ANONYME

L’orthographe et la ponctuation de l’auteur ont été respectées

Extrait d’un blog

« J’ai rencontré le vendeur porte d’Italie »
Bonjour
Je n’ai pas pu vous donner des nouvelles avant
Alors j’ai récupéré les médicaments samedi avant les fêtes et j’avais rdv avec le médecin de ma mère le mercredi d’après
J’ai rencontré le vendeur vers Porte d’Italie et nous étions deux personnes à acheter (une dame de Dijon avec son mari)
Mon médecin a vu les médicaments et m’as dit que ma mère peut les prendre son problème et il a même des discussions avec les autorités pour autorisé l’importation de ces médicaments vu leurs prix ici
Je vous tiendrai au courant des que j’ai des nouvelles du changement de la situation de ma mère
Merci à vous tous


Mise à jour 2020 : “Aujourd’hui en France, toute personne atteinte de l’hépatite C a accès aux derniers traitements, qui sont courts, efficaces et bien tolérés. Parlez-en à votre médecin !”

EMMANUELLE, INFIRMIERE

L’orthographe et la ponctuation de l’auteur ont été respectées

« Un jour, j’ai fait ce rêve »

Quand j’ai commencé  il y a 17 ans à prendre en charge les patients porteurs d’hépatite C chronique je rêvais d’un traitement simple pour eux, je me disais un jour ils auront accès à un traitement moins long, plus supportable, ils pourront  guérir plus facilement.

Ce jour tant espéré est arrivé mais hélas…

J’ai  en tête l’histoire de nombreux patients qui ont été traité avec de l’interféron et de la ribavirine, ces patients courageux qui ont supporté pendant 1 an voir 1 an 1/2 ce traitement… parfois leur guérison leur a laissé un goût amer, perte d’emploi, destruction de la cellule familiale, fragilité psychologique…

Pour d’autres  nous étions face à une rechute je leur disais que grâce à tous leurs efforts ils avaient obtenu une régression de leur fibrose et que cela leur permettait d’attendre l’arrivée d’autres traitements… Aujourd’hui je suis triste ce grand jour est arrivée pour Bruno, Christelle, Jean-Pierre, et malheureusement certains resteront « sur le bord de la route » priant pour que ce foie dont ils ont tant pris soin pendant toutes ces années se dégrade à nouveau… J’ai honte de devoir dire aux patients qu’ils doivent « encore » attendre. Il n’y a pas que le degré de fibrose à prendre en compte, toutes les manifestations extra-hépatiques sont difficiles à vivre pour eux.

L’hépatite C est l’une des seules maladies chroniques pour laquelle on peut obtenir une guérison, alors permettons aujourd’hui à tous les patients de bénéficier de ces nouvelles molécules, permettons leur de vivre, de faire des projets, de commencer une nouvelle vie sans virus.

Emmanuelle Infirmière


Mise à jour 2020 : “Aujourd’hui en France, toute personne atteinte de l’hépatite C a accès aux derniers traitements, qui sont courts, efficaces et bien tolérés. Parlez-en à votre médecin !”

BIG DATA ET FOIE…

Les GAFAM vous connaissez ? Ce sont les grands du web car c’est l’acronyme de Google, Amazone, Facebook, Apple et Microsoft. Tous ont des projets dans la santé et ce en utilisant les big data. C’est ce qui est arrivé la semaine dernière à 1,6 millions de Londoniens sans qu’ils en soient informés. Cette révélation a été faite par la revue New Scientist. Google a signé un accord d’étude avec l’administration qui dirige trois hôpitaux londoniens. Ce sont ainsi les données à peine anonymisées concernant les 1,6 millions de patients qui ont séjourné dans un de ces trois hôpitaux. Google a donc pu acquérir ces données pour créer une big data sanitaire. Et devinez quel sont les deux premiers sujets que la branche santé d’alphabet Google va examiner ?

Et bien je vous le donne en mille : ce sont les maladies du foie et du rein !

Pourquoi ? Parce que ce sont elles qui sont en augmentation fulgurante dans les pays riches et qui surtout sont encore mal connues…

Pourtant deux questions doivent attirer notre réflexion.

Premièrement, la protection de la vie privée car il semble bien que les données n’aient pas été suffisamment anonymisées et il s’agit là d’un problème majeur de confidentialité en lien avec la loi informatique et liberté (tel que nous la concevons en France).

