L’HÉPATANTE N°49 – MARS 2021

EDITO

La prévention doit passer par les malades. On n’a l’impression que c’est une découverte, bien sûr que les malades veulent être dépistés et vaccinés mais c’est si compliqué. Les soignants sont noyés dans le soin, qu’ils en oublient la prévention même s’ils parlent tous de vaccin. Les recommandations sur la vaccination des personnes cirrhotiques existent via les sociétés savantes françaises et européennes, mais pourtant elles peinent à s’appliquer. C’est pourquoi SOS hépatites lance une enquête sur les connaissances vaccinales des personnes cirrhotiques en matière de vaccin et de protection (découvrez le questionnaire en ligne, version PDF).
Pour nous c’est une façon de faire se parler les médecins et les malades sur ce sujet trop souvent oublié et qui peut être catastrophique.
Mieux dépister, Mieux vaccinerMieux suivre et Mieux accompagner le malade cela n’est pas si compliqué si on informe mieux le patient et qu’on lui fait confiance en mettant à sa disposition des outils qu’il pourra alors utiliser…
C’est le sens de ce numéro de l’Hépatante.

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites et Maladies du foie Fédération

RETROUVEZ L’HÉPATANTE N°49 – MARS 2021

INSCRIVEZ-VOUS À NOTRE LETTRE MENSUELLE

LA VACCINATION EXPLIQUÉE PAR LES CARAVANES…

On accepte bien que ce que l’on comprend, c’est le sens de mon engagement depuis toujours au sein de SOS Hépatites. Expliquer la vaccination est un défi surtout depuis la vaccination COVID 19 à base d’ARN messager. 

La vaccination repose sur 4 principes :

1/ Notre corps réagit à tous corps étrangers ou à toutes substances étrangères en les rejetant.
2/ Face à une substance étrangère, notre corps est parfois dépassé par sa vitesse de propagation.
3/ La vaccination c’est l’apprentissage à se défendre contre une substance étrangère.
4/ La vaccination vise à obtenir une protection collective et non individuelle.

Pour expliquer les différentes stratégies de vaccination, je voudrais utiliser l’image des voitures et des autoroutes.

Historiquement, Pasteur a mis au point le principe de vaccination sur la base du vaccin vivant atténué :  injecter une souche à moitié morte permet au corps de ne pas être dépassé, il va pouvoir apprendre à produire des anticorps et des défenses et saura réagir vite en cas d’attaque par la souche vivante cette fois.

Faisons l’analogie avec des voitures : si on ne veut pas se faire dépasser par l’entrée d’une voiture sur l’autoroute qui arrive trop vite, l’idée est de mettre sur l’autoroute la même voiture, mais  endommagée, donc qui roule moins rapide et que les patrouilleurs pourront identifier et arrêter. Ils seront alors plus forts et informés si des voitures identiques à pleine puissance entrent.

Certaines infections sont dues à une toxine, comme la diphtérie ou la maladie du charbon. Le principe qui a été mis au point par Pasteur est d’injecter cette toxine à petites doses pour fabriquer des défenses lorsque la bactérie entrera dans l’organisme. Pour rester dans les comparaisons automobiles, l’idée serait de fabriquer des anticorps contre les gaz d’échappement qui permettraient de stopper la voiture en bloquant ses gaz d’échappement.

Prenons un autre exemple : le vaccin de l’hépatite B. Les protéines injectées par le vaccin ne sont rien d’autre que les protéines d’enveloppe. On apprend à reconnaitre des carrosseries sans moteur et quand les vraies voitures rentrent sur l’autoroute on les reconnait et on les neutralise.

Parfois la stratégie vaccinale peut être aussi de vacciner contre un enzyme d’un virus. On neutralise alors le moteur pour bloquer la voiture.

Mais venons-en au Covid 19 et à sa vaccination par ARN messager.

Il existe plusieurs types de Covid 19, ce sont les fameux variants (anglais, brésiliens, etc.) on peut les comparer à des caravanes.

Il y a plusieurs types de caravanes donc, alors pas sûr qu’elles soient toutes reconnues. Le point commun entre tous ces variants, c’est leur protéine d’accroche, la protéine «spike», l’accroche de la caravane.

