Encore une consultation d’urgence, un malade qui rechute de son hépatite C… Ça fait partie de ces consultations qui se rajoutent au quotidien déjà chargé.
Un patient pourtant bien informé a demandé une visite d’urgence, car son hépatite C montrait de nouveau le bout de son nez après 6 ans de guérison…
Monsieur R est là dans la salle d’attente avec deux heures d’avance, il est anxieux ne tient pas en place. Au fur et à mesure que j’appelle les patients sur la liste de consultation pour venir dans le bureau, je constate qu’il bouge de place qu’il essaye de lire les revues de la salle d’attente ou qu’il se frotte les mains pour se calmer.
Puis arrive la dernière consultation, c’est à lui… Il saute de sa chaise… Arrive dans mon bureau, il s’assoit, jette un tas de résultats biologiques sur le bureau et me déclare : « Cette saloperie de virus est revenu, alors on fait quoi maintenant ? »
Je regarde le bilan aucune charge virale, je lui dis que je ne comprends pas et c’est alors qu’il met le doigt sur la PCR qui est à 25… 25 mg/l ! Tout s’éclaire…
La PCR ou Protéine C Réactive est une protéine dosée en mg/l qui est en fait produite par l’organisme en cas d’inflammation ou d’infection. Et monsieur R avait une bronchite qu’il traînait, ce qui a amené son médecin traitant à lui prescrire un bilan pour faire le point dans lequel figurait bien sur une PCR. Les anglo-saxons l’appellent CRP (C réactive protéine).
La PCR de l’hépatant signifie Polymerase Chain Reaction, c’est-à-dire réaction par polymérisation en chaîne. Pour rendre l’expression compréhensive, le virus dans le sang n’est pas détectable. Il faut l’amplifier, c’est-à-dire faire des photocopies de virus accrochées les unes aux autres pour qu’on puisse enfin compter le nombre de virus. La mesure s’exprime alors en UI/ml… La charge virale ou PCR permet de suivre la maladie dans l’hépatite C, mais cette technique est utilisée pour de nombreuses autres maladies infectieuses.
Monsieur R avait de l’inflammation en lien avec sa bronchite et donc une PCR élevée, mais en aucun cas une rechute de son hépatite C.
UNE PCR PEUT EN CACHER UNE AUTRE…
Pour éviter de telles angoisses par homonymie, on pourrait garder le terme de PCR pour l’infectiologie et préférer CRP plutôt que PCR pour l’inflammation… Apprendre à lire ses analyses c’est bien, être sûr de les comprendre c’est mieux !
Bien sûr les PCR ne sont pas à confondre avec les RCP réunions de concertation disciplinaire… mais c’est une autre histoire…
Pascal Mélin