C’est la question que l’on retrouve dans tous les congrès d’hépatologie « que deviennent les hépatites 25 ans après leur guérison ? »
Bien sûr, on sait qu’en cas de cirrhose, il faudra suivre les malades de près pour surveiller une éventuelle transformation de cirrhose en cancer, car celle-ci peut survenir plus de 10 après une guérison virologique.
On a beau savoir tout ça, il y a aussi la question du devenir de ceux qui ont guéri d’une hépatite moyenne ou minime…
Je voudrais vous raconter deux témoignages de patients que j’ai rencontré cette semaine et que j’avais aidé à guérir de leur hépatite C il y a 25 ans, tous deux usagers de drogues. Après la guérison de leur hépatite C, ils avaient accepté de prendre un traitement de substitution des opiacés pour sortir de leur toxicomanie. Il se sont resocialisés (pour l’un deux au moins) puis quelques années après, on leur a demandé de contrôler leur consommation d’alcool, ce qu’ils ont fait.
Aujourd’hui, 25 ans après, on leur a diagnostiqué à tous les deux, dans la même semaine, un cancer du poumon.
Oui, en 25 ans on n’a probablement pas suffisamment insisté sur l’importance d’arrêter de fumer. Mais tout le monde le sait, non ? On n’a pas non plus dit que c’était bien de fumer ?
Tous les soignants savent bien que fumer est dangereux pour la santé, mais en addictologie il faut souvent prioriser les prises en charge… Et comme le disent les patients eux-mêmes « on ne peut pas tout arrêter ! »
Ce qui, dit autrement, pourrait être :
« 25 ans après une guérison d’hépatite C, de quoi accepte-t-on de mourir ? »
Guérir de l’hépatite C ne signifie pas devenir immortel, et sortir d’une maladie chronique n’est visiblement pas une chose simple.
Quelle est la place du tabac dans un parcours de polytoxicomane et comment faut-il en parler ?
Hépatite C, et si la vraie liberté c’était de mourir d’autre chose ?
Pascal Mélin
#associationessentielle