Oui, je parle bien d’hôtélisation et non pas d’hospitalisation. Un nouveau mot pour notre dictionnaire…
Le saviez-vous ?
En 2014, après enquête, l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France a conclu que 27 % des hospitalisations auraient pu être transformées en un hébergement temporaire non médicalisé.
Le concept est né aux USA. La veille ou le lendemain d’une chimiothérapie ou d’une intervention en ambulatoire, il est moins cher de passer une nuit dans un hôtel qu’à l’hôpital. Mais ce, à condition que cet hôtel soit proche de l’hôpital, pour que l’alerte et les soins puissent facilement être déclenchés.
Un chirurgien vous opère sans vous hospitaliser, mais il peut vous revoir en consultation dès le lendemain. Ou un médecin peut vérifier la tolérance d’une chimiothérapie.
Aux USA, ce sont les associations de lutte contre le cancer (entre autres), qui se sont lancées dans la construction d’hôtels bon marché à proximité des hôpitaux. Aux États-Unis, l’absence de sécurité sociale rend le concept d’hôtélisation intéressant pour les malades en cas de prise en charge courte.
En France, la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) prévoyait une expérimentation de ce concept sur le territoire français, pendant une durée de trois ans.
Ceci a été fait et maintenant la Haute Autorité de Santé (HAS), sur la demande de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), a établi quels types d’hôpitaux, de patients, et pour quels types de prise en charge cela pouvait être mis en place.
En début d’année 2017, la ministre de la santé madame Marisol Touraine a lancé un appel à projets pour de telles prestations d’hébergement non médicalisé. Cet appel d’offres se termine le 12 mars 2017.
Mais qui va y répondre ?
De grands groupes hôteliers sont sur les rangs, ainsi que des investisseurs de groupes sanitaires privés.
Mais ne va-t-on pas à l’encontre des principes fondamentaux de la sécurité sociale ? Nous nous apprêtons à faire porter le coût des hospitalisations courtes aux patients plutôt qu’à notre système de solidarité.
Serait-ce là le début de l’abandon d’un système solidaire ?
Les malades du foie seront directement concernés.
En cancérologie, pour la radiothérapie, pour les chimio-embolisation pour les bilans pré-greffe ou les suivis post-greffe etc…
Si l’hôtélisation est un projet intéressant dans le système libéral américain, il ne peut en aucun cas être une réponse au financement de la sécurité sociale française.
Nous devons réaffirmer notre attachement à notre système solidaire.
Il faut que la sécurité sociale française reste un modèle hépatant.
Pascal Mélin