Introduction
Rattrapage ce sera le mot d’ordre de cette année 2021.
En 2020 la pandémie a fait reculer de 20 % les vaccinations, même les vaccins obligatoires chez le nourrisson ont été touchés et on finit juste d’effectuer ce rattrapage pour les nourrissons à la fin du premier semestre 2021.
Mais qu’en est-il des ados et des adultes ? Cela semble plus compliqué ! Le rattrapage vous dis-je.
SOS Hépatites veut vous entrainer dans son espace du foie et vous propose une semaine européenne de la vaccination spécifique aux cirrhotiques. Pourquoi ?
Premièrement. Parce qu’il faut parler des cirrhoses ! Il n’y a pas d’étude récente mais on estime que plus de la moitié des personnes en stade de cirrhose en France n’a pas été encore diagnostiquée. S’il n’y avait rien à y faire cela pourrait être acceptable. Mais non il faut prendre soin du foie en limitant son agression et en le protégeant par les vaccinations.
Deuxièmement. Être cirrhotique, c’est être fragile, car lorsque le foie est en stade de cirrhose il existe clairement une immunodépression. Pour être clair lorsqu’un patient cirrhotique contracte une infection il a plus de risque de faire une forme grave et de décéder. Et c’est sans compter la difficulté d’utiliser les médicaments en cas de maladie hépatique grave. Toute infection est donc dangereuse et l’Association Française pour l’Etude du Foie (AFEF) mais aussi les associations savantes européennes ou internationales recommandent des vaccinations pour éviter les maladies évitables. On pense à l’hépatite A, à l’hépatite B, les infections à pneumocoque, la grippe (voir en bas de page cirrhose dans le lien) ou bien la Covid-19.
C’est ce que nous vous expliquerons chaque jour de cette semaine européenne de la vaccination sur notre site.
Cirrhose et hépatite A
L’hépatite A est une maladie réputée bénigne et c’est le plus souvent vrai. Elle est d’autant plus bénigne lorsqu’elle touche des enfants ou des personnes sans maladie du foie.
Dans une étude réalisée par Mago aux USA et présentée à l’AASLD 2020 il a été analysé les cas de patients déjà porteurs d’une maladie hépatique sévère, hospitalisés pour une hépatite A. Résultat : la maladie est 3 fois plus sévère et 5 fois plus mortelle.
La principale fragilité retrouvée est l’existence préalable d’une cirrhose et l’absence de vaccination. Il semblerait que moins de 1 patient sur 2 atteint de cirrhose soit vacciné contre l’hépatite A. C’est pour pouvoir répondre à cette question en France en 2021 que SOS Hépatites lance son enquête « Vaccination et cirrhose ».
En pratique et selon les recommandations nationales et internationales, tout patient, chez qui il est mis en évidence une cirrhose, doit absolument être dépisté pour le virus de l’hépatite A.
Il y a alors deux cas de figures.
La sérologie est positive, cela veut dire que le patient a déjà fait une hépatite A, il est alors protégé.
La sérologie est négative, cela veut dire que le patient n’a jamais été en contact avec le virus de l’hépatite A et une contamination pourrait être dramatique. Le patient ne sera protégé qu’après avoir réalisé une vaccination.
Aujourd’hui, il existe 3 vaccins contre l’hépatite A pour les adultes et 2 pour les enfants. Le schéma vaccinal permet une protection à plus de 98 % avec une vaccination complète, c’est-à-dire deux injections à 6 ou 8 mois d’intervalle. Dans certaines conditions, en cas de maladie chronique, ce vaccin est remboursé à 65 %, ce qui signifie que pour les patients cirrhotiques le vaccin peut être remboursé.
En 2021, tous les patients atteints de cirrhose devraient être protégés contre l’hépatite A.
Découvrez le Blog de Pascal sur ce sujet.
