Même si les nouveaux traitements contre l’hépatite C permettent d’obtenir plus de 90 % de guérison, il faut s’intéresser aux patients qui dans 10 % des cas sont en échec.
C’est ce qu’a fait l’équipe du Dr Sarpel et a rapporté les résultats à l’AASLD 2016 :
« D Sarpel, I Wasserman, AL Trochtenberg, et al. Non-adherence is the most important risk factor for ledipasvir/sofosbuvir HCV treatment failure in the real world. AASLD Liver Meeting. Boston, November 11-15, 2016.Abstract 1978.»
Ce centre d’hépatologie new-yorkais a traité des patients par Harvoni et a comparé les données de 43 patients en rechute virologique 6 mois après l’arrêt du traitement, avec celles de 101 patients guéris, non virémiques à 6 mois post traitement.
La principale cause de cette différence de résultats était la mal-observance (définie comme la non-prise d’au moins 7 doses d’Harvoni). Quelles en étaient les causes ?
– L’incapacité de prendre le traitement prescrit dans 5 cas,
– L’hospitalisation dans 3 cas,
– Perte de traitement 1 cas,
– Problème d’approvisionnement 1 cas,
– Effet indésirable pour 1 cas.
En analyses multivariées, il y avait :
– 3,84 fois plus de risque d’être en échec thérapeutique si vous êtes de race noire,
– 3,86 si vous êtes un homme,
– 16,3 en cas de non observance.
Les patients qui avaient une bonne observance avaient en moyenne plus de consultations (3,9) que les patients non-observants (2,6).
Et c’est exclusivement sur le nombre de consultations que les auteurs ont conclu !
C’est purement scandaleux !
Comment en 2017, est-il possible de dire que les traitements ne sont pas efficaces chez les noirs-Américains ?
Depuis les traitements de première génération, on sait qu’aux USA, les critères sociaux influent sur les résultats, car il n’y a pas de couverture sociale équivalente au modèle que l’on connaît en France. De nombreuses personnes occupent 2 ou 3 emplois différents, ce qui a bien sûr une conséquence, en laissant moins de place à la prise en charge de la maladie.
Heureusement, de tels résultats sont impossibles en France et n’ont jamais été confirmés sur des populations françaises.
Nous devons nous battre contre toutes ces inégalités qui peuvent devenir encore un frein supplémentaire à l’accès égalitaire au traitement.
Pascal Mélin
« Il est encore fécond le ventre d’où peut sortir la bête immonde… » c’est je crois de Berthold Brecht …
Que ce soit les conclusions scandaleuses de cette étude où la rigueur laisse la place aux préjugés, que ce soit en France au quotidien et hélas en bien des lieux de cette planéte terre, le racisme est en train de proliférer sans complexe …
La mise en garde de B Brecht est toujours d’actualité.