Nous n’avons pas voulu à SOS Hépatites aboyer avec les loups et il nous a semblé important de respecter l’intimité de Pierre Ménès. Aujourd’hui, nous sommes à 3 mois de sa double greffe…
Plusieurs leçons sont à retenir pour les hépatants. Tout le monde connaît Pierre Ménès, le truculent commentateur sportif, spécialiste du football, mais qui savait qu’il était atteint d’une NASH (Non Alcoolique Stéato Hépatite) ?
Leçon numéro 1. On l’appelle NASH ou bien foie gras ou encore cirrhose de l’obésité. Le foie n’est pas fait pour stocker une quantité importante de graisse. Notre mode de vie moderne amène une épidémie de surpoids et ce sont 18 % d’adolescents qui sont concernés. Le foie étouffe sous le stockage de la graisse et le tissu hépatique se transforme alors en fibrose puis en cirrhose. Le stockage de graisse par le foie se nomme la stéatose. Au début, elle est supportée puis, elle amène une souffrance hépatique que l’on qualifie alors de stéato hépatite, qui elle-même peut aboutir à une cirrhose.
Aux Etats-Unis, pays plus touché que le nôtre par l’épidémie de surpoids, la première cause de cirrhose n’est plus l’alcool ou les virus, mais l’obésité ! L’épidémie des maladies du foie en France prend le même chemin. C’est la NASH qui a touché Pierre Ménès, le faisant passer du statut de bon vivant à celui de cirrhotique presque mort.
Leçon numéro 2. Pierre Ménès a déclaré sa maladie en avril 2016 et s’il est vivant aujourd’hui, c’est grâce à une double greffe foie et reins. Pourquoi ? Parce qu’en cas de cirrhose, il n’y a pas que le foie qui est malade. La cirrhose induit une destruction des reins et peut aboutir à une insuffisance de fonctionnement du foie et des reins nécessitant parfois la mise en dialyse. La seule façon de sortir de la défaillance multi-organes c’est la double greffe foie/reins. C’est ce qui a sauvé Pierre Ménès…
Leçon numéro 3. La greffe est l’ultime solution, car il n’y a actuellement aucun traitement spécifique à la stéatose ou à la NASH. Les recherches sont en cours, mais les premiers médicaments spécifiques ne seront pas disponibles à grande échelle avant plusieurs années. En 2017, la seule possibilité de lutter contre la NASH, c’est de la repérer avant qu’elle soit au stade de cirrhose. En bref, il faut lutter contre le surpoids et l’obésité. L’amaigrissement deviendrait alors une véritable RDR (Réduction Des Risques) de la NASH.
Leçon numéro 4 et conclusion : Pierre Ménès doit sa survie à une double greffe qu’il a pu avoir en décembre 2016. Il sort de sa maladie grâce à une greffe. Mais ce n’est, bien sûr, pas la solution. Pour reprendre une image liée au foot : le tir au but n’est pas une façon de faire la différence entre deux équipes de foot, c’est la solution ultime. La greffe du foie n’est pas le traitement de la NASH.
Monsieur Pierre Ménès, vous avez affirmé que vous alliez devenir un ambassadeur du don d’organes, c’est une noble cause, mais permettez-moi de vous dire que si vous voulez lutter contre les conséquences de la NASH, vous prenez le problème à l’envers !
Monsieur Ménès, le vrai match à mener est celui de la prévention et du dépistage, alors rejoignez-nous à SOS Hépatites, car un beau match vaut mieux qu’aller jusqu’à l’épreuve redoutable des tirs au but.
Pour en savoir plus : une interview à réécouter.
Pascal Mélin