Cirrhose et hépatite B
L’hépatite B est le virus emblématique de la famille des hépatites. Il est un des plus répandus sur la planète puisque plus de 2 milliards de personnes ont été en contact avec lui et 257 millions en sont porteuses chroniques, il est responsable d’un million de morts par an. Ce virus est transmis de la mère à l’enfant mais aussi par voie sanguine ou par relations sexuelles. Lorsque l’on contracte le virus de l’hépatite B à l’âge adulte, on en guérit spontanément dans plus de 90 % des cas.
Aux USA, les enquêtes montrent que seulement 50 % des cirrhotiques sont correctement vaccinés. L’étude de Mago, entre 2010 et 2014, sur des patients hospitalisés pour hépatite B démontrait 1,66 fois plus de risques de mortalité et 3,8 fois plus de formes graves pour les patients cirrhotiques par rapport à des non cirrhotiques.
Il est donc important que tout patient cirrhotique soit protégé contre l’hépatite B. Il y a alors plusieurs cas de figure :
- Vous n’êtes porteur ni de l’antigène HBs, ni des anticorps contre le virus de l’hépatite B, vous n’avez jamais été en contact avec le virus de l’hépatite B. Vous êtes alors candidat à la vaccination B, en trois injections, parfois deux.
- Vous êtes porteur d’anticorps contre le virus de l’hépatite B. Ces anticorps sont neutralisants et empêchent une nouvelle infection : vous avez soit été vacciné ou soit déjà été en contact avec le VHB et vous êtes alors protégé.
- Vous êtes porteur de l’Ag HBs, vous êtes donc infecté chroniquement (si AgHBs subsiste plus de 6 mois) il faut alors dépister aussi l’hépatite Delta et protéger votre entourage en le dépistant et en le vaccinant.
Depuis 2018, le vaccin est obligatoire chez le nourrisson, mais beaucoup de jeunes, adolescents et jeunes adultes n’ont pas été protégés. Et pour eux il faut revendiquer le rattrapage. On fait un test de dépistage par prise de sang et on adapte la réponse, vaccination ou non, pour obtenir ensuite une protection. Enfin si l’on est porteur de l’antigène HBs, il faut consulter un spécialiste pour connaître la conduite à tenir.
Le vaccin contre l’hépatite B amène une protection efficace dans 98 % des cas et peut être associé au vaccin contre l’hépatite A.
En cas de cirrhose si l’on contracte le VHB, le risque d’évoluer vers une forme sévère et d’en décéder n’est pas nul. Alors en cas de cirrhose si je ne suis pas protégé contre le VHB, je me vaccine.
PS : pour les cirrhotiques, le vaccin est remboursé par la Sécurité Sociale et il n’y a plus de rappels à faire après la vaccination complète.
Découvrez le Blog de Pascal sur ce sujet.
Cirrhose et grippe
Plus une cirrhose est grave et plus le malade est fragile. Lui et son médecin doivent éviter toute infection en commençant par exemple par les soins dentaires car des dents mal soignées sont une source d’infection possible. Quoi de plus banal qu’un abcès dentaire ? Et bien la grippe par exemple…
Chaque année le dernier trimestre voit le virus de la grippe arriver par l’est et se propager. Le plus souvent on se remet de la grippe sauf s’il on est une personne fragile : obèse, diabétique, cancéreuse ou cirrhotique. Et quel est le traitement utilisé en cas de grippe ? Le paracétamol ! Et oui cette drogue toxique pour un foie cirrhotique et dangereuse, comme le grog également. Oui, la grippe est plus mortelle en cas de cirrhose.
Donc chaque année tous les cirrhotiques devraient être vaccinés, mais cela nécessite d’être enregistré auprès de sa caisse comme porteur d’une cirrhose (c’est l’ALD). Chaque année, la caisse d’assurance maladie envoie aux plus fragiles une invitation à se faire vacciner contre la grippe. Mais trop de patients sont encore oubliés chaque année.
