DEMAIN LES HOTÉLISATIONS…

HOPITALOui, je parle bien d’hôtélisation et non pas d’hospitalisation. Un nouveau mot pour notre dictionnaire…

Le saviez-vous ?

En 2014, après enquête, l’Agence Régionale de Santé d’Ile-de-France a conclu que 27 % des hospitalisations auraient pu être transformées en un hébergement temporaire non médicalisé.

Le concept est né aux USA. La veille ou le lendemain d’une chimiothérapie ou d’une intervention en ambulatoire, il est moins cher de passer une nuit dans un hôtel qu’à l’hôpital. Mais ce, à condition que cet hôtel soit proche de l’hôpital, pour que l’alerte et les soins puissent facilement être déclenchés.

Un chirurgien vous opère sans vous hospitaliser, mais il peut vous revoir en consultation dès le lendemain. Ou un médecin peut vérifier la tolérance d’une chimiothérapie.

Aux USA, ce sont les associations de lutte contre le cancer (entre autres), qui se sont lancées dans la construction d’hôtels bon marché à proximité des hôpitaux. Aux États-Unis, l’absence de sécurité sociale rend le concept d’hôtélisation intéressant pour les malades en cas de prise en charge courte.

En France, la Loi de Financement de la Sécurité Sociale (LFSS) prévoyait une expérimentation de ce concept sur le territoire français, pendant une durée de trois ans.

Ceci a été fait et maintenant la Haute Autorité de Santé (HAS), sur la demande de la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS), a établi quels types d’hôpitaux, de patients, et pour quels types de prise en charge cela pouvait être mis en place.

En début d’année 2017, la ministre de la santé madame Marisol Touraine a lancé un appel à projets pour de telles prestations d’hébergement non médicalisé. Cet appel d’offres se termine le 12 mars 2017.

Mais qui va y répondre ?

De grands groupes hôteliers sont sur les rangs, ainsi que des investisseurs de groupes sanitaires privés.

Mais ne va-t-on pas à l’encontre des principes fondamentaux de la sécurité sociale ? Nous nous apprêtons à faire porter le coût des hospitalisations courtes aux patients plutôt qu’à notre système de solidarité.

Serait-ce là le début de l’abandon d’un système solidaire ?

Les malades du foie seront directement concernés.

En cancérologie, pour la radiothérapie, pour les chimio-embolisation pour les bilans pré-greffe ou les suivis post-greffe etc…

Si l’hôtélisation est un projet intéressant dans le système libéral américain, il ne peut en aucun cas être une réponse au financement de la sécurité sociale française.

Nous devons réaffirmer notre attachement à notre système solidaire.

Il faut que la sécurité sociale française reste un modèle hépatant.

Pascal Mélin

Pour en savoir plus

COMMUNIQUÉ DE PRESSE : PÉNURIE DE VACCINS CONTRE L’HÉPATITE B – UN RATIONNEMENT, POUR COMBIEN DE TEMPS ?

 MANQUE DE VACCIN VHBFace à une importante pénurie de vaccins contre l’hépatite B, le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a publié jeudi 03 mars un avis définissant les populations prioritaires à vacciner contre l’hépatite B.

Dans le même communiqué, la Direction générale de la Santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) affirment avoir obtenu « la mise en place des solutions alternatives permettant de garantir l’approvisionnement pour les mois à venir et permettre aux personnes qui le nécessitent de se faire vacciner ».

L’avis du HCSP est bien entendu nécessaire mais ne peut en aucun cas constituer une solution au long cours. Devant l’ampleur de la pénurie, nous doutons déjà de la possibilité de remplir l’ensemble de ces recommandations, nous craignons d’autres choix de priorisation implicites ou discriminatoires.
Nous invitons particuliers et professionnels à remplir notre observatoire  pour nous permettre d’alerter sur les situations rencontrées.

Force est de constater que les solutions alternatives trouvées ne permettront pas un retour à la normale mais d’assurer un rationnement au long cours.

La situation témoigne d’un dysfonctionnement global de la régulation de notre système de santé qui peut donc brutalement mettre à mal des années d’efforts en santé publique.

