Si la chose n’était pas si sérieuse on aurait pu en rire… Tous les indicateurs épidémiologiques sont dans le rouge ! La syphilis reprend de plus belle et particulièrement chez les jeunes hommes homosexuels, pourtant depuis juillet 2000 elle n’est plus à déclaration obligatoire. Nous avons baissé la garde, obnubilé par l’épidémie de VIH. La grosse vérole ou le mal de Naples, alias la syphilis est pourtant soignable par la pénicilline depuis 1944.
Mais depuis 1965, tous les pays enregistrent une recrudescence des cas de syphilis. Comble de malchance, en 2014 l’extencilline antibiotique de référence dans le traitement de la syphilis a été retiré du marché. Depuis décembre 2013, l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament) cherche une solution de rechange pérenne.
Fin 2014, les laboratoires Sandoz recevait une nouvelle AMM (Autorisation de Mise sur le Marché) d’un nouveau médicament : Benzathine benzylpénicilline SANDOZ 1,2 MUI, poudre et solvant pour suspension injectable (IM) Benzathine benzylpénicilline SANDOZ 2,4 MUI, poudre et solvant pour suspension injectable (IM). Le 1er avril 2016, après 26 mois de rupture de stock, un traitement injectable est de nouveau disponible pour les professionnels de santé. Nous voici donc mieux armés pour lutter contre la syphilis. Mais d’où vient cette maladie ? Il est habituel de dire que la syphilis a été ramenée du continent Américain en 1493 lors du deuxième voyage de Christophe Colomb puis qu’elle a fait des ravages à travers l’Europe. On a longtemps cru que la syphilis n’existait pas sur le Vieux Continent avant 1493. En 1530, Fracastoro, médecin italien, publie à Vérone un poème intitulé “Syphilus sive morbus gallicus” où l’on raconte l’histoire d’un berger nommé Syphilus qui se retrouve affligé de la terrible maladie. C’est là l’origine du nom qui fut donné à la maladie en 1563 par Thomas Gale. Mais en 1993, à Costebelle dans le Var, des chercheurs retrouvent sur un site archéologique le squelette d’un fœtus atteint de syphilis congénitale datant du 4ème siècle.
La syphilis était donc déjà sur le Vieux Continent ! Mais chose encore plus remarquable, depuis 1966, on a découvert chez les singes cynocéphales d’Afrique occidentale le portage chronique de tréponéme au niveau de leur ganglions poplités. Cette histoire n’est pas sans nous rappeler celle du VIH et des singes cercopithèques d’Afrique Centrale qui en seraient le réservoir. Mais revenons à notre épidémie de syphilis à la fin du XVème siècle. Savez vous d’où elle est partie ? De là où est arrivé Christophe Colomb de retour d’Amérique, à Barcelone. Le même Barcelone où se tiendra le congrès européen dans 2 jours… Quel pied de nez ! La ville qui a vu naître l’épidémie de syphilis en 1495 sera en 2016 le lieu ou les spécialistes se réuniront pour coordonner l’accès aux soins de tous les porteurs d’hépatite C en Europe.
Un nouveau monde ?
Pascal Mélin