Deuxièmement, tous les malades qui sont allés dans l’un de ces trois hôpitaux n’ont jamais donné leur autorisation pour que des données de santé les concernant soient utilisées ou vendues. L’administration hospitalière et Google ont bafoué les droits élémentaires. On n’est pas très loin de Big Brother et il est urgent d’encadrer et de légiférer sur ce sujet. Il faut pouvoir garantir la liberté de chacun face au bénéfice collectif lors de la création de big data sanitaire. Si vous voulez participer à ce débat aller consulter et donner votre avis sur : faire-simple.gouv.fr.

Pascal Mélin

ANONYME

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(extrait d’un blog)

 « Je suis suivi en France avec des traitements génériques Indiens »

Oui, moi. Je suis allée en Inde en décembre dernier.

Exactement ton cas, moi non plus je ne voulais pas attendre pour être prise en charge (j’avais le fibrose A1-F0).

Je viens de terminer le traitement avec Ledifos (générique de Harvoni), 12 semaines. Moi j’ai un génotype 1b.

Il me reste maintenant 3 mois d’attente pour confirmer que le virus ne revient pas. Mais apriori c’est à 97% efficace. Je suis suivie par le CHU de XXXXXX, j’étais leur premier cas traité avec les génériques. D’abord quand j’ ai dit que je prends les médicaments indiens ils ont cru que je suis une bête qui se traite avec les herbes, qqc comme ça. Et paf, plus de charge virale à partir de semaine 4. Là mon hépato xx est devenu plus convaincu.

Tu as raison, c’est très important de connaitre son génotype. Tu dois l’avoir quelque part dans tes analyses, sinon, demande une ordonnance à ton médecin, même à ton généraliste, pour génotype et la charge virale (ARN de VHC), et fais une prise de sang. Tu peux le faire en Inde aussi, mais ça prend de temps, alors le voyage plus long = ça coute plus cher.

Avec ces analyses faites en France l’hépato indien peut te faire un examen complet, et les petites choses qui manquent il te fera les faire directement en Inde.

Bon courage! N’hésite pas si t’as des questions.


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VINCENT

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« La médecine est faite pour soigner les hommes, pas pour le profit »

 J’ai 22 ans, j’ai été diagnostiqué positif au VHC il y a 1 an et demi.

J’ai passé l’année de mes 21 ans à aller à l’hôpital 1 à 3 fois par trimestre et cela continue. J’ai vu plusieurs spécialistes, passé maintes batteries de tests et pour entendre toujours la même chose : « Vous êtes malade mais vous n’entrez pas encore dans les critères pour être soigné ».

Entrer dans les critères, cela signifie être en fibrose avancée (F3) ou en cirrhose (F4).

Alors j’attends, jours après jours. Je vie avec la peur quotidienne de contaminer ma compagne ou de me réveiller un matin tout jaune. Je souffre tous les jours de douleurs au foie pour lesquelles aucunes solutions n’ont été apportées et de périodes de fatigues.

J’angoisse en permanence de ce qui pourrait arriver ; Ce n’est pas une vie d’avoir autant de mal à se projeter dans l’avenir ; de faire sans cesse des allers-retours à l’hôpital et de subir des effets secondaires de la maladie quotidiennement alors qu’une solution existe, qu’elle est à portée de main.

Pour moi, comme pour tous les autres malades, cette attente est destructrice et injustifiée, d’une part car elle laisse la maladie se propager mais aussi car elle paraît tellement injuste, compte tenu du monde dans lequel nous vivons et des avancées qu’il propose que tout cela nous soit interdit à cause de restrictions économiques.

Le combat pour le soin pour tous doit se faire, personne ne devrait être traité ainsi dans le pays des droits de l’homme, la médecine est faite pour soigner les hommes, pas pour le profit.


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L’HÉPATANTE N°5 – MARS 2016

ÉDITO : LA STABILITÉ POUR MIEUX CHANGER…

Le 19 mars dernier, le nouveau Conseil d’Administration de la Fédération SOS hépatites a reconduit à l’identique son bureau pour poursuivre le travail en cours.

Cette Newsletter en est l’exemple. Améliorer l’information, c’est notre crédo et pour cela nous allons mettre en ligne dans quelques jours la « Plateforme Hépatante » présentée par notre mascotte « Troddy la Marmotte ».