Nous demandons au pouvoir public toute transparence sur les failles qui ont mené à cette situation au regard de la législation en vigueur, récemment renforcée par le décret du 20 juillet relatif à la lutte contre les ruptures d’approvisionnement de médicaments

Contacts Presse
Yann Mazens,  01 43 67 26 40/ 06 74 86 44 48  direction@soshepatites.org
Fréderic Chaffraix, 06 62 80 53 74

VACCINS CONTRE L’HÉPATITE B : LES PERSONNES PRIORITAIRES DÉFINIES PAR LE HAUT CONSEIL DE LA SANTÉ PUBLIQUE

CHSPLa Direction générale de la Santé et l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé proposent des solutions alternatives pour permettre de garantir l’approvisionnement pour les mois à venir des vaccins contre l’hépatite B et permettre aux personnes qui le nécessitent de se faire vacciner.

Le Haut conseil de la santé publique (HCSP) a publié un avis définissant les populations prioritaires à vacciner contre l’hépatite B : il s’agit notamment des professionnels soumis à la vaccination obligatoire (notamment les professionnels de santé), des patients en attente de greffe, des patients dialysés ou présentant une insuffisance rénale chronique.

La disponibilité des vaccins contre l’hépatite B :

  • Les vaccins contre l’hépatite B destinés aux enfants ne sont pas concernés par ces tensions.
  • La distribution des vaccins destinés aux adultes a été réservée aux établissements de santé. Ils peuvent être dispensés aux patients non-hospitalisés prioritaires, sur prescription médicale.

Tensions d’approvisionnement en vaccins contre l’hépatite, Ministère des Affaires sociales et de la Santé, 02/03/2017
Avis du HCSP définissant les populations prioritaires à vacciner contre l’hépatite B, 14/02/2017, mise en ligne 02/03/2017
La liste synthétique des recommandations du HCSP définissant les populations prioritaires à vacciner contre l’hépatite B

QUAND LE CORDONNIER NE VEUT PAS SE CHAUSSER…

VACCIN VHB ET PROFÀ l’heure où nous allons entrer dans une pénurie de vaccins contre l’hépatite B, il est intéressant de se reposer quelques questions sur les pratiques des médecins généralistes, qui en France restent les principaux vaccinateurs.

C’est le travail qu’ont rapporté Agrinier et collaborateurs le 28 décembre dernier, dans la revue Clinical microbiology and infection.

En effet, en quelques décennies, le taux de personnes ayant une bonne opinion des vaccins est passé de 85 % à 65 % (opinion de la population française). Une base de 1712 médecins a été constituée de façon aléatoire. Les médecins ont été interrogés concernant 4 vaccins : ROR/HPV/méningocoque C/hépatite B.

Le but du questionnaire était d’analyser la cohérence entre leur pratique professionnelle et leur attitude avec leurs propres enfants. Le taux de réponse était de 46 % ce qui est bien.

Trois groupes de médecins différents ont été relevés :
• Le premier représente 37 % et rapporte un taux de vaccination au-dessus de la moyenne nationale, avec le plus souvent une vaccination de leurs enfants.
• Le groupe 2 compte 60 % des médecins et montre des discordances : ils vaccinent 100 % de leurs enfants pour le ROR, mais pas leur clientèle et ils vaccinent moins contre le méningocoque et le VHB.
• Le groupe 3 représente 3 % de la population qui ne vaccinent ni leurs enfants ni leurs patients.

Dans l’analyse, ceux qui avaient vacciné leurs enfants ne vaccinaient leurs patients contre l’hépatite B que dans 47 % des cas.

Si l’on regarde uniquement le vaccin de l’hépatite B, les médecins subissent aujourd’hui la pression de la population, ainsi, ils sont 77 % à vacciner leurs enfants, alors qu’ils ne recommandent que dans 30 % des cas à leur clientèle.

Le cordonnier est le plus mal chaussé, mais il semble plutôt que l’on soit face au vieil adage : « Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ».

