« Un traitement pour tous, une guérison pour chacun ».
C’est notre nouveau cri de guerre, rassembler sans exclure. La position officielle actuelle sera un frein au dépistage. En effet, en ne traitant que les malades hépatiques sévères il devient difficile d’inviter au dépistage car les patients qui ne sont pas encore dépistés porteurs du VHC ont 3 chances sur 4 d’être à un stade d’hépatite minime et donc de ne pas avoir accès au traitement.
C’est une double peine qui se met en place : je sais que je suis dépisté porteur du VHC et pour autant je ne peux me soigner. Je n’aurais pas dû me faire dépister car jusque-là je ne savais peut être pas mais il me semblait être plus libre.
Le rapport d’expert Dhumeaux proposait un accès de tous les usagers de drogue quel que soit la fibrose, avec une extension rapide aux autres populations de malade.
Malheureusement, il n’a pas été écouté, et la France, elle qui en Europe avait un leadership en terme de dépistage et d’accès aux soins, se voit dépossédé de sa position avant-gardiste par l’Allemagne, le Portugal et depuis quelques jours la Géorgie qui viennent d’étendre l’accès aux soins des patients avec un stade de fibrose minime. On ne peut qu’être interpellé même si les épidémies ne sont équivalentes et comparables à la problématique française.
C’est dans ce contexte que l’APM (Agence Presse Médicale) a publié le 23 septembre dernier un compte rendu d’une étude française qui pourrait bien faire l’effet d’une bombe pour ces dernier jours de congrès à Biarritz pour le ATHS et à Toulouse pour l’AFEF :
« Traiter avec un nouvel Antiviral d’Action Directe (AAD) sur le virus de l’hépatite C (VHC) tous les usagers de drogue injectable, quel que soit le niveau de fibrose, serait la seule mesure susceptible d’abaisser significativement la prévalence de l’hépatite C dans cette population, selon les résultats d’une modélisation française publiée mardi dans Hepatology. » (Compte rendu de APM du 23 septembre 2015 à consulter ICI).
Selon Antony Cousien de l’unité d’INSERM UMR1137, entre 2004 et 2011, avec l’association interféron ribavirine, la prévalence de l’hépatite C est passée de 60 à 44% chez les usagers de drogues. Alors qu’avec les nouveaux traitements si puissants, si l’on maintient l’accès au médicament uniquement au-dessus des stades F2 la prévalence chuterait de 43% à 25% seulement ! Mais en traitant tous les malades la prévalence dans cette population pourrait passer à 12%, mais il faudra attendre plus longtemps pour voir diminuer les complications de la cirrhose.
Mettons nous en marche dès maintenant,
UN TRAITEMENT POUR TOUS, UNE GUERISON POUR CHACUN ET UNE PROTECTION UNIVERSELLE.
Pascal Mélin
Excellent !
A relayer vraiment…
Pat
C’est bien beau de parler des usagers de drogue, mais n’oublions pas qu’ils se droguent, et que certaines personnes contaminées à l’hôpital ou à la naissance ont une vie à vivre aussi.
Oui Chloé, c’est bien pour cela que Pascal parle de « traiter tout le monde » en tête d’article.
Par ailleurs, ton commentaire réchauffe l’idée tenace mais injuste et terriblement obsolète d’un classement de profils de patients selon leur mode de contamination afin de ralentir ou de prioriser l’accès au soins. J’utilise le mot « réchauffer » parce que j’ai déjà entendu cette petite musique il y a quelques années, en discutant avec des personnes atteintes du virus.
Personnellement, je ne connais aucun addict qui ait choisi délibérément son addiction.
La dépendance est un mécanisme complexe et insidieux car très souvent inconscient.
Elle est une maladie, donc subie, même si chaque patient est co-acteur de son parcours de soins.
Bref, dire que les UD sont responsables de leur contamination n’a pas de sens. Simplement la lourde conséquence de cliver, encore une fois, l’ensemble des hépatants. Or je pense que vos intérêts communs sont multiples et bien plus importants (notamment le coût des traitements) que ce qui semble vous diviser.
L’éducation et l’information du grand public sur ces pathologies de l’addiction ou ces comportements à risque devrait éviter ce genre d’amalgame. Là est peut-être un autre axe de travail et se sensibilisation de SOS.
En tous les cas, Pascal, Yann, l’équipe, continuez… Madame La France ne pourrait se prétendre être une démocratie sanitaire sans le maillon indispensable des associations de patients, et de leurs médecins militants.
Mon conjoint médecin est sur le point de s’endormir après m’avoir lu. Pardonnez ma longueur.
Je n’ai pas raconté trop de conneries, je publie…
Chloé, concernant les transfusés contaminés la seule réponse devrait être un accès aux traitements. Il n’y a pas lieu pour moi, qu’il y est une double peine. Mais attention aux jugements : Une personne ayant une hépatite médicamenteuse, serait-elle responsable ?
Ma mère a été transfusée et est tombée malade, et a été dépistée à mes 1 an. Pour moi, c’était trop tard. Et maintenant, on me dit que je ne suis « pas assez malade » alors que les « usagers de drogues » sont traitée peu importe leur stade de fibrose, selon les recommandations. J’ai des études à faire, une vie de femme à construire. Des enfants à avoir. Malheureusement pour moi, ça me semble impossible. Je suis presque à quitter mon compagnon qui ne supporte plus ma fatigue, mes douleurs et ma déprime constante, sans compter tout ce qu’on aura peut-être jamais « à cause » d’un foie qui ne se fibrose « pas assez vite ». Un traitement pour tous, oui. Mais si on autorise une certaine classe de personnes à avoir ces médicaments à n’importe quel stade de fibrose, qu’on le fasse pour tous.
traités*
Je ne pense pas être intolérante ou autre. Mais j’ai souvent l’impression qu’on se fiche de moi jusqu’au bout. J’ai pas eu d’enfance ni d’adolescence, ma mère avait honte de moi, se défoulait sur moi parce que je lui rappelais son traitement. Certains profs m’ont rejetée, traitée comme un chien, refusé de me donner des cours. Des élèves ont suivi ce point de vue, j’ai souvent été agressée pour ça, avec changement de lycée au bout.
Pour un virus.
Et encore, je ne parle pas de cette interdiction de prévenir une partie de ma famille, qui voyait bien que j’étais mal. Mais non, pas question d’être sincère, d’arrêter d’avoir honte, parce que le grand-père a dit « c’est une maladie de putes et de drogués ».