VAILLE QUE VEIL LES JOURS SE SUIVENT… & PARFOIS SE RESSEMBLENT…

charlie

La semaine dernière la Journée mondiale de lutte contre les violences faites aux femmes a été suivi du quarantième anniversaire de l’ouverture des débats sur la légalisation de l’avortement à l’Assemblée Nationale.

À l’époque, les différentes enquêtes estimaient que l’on réalisait 330 000 avortements illégaux par an. Quarante années plus tard, on en dénombre 220 000 alors que la population a augmenté pendant ce temps. Ce simple constat est un argument à tous ceux qui avaient prédit une explosion du nombre d’avortements. Osons le parallèle, n’avons-nous pas le même débat sur les salles de consommation à moindre risque et les mêmes craintes ? À l’époque, le débat fut d’une violence verbale inouïe, à l’Assemblée Simone Veil en a entendu de toutes les couleurs, les archives sonores sont spectaculaires ! Et ce n’est que le 17 janvier que la loi a été finalement votée et promulguée, mais pour une phase expérimentale de 5 ans. On se souvient du débat  autour de la question : « L’embryon est-il déjà une personne et quels sont ses droits ? » mais il y avait en miroir la question : « La femme a-t-elle le droit de disposer de son corps ? ». Je ne veux pas rouvrir ce débat mais simplement rendre hommage à toutes ces jeunes femmes qui ont perdu la vie lors d’un avortement clandestin et à ceux qui succombent d’overdose. La clandestinité est toujours mortifère.

Mais surtout, souvenons-nous qu’au début, les techniques étaient très hémorragiques et nécessitaient souvent d’avoir recours à des transfusions. 25 années plus tard on découvrait le virus de l’hépatite C et on comprenait  alors que les avortements avaient pu entrainer  des contaminations virales C par transfusion. Alors appeler les personnes ayant été transfusées à se faire dépister c’est méconnaitre la capacité du cerveau à oublier les moments difficiles comme les avortements. Accepter de se dépister c’est faire ressurgir le passé, la violence d’une incompréhension, revivre un moment important. L’hépatite C prend alors le sens d’une sanction divine, le prix à payer à postériori. Combien de femmes ont enfoui cet événement, n’ont jamais dit, maintenant elles ont des cheveux blancs et peut être un virus depuis quarante années ? Elles vont peut-être avoir une cirrhose, leur ventre va se gonfler d’ascite, et refaire surgir une grossesse qui n’était pas voulue. Quelle violence du destin, quel place du dépistage qu’il soit positif ou négatif, oser prendre le risque de savoir, oser à nouveau mettre sa vie en équilibre la laisser vaciller, oser pouvoir tomber sans savoir si, on pourra se relever. Et aujourd’hui on pourrait guérir, guérir d’un virus, sans guérir de la vie ? Guérir d’une trace en refaisant une autre trace plus grande ? Comment guérir de l’oubli ? Comment donner un sens à tout cela ?

Il faut se souvenir, ne jamais accepter ou trouver normal qu’une femme puisse être violentée. Oui je veux continuer le débat sur les salles de consommation à moindre risque pas pour convaincre mes concitoyens mais pour permettre aux générations à venir de pouvoir dire : « Si l’on vit dans un monde meilleur aujourd’hui, c’est parce qu’ils l’ont fait hier. » Parce que personne ne mérite d’être malade un jour.

Oui Madame Veil vous êtes hépatante, notre combat de 2014 n’est que le prolongement du vôtre en 1974 : « Solidarité, information et défense de tous les malades atteints d’une maladie du foie qu’elle qu’en soit la cause ou le mode de contamination. »

Pascal Mélin

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