Les auteurs analysent les causes de ces résultats qui sont multiples : sexe des médecins, âge, lieu d’exercice, etc…

Je ne souhaite pas rentrer dans ce débat, car pour nous, à SOS Hépatites, nous réclamons que la vaccination contre l’hépatite B, soit obligatoire chez tous les nourrissons.

Une telle attitude des médecins est plus que discutable.

Nous devons redonner confiance aux médecins dans les vaccins et les réaffirmer dans leur place cruciale d’officiers civils de prévention via la vaccination.

Quand la protection par la vaccination est inscrite dans la loi, nul ne peut s’y soustraire, encore moins les médecins.

Pascal Mélin

Un article pour informations complémentaires.

PÉNURIE DE VACCINS CONTRE L’HÉPATITE B : UN NOUVEAU RATIONNEMENT !

VACCIN 2Alors que nous sommes sur le point d’obtenir enfin l’accès universel aux traitements de l’hépatite C en France, on perd l’accès au vaccin contre l’hépatite B !

Non, ce n’est pas une blague, alors que le rapport Fisher proposait une extension de la vaccination obligatoire contre l’hépatite B, on nous annonce et on nous demande de comprendre une pénurie de vaccins contre l’hépatite B qui risque de durer plus d’une année.

Non, nous ne comprenons pas, mais comment en est-on arrivé là ?

En novembre 2016, les Laboratoires Sanofi Pasteur-MSD ont arrêté la commercialisation du vaccin Genhevac B.

Il ne reste sur le marché que l’Engerix B10 et B20 des laboratoires GSK et HBVAXPRO (5, 10, 40) des laboratoires MSD vaccin). Les vaccins combinés  ne sont pas concernés par ces difficultés.

GSK a rencontré une « difficulté majeure » survenue dans la chaîne de fabrication, située en Belgique et qui alimente tout le marché européen.  La fabrication a recommencé très récemment mais les délais avant remise sur le marché sont extrêmement longs, et il  faut plusieurs mois pour faire tous les contrôles qualité.

Compte tenu des délais de production et du système de contingentement par pays , MSD ne pourra visiblement pas augmenter le volume de vaccins disponibles.

Nous voilà donc face à une pénurie qui devrait durer plusieurs mois voire 1 an !

Quelle est la réponse sanitaire face à cette pénurie ?

L’organisation d’un contingentement par les pharmacies hospitalières et l’arrêt de distribution par les pharmacies de ville.

Mais comment le pharmacien hospitalier doit-il prioriser ?

L’insuffisant rénal avant de passer en dialyse ou la jeune fille qui veut rentrer à l’école d’infirmière ?

Le pompier qui a l’obligation professionnelle d’être vacciné ou l’enfant né d’une mère porteuse de l’hépatite B ou bien encore le toxicomane injecteur de drogue ?

Qui sont les personnes chez qui la vaccination est recommandée ?

Selon le guide de recommandation vaccinal de 2016, le vaccin contre l’hépatite B est recommandé pour :

1. Enfants et adolescents accueillis dans les services et institutions pour l’enfance et la jeunesse handicapées ;

2. Enfants d’âge préscolaire accueillis en collectivité ;

3. Bébés nés de mère porteuse de l’antigène HBs ;

4. Enfants et adultes accueillis dans les institutions psychiatriques ;

5. Personnes ayant des relations sexuelles avec des partenaires multiples ;

6. Usagers de drogues par voie parentérale ;

7. Voyageurs dans les pays de moyenne ou de forte endémie (cf. infra « Recommandations pour les voyageurs ») ;

8. Personnes amenées à résider en zones de moyenne ou de forte endémie ;

9. Personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives et/ou itératives ou des médicaments dérivés du sang (hémophiles, dialysés, insuffisants rénaux…) ;

10. Personnes candidates à une greffe d’organe, de tissu ou de cellules ;

11. Personnes de l’entourage d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs (personnes vivant sous le même toit) ;

12. Partenaires sexuels d’une personne infectée par le virus de l’hépatite B ou d’un porteur chronique de l’antigène HBs ;

13. Personnes détenues qui peuvent cumuler un certain nombre de facteurs d’exposition au virus de l’hépatite B.

Bien sûr, c’est sans compter tous ceux chez qui la vaccination est professionnellement obligatoire, en particulier les professionnels de santé et très récemment les thanatopracteurs.