En 2021, aucun cirrhotique ne devrait mourir de la grippe car ils devraient tous être vaccinés ainsi que leur entourage.
La grippe n’est pas la maladie infectieuse la plus dangereuse en cas de cirrhose, mais c’est une maladie évitable par vaccination.
Alors chaque année les malades doivent se vacciner.
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Cirrhose et pneumocoque
Streptococcus pneumoniae, son nom latin ne le rend pas plus sympathique. Cette bactérie est la cause de nombreuses infections, otite chez l’enfant, sinusite, pneumonie, arthrite ou méningite. Ces infections nécessitent le plus souvent une hospitalisation.
Dans les formes sévères, la mortalité peut atteindre 10 à 30 % des personnes infectées. Cette bactérie est responsable de la mort de 800 000 enfants à travers le monde chaque année.
Cette infection touche les personnes les plus fragiles comme les enfants ou les seniors, mais elle est 4 fois plus fréquente en présence d’une maladie chronique comme le diabète, une insuffisance respiratoire, un alcoolisme, une pathologie cardiaque, ou bien une maladie du foie sévère. Et la fréquence peut être 24 à 48 fois supérieure en cas de VIH ou de cancer.
La transmission se fait par la toux et la salive. Il y a plus de 90 sous-types connus pour lesquels il existe un vaccin protecteur. Ce vaccin est obligatoire pour les nourrissons de plus de 2 mois depuis 2018. Mais la vaccination est aussi recommandée chez les sujets immunodéprimés comme les patients VIH, greffés, les patients sous chimiothérapie, les insuffisants cardiaques, respiratoires, rénaux, les diabétiques, les asthmatiques mais aussi les personnes atteintes d’une hépatopathie chronique ou d’une cirrhose.
Il n’y a pas de tests sérologiques à réaliser, juste un vaccin qui protège ! Pour les cirrhotiques, le schéma vaccinal est le suivant : Prévenar 13 (qui protège contre 13 sous-types), puis un Pneumovax 23 (qui protège contre 23 sous-types) à faire 8 semaines après, puis une injection tous les 5 ans. Dans les études, on estime qu’il y a moins de 10 % de la population adulte cirrhotique qui est vaccinée contre le pneumocoque. Donc tout reste à faire ! Et si on en parlait aux malades ?
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Cirrhose et COVID-19
On ne peut pas finir cette Semaine de la vaccination 2021 sans évoquer le COVID-19…
Il y a un an, les personnes qui décédaient du COVID-19 ont vite été typées comme diabétiques, obèses ou hypertendues. Nous avons dès le début, signalé la fragilité des patients cirrhotiques. Plusieurs publications de la fin de l’année 2020 ont établi le lien entre la mortalité et la maladie alcoolique du foie, la cirrhose (particulièrement lorsqu’elle est décompensée) et plus encore lorsqu’il y a une NASH (hépatite métabolique).
Cela semble logique car les patients porteurs de NASH croisent souvent deux facteurs de risques : maladie grave du foie et obésité. L’année 2020 fut une année de compréhension et d’analyse de cette épidémie.
L’année 2021 sera l’année de la vaccination et de la protection contre le COVID-19.
L’arrivée du vaccin a transformé les personnes fragiles en personnes prioritaires pour accéder à la protection par un vaccin.
De nouveau, il y a eu un temps d’hésitation des Société Savantes, mais depuis le 18 mai il est clairement recommandé que tout patient cirrhotique soit vacciné prioritairement ICI…
Les choses deviennent donc limpides et le vaccin contre le COVID-19 rejoint la liste des vaccins nécessaires pour protéger un cirrhotique.
Pour SOS Hépatites et Maladies du foie cela signifie aussi que les recommandations de prise en charge de la cirrhose dictées par la HAS et éditées en 2007 sont obsolètes (Surveillance des malades atteints de cirrhose non compliquée et prévention primaire des complications) …
SOS Hépatites est prête à participer à un nouveau travail collectif.