Les caravanes sont différentes mais leurs barres d’attaches sont identiques. La solution serait d’injecter des barres de caravanes (qui sont des substances étrangères) pour produire des défenses et des anticorps contre les caravanes. Pour cela il faudrait des quantités très importantes de barres d’attache.

C’est là qu’arrive la nouveauté de l’ARN messager. On vous injecte le code de fabrication des attaches de caravane et vous aller vous-même les produire. L’ARN messager est le plan que les cellules vont utiliser pour fabriquer des barres d’attache en grande quantité. Barres qui vont être reconnues comme substances étrangères et contre lesquelles notre organisme va apprendre à lutter et à produire des défenses. En apprenant à produire des protéines spikes (barre d’attache) puis en les neutralisant lorsque des virus complets (les caravanes) se présentent, la barre d’attache est neutralisée et ils ne peuvent plus se fixer aux cellules !

Voilà ! Alors vous comprenez mieux ?

Dernier conseil : n’en voulez pas à votre corps si, quand vous  lui apprenez à reconnaitre les barres de caravanes, il trouve que ça sent bon les vacances et devient un peu fébrile… 

Pascal Mélin

IL FAUT OUVRIR DES VACCINODROMES….

Voilà les mots que j’ai entendu ce matin à la radio : « il faut ouvrir des vaccinodromes ». Voilà le néologisme du jour, on en comprend aisément le sens. Il faut intensifier la vaccination en accueillant toujours plus de monde et ce, pour quoi de plus naturel, transformer un vélodrome, en un espace de vaccination de masse.

Oui, mais voilà, il y a des néologismes qui font mal aux oreilles et nous renvoient aux heures les plus sombres de notre pays.

Est-ce que le mot vaccinodrome est suffisamment explicite et sous-entend l’acquisition du libre arbitre de chacun pour se faire vacciner, ou au contraire évoque à demi-mots l’obligation ou la contrainte ?

On peut accepter l’obligation en refusant la contrainte. Je m’explique, on peut souhaiter la vaccination obligatoire des soignants et demander le droit au refus pour tout citoyen…

On pourrait rêver avec les mêmes remarques à l’ouverture de dépistodromes…

En tout cas, la mise en lumière d’une infection virale comme celle due au Covid-19 ne doit pas faire oublier les autres virus qui nous rongent à petit feu depuis des dizaines d’années : hépatite B, hépatite C ou VIH !

Vaccination, dépistage, tout cela n’a de sens que s’ils permettent l’accès aux soins et la rencontre face à face avec un médecin.

Car le traitement reste encore quelque chose qu’il semble difficile de faire entrer dans un vélodrome.

Pascal Mélin

LE FIB 4 OK, MAIS POUR DEPISTER QUOI ?

Le FIB 4 est mis en avant comme pouvant dépister la NASH !  Mais c’est faux ! 

Le  FIB 4 permet d’évaluer le risque potentiel d’avoir une fibrose sévère F3 ou F4 (c’est-à-dire les états pré-cirrhotiques ou cirrhotiques).

Aujourd’hui en France, 10 millions de personnes ont une stéatose et environ 1 million ont une NASH. Les personnes atteintes de NASH peuvent évoluer vers une fibrose sévère F3 ou F4.

En 2021, l’enjeu prioritaire est de trouver les personnes atteintes de cirrhose ou de fibrose sévère, car ce sont les formes les plus graves qu’il faut prendre en charge le plus rapidement possible. Le FIB 4 permet alors de les repérer mais c’est bien la cirrhose que l’on dépiste ou dont on évalue le risque de présence.

Dans la presse grand public, on présente le FIB 4 comme l’outil de dépistage de la NASH, c’est donc un raccourci qui n’est pas juste.

Pourtant la stratégie, elle, est juste. Nous n’avons pas encore de test pour dépister la NASH, en dehors de la biopsie hépatique. Par contre, devant un examen clinique et une suspicion de NASH on peut évaluer le risque de cirrhose en faisant un FIB 4.

Le FIB 4 peut se calculer simplement avec votre âge, les transaminases et les plaquettes… Un logiciel fait le reste ! 

Pascal Mélin

SOIGNANT : LA VACCINATION NE SAURAIT ÊTRE AUTREMENT QU’OBLIGATOIRE !