Heureusement, la pénurie ne semble pas toucher les lots de vaccins pédiatriques.

Comment le pharmacien hospitalier devra-t-il gérer la pénurie ? Les autorités devraient produire des nouvelles recommandations.

Cela est simplement inacceptable et SOS Hépatites défend le principe de protection par la vaccination comme un droit universel… C’est pourquoi depuis 20 ans, nous défendons le vaccin contre l’hépatite B.

Nous attendons de la Ministre de la Santé, mais aussi de l’ANSM, des explications sur cette crise qui semble devoir durer.

SOS Hépatites va s’impliquer dans cette dynamique inter-associative, mais également solliciter l’engagement des médecins, de tous les soignants et des hépatologues pour défendre le vaccin de l’hépatite B et exiger le réapprovisionnement de toutes les pharmacies françaises le plus rapidement possible.

Le vaccin de l’hépatite B sort de 20 ans de disgrâce aux yeux de la population française. On ne peut accepter que maintenant, il soit mis en défaut sur un problème de pénurie.

« Un traitement pour tous, une guérison pour chacun et une PROTECTION UNIVERSELLE »

COMMUNIQUE DE PRESSE DE LA FNAIR DU 15/02/2017 « Pénurie de vaccins contre l’hépatite B : les patients alertent la Ministre de la Santé »

Pascal Mélin

L’HÉPATANTE N° 16 – FÉVRIER 2017

ÉDITO : RIEN N’EST JAMAIS ACQUIS

Alors que l’on pensait que le rapport Fischer issu de la concertation citoyenne sur la vaccination allait améliorer la visibilité des vaccins et leur acceptation, c’était sans compter sur les contingences productivistes des entreprises de la vaccination. Le vaccin de l’hépatite B est en rupture de production à l’échelon européen. On nous annonce une pénurie pendant plusieurs mois et des mesures de rationnement. Tout cela est inacceptable et nous ne pouvons accepter de baisser la garde de la prévention face à une épidémie comme celle de l’hépatite B.

Guérir c’est bien, prévenir c’est mieux, alors touche pas à mon vaccin.

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites Fédération

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L’HÉPATANTE N°15 – JANVIER 2017

ÉDITO : 2017 DEVRA ETRE UNIVERSELLE…

C’est la promesse que nous avons entendue en 2016… L’accès universel au traitement pour tous les malades porteurs d’hépatite C.

En 2017, nous souhaitons que les derniers actes politiques de notre ministre de la santé soient la réalisation de ses paroles. Nous avons participé à une concertation citoyenne concernant le principe de vaccination en France. Nous attendons l’annonce de la place incontournable de la vaccination contre l’hépatite B et son caractère obligatoire dans le calendrier vaccinal des nourrissons. La mise à disposition à tous des traitements simples contre l’hépatite C, à un coût acceptable et ne mettant pas en péril notre système solidaire d’assurance-maladie.

Pourquoi ne ferait-on pas du dépistage de l’hépatite C une grande cause nationale ? Les TROD ne sont-ils pas là pour nous aider ? En 2017, il ne devrait plus y avoir de personnes co-infectées VIH-VHC, mais uniquement des personnes mono infectées VIH : 30 000 personnes co-infectées attendent depuis 2 ans. Nous devons également organiser et rationaliser l’accès aux soins sur notre territoire en cas de cancer du foie ou de cirrhose.

Mais l’universalité ne peut se  décréter et nécessite forcément  de concevoir les hépatites  virales au-delà de nos frontières. C’est ce à quoi tentera de répondre la dixième édition du congrès  PHC  (Paris Hepatology Conference) qui se tiendra le 30 et 31 janvier au Palais des Congrès à Paris.  Nous irons à la rencontre des journalistes spécialisés pour nous faire entendre  et ce même lundi 30 janvier pour que notre voix s’exprime à l’universalité, nous participerons sur RFI à l’émission de claire Hédon « priorité santé ».

