et aboutir au décès du malade (1 fois /1000).

Dans les pays dit riches aujourd’hui moins de 20 % des jeunes adultes ont fait leur hépatite A…  20 % seulement !

Mais, quelles sont les conditions pour déclencher une épidémie d’hépatite A ? Il faut un sujet infecté et donc contagieux, une concentration importante de personnes et une baisse des conditions d’hygiène. Ainsi, les camps des armées ou de réfugiés sont des situations malheureusement idéales pour des épidémies d’hépatite A.

Pendant la guerre de sécession, on dénombra ainsi 52 000 cas de jaunisse, pendant la Première Guerre Mondiale, les conflits dans les Dardanelles provoquèrent une épidémie majeure du côté des troupes françaises et britanniques.

Pendant la Seconde Guerre Mondiale, se sont 5 millions de personnes civiles ou militaires qui furent contaminées. L’épidémie d’hépatite A fut le principal problème sanitaire de l’armée pendant la guerre d’Algérie.

En Yougoslavie, pendant la guerre d’indépendance, l’effondrement des conditions socio-économique et d’hygiène furent responsables d’épidémie d’hépatite A.

La France connaît aujourd’hui une épidémie d’hépatite A dans les milieux gays. L’Italie dans les squats chez les usagers de drogues dans des conditions d’hygiène difficiles. Mais la lutte contre l’hépatite A est celle de l’hygiène, de l’eau potable et de l’accès aux toilettes. Ceci résume les données épidémiologiques l’hépatite A est de transmission oro-fécale.

L’hépatite A, demain sera la maladie du voyage. Les enfants nés dans un pays riche n’ont pas fait leur hépatite A et ne sont donc pas protégés. Le dépistage est alors nécessaire et parfois, une vaccination avant de se rendre en pays ou les risques sont majeures.

Le retraité à qui ses collègues offrent un voyage en Afrique ou en Thaïlande, lui offrent peut-être aussi une contamination par l’hépatite A qui est gravissime 1 fois/50 après 50 ans.

L’hépatite A, un nouveau lien entre L’Afrique et la France.

Pour retrouver l’émission : ici

 

Demain commencera le congrès d’hépatologie européen à Amsterdam : EASL 2017 de nouvelles news à venir …

Pascal Mélin

NOUVEAU RECORD À 92 ANS…

DON D'ORGANESCe n’est pas le nouveau record du tour du lac du Der à vélo par un sénior à la crinière blanche, ce n’est pas non plus, le nouveau record de saut à l’élastique. Non, c’est le nouveau record d’un prélèvement d’organes et en particulier du foie, qui a pu être réalisé chez un donneur de 92 ans !

Alors, qu’il y a quelques années la limite d’âge, pour le don d’organes et pour être accepté sur liste d’attente d’une greffe, était à 70 ans, on constate maintenant que l’âge physiologique est plus important que l’âge civil.

Depuis quelques années, la première indication de greffes est le cancer du foie, même si en une décennie des stratégies thérapeutiques se sont développées de façon considérables. Le nombre de donneurs ne permet cependant pas de faire face à une demande croissante. On espère que l’épidémie de guérisons de l’hépatite C, que vont créer les nouveaux traitements, permettra de faire diminuer le nombre de personnes en stade de cirrhose nécessitant une greffe.

Ainsi les seniors, qui jusque-là présentaient un cancer du foie, ne pouvaient pas prétendre à une greffe. Aujourd’hui, un sénior qui nécessite une greffe de foie peut recevoir un organe d’un autre sénior en coma dépassé, à condition que son état de santé soit satisfaisant.

Voilà une solidarité de tête blanche tout à fait hépatante et n’oubliez pas que l’homme est son propre réservoir de pièces détachées.

Tous les hépatants doivent être des ambassadeurs du don d’organes.

POUR SAUVER DES VIES, IL FAUT AVOIR DIT OUI…

Pascal Mélin

MOI PRÉSIDENT…

PASCAL HEPATANTMoi Président, j’utiliserai mon quinquennat 2017-2022, pour faire de mon temps présidentiel celui de la disparition de l’hépatite C.

En cinq ans, on peut faire disparaître de l’hexagone le virus de l’hépatite C, mais pour cela, il faudra accepter de se faire dépister et faire confiance au corps médical pour soigner et guérir tout le monde.

Pour mener à bien cet objectif, je demanderai un engagement fort de l’industrie pharmaceutique avec des traitements à des coûts raisonnables et raisonnés, qui ne mettront pas en péril la sécurité sociale.

Moi Président, je renforcerai la santé publique et le principe de prévention dans la santé. Ma première action sera de réaffirmer le concept de vaccination, en rendant des vaccins comme l’hépatite B obligatoires.

Moi Président, je mènerai une politique de dépistage pour l’hépatite B et l’hépatite C et j’aiderai les malades à parler de leur maladie. Concernant la vaccination de l’hépatite B, j’inciterai les malades à faire vacciner leur entourage.

Moi Président, je mettrai en place un programme de lutte contre la surcharge pondérale et la stéatose hépatique, épidémie galopante.

Moi Président, je me battrai avec les malades guéris pour obtenir un droit à l’oubli total et non-négociable.

Moi Président, je m’engagerai à donner un nouveau statut à la guérison des maladies chroniques qui nécessiteront un suivi au long cours.

Moi Président, je m’engage à faire un quinquennat hépatant…

Vive la République, vive la France hépatante.

Pascal Mélin

UN MALADE À L’HAS…

On n’y croyait plus ! On avait fini par croire que la Haute Autorité de Santé (HAS) ne s’occupait que de la Santé, en oubliant la maladie et les malades.

Depuis des années, SOS Hépatites demandait que l’HAS accueille en son sein un malade.

La Haute Autorité de Santé qui conseille les politiques, organise notre système de soins en émettant des recommandations et des conduites à tenir.

Jusqu’alors, la HAS n’était constituée que d’experts et de spécialistes. Mais, le malade lui-même n’est-il pas un expert et un spécialiste de la vie avec sa maladie ?

L’absence de malade à l’HAS était pour nous un crime de démocratie sanitaire.

Heureusement, Madame Marisol Touraine, Ministre de la Santé, nous a enfin entendus et vient de nommer Christian Saout comme unique représentant des malades au sein de HAS. Quelle victoire !

Christian Saout, était initialement juge pour enfants dans le centre de la France, puis il a rejoint le monde associatif avec l’épidémie de VIH. Il est devenu président de l’association AIDES de 1998 à 2007, puis membre du Conseil National du SIDA et enfin président du CISS.

La voix des malades sera maintenant entendue et entendable, avant même que les recommandations ou les nouveaux médicaments ne soient diffusés et rendus publics.

Le malade est désormais aux deux extrémités des soins : au départ, puisqu’il participera à la naissance des soins et à la fin puisqu’il en bénéficiera.

Voilà un pas de plus sur le chemin de la démocratie sanitaire.

Bonne chance et nous espérons que Christian Saout sera Hépatant.

Pascal Mélin