Bien sûr en ce moment on ne parle que de la vaccination contre le SARS-COV 2.

Faut-il rendre cette vaccination obligatoire chez les soignants ? 

Comment ose-t-on se poser la question ? 

Depuis le 7 mars 2007, la vaccination contre le VHB est obligatoire pour tous les professionnels de santé. On parle souvent de la transmission de soignés vers soignants, mais l’inverse existe !

En 2007, la découverte du vaccin contre le VHB a permis à tous les soignants de se dépister et de garantir l’absence de contamination de soignants vers soignés, c’était le sens de la modification de l’arrêté du 2 août 2013 qui la rend obligatoire car le taux de vaccination était insuffisant. Depuis ce décret, il faut alors apporter la preuve du dépistage et de la protection pour devenir un professionnel de santé.

Contre l’hépatite B, les soignants se sont mobilisés sans aucune hésitation.

Aujourd’hui on voudrait nous faire croire qu’il en est différemment face au COVID 19 ? Les résidents des EHPAD seraient vaccinés à plus de 80% alors que les soignants n’atteignent pas 50%.  

Oui, mais ce qu’on ne nous dit pas, c’est que les soignants de moins de 50 ans, sans comorbidités, ne sont pas prioritaires et ne sont donc pas encore vaccinés. Et puis bons nombres de soignants ont déjà été contaminés et donc pas prioritaires non plus pour la vaccination.

La solidarité soignants/soignés semble remise en question, mais les soignants sont fidèles à leur mission et à leurs engagements, et ça, nous on le sait depuis l’hépatite B ! 

Pascal Mélin

MIEUX VAUT TARD QUE JAMAIS, ENFIN PAS TOUJOURS…

Un homme d’une soixantaine d’année va mourir de son hépatite C. Et pourtant dépisté récemment, à moins que…

Il y a un mois, il présente pour la première fois une décompensation œdémato-ascitique, il a une cirrhose, en cherchant la cause et on découvre qu’il est porteur d’une hépatite C.

Il passe quelques jours à son domicile puis le ventre gonfle à nouveau, tellement qu’il faut se résoudre à une nouvelle hospitalisation. Une ponction d’ascite de 4 litres, une IRM et on met en route le traitement de l’hépatite C. Oui, mais voilà, il y a un cancer du foie avec des métastases pulmonaires. L’avenir semble bien sombre…

Quand on reprend son histoire, en 1997, le patient se souvient qu’on lui a trouvé une hépatite C lors d’un don du sang. Mais il n’a jamais donné suite, son médecin lui aurait dit à l’époque qu’il « était porteur inactif ».

Mais le virus était là, il a fait ses dégâts progressivement en constituant d’abord une cirrhose puis un cancer du foie. 

Le patient raconte qu’à 23 ans, il a appartenu à une bande, ils ont tous expérimenté l’héroïne par voie veineuse, mais lui au bout de quelques semaines s’est désolidarisé du groupe. Il ajoute que d’ailleurs presque tous se sont mis à boire et sont morts aujourd’hui de cirrhose ou du SIDA…

Quant à lui, il ne s’est jamais vraiment senti concerné par les annonces concernant l’hépatite C malgré ce dépistage positif il y a 20 ans, il a essayé d’oublier. Mais le virus, lui, n’oublie pas.

Alors combien sont-ils en France ces dépistés qui veulent s’ignorer ? 

Il y a une course entre les médecins et le cancer du foie, mais surtout il ne faut pas rater les rendez-vous avec l’hépatite C et surtout avec la guérison. 

Pascal Mélin

PHC 2021, VERTIGE DE L’HÉPATOLOGIE !

Le PHC (Paris Hepatitis Conference) se tient en ce moment même du 8 au 10 mars.

Hier matin avait lieu la conférence de presse de la 14ème édition du PHC. Le Pr Marcellin, fondateur et coordonnateur de ces journées animait cette réunion où deux sujets étaient évoqués : la NASH et l’hépatite B en Afrique, qui sont deux thèmes qui seront largement débattus pendant ces trois jours.

Personnellement, j’étais là pour rapporter la parole des malades face à l’épidémie de COVID 19…

Chose remarquable cest la parole des patients qui a ouvert cette conférence de presse, puis est venu un topo sur la NASH et enfin l’hépatite B en Afrique.