En 2017, il faut passer des mots aux actes ; des concepts aux informations ; du dépistage à la guérison ; de l’exposition à la réduction des risques ; de la vaccination à la protection ; des antiviraux  aux anti-fibrosants  et de l’annonce au droit à l’oubli. L’hépatologie est condamnée à la modernité en mettant en cohérence à l’échelon planétaire l’épidémiologie, les modes de protections et l’accès à des soins puissants, bien tolérés et efficaces.

Plus que jamais NO-HEP c’est possible.

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

 

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LA DOUBLE PEINE…

On avait presque oublié…

Presque oublié comment il est difficile d’annoncer l’échec d’un traitement contre l’hépatite C.

Quand les traitements avaient une chance sur deux de vous guérir, je demandais souvent aux malades : « Êtes-vous prêt à ne pas guérir ? »

Les réponses ont toujours été surprenantes et riches de débats. Mais aujourd’hui, cette question serait clairement de la provocation avec plus de 95 % de chance de guérison.

La semaine dernière, je devais annoncer à un patient qu’il avait rechuté. Porteur d’une cirrhose, la recherche du virus était négative depuis la fin du premier mois ! Le malade y a cru et nous aussi, il a fini son traitement dans de bonnes conditions. Nous avions demandé une nouvelle charge virale un mois après l’arrêt du traitement, mais également une échographie, car la dernière avait été réalisée 6 mois avant le traitement.

Le patient était dans la salle d’attente, je regardais ses examens de biologie.

Aucun doute, le virus réapparaissait !

J’allais lui dire en me dépêchant d’ajouter qu’il n’y a pas de bile à se faire, que nous avions d’autres schémas thérapeutiques de plus en plus efficace.

Je prenais une grande respiration, avant d’inviter le patient à rentrer et à s’asseoir.

Je me lançais dans cette annonce quand, d’un seul coup le patient me tendit son échographie en ajoutant « Et puis, si vous voulez il y a aussi ça dont je ne sais pas l’importance. »
J’ai ouvert le dossier et lu l’apparition d’un nodule qui était compatible avec le diagnostic de cancer du foie.

J’étais en face d’une situation de double peine. Je devais dire au patient que le traitement serait difficile.

Le patient s’écroulait en pleur. L’échec thérapeutique était là, j’avais presque oublié comment c’est dur pour l’annoncer et là en prime, il fallait l’informer qu’il avait probablement un cancer…

Rien n’est jamais acquis !

Pascal Mélin

COMBIEN Y AURA-T-IL D’USAGERS DE DROGUES PORTEURS DU VHC DANS 10 ANS ?

C’est la question à laquelle l’équipe de Cousien a tenté de répondre, grâce une modélisation qui a été publié dans Hépatology en 2015 et qui tenait compte de l’arrivée des nouveaux traitements.

stratégies

Scénario 1 :

Si on s’en tient à la stratégie de dépistage et de traitement actuelle (2015) des usagers de drogue(UD) on comptera encore 24 % des usagers de drogue contaminés par l’hépatite  C. On doit pouvoir faire mieux, mais quelle stratégie adopter ?

Scénario numéro 2 :

 En plus de la stratégie actuelle, on réduit le temps entre la contamination et le dépistage. L’objectif est de le ramener à­ 6 mois contre 15 à 18 mois actuellement. Cela nécessite de dépister plus régulièrement. Cette stratégie n’aurait aucun effet avec toujours 24 % UD contaminés dans 10 ans.

Scénario numéro 3 :

 Autre hypothèse en plus de la stratégie actuelle, on tente de réduire le temps d’accès aux soins à 6 mois contre 2,6 ans actuellement, ce qui devrait limiter les malades perdus de vue à 5 % par an, contre 13,8 % par an actuellement. Cette stratégie ne serait guère efficace, car on compterait encore 24 % d’UD encore contaminé à 10 ans.

