Le 2 juin sera en France la Journée nationale de lutte contre les hépatites virales en attendant juillet et sa Journée mondiale. Le 29 mai, l’AFEF réunissait un groupe d’expert chargé d’émettre, au nom de la société savante, des recommandations sur l’accès aux nouveaux traitements des personnes vivant avec le VHC.
Jusque-là deux logiques semblaient s’opposer pour décider qui était les malades prioritaires. En effet, même s’il reste à dépister et à traiter 200 000 à 250 000 personnes tout le monde ne pourra être traité dans l’immédiat, il faudra donc étaler l’accès au traitement sur une décennie, mais par qui commence-t-on ?
La logique individuelle voudrait que l’on priorise les patients les plus graves c’est-à-dire de stade cirrhotique ou pré-cirrhotique. Chez ces patients, l’objectif est de guérir vite pour limiter le risque de voir apparaitre les complications des cirrhoses, cancers et décès précoces. La logique collective, elle, a pour but de contrôler l’épidémie en traitant préférentiellement les groupes de patients au sein duquel le virus se propage (usagers de drogue, prisonniers, dialysés, femmes en âge de procréer, homosexuels masculins, co-infectés, personnes en institution) en ne tenant alors plus compte du degré de fibrose hépatique. Le bénéfice attendu étant la limitation de la diffusion du virus.
L’AFEF a courageusement émis la recommandation de tenir compte pas de l’une ou de l’autre logique mais des deux, de façon simultanée en se fixant à terme le traitement pour tous et l’éradication de l’hépatite C de notre territoire national pour 2025. BRAVO !
SOS Hépatites souhaite prendre sa place et ses responsabilités dans ce projet ambitieux en rappelant que bon nombre de situation comme dans les départements et régions d’outre-mer la stratégie devra s’adapter aux particularités locales. Il faudra aussi développer et étendre dépistage avec de nouveaux outils comme les TRODs (que nous attendons toujours depuis 4 ans) car nous avons rendez-vous avec plus de 100 000 personnes qui ne le savent pas encore. Enfin, il faut développer l’accompagnement du patient plutôt que l’éducation thérapeutique car l’accompagnement doit aller bien au-delà de la séquence thérapeutique, il faut accompagner le dépistage, les bilans et l’accès a la guérison puis les phases de réinsertion pour éviter tout syndrome de Lazare. Cette modification des pratiques transformera pour la première fois une maladie chronique en maladie aigue mais elle doit dans son sillage transformer les connaissances et les représentations de la population générale en redonnant confiance dans la vaccination contre l’hépatite B, en ne stigmatisant plus les malades infectés ou bien les patient cirrhotiques.
Un traitement pour tous, une guérison pour chacun, une protection universelle.
Merci l’AFEF qui dépasse à ce jour les recommandations européennes, le chemin est tracé, les acteurs sont en place, il faut maintenant les budgets en conséquence et une volonté politique forte pour réussir ce projet.
2025 c’est demain chaque guérison nous rapproche de l’éradication.
Pascal Mélin