C’est là que mest venu le vertige et le sentiment de malaise !

En quelques minutes nous avons entendu que l’obésité touche 25% des adultes de la planète, essentiellement associée à la malbouffe, on constate que les malades concernés ont des difficultés à maigrir, attendant impatiemment la mise au point de médicaments spécifiques. La NASH est donc une pathologie de surcharge et d’opulence.

Puis quelques minutes plus tard, c’était l’évocation de l’hépatite B en Afrique qui compte 250 000 morts par an. Moins de 1% des malades de l’hépatite B prennent un traitement et dans la plupart des pays laccès à la vaccination et aux soins est compliqué. Seuls, 28 pays sur 47 ont un plan hépatite virale qui le plus souvent nest pas financé !

A cet instant de la conférence de presse, l’hépatologie basculait alors dans la pénurie et la misère liée à l’hépatite B. En quelques minutes on était passé du trop au pas assez.

L’hépatologie de 2021 doit-elle être une pathologie des excè? Cette différence peut-elle permettre aux populations des pays riches de se soucier de l’hépatologie dans les pays pauvres ?

Mais, comble de l’ironie, la NASH est également en train de se répandre en Afrique.

Il y a des jours où l’expression « le monde est petit » devient insupportable !

Pascal Mélin

NASH – LES FAIRE-PART DE LA RECHERCHE…

Commençons par un faire-part de décès :

Depuis plusieurs années une molécule nommée l’Elafibranor semblait prometteuse pour traiter la NASH. Mais lors des derniers congrès d’hépatologie des essais de phase 3 ont été présentés et ont prouvé son inefficacité. Son développement est donc abandonné…

Un faire-part de naissance :

Le Sémaglutide est en phase 2b dans la NASH. Déjà connu sous le nom d’Ozempic en diabétologie il appartient à la famille des incrétines et agit pharmacologiquement comme un agoniste de la GLP1 (Glucagon Like peptide 1). Il est indiqué en diabétologie en cas d’insuffisance thérapeutique mais associé à un régime alimentaire bien conduit et à un exercice physique suffisant.

Tous les médicaments actifs sur le diabète sont testés pour connaitre leur efficacité en cas de NASH, le Sémaglutide n’y a pas échappé.

Pour cela, 320 patients atteint de NASH, confirmée par biopsie hépatique, ont reçu soit un placebo soit du Sémaglutide. Il a été démontré une baisse significative du poids et des transaminases mais aussi de la NASH et de la fibrose… Des études complémentaires sont bien sûr nécessaires. Petite remarque ce traitement s’injecte en sous cutané une fois par semaine.

Ce qui est certain aujourd’hui c’est que pour les années à venir la solution ne viendra pas d’une seule molécule mais de combinaisons stratégiques associant plusieurs médicaments et une modification des comportements alimentaires associée à une activité physique.  

Voilà ce que nous devons préparer aujourd’hui !

Pascal Mélin

JOURNÉE MONDIALE CONTRE L’OBÉSITÉ

Journée mondiale contre l’obésité, il y aura au moins 4 heures contre la NASH* ! 

Le 4 mars, ce sera la Journée mondiale contre l’obésité… Des Journées contre les hépatites, contre le diabète, contre le cancer… Et le patient dans tout cela ? On l’oublie ou on le protège ? Le patient diabétique, le patient atteint d’obésité, le patient atteint de cancer ! 
L’obésité n’est actuellement pas reconnue comme une maladie à part entière. Le corps médical la considère comme un symptôme, on ne compte pas moins de 11 pathologies liées à l’obésité : 

  1. Diabète 
  2. Maladie métabolique (cholestérol et triglycérides) 
  3. Hypertension artérielle 
  4. Maladies cardiovasculaires 
  5. Hypertension intracrânienne liée à l’obésité 
  6. Cancers (plus important en cas d’obésité : sein, prostate, rein, endomètre…) 
  7. Infertilité 
  8. Pathologies articulaires et rhumatologiques 
  9. Problèmes respiratoires (insuffisance respiratoire) 
  10. Incontinence urinaire 
  11. Dépression liée à l’obésité 

Voilà déjà au moins onze complications dues à l’obésité mais visiblement pas une qui requiert un hépatologue ! Pourtant en cas d’obésité plus de deux fois sur trois, il existe une stéatose hépatique et dans 15 % des cas la stéatose est associée à une NASH* ! L’hépatologie est bien là !   

Lorsque des consultations de l’obésité sont mises en place, ou des consultations multidisciplinaires, avant décision de chirurgie bariatrique, il est surprenant voir même incompréhensible de constater qu’il n’y a pas d’hépatologue dans le staff ! Même chose pour les bilans annuels des diabétiques : bilan cardiaque, rénal, vasculaire, lipidique, neurologique, diététique… Et là encore trop souvent, ni bilan hépatique, ni consultation d’hépatologie… 

SOS hépatites demande que le bilan hépatologique soit inclus dans les recommandations des bilans de l’obésité ou de diabétologie. 
Pour toute personne en situation d’obésité il faut évaluer les fonctions hépatiques et pouvoir répondre à la question «  y a-t-il une cirrhose ? »

Alors 24h de lutte contre l’obésité c’est au moins 4h de lutte contre la NASH pour être provocateur… 
Mais la défense des malades, des patients et la représentation des usagers du système de santé c’est tous les jours !

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites et Maladies du foie


*NASH ou stéatohépatite non-alcoolique

PUBLICITÉ POUR LA « MALBOUFFE »

Communiqué de presse

3 mars 2021

Version PDF

Publicité pour la « malbouffe », stop aux dégâts de santé publique !

Face aux responsabilités de la « malbouffe » dans la COVID-19, les associations de patients et d’usagers de santé interpellent les pouvoirs publics

La COVID-19 met en exergue l’immense vulnérabilité des personnes en situation d’obésité ; les taux d’hospitalisation en réanimation et les taux de mortalité élevés pour cause de COVID-19 chez ces personnes parlent d’eux-mêmes. Le cortège des maladies chroniques (diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, cancers, etc), qui accompagne souvent la « malbouffe » ou l’obésité, est aussi en première ligne. La responsabilité des entreprises publicitaires dans la promotion de la « malbouffe » est lourde.

Confiseries, céréales, restauration rapide, fructoses industriels et aliments sur-sucrés ne sauraient trouver leur public sans la publicité ; les chaînes de télévision privées, ainsi que les autres supports audiovisuels, font la part belle à la « malbouffe ». Près de 90% des publicités alimentaires destinées aux enfants concernent des produits de très mauvaise qualité nutritionnelle, à savoir un Nutri-Score D ou E [1].

Il est dès lors urgent d’agir : non les chartes audiovisuelles ne sont pas suffisantes, non les arguments économiques ne sont pas entendables, et oui il est possible de faire mieux !

Des arguments fallacieux de la part des annonceurs et de l’industrie agroalimentaire

Alors que les plus hautes organisations pour la promotion de la santé dans le monde ne cessent d’alerter sur les effets négatifs du marketing alimentaire sur la santé de tous, annonceurs et industrie agroalimentaire invoquent des arguments toujours plus trompeurs pour se protéger d’un encadrement plus important de la publicité pour la « malbouffe ».

Non, les chartes audiovisuelles ne permettent pas un encadrement suffisant de la publicité pour la « malbouffe ». Cachés derrière la dernière version de leur soi-disant ambitieuse charte visant à promouvoir une alimentation et des comportements favorables à la santé dans les programmes audiovisuels et les publicités, ils omettent d’expliquer que celle-ci prévoit des engagements largement en deçà de tous les travaux préparatoires, et que nombre d’acteurs, au premier rang desquels le ministère de la Santé et Santé Publique France, ont refusé de la signer faute d’encadrement suffisant. Les annonceurs et industriels ne seront jamais non plus sanctionnés en cas de manquement aux « engagements » : pour cause, elle n’est pas contraignante. En toute impunité, il leur est donc possible de poursuivre le matraquage publicitaire !