Scénario numéro 4 :

Vous allez me dire la bonne stratégie, c’est 1+2+3. À la stratégie actuelle, on réduit le temps de dépistage et le temps d’accès aux soins. Et bien non ! Cette étude prédit qu’il y aura toujours dans 10 ans 24 % UD infectés

Scénario numéro 5 :

Il faut donc envisager d’autres hypothèses qui ne soient plus basées sur le temps. On propose alors simplement une amélioration de l’adhérence conformément aux études actuelles. Cela encore n’a que peu d’influence 22 % des UD resteraient contaminés à 10 ans.

Scénario numéro 6 :

On reprend la stratégie actuelle et on étend les traitements à tous les malades indépendamment de leur score de fibrose. C’est le principe de l’accès universel, qui n’était pas acquis en 2015. Et là, on voit enfin un effet significatif avec une chute à 11 % des UD infectés à 10 ans. De telles études de modélisation ont surement pesé lourd dans les choix politiques de 2016. En effet, c’est bien l’accès aux soins pour tous qui est les plus efficace pour faire diminuer l’épidémie d’hépatite C chez les usagers de drogue.

Scénario numéro 7 :   

Quel serait le résultat de l’accumulation des différentes stratégies ? On s’attendrait à ce que les trois premières hypothèses qui étaient inefficaces n’apportent rien… Et bien non! L’élargissement des indications, la réduction du temps de dépistage, l’amélioration de l’accès aux soins, l’amélioration de l’adhérence permettent tous ensemble de passer de 11 % à 7 % d’UD infectés a 10 ans.

Il semble bien que le traitement universel soit l’étape fondamentale pour rendre les autres actions opérantes. Mais au-delà de cette étude il y a bien un message de santé publique et de politique sanitaire. L’accès au traitement universel est 0 portée de main… Mais, il faudra continuer. L’accès aux soins universel était une décision politique, mais l’amélioration du dépistage, l’accès rapide ou bien encore l’adhérence sont des choix d’organisation sanitaire qu’il nous faut maintenant prendre. Cette organisation des soins incombe un travail réfléchi et commun entre professionnels de santé et association de malades pour validation politique.

Remontons les manches pour faire mieux que mieux.

LES PATIENTS CO-INFECTES VIH-VHC… SONT DES PATIENTS COMME LES AUTRES…

Depuis 30 ans, les patients co-infectés étaient les véritables « monsieur plus » de l’hépatologie, car la co-infection donnait plus  de cirrhose, plus de forme grave, plus de passage à la chronicité, était plus rapidement progressive, et générait plus d’échec en cas de traitement par interféron et ribavirine. L’interféron agissait en stimulant les défenses immunitaires déjà mises en défaut par le VIH expliquant ainsi la perte d’efficacité des traitements à base d’interféron chez les immunodéprimés.  Mais aujourd’hui les AAD (Antiviraux à Action Directe) agissent directement sur le virus de l’hépatite C, indépendamment du système immunitaire.  

C’est ce qu’a rappelé l’équipe allemande de Buggisch au congrès de l’AASLD de 2016, à partir d’une cohorte allemande de 2056 patients, en comparant 8 à 12 semaines de traitement par sofosbuvir et ledipasvir pour des patients infectés par un génotype 1. La cohorte comprenait 237 patients co-infectés. Les résultats étaient spectaculaires ! Que les patients soient traités 8 ou 12 semaines, qu’ils soient mono ou coinfectés, on obtenait plus de 96% de guérison. Seule la cirrhose avait un impact négatif avec « seulement » 90 % de guérison nécessitant plutôt 12 semaines de traitement. L’équipe de Buggisch déclarait que les patients VIH-VHC étaient des patients comme les autres et que les traitements étaient tout aussi efficaces  que chez les malades n’ayant qu’une hépatite C.

