L’hépatite C ne fait pas de bruit, l’armée non plus…
Mais commençons par nous intéresser aux USA avant de regarder la situation en France. Dans tous les congrès d’hépatologie, les médecins américains appellent cette catégorie de malades les « vétérans », pourquoi ? Parce que les vétérans du Viêtnam sont particulièrement touchés par l’hépatite C, plus que le reste de la population. En effet, le système de santé américain est tel que les anciens combattants sont spécifiquement pris en charge, ce qui permet des études précises sur un grand nombre de patients.
Dans ces années de la guerre du Viêtnam, plusieurs facteurs de transmission se sont ajoutés :
Le premier est l’avènement des politiques transfusionnelles, la guerre du Viêtnam est la première guerre à utiliser la transfusion de façon aussi massive pour sauver des vies. Mais dans ces années, la transfusion ne connaissait pas le VHC et il y avait donc beaucoup de transmissions transfusionnelles.
La deuxième cause est l’usage de drogues par voie intraveineuse. La guerre est, bien sûr, un facteur de stress qui génère des addictions. L’utilisation d’héroïne par voie injectable a donc été un autre vecteur de propagation de l’hépatite C (les seringues n’avaient bien sûr pas d’accès autorisé). Et pour ceux qui ne s’étaient pas contaminés au Viêtnam, le retour au pays et la gestion du stress post-traumatique ont été si durs que certains se sont tournés vers l’héroïne si facilement accessible à cette époque.
Mais, il y a une troisième cause de contamination chez les vétérans dont on parle moins : celle liée aux pratiques médicales.
L’hépatite C, étant inconnue à l’époque, certaines pratiques médicales étaient probablement contaminantes. C’est le cas des vaccinations collectives : les soldats, les uns derrière les autres, vaccinés à la chaîne ne permettant pas l’utilisation de matériel à usage unique. C’est ce que vient nous rappeler une pétition qui circule cette semaine…
Mais il en est de même en France et nous avions déjà dénoncé cela il y a maintenant deux ans. Je m’étais rendu compte que plusieurs patients de plus de 70 ans étaient porteurs de cirrhose virale C sans facteur de contamination retrouvé.
En poussant plus loin la réflexion, je découvrais alors qu’ils avaient tous participé à la guerre d’Algérie dans les années 60. Pourquoi ? Ici encore, le voile pudique des transmissions nosocomiales pointe son nez. On retrouve là aussi des vaccinations de masse et à la chaîne avec du matériel qui n’était pas à usage unique. Un ancien infirmier responsable de l’accueil des nouveaux contingents me l’a confirmé. Mais alors, serait-ce l’armée qui devrait être tenue responsable de ces contaminations et en assurer les conséquences ? La Sécurité Sociale et la solidarité collective couvrent bien sûr les prises en charge des soins, mais la question aurait mérité d’être posée au grand jour…
Pour signer la pétition : https://www.change.org/p/veterans-administration-v-a-veteran-contracted-hepatitis-c-from-air-jet-injectors-in-basic-training-you-can-help?recruiter=65044334&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink