On avait presque oublié…
Presque oublié comment il est difficile d’annoncer l’échec d’un traitement contre l’hépatite C.
Quand les traitements avaient une chance sur deux de vous guérir, je demandais souvent aux malades : « Êtes-vous prêt à ne pas guérir ? »
Les réponses ont toujours été surprenantes et riches de débats. Mais aujourd’hui, cette question serait clairement de la provocation avec plus de 95 % de chance de guérison.
La semaine dernière, je devais annoncer à un patient qu’il avait rechuté. Porteur d’une cirrhose, la recherche du virus était négative depuis la fin du premier mois ! Le malade y a cru et nous aussi, il a fini son traitement dans de bonnes conditions. Nous avions demandé une nouvelle charge virale un mois après l’arrêt du traitement, mais également une échographie, car la dernière avait été réalisée 6 mois avant le traitement.
Le patient était dans la salle d’attente, je regardais ses examens de biologie.
Aucun doute, le virus réapparaissait !
J’allais lui dire en me dépêchant d’ajouter qu’il n’y a pas de bile à se faire, que nous avions d’autres schémas thérapeutiques de plus en plus efficace.
Je prenais une grande respiration, avant d’inviter le patient à rentrer et à s’asseoir.
Je me lançais dans cette annonce quand, d’un seul coup le patient me tendit son échographie en ajoutant « Et puis, si vous voulez il y a aussi ça dont je ne sais pas l’importance. »
J’ai ouvert le dossier et lu l’apparition d’un nodule qui était compatible avec le diagnostic de cancer du foie.
J’étais en face d’une situation de double peine. Je devais dire au patient que le traitement serait difficile.
Le patient s’écroulait en pleur. L’échec thérapeutique était là, j’avais presque oublié comment c’est dur pour l’annoncer et là en prime, il fallait l’informer qu’il avait probablement un cancer…
Rien n’est jamais acquis !
Pascal Mélin