La suite date d’il y a une semaine, au congrès d’infectiologie nommée la CROI, qui se tenait à Seattle aux USA. Des nouvelles données épidémiologiques viennent d’y être présentées. Aux pays bas (comme en France), on sait qu’il y a une épidémie d’hépatite C aigüe chez les homosexuels masculins infectés par le VIH. La même surveillance épidémiologique dénombrait 93 hépatites aigües en 2014 (incidence 11,2/1000) contre 49 en 2016 (incidence de 5,5/1000) soit une diminution de 52 %. Mais que c’est-il passé entre  2014 et 2016 ? Les nouveaux traitements par AAD ont été rendu accessibles au pays bas fin 2015 et en 15 mois l’hépatite C a pu être guérie chez 75 % des homosexuels masculin co-infectés VIH-VHC.

Pour la première fois, des données en vie réelle démontrent que les nouveaux traitements permettent de guérir plus de malades et ainsi limiter la diffusion de la maladie.

Les épidémiologistes français ont fait des projections à partir de la base de données de la cohorte francaise DatAIDS. En janvier 2016, on estimait le nombre de personnes vivant avec le VIH à 156 800 dont 7 939 étaient co-infectés VIH-VHC (soit 5,1 % ce qui est moins que les 30 % des années 2000). Le Dr Virlogeux de l’INSERM de Lyon a calculé que fin 2015 la moitié des patients co-infectés avaient été guéris. Si l’on continue de traiter 30 % des malades chaque année le taux de co-infection VIH-VHC dans la population des personnes vivant avec le VIH devrait passer de 5,1 % en 2015 à 0,55% en 2026, soit moins de 2000 personnes.  Et en doublant le nombre de traitement annuel, il ne resterait que moins de 1000 malades co-infectés.

Il nous appartient aujourd’hui, de faire de la coïnfection VIH-VHC une maladie rare.

En 2017 « tout patient co-infecté suivi régulièrement qui ne sera pas traité et guéri de son hépatite C est un malade mal-traité … ». C’est ce que  SOS Hépatites déclarait lors de son intervention au congrès du THS à Biarritz en 2015…

NOUS SOMMES TOUS DES CANARDS DU SUD-OUEST…

Nous vivons une époque hépatante !

En ce mois de février 2017, la France vit une immense épidémie virale. Ce n’est ni la grippe, ni la rougeole, encore moins une hépatite virale. C’est la grippe aviaire qui touche les élevages du sud-ouest.

Quelle est la réponse à cette épidémie virale ?

Simple : la décision a été prise d’abattre les 600 000 volatiles des élevages de la région. Cette réponse est pour le moins radicale. On espère que cette solution sera efficace, mais si on demande aux éleveurs que nous disent-ils ?

Ils nous disent que la recherche sur les épidémies virales animales est insuffisante et que ce qui manque cruellement, c’est l’existence d’un vaccin. Car, même si techniquement les virologues confirment que la mise au point d’un tel vaccin est possible, aucun engagement de financement ou de recherche n’est actuellement mis en place.

Pourtant, tout le monde sait que la recombinaison d’un virus de la grippe aviaire avec le virus de la grippe humaine serait potentiellement catastrophique. Même l’industrie du cinéma s’est emparée de cette hypothèse dans des scénarios d’épidémies fictions (voir le film Contagion de 2011).

La recherche et la protection des infections virales de l’espèce humaine passent par l’étude, la compréhension et le contrôle des infections virales chez l’animal.
Que faisons-nous pendant ce temps en France ? La France où chaque année, 4 000 personnes sont contaminées par le virus du SIDA ; la France où chaque année, 4 000 personnes sont contaminées par le virus de l’hépatite B.

Alors que les éleveurs vont abattre les canards pour se protéger d’un virus, l’homme a mis au point un vaccin contre l’hépatite B, pour s’en protéger. Et brutalement, on découvre que ce même vaccin ne pourra pas être produit en quantité suffisante et qu’il faut donc organiser la pénurie.

À nouveau, c’est la solution du rationnement que l’on nous propose.

Tout le monde ne pourra pas être vacciné, il faudra choisir. La loi oblige la vaccination contre l’hépatite B pour certaines personnes, on ne peut pas faire moins que la loi. Ensuite, il y a tous ceux pour lesquels la vaccination est recommandée.

