C’est en 2018 que la transfusion fêtera son bicentenaire puisque l’histoire l’attribue à l’obstétricien britannique James Blundell en 1818.
Avant la découverte de la transfusion, les chirurgiens « opéraient » le plus vite possible pour permettre aux patients de perdre le moins de sang et éviter ainsi de mourir.
On se souviendra des chirurgiens napoléoniens comme Larrey, inventeur des ambulances de guerre et inventeur de la chirurgie avancée, il était capable de pratiquer une amputation en moins d’une minute. Ainsi il sauva de nombreuses vies. La chirurgie et la transfusion doivent beaucoup à la guerre.
En France, on a retenu une histoire qui s’est passée à Biarritz le 16 octobre 1914, le Pr Emile Jeanbrau est alors médecin major dans un centre de rééducation pour les blessés du front. Ce matin-là arrive Henri Legrain caporal du 45ème régiment d’infanterie qui a perdu sa jambe lors de la bataille de la Somme. Il a beaucoup saigné et le chirurgien du front l’a amputé à 13 centimètres de la hanche, ses heures étaient donc comptées. Le Pr Jeanbrau eut alors l’idée folle de tenter une transfusion (dont il avait entendu parler), il se rend auprès d’Isidore Colas en convalescence d’une blessure de jambe et lui dit alors : « J’ai besoin d’un Breton qui a du cœur et qui accepterait de donner un peu de son sang pour sauver un camarade qui va mourir. » Sans hésiter une seconde Isidore dit oui. A l’époque la transfusion se faisait de bras à bras, on ne connaissait pas encore les groupes sanguins, ni l’héparine. Les groupes sanguins qui avaient été découverts par l’allemand Karl Landsteiner en 1900 étaient passés inaperçus et non utilisés en France. Henri Legrain fut sauvé par une transfusion de bras à bras tandis que Isidore Colas fatiguait un peu. Heureusement, ils étaient compatibles !
Mais revenons au britannique James Blundell, comme médecin accoucheur, il connaissait les hémorragies de la délivrance qui survenaient juste après l’accouchement et faisaient mourir beaucoup de jeunes femmes qui venaient de mettre un enfant au monde. Le Dr Blundell eut alors l’idée de prélever à la seringue le sang du mari pour l’injecter à la jeune accouchée. Au cours de sa carrière, il réalisa cette technique de sauvetage une vingtaine de fois et fini par publier son expérience dans la revue Lancet. Il sauva certaines femmes…
En deux siècles, la transfusion a sauvé des vies mais elle en a condamnée d’autres pour incompatibilité transfusionnelle, ou contaminations infectieuses, SIDA et hépatites pour les plus connues…
On a inventé la sécurité transfusionnelle qui consiste à tester le sang des donneurs pour voir s’ils ne sont pas porteurs d’une maladie transmissible par le sang. Mais en 2017, il persiste 30% des pays dans le monde qui transfusent sans pouvoir assurer la sécurité transfusionnelle recommandée par l’OMS et des virus sont alors encore transmis par transfusion. Assurer la sécurité transfusionnelle, partout sur la planète d’ici 2030, est un des objectifs du programme NO-HEP.
Pour ce bicentenaire pourquoi les usagers du système de soins et les malades ne feraient-ils pas des états généraux de la transfusion en France ? Car, c’est aussi à nous les malades que revient le droit de faire le rapport bénéfice risque et de participer au débat de la sécurité transfusionnelle ou au cadre légal qui la définit en France.
Qui serait partant pour un tel sujet en 2018 ?
Pascal Mélin
Demain c’est mon premier anniversaire sans la menace de l’hépatite C ~