Pourquoi une marmotte ?

Parce que ce sont sur elles que l’infection par l’hépatite B a été testée et analysée au début.

Et puis il y aura aussi le congrès Européen d’Hépatologie (EASL) qui se tiendra à Barcelone du 13 au 17 avril prochain.

Nous serons là-bas pour vous faire vivre au jour le jour les scoops, mais aussi une information différente et pertinente sur tout ce qui se passe autour de ce congrès.

Notre slogan : loin devant, proche de vous…

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

 

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MARION

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« L’hépatite C, un outil de discipline sociale ? »

Cela fait plus de 10 ans que j’ai contracté l’hépatite C, j’avais 20 ans. Depuis, j’ai écouté les médecins m’encourager à patienter pour accéder à des molécules plus efficaces et moins difficiles à supporter pour me soigner. J’ai aussi essayé le traitement à l’interféron + ribavirine, mais j’ai été très secouée psychologiquement et j’ai dû arrêter, alors qu’il aurait pu me guérir, si j’avais eu la force, si j’avais été mieux entourée, bon tant pis.

Aujourd’hui, j’ai très peu de fibrose (f1), et donc je n’ai pas accès aux traitements actuels qui pourraient changer ma vie, j’ai l’impression d’une triple peine, la peine d’avoir subi des moments de vie difficiles, la peine d’avoir contracté cette maladie et maintenant la peine devoir rester dans cet état, avec les effets physiques et psychologiques qui y sont associés.

Et oui, je suis  « f1 », mais je ne compte plus les jours ou les collègues de travail me disent « tu as l’air fatiguée », « tu planes », et oui bordel, je suis vraiment fatiguée, et triste car bien en dessous de la vie que je pourrai vivre si j’étais guérie, et j’ai la rage contre ce système de plus en plus inégalitaire, où les décideurs, que sont les experts et les politiques, ont le pouvoir d’adhérer à des consensus douteux, alors qu’une partie des patients n’a visiblement plus aucun droit.

Les dernier mots d’un médecin, après lui avoir supplié de me prescrire le traitement, je lui disais que j’avais envie d’avoir une vie normale, une vie sentimentale, un enfant et qu’avec une hépatite C, j’étais incapable d’avancer dans mes projets, que j’étais fatiguée… : « Vous les avez les 40 000 euros ? Si vous les avez je vous le prescris tout de suite le traitement !  » (Inutile de dire que je n’ai pas cet argent).

Et puis, les petites choses comme le dentiste, qui décide de me facturer certains soins de base, comme un détartrage normal, deux fois plus cher que pour une personne « saine » : dès que ça saigne, on arrête tout et on fixe un second rdv.

Puis, le registre personnel, avec des amants et même des amis qui disparaissent, qui n’y comprennent rien… maintenant je réfléchirais à deux fois avant de me confier.

Le sentiment d’injustice aidant, j’ai finalement décidé de renoncer au soin, de quitter le système. Bien vu, les politiciens, je ne vais pas coûter cher du tout à la société, je vais travailler tous les jours en serrant les dents, heureusement j’ai choisi mon travail parce-que je peux le gérer malgré mon état de santé (oui j’aurais certainement pu faire autre chose, mais de physiquement plus exigeant), et en plus je m’économise sur tous les autres dimensions de la vie pour ne jamais être absente et surtout aller le moins souvent possible chez le médecin (jamais si possible). S’économiser sur toutes les autres dimensions de la vie, c’est s’éloigner des autres, qu’on se sent fatigué, lunatique et qu’on ne veut pas faire subir ce malaise à l’entourage.

L’hépatite C, un outil de discipline sociale ?

Malgré toutes ces difficultés, j’aime la vie et les gens, et j’ai l’espoir que l’accès au traitement soit prochainement ouvert à tous.


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L’HÉPATANTE N° 4 – FÉVRIER 2016

ÉDITO : ÇA BOUGE POUR LES HÉPATANTS EN CE MOIS DE FÉVRIER !


On évoquera d’abord l’arrivée de nouvelles molécules actives sur le virus de l’hépatite C, mais aussi, enfin la reconnaissance de l’hépatite C dans le droit à l’oubli.

Jusqu’à maintenant, lorsque vous aviez contracté une maladie grave, comme un cancer ou une hépatite, vous aviez alors l’obligation de le déclarer toute votre vie à vos banques ou vos assurances.

Maintenant, le cancer du sein, du col de l’utérus, de la thyroïde, du testicule et le mélanome ne doivent plus obligatoirement être signalés après guérison : c’est le droit à l’oubli sous certaines conditions.
La sixième pathologie, c’est l’hépatite C, mais attention, uniquement en cas de guérison d’une forme minime ou moyenne (score F0/F1/F2) les scores F3 et F4 ne sont pas concernés.

Il est quand même paradoxal que le droit à l’oubli s’applique uniquement en cas de guérison d’une hépatite qui n’est pas incluse actuellement dans les critères de soins (seul les F3 et F4 y ont accès).

Et les F2 sévères, on oublie ? Blague à suivre donc…

Pascal Mélin, Président de SOS hépatites fédération

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ON A FAIT DES GREFFES D’ORGANES ENTRE PATIENTS VIH…

Un patient VIH jusqu’alors ne pouvait pas être donneur d’organes. C’est maintenant chose faite.

La Suisse autorisait depuis 2007 la transplantation d’organe entre séropositifs. Mais il aura fallu attendre 8 ans pour que les médecins suisses osent tenter l’aventure. Le donneur VIH positif depuis 1989 était en état de mort cérébrale, mais sa maladie VIH était sous contrôle. Le receveur était en attente d’une transplantation hépatique et séropositif VIH depuis 1987. L’aventure a débuté il y a 6 mois et a été rendue publique le 25 avril dernier dans la revue American journal of transplantation. Dans les jours qui ont suivi la greffe, il a fallu trouver un traitement actif commun aux deux souches virales VIH et compatible avec les traitements anti-rejets. Cette première mondiale est certes symbolique mais elle nous laisse imaginer la fin d’une discrimination même si on n’imagine pas encore un organe de patient VIH à un patient séronégatif.

Le 30 mars dernier, aux Etats-Unis, une première identique a été réalisée à l’hôpital Johns Hopkins de Baltimore. Une patiente VIH positif sous traitement était en état de mort cérébrale. Le prélèvement d’organes a permis une transplantation de foie et de rein à deux autres patients VIH. Des transplantations de rein avaient déjà eu lieu dans les mêmes conditions en Afrique du Sud en 2015.

En 2013, la loi américaine a promulgué le programme HOPE (ce qui signifie espoir) – HIV Organ Policy Equity act. Actuellement, un tel projet n’est pas possible en France, les patients VIH en attente de greffe doivent recevoir un organe séronégatif. Mais les associations de patients réclament une évolution des critères d’attribution des greffons. Pourtant depuis 5 ans, il existe des dérogations ainsi une personne guérie de l’hépatite C peut devenir donneur d’organes pour un patient porteur chronique d’hépatite C. Et pour l’hépatite B on fait quoi ?

Les mentalités évoluent, et les possibilités techniques viennent organiser les solidarités de façons différentes.

SOS hépatites se joint aux autres associations de malades pour demander de telles expérimentations en France…

Pascal Mélin

VERONIQUE

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« Grossesse, VHC et beaucoup de déception »

Bonjour,

J’ai 40 ans et je suis enceinte pour la première fois ! Quelle joie, n’est-ce pas?

OUI et pourtant NON aussi…

Pourquoi ? Parce que j’ai une Hépatite C – génotype 1a – depuis 20 ans, avec une charge virale élevée, donc en puissance je suis très contagieuse pour mon futur enfant, mais pas suffisamment (aux yeux du monde politique tout au moins) pour « mériter » d’être soignée.

Selon moi, j’aurais dû être soignée AVANT cette grossesse pour avoir la chance de vivre une grossesse sereine, mais lorsqu’on n’a pas de cirrhose, on ne « vaut » pas l’investissement que les nouvelles thérapies représentent.

Peu importe si je suis non-répondante à la bithérapie « classique » (tentée – sans succès – en 2010 en vue, justement, d’envisager une grossesse sereine…).

Les médecins semblent impuissants face aux nouveaux traitements, une sorte d’omerta se propage dans les hôpitaux publiques, personne n’ose plus vous dire que vous empirez.