Pour SOS Hépatites, (1) les enfants nés de mères porteuses de l’hépatite B, (2) les partenaires sexuels de personnes contaminées par l’hépatite B, (3) l’entourage de personnes atteintes vivant sous le même toit, (4) les personnes susceptibles de recevoir des transfusions massives et/ou itératives ou des médicaments dérivés du sang (hémophiles, dialysés, insuffisants rénaux…) et (5) les personnes candidates à une greffe d’organe, de tissu ou de cellules (dont les personnes cirrhotiques en attente de greffe), doivent tous être prioritaires. Pour ces cinq catégories de sujets, nous revendiquons l’accès total, simple et rapide à la vaccination.

Les vaccins de l’hépatite B ne sont plus accessibles en pharmacie de ville, les doses sont ré-adressées aux hôpitaux et il appartiendra aux pharmaciens hospitaliers de prioriser les patients qui doivent être vaccinés.

Si l’on en croît les firmes pharmaceutiques productrices de ces vaccins, la pénurie et le rationnement devrait durer jusqu’en 2018 et s’étendre à toute l’Europe.

Une telle situation est inacceptable, nous ne pouvons accepter de laisser une population en proie à une épidémie telle que l’hépatite B alors qu’un vaccin existe !

Nous attendons une réponse politique. Nous ne voulons pas être des canards, mais encore moins des pigeons.

« Hépatite B : Touche pas à mon vaccin ! »

Pascal Mélin

HÉPATITE C : SI UN JOUR VOUS AVEZ ABANDONNÉ L’INTERFERON… REVENEZ NOUS EN PARLER…

GUEULE-CASSEEPour mettre fin à l’épidémie d’hépatite C en France tout ne passera pas par le dépistage. En effet, il existe entre 50 000 et 100 000 personnes qui se savent déjà porteuses de l’hépatite C et qui sont sorties du suivi et du parcours de soins.

Je voudrais vous raconter l’histoire de ma consultation du jour.

Un homme de 52 ans a fait plus de 80 kilomètres pour consulter. Il se sait porteur du VHC depuis 1999.

En 2001, il a été traité par interféron et ribavirine. Au bout de 6 mois, le virus était toujours présent, le patient lui devenait de plus en plus irritable et un syndrome dépressif s’installait…

Le patient abandonnait alors le traitement et au bout de quelques mois, il abandonnait également son suivi spécialisé de 2001 à 2017.

Pendant 16 ans, une importante énergie a été consacrée à faire disparaître tout souvenir de l’hépatite…

Pendant 16 ans, son médecin traitant, une à deux fois par an lui rappelait qu’il devait reprendre son suivi et consulter un spécialiste.

Pendant 16 ans, le patient a dû résister en se souvenant de l’état dans lequel le traitement interféron/ribavirine l’avait plongé.

Pendant 16 ans, les progrès se sont accumulés d’année en année, en laissant supposer que la guérison était peut-être accessible.

Pendant tout ce temps, son médecin traitant a continué de semer et d’entretenir la petite voix qui lui disait « et si tu pouvais guérir ? ».

Aujourd’hui, le patient est venu, j’ai tenté de le rassurer pour qu’il admette un nouveau bilan et un traitement de 2017, c’est-à-dire pas d’effet secondaire, un ou deux comprimés par jour pendant 3 mois et plus de 90 % de chance de guérir !

Encore faut-il être prêt à guérir, mais après quelques hésitations, il a accepté…

Combien êtes-vous dans ce cas ?

Vous, que l’on qualifie avec beaucoup de pudeur de « perdu de vue ».

Nous devons aujourd’hui appeler tous ceux qui un jour ont jeté l’éponge du traitement en se promettant de ne jamais remonter sur le ring et de revenir boxer ou combattre.

Le combat est aujourd’hui beaucoup plus facile à gagner et le virus peut être mis K.O. en 3 rounds.

Alors, revenez auprès d’un spécialiste, nous avons des nouvelles choses à vous proposer.

Pascal Mélin