N’OUBLIEZ PAS LE CANCER DU FOIE…

À l’avis de tous, l’hépatocarcinome (CHC ou cancer du foie) était le grand absent de ce 50ème congrès de l’EASL. L’effroyable réputation de ce cancer n’est plus à faire, pourtant dépisté à temps, peu ou pas symptomatique, son pronostic n’est pas si sombre. Mais pour intervenir le plus tôt possible, encore faut-il avoir posé le diagnostic de cirrhose du foie car plus de 3 cancers du foie sur 4 surviennent sur un foie préalablement cirrhotique.

Mais pourquoi cet essoufflement de communication à l’EASL, la recherche est-elle en panne ? Les hépatologues sont-ils attirés par l’appel des chimères de la réussite des traitements de l’hépatite C ? On ose espérer que cette attirance n’est pas que financière. On espère aussi que l’espoir de guérison la plus large possible de tous les malades porteurs d’hépatite C n’amène pas à croire que le CHC va disparaitre. La recherche contre le cancer du foie doit se poursuivre et s’intensifier car il restera dans le TOP 10 des cancers sur la planète dans les 20 ans à venir. La possibilité de guérir l’hépatite n’aura d’impact sur le nombre de cancers du foie que dans les pays riches et pas avant plusieurs années… Plus que jamais nous avons besoin de comprendre les mécanismes de cancérisations, l’hétérogénéité de ses causes et mécanismes des différentes cibles génétiques qui peuvent se transformer ou s’activer et donc devenir la cible de traitement.

La lutte contre le cancer du foie doit être l’exemple de compétences synergiques et cohérentes entre hépatologues mais aussi chirurgiens, radiologues, infectiologues, biologistes, anatomopathologistes, transplanteurs, addictologues, psychiatres et psychologues, radiologues interventionnistes, cancérologues, radiothérapeutes et infirmières d’éducation thérapeutique. Les techniques chirurgicales se développent, les appareils de radiothérapie stéréotaxique, les chimiothérapies, les chimio-embolisations, les traitements par radiofréquence et la greffe qu’elle soit familiale ou non. On imagine bien que la prise en charge d’un cancer du foie est une partition qui doit être jouée par un orchestre symphonique mais il faut un chef d’orchestre… Qui est-ce ?

Les malades attendent beaucoup d’améliorer la cohérence des soins en cas de cancer du foie. Où sont les plateaux techniques en France aujourd’hui ? N’a-t-on pas de très bons centres de greffe, d’autres très bons centres de cancérologie et d’autres centres encore de radiothérapie. Quand pourra-t-on établir une carte des offres de soins en cancérologique hépatique ? Qui est capable d’offrir une expertise complète et un plateau d’offres de soins cohérent en 2015.

Alors n’oubliez pas le cancer du foie, messieurs ou mesdames les hépatologues, les malades aujourd’hui sont les cirrhotiques de demain et les cancéreux des prochaines années. Nous attendons des conférences européennes monothématiques sur la prise en charge du CHC et nous vous donnons rendez-vous à Barcelone en avril 2016 pour prendre connaissance des progrès qui se préparent car nous n’en doutons pas !

Pascal Mélin

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