Voilà encore une histoire sortie directement de la consultation.
Lynda 24 ans, arrive à la consultation les yeux rouges et la lèvre tremblante. Elle vient d’avoir son diplôme d’infirmière il y a quelques mois et un médecin du travail vient de lui refuser son premier poste.
Tous les professionnels de santé ont l’obligation d’être vacciné et protégé contre l’hépatite B.
Voici l’histoire de Lynda.
Enfant elle a reçu une vaccination complète contre le virus de l’hépatite B (VHB). À 16 ans, un médecin consciencieux vérifie sa vaccination et devant l’absence d’anticorps contre le VHB (Ac HbS) lui propose un nouveau cycle vaccinal complet.
Après son BAC, Lynda rentre à l’école d’infirmière oú le médecin du travail examine son carnet de vaccination et note « immunisée » dans les documents administratifs. Sa formation se déroule sans encombre, elle passe en stage dans différents services, urgences, bloc opératoire, service de gastro etc…
Son diplôme en poche, elle trouve un poste d’infirmière dans un hôpital distant de 50 kilomètres.
Après les formalités administratives elle est reçue par le médecin du travail qui contrôle son carnet de vaccination et fait refaire la recherche d’anticorps protecteur contre l’hépatite B. Et là c’est le drame, Lynda n’a aucun Ac HbS.
Le médecin la reconvoque et lui déclare de la façon la plus brutale qu’il soit : « Vous n’êtes pas protégée contre l’hépatite B, je ne peux donc pas prononcer d’aptitude. Sinon j’engagerai ma responsabilité. Vous n’auriez jamais dû faire l’école d’infirmière vous auriez dû être réorientée de suite. Vous ne pourrez jamais travailler au bloc en pédiatrie, en gastro, en maladie infectieuse, aux urgences. Vous pourrez éventuellement travailler en gériatrie ou en maison de retraite. »
Lynda sidérée mais n’ayant pas la langue dans sa poche répondit : « Mais je suis passée en stage dans tous ces services et il ne m’est rien arrivé… et puis vous savez des porteurs d’hépatite B il y en a autant en gériatrie qu’ailleurs. »
Voila le contexte dans lequel nous avons fait connaissance. J’ai tenté de la rassurer, je lui ai dit qu’elle était probablement protégée mais que ses Ac HbS ne restaient pas avec le temps et qu’ils disparaissaient. Selon les protocoles en vigueur je lui proposais une nouvelle vaccination à double dose, mais j’avais oublié la pénurie de vaccin et là c’est le pharmacien qui a refusé de délivrer une double dose ! Je rassurais Lynda et lui dit qu’on allait reprendre sa vaccination pour une troisième fois mais que maintenant nous allions faire un dosage Ac anti HbS dans les semaines suivant la vaccination.
Apres le premier vaccin son taux d’anticorps était toujours a zéro mais après la deuxième injection il était positif. On avait la preuve qu’elle était enfin protégée.
Je lui ai refait une belle lettre pour son médecin du travail qu’elle lui a amené avec un malin plaisir. Les restrictions ont été levée et Lynda travaillera dans quelques semaines dans un service de gastro.
Une histoire hépatante et un médecin du travail un peu obtus.
Pascal Mélin
Il y a vraiment de sacrés cochons en médecine, heureusement que certains sont là pour rééquilibrer les choses !
pour les cochons il faut voir le prochain blog
est-ce possible de faire monter le taux d’anticorps anti-Hbs , chez une personne porteur sain hépatite??