C’est toujours mieux de guérir… Cela semble une évidence, une banalité. Pourtant, une prestigieuse revue n’hésite pas à publier des articles émanant de médecins tout aussi prestigieux qui dénoncent l’intérêt du dépistage et des traitements expliquant que la guérison virologique n’empêche pas les complications ni le décès.
À vous de vous faire une idée, reprenons la présentation du Dr. Hill Am présentée à Boston lors de l’AASLD 2014. L’auteur a repris plus de 40 études publiées avec un suivi de 5 ans. Ces études regroupent 34 000 patients qui ont été analysés en mono-infectés, mono-infectés avec une cirrhose & co-infectés. Il comparait les patients avec une réponse virologique soutenue (RVS) et donc une guérison & ceux n’ayant pas de réponse virologique. À chaque fois, les auteurs comparaient la mortalité globale, les cancers du foie et les besoins de transplantation hépatique.
La limite de cette méta-analyse à posteriori est que l’on ne tient pas compte du poids, du sexe, de l’âge, de l’ethnie, de l’hétérogénéité des scores de fibroses, de la consommation d’alcool, des traitements utilisés, leur durée, etc… pourtant les chiffres sont probants.
Chez les mono-infectés la mortalité à 4/6 ans de suivi chute de 10,5% à 4,5%. Le cancer du foie passe de 9,3% à 2,9% et les transplantations de 2,2% à 0%. Toutes ces évolutions sont donc en faveur de l’amélioration des choses en cas de guérison virologique.
Si on regarde uniquement les patients cirrhotiques, puisqu’on nous dit qu’en traitant trop tardivement les patients il y a moins de bénéfices. La mortalité en cas d’éradication virale passe de 11,3% à 3,6%, pour les cancers passage de 13,9% à 5,3% et le besoin de greffe de 7,3% à 0,2%.
La démonstration du bénéfice à guérir de l’ hépatite C a également été faite pour des malades co-infectés VIH-VHC. La mortalité globale passe de 10% à 1,3%, les cancers du foie de 10% à 0,9% et les besoins de transplantation de 2,7% à 0,6%, même si la greffe est trop peu répandue chez les co-infectés.
Pour faire une moyenne, selon les groupes, la mortalité baisse de 62 à 84%, les cancers du foie diminuent de 68% voire même 79% et les besoins de transplantation se réduisent de 90% en cas de guérison virologique.
Les détracteurs des traitements évoquent bien sûr les recontaminations comme une limite possible. Mais n’Est-ce-pas la rançon de la guérison? Question que l’on n’évoque pas pour le VIH ou le VHB puisqu’il n’existe pas de guérison ! Dans cette méta-analyse les recontaminations étaient de 0,9% à 4,1% par an en moyenne chez les mono-infectés à 8,2% chez les usagers de drogue à 5 ans en moyenne et à 23,6% au bout de 3,1 ans en moyenne chez les co-infectés. Mais cela en l’absence le plus souvent d’un programme d’accompagnement à la non recontamination !
Alors faites-vous votre propre opinion, de nombreuses maladies n’améliorent pas la santé de façon aussi spectaculaire en cas de suppression du facteur causal comme par exemple la diminution de la mortalité ou des cancers en cas d’arrêt de toutes consommation de tabac. La question du coût reste entière bien sûr.
Pascal Mélin