Cette décision marquera l’histoire médicale de notre pays : au-delà du cynisme propre à ce choix politique, je voudrais rappeler – d’un pont de vue purement financier (car il n’y a que cet aspect qui semble susceptible d’être entendu) –  que soigner des milliers de personnes pour cirrhose sera bien plus coûteux que de les soigner avec les nouveaux traitements.

Ils rétorqueront : « oui, plus coûteux, mais à long terme Madame, à long terme… » il est vrai, peu d’hommes politiques et des administrations ont aujourd’hui une vision qui va au-delà de leur propre, souvent assez bref, mandat parlementaire ou administratif.

Je veux finir mon témoignage en précisant que je ne demande qu’à être contredite, qu’à être à nouveau fière de l’exception française, qu’à me sentir part d’une communauté qui place le droit des individus et leur respect au-dessus de toute logique économique.

A bon entendeur…


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BERTRAND

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« Nos cartes de vote seront des armes dans très peu de temps »
Nous vivons dans le pays des droits de l’Homme soit disant, en étant incapable de s’occuper de ses citoyens. Le Maroc vient de nous donner une leçon en commercialisant pour ses malades deux médicaments générique le dakasvir (declatasvir) et le ssb 400 (sofosbuvir) et tout ça au prix de 270 EUROS le traitement… De quoi être fou de jalousie et de joie pour les marocains bien sûr !
Et la France dans tout ça ???
Grand pays donneur de leçon de droits de l’homme comme à son habitude ne pense qu’à la réélection de ses représentants mais ne vous méprenez pas madame Touraine nos cartes de vote seront des armes dans très peu de temps.


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LEA

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« La sécu ne rembourse pas le traitement pour les personnes qui ne vivent plus. Et j’ai l’impression de ne plus vivre. »

Quand j’étais plus petite, j’ai toujours voulu avoir quelque chose de spécial.

Je voulais finir le cross du collège et monter les trois étages sans avoir l’impression que mon cœur allait exploser. Arrêter de prendre des cachets et des cachets pour mes anémies. Être moins fatiguée, aussi.
Puis cette fatigue a pris le dessus. À 15 ans, après des mois de « prends des vitamines et dors plus », mon généraliste se décide à lancer une batterie de tests :
• Mononucléose : négatif.
• Hépatite A, négatif.
• Hépatite B négatif.
• VIH négatif.
• Et puis le diagnostic est tombé : hépatite C. Mais qu’est-ce que c’est ?

Immédiatement, toute recherche de pathologie pouvant expliquer ma fatigue cesse. Une bonne nouvelle, diriez-vous ? Je file à Grenoble. Là, pas de panique : je vais être traitée dans les plus brefs délais, non ? C’est ce qu’ils ont fait pour ma mère. J’entre dans la salle d’attente. Une dizaine de personnes entre 40 et 60 ans se retournent toutes en même temps. Me dévisagent. Malaise. Qu’est-ce que je fais ici ? Mes parents restent derrière moi, je file au fond de la salle pour attendre mon tour. Je n’ose pas regarder ma mère.
Ma mère s’est faite dépister un an après ma naissance, fortuitement : après un don du sang. Transfusée en 96, c’est sûrement là qu’elle a attrapé cette cochonnerie. Elle était confiante, ma mère : interféron et ribavirine, c’est dur, mais après tout, ce n’est qu’un an dans ma vie. Mon père n’y croit pas trop, pense qu’il n’y a rien à faire.
On vient me chercher : on cherche Chloé. Je me lève, on semble surpris. C’est moi, la patiente ? Merde alors ! Qu’est-ce que je fais ici ? Je file derrière le médecin.
La nouvelle tombe : je n’ai pas le droit au traitement : il y en aura des nouveaux très bientôt. J’y aurai accès dans les 6 mois. Je pleure. Au fond de moi, je sais déjà que c’est raté. Mon père seul parle. Il savait…

Les premiers temps, tout semble irréel. La fatigue continue de progresser. Je vais docilement faire des prises de sang. L’ARN augmente rapidement, mais ce n’est pas significatif, dit-on. ALAT et ASAT normaux, normal selon les médecins, je suis un enfant. Mais alors, maladie active ou inactive ? Un cardiologue me trouve un important manque de sodium après m’avoir fait trimballer une machine à électrodes toute une journée au lycée. Pas de gros problème cardiaque en plus, c’est déjà ça. Je prends maintenant du fer, des vitamines et un supplément de fer. S’ajoutent à ça des cures pour les défenses immunitaires : j’ai toujours été un peu fragile.