Non, à plusieurs égards, les arguments économiques ne sont pas entendables. En effet, il ne s’agit pas ici de tuer les recettes publicitaires des acteurs de l’audiovisuel, mais bien de les réorienter vers des produits sains. N’oublions pas non plus qu’à elle seule, la prise en charge des pathologies chroniques a coûté 86 milliards d’euros au système de Solidarités rien que pour l’année 2018[2]. L’enjeu économique est-il donc véritablement celui des recettes publicitaires ? La question mérite d’être posée.

Une politique préventive plus ambitieuse : c’est possible !

Le projet de loi Climat et Résilience, présenté le 10 février dernier et dont les débats devraient prochainement ouvrir à l’Assemblée nationale, est à ce stade une immense déception. Alors même qu’une mesure visant à interdire la publicité pour les produits proscrits par le Programme National Nutrition Santé avait été plébiscité par le Collectif de Citoyens, et que les ONG sont toujours plus nombreuses à alerter les responsables politiques, aucune disposition allant en ce sens n’est présente dans le texte.

Il offre pourtant une opportunité de taille dans un contexte sanitaire où la vulnérabilité des personnes en situation d’obésité ou atteintes de maladies chroniques a largement été démontrée. L’été dernier, prenant acte du risque aggravant du surpoids sur les personnes atteintes de Covid-19, le Premier ministre britannique Boris Johnson a d’ailleurs décidé d’interdire les publicités pour la « malbouffe » à la télévision et en ligne avant 21 heures. Pourquoi la France ne parvient-elle pas à faire mieux ?

Dans cette perspective, nous, associations de patients et d’usagers sommes convaincus qu’une solution de compromis peut être trouvée. Nous demandons donc au législateur de bannir des programmes regardés massivement par les jeunes sur les écrans télévisés et internet les publicités pour les aliments et boissons de Nutri-score D et E.

L’heure n’est plus à jouer la politique de l’autruche, ni même à faire allégeance aux chaînes de télévision et industriels agroalimentaires. Le Projet de Loi Climat Résilience est une opportunité : arrêtons de mépriser les considérations de santé publique et légiférons pour un encadrement enfin efficace de la publicité pour la « malbouffe » !


[1] Etude du dispositif français d’encadrement des publicités alimentaires destinées aux enfants, à la télévision et sur Internet disponible en téléchargement sur le site UFC Que choisir

[2] Rapport « Améliorer la qualité du système de santé et maîtriser les dépenses – Propositions de l’Assurance Maladie pour 2021 » – Assurance Maladie 2020


Contact presse : Sophie BANCET – 06 18 13 66 95 – communication@france-assos-sante.org

Les associations signataires de ce communiqué sont :

VACCIN contre l’hépatite C, un nouvel échec !

Depuis 10 ans les hépatologues parlent du vaccin contre l’hépatite C car la guérison par traitement n’empêche pas la recontamination. Il semble bien que la protection définitive passera par l’élaboration d’un vaccin. Une publication de l’équipe du Dr Page publié dans un dernier numéro du New England Journal of Médecine intitulé : «Randomized Trial of a Vaccine Regimen to Prevent Chronic HCV Infection» a confirmé l’échec du dernier projet de vaccination ! 

Mené pour GSK ce vaccin contre l’hépatite C combinait un adénovirus défectif du chimpanzé pour la première dose puis à 6 mois un virus de la vaccine modifiée… La réponse lymphocytaire T était supérieure à celle retrouvée après injection de placebo. 

Il était donc logique de commencer les essais de phase 2 en prenant un groupe d’usagers de drogue de 548 personnes à haut risque de contamination et en leur injectant soit un placebo soit ce nouveau vaccin. Résultat : autant de contamination VHC dans les deux groupes avec des charges virales équivalentes et des évolutions vers la chronicité équivalente… Encore un échec pour le vaccin… 

A l’heure où des vaccins anti COVID 19 ont été mis en place en moins de 1 an, on aimerait que des moyens et des énergies soient mobilisées sur l’hépatite C… Y a-t-il actuellement des essais avec les nouvelles techniques vaccinales par ARN messager ?  

Transparence quand tu nous manques… 

Pascal Mélin 

PREMIERS ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’HÉPATITE B

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le 24 février 2021

Version PDF

Version PDF en anglais

Résultats des Premiers États Généraux de l’Hépatite B

Pendant la pandémie de Covid, l’hépatite B continue ses ravages silencieux « le plus contemporain des virus, le SARS CoV 2, ne doit pas faire oublier le plus ancien virus séquencé chez l’homme, qui nous nargue depuis 7000 ans »
Un appel de la société civile à changer de regard sur cette maladie du foie.

Alors que la pandémie de Covid demeure à juste titre au centre de toutes les préoccupations, un virus beaucoup plus silencieux continue à faire des ravages dans le monde entier : le virus de l’hépatite B (VHB). Chaque jour, lui aussi tue des milliers de personnes, par cirrhose ou cancer du foie. Pourtant, lui aussi peut être vaincu grâce à un vaccin très efficace.

Initiés mi-2019, les États Généraux de l’Hépatite B se sont donné pour objectif de mieux mettre en lumière les conséquences de l’hépatite B en France et de formuler des propositions pour une politique plus volontariste contre cette maladie. À l’issue d’une mobilisation sans précédent, de plus d’un an, les participants ont remis aux pouvoirs publics une série de propositions concrètes en décembre 2020. Il est temps désormais de passer aux actes !

Les propositions émises par les États Généraux de l’Hépatite B, qui ont réuni l’ensemble des acteurs de la société civile – patients, soignants et acteurs médico-sociaux – visent à mieux informer le public, les soignants, les autorités sanitaires et politiques pour changer le regard sur cette maladie encore trop souvent stigmatisée, qui touche 135 000 personnes en population générale en France. Elles proposent de faire de chaque patient porteur chronique du VHB un acteur averti de la lutte contre l’hépatite B et de renforcer la médecine préventive en combinant dépistage et prévention.

Le combat contre l’hépatite B en France passe aussi par des mesures très concrètes à prendre à court terme.

– Les Tests rapides d’orientation diagnostique (Trod) de l’infection par le VHB doivent pouvoir être réalisés dès maintenant afin d’améliorer le dépistage des personnes les plus éloignées du système de soins.

– Il est urgent également d’étendre à l’hépatite B l’arrêté du 22 décembre 2016 relatif à la protection du secret des actes et prestations pour les mineurs, pour leur permettre d’être pris en charge en toute confidentialité, comme c’est le cas pour les infections au VIH et au virus de l’hépatite C.

– Il faut organiser le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B pour les enfants et les adolescents jusqu’à l’âge de 15 ans, afin que ceux nés avant l’obligation vaccinale des nourrissons instaurée en 2018, ne soient pas la génération oubliée du VHB. Enfin, le rattrapage de la vaccination contre l’hépatite B des personnes les plus exposées à partir de 16 ans doit être renforcé.

S’attaquer résolument à l’hépatite B dès maintenant, c’est non seulement permettre à la France d’être au rendez-vous fixé par l’OMS d’élimination de l’hépatite B à l’horizon 2030 mais aussi de permettre à des dizaines de milliers de porteurs du virus d’améliorer leur qualité de vie.

À PROPOS DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L’HÉPATITE B

Les États Généraux de l’Hépatite B ont été officiellement lancés en juillet 2019, à l’initiative de l’association de patients SOS hépatites. Sous la direction d’un comité de pilotage rassemblant une cinquantaine d’experts issus des associations de patients et du monde médico-social, d’institutions médicales et de recherche, ils constituent une initiative inédite de démocratie sanitaire, initiée par les patients et la société civile. Le processus, qui s’est déroulé sur plus d’un an, a permis d’écouter la parole des patients, à travers trois panels de citoyens et une enquête menée par les différents partenaires auprès de personnes atteintes d’hépatite B.

CONTACTS PRESSE

Pascal Mélin, Président SOS hépatites Fédération, 07 85 62 91 69
Carmen Hadey, Référente SOS hépatites « hépatite B et vaccination », 07 83 71 57 68
Selly Sickout, Directrice SOS hépatites Fédération, 06 74 86 44 48

Nous suivre :
Facebook : https://www.facebook.com/SOS.hepatites.Federation/
Twitter : SOS hépatites (@SOS_hepatites) / Twitter
Instagram : SOS Hépatites (@soshepatites) • Photos et vidéos Instagram
Site internet SOS hépatites : https://soshepatites.org


Signataires de la synthèse des Premiers États Généraux de l’Hépatite B