Je finis par confier mon état de santé à ma meilleure amie, au lycée. Elle ne me questionne pas. Elle parle avec ma bande d’amis. De semaines en semaines, je les vois me tourner le dos. Elle refuse même de me regarder, même si je l’entends discuter derrière moi. Je ne comprends pas.
L’année se passe tant bien que mal, plutôt mal que bien.
Je me renseigne sur ma maladie : d’un côté, je vois que mes proches ne risquent rien. Et de l’autre, j’en parle un peu, surtout sur internet. Je pensais pouvoir trouver du réconfort. C’est tout le contraire. « Est-ce que tu penses une seconde à ce que tu infliges à ton copain ? Tu ne te sens pas coupable de lui faire courir tous ces risques ? » Et sans compter les insultes. Dégueulasse, crade, pxte, sxlope, nid à MST. Je n’irai pas plus loin.

Quand j’ai eu la confirmation du diagnostic, j’étais avec mon chéri depuis quelques mois seulement. Je lui demande s’il souhaite me quitter. Il ne voit pas pourquoi.
Bien sûr, je n’ai pas mis sa famille au courant. Pourquoi faire ? 6 mois, m’avait dit l’hépato. 6 mois après, elle m’annonce que ce ne sera pas possible. Pas avant plusieurs années.
Qu’est-ce que je fais avec ça, moi ? Je pleure, je crie, je hurle, je tape dans les murs ?
Non, en fait, maintenant, j’ai une seconde famille qui m’aime et l’impression de leur cacher quelque chose de puant, quelque chose qui ressemble très fort à une trahison. Je culpabilise.
À la fin de l’année scolaire, je me débrouille pour changer de lycée : je le rejoins. Ouf. Mais arrive la première S et les TPE.
Ne connaissant personne, on me met avec deux filles à l’air sympathique. Mais voilà : elles veulent faire un TPE sur les hépatites. QUELLE POISSE ! Après quelques semaines à esquiver le sujet, à faire des recherches dans tous les sens, une prof me change de groupe. Elle me demande des explications. Je les lui donne. Elle ne sera plus jamais aussi bienveillante avec moi. « Du mal à travailler en groupe » annotera-t-elle sur mon bulletin. J’aimerais bien l’y voir.
Entre-temps, j’ai réussi à me faire quelques amis, et j’ai fait un choix : accepter et respecter ma maladie est une condition sine qua non pour me fréquenter.
Dès que je mets quelqu’un au courant, mille questions fusent. Je me sens à chaque fois agressée, mise à nu. « Est-ce que je peux encore te faire la bise ? » « Est-ce que je dois prendre des médicaments ? » J’aimerais déjà bien les avoir pour moi, ces médicaments. Mais certaines personnes restent. Aujourd’hui, en plus de mon petit ami, j’ai deux très bons amis dans ma classe : qui datent de ma première.

Je finis l’année tant bien que mal, encore. Mais plus très mal que bien. Je suis très fatiguée, vraiment.
Mon nouveau généraliste, oui, nouveau, j’en ai changé parce que je ne supportais plus l’autre qui avait raté un VHC pendant 15 ans, et pense que la fatigue est dans ma tête. Dans ma tête, parce que je sais que j’ai un virus. Mais alors, ma fatigue d’avant, celle qui a provoqué mon dépistage, c’est quoi ? Mon ARN continue d’augmenter. Grandes vacances. Je passe deux mois formidables à me moucher malgré plus de 30°C, à tousser, à avoir de la fièvre.

Seule dans ma chambre, ou sur la plage, je fais le point. Qui je suis ? Qui, qu’est-ce que le virus ? Fait-il partie de moi ? Est-il un envahisseur ? Pourquoi ne m’autorise-t-on pas à m’en débarrasser ? Est-ce que cette envie est légitime ? Est-ce que JE suis légitime ?
Est-ce que je serais une personne différente sans lui ? Est-ce que je vais m’en sortir ? Quelle est cette sale douleur que je ressens depuis maintenant plus d’un an ? Une colique, comme me dit le médecin ? Malgré les médicaments ? Et une colique au foie ? Ksss.
Et puis, qu’est-ce qui m’autorise à vouloir ce traitement alors qu’il coûte si cher ? Est-ce que c’est NORMAL de dépenser autant d’argent pour rendre une vie plus supportable ? Est-ce que les autres n’auraient pas raison, finalement ? Peut-être que je me mens, peut-être que je suis sale, malfaisante et dangereuse. C’est pour ça qu’on ne fait rien pour moi, non ?

Rentrée. L’été ne m’a pas reposée. Après analyses, on apprend que mon ARN a été divisé par deux. Quoi qu’on en dise, je pense que ça explique mon état estival.

Pour vous parler franchement, je ne me sens pas bien. Rester impuissante me bouffe littéralement. J’ai mis deux profs au courant, elles l’ont bien pris. Mon prof principal s’en fiche éperdument et ne fais rien pour m’aider. Je n’ai pas tenté de dialoguer avec les autres. J’ai été absente presque deux mois, parce que j’ai été malade comme un chien tout l’hiver. Pourquoi ? Vous le savez bien. Je n’arrive pas à rattraper tous les cours. Je suis fatiguée. J’ai mal. J’ai été dispensée de Bac de sport, heureusement : j’ai du mal à monter trois étages, alors courir…
On a fini par me perfuser du fer, les cachets me faisaient trop mal, je refusais de les prendre.
Je suis toujours avec mon copain. Je refuse qu’il me touche ou m’embrasse. J’ai les lèvres effroyablement, étrangement sèches, et qu’il puisse avoir ce genre de contacts avec moi me dégoûte. À ce point.
Je ne me sens pas femme. Je sais que plus tard, j’ai des risques de contaminer mes enfants. Je n’ai pas envie d’être un bourreau. Malgré la quasi-absence d’activité intime, je prends religieusement ma pilule. J’aimerais être moins prudente, avoir le choix. Garder, ne pas garder ? Même si la réponse est évidente, c’est une liberté qu’on me refuse.
Je ne suis plus une bonne élève. En cours, je m’endors, presque tout le temps. Sans pouvoir me contrôler. Tout exercice de plus de 5minutes m’assomme aussi. Et le soir, quand je rentre, je m’écroule sur mon lit. Après, bien sûr, être rentrée chez moi, avoir fait 10 minutes à pieds en me tenant le foie. Qui fait mal.
Je veux faire médecine. Hépatologie, pour être plus précise. Ce matin, j’ai appris que j’étais acceptée à la fac de Genève. Ça me fait une belle jambe. J’ai peur, parce que je ne sais même pas si j’aurai mon bac. Je suis fatiguée.
Ma vie est remise sans cesse en question à cause d’un misérable petit virus et de misérables petits pourris qui se font du blé sur le dos des malades.
J’ai la haine. Je suis triste. Je me sens mal. Le soir, je soupire, et je me mets à pleurer. J’ai l’impression qu’on m’a volé ces 17, 18 premières années de ma vie. On ne pourra pas me les redonner, on ne me permettra pas de recommencer ma vie pour exprimer pleinement tout mon potentiel. J’aurais aimé continuer à être la première de la classe, en sauter une, pourquoi pas. Être spéciale, mais aussi exceptionnelle.

La seule chose que j’espère, maintenant, c’est un traitement. Chaque journée est difficile à supporter. Je ne supporte plus non plus les autres, parce qu’ils sont sains. C’est idiot dit comme ça, mais essayez quelques secondes de vous mettre à ma place. Comment faire comprendre aux autres que notre fatigue ne s’en ira pas après une longue nuit de sommeil ? Qu’une sortie en ville ne nous redonnera pas durablement le sourire ? Qu’on peut péter les plombs à la simple évocation de « lobbies » dans un cours de géo, ou de l’ « éthique » en philosophie ? Pourquoi je dois cacher tout ce que je ressens, ma peine, ma fatigue, et même ma douleur physique ?

Est-ce que je suis censée supporter ça à mon âge ? Ce poids, cette charge, ce fardeau ? Est-ce que, comme je l’ai entendu, je l’ai mérité ? Est-ce moral de gâcher ma vie comme ça ? Non, bien sûr que non.
Est-ce que c’est quand j’aurai abandonné qu’on viendra m’aider ? Non plus. La sécu ne rembourse pas le traitement pour les personnes qui ne vivent plus. Et j’ai l’impression de